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La Sainte Eglise de Dieu - Le Carême : Un Temps de Pénitence, de Purification, de Jeûne et d'Abstinence

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La Sainte Eglise de Dieu - Le Carême : Un Temps de Pénitence, de Purification, de Jeûne et d'Abstinence Empty La Sainte Eglise de Dieu - Le Carême : Un Temps de Pénitence, de Purification, de Jeûne et d'Abstinence

Message par Her Mer 9 Mar - 15:56

http://www.sodalitium.eu/index.php?pid=33

Note sur le jeûne et l'abstinence
[extrait de sodalitium français n°27 de mars 1992, avec quelques ajouts]

“Nous n’avons pas besoin de démontrer à des chrétiens l’importance et l’utilité du jeûne ; les divines Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament déposent tout entières en faveur de cette sainte pratique”
(Dom Prosper Guéranger, Abbé de Solesmes, L’année liturgique, Le Carême. Ed. de 1878 pp. 11 et 12).

Malheureusement aujourd’hui, l’abbé de Solesmes changerait d’opinion ; le jeûne a presque totalement disparu de la vie spirituelle des chrétiens, malgré les éloges qu’en font l’Ancien Testament (Tobie XII, 8; II Rois XII, 16; Judith VIII, 6; Joël II, 12; Esther XIV, 2; II Machabées XIII, 12), et le Nouveau Testament (Matthieu VI, 16-18 et XIV, 15: Actes XIII, 2-3; II Cor. VI, 5 et XI, 27).

Naturellement parlant, le jeûne consiste à ne prendre ni nourriture, ni boisson. Dans l’Eglise il existe deux formes de jeûne : le jeûne ecclésiastique et le jeûne eucharistique. C’est le jeûne ecclésiastique qui nous intéresse ici.

Pourquoi le jeûne ecclésiastique

Faire pénitence est un commandement divin. Si nous ne faisons pénitence, nous périrons tous (cfr. Luc XIII, 5).

L’Eglise, appliquant ce commandement, a depuis toujours prescrit des jours de jeûne. Prenant exemple sur Moïse, Elie et Notre-Seigneur Jésus-Christ qui jeûnèrent quarante jours, Elle institua le Carême. Selon saint Jérôme (Ep. XXVII ad Marcellam), saint Léon le Grand (sermon II, V, IX de Quadragesima), saint Cyrille d’Alexandrie (Homil. Paschal.) et saint Isidore (De eccles. officiis 1, VI c. XIX), les apôtres eux-mêmes avaient déjà établi le jeûne quadragésimal.

Le jeûne des Quatre-Temps, au début de chaque saison, est aussi très ancien dans l’Eglise Romaine; de même que le jeûne des vigiles des fêtes.

Le lien de notre milice :

Se référant au jeûne quadragésimal, le Pape Benoit XIV écrivait : “L’observance du Carême est le lien de notre milice; c’est par elle que nous nous distinguons des ennemis de la Croix de Jésus-Christ ; c’est par elle que s’éloignent les fléaux de la colère divine ; c’est par elle que, protégés par l’aide céleste durant le jour, nous nous fortifions contre les princes des ténèbres. Si cette observance se relâchait, ce serait au détriment de la gloire de Dieu, pour le déshonneur de la religion catholique et le péril des âmes chrétiennes; et sans aucun doute, cette négligence deviendrait la source de malheurs pour les peuples, de désastres dans les affaires publiques, d’infortunes pour les individus”.
(Enc. ‘Non Ambigimus’ 30 mai 1741).

La prophétie s’est malheureusement réalisée.


La discipline actuelle

Dans la situation actuelle, c’est “dans la cendre et le cilice” qu’il faudrait faire pénitence. Au moins, observons la loi de l’Eglise en ce qui concerne l’abstinence de la viande et le jeûne. Elle est très adoucie et facilitée par rapport à la rigueur du passé. Mais quelle est précisément la loi de l’Eglise en la matière ?

Etant donnée l’absence de valeur de la Constitution ‘Poenitemini’ par laquelle J. B. Montini (1966), qui n’avait pas l’Autorité Pontificale, réduit à deux les jours de jeûne, on doit se référer à la loi précédente. Celle-ci se trouve dans le Code de Droit Canon, aux canons 1250-1254, modifiés par deux décrets de la Sacrée Congrégation des Rites (16 IX 1955) et de la Congrégation du Concile (25 VII 1957). Compte tenu de ces modifications, nous vous rappelons la loi actuelle pour les fidèles de rite latin (c’est à dire n’appartenant pas aux Eglises Orientales), loi que nous tirons du “Catéchisme de la doctrine chrétienne publié par ordre du Souverain Pontife Saint Pie X”, édité par la Libreria Editrice Vaticana en 1959.

La loi du jeûne oblige tous les fidèles non excusés ou dispensés, dont l’âge se situe entre les 21 ans révolus et le commencement de la 60ème année. Celle de l’abstinence de la viande oblige dès l’âge de 7 ans. Le jeûne consiste à faire un seul repas par jour, mais deux petites collations, que les théologiens limitent à 60 grammes le matin et 250 grammes le soir, sont tolérées.

Les jours de pénitence sont les suivants :

I - De la seule abstinence

Tous les vendredis de l’année sauf ceux qui tombent le jour d'une fête de précepte.

II - De l’abstinence et du jeûne

1) le mercredi des Cendres
2) chaque vendredi et samedi de Carême
3) les mercredi, vendredi et samedi des Quatre-Temps, ou des quatre saisons, c’est à dire:
a) - du printemps, dans la première semaine de Carême
b) - de l’été, dans la semaine de Pentecôte
c) - de l’automne, dans la troisième semaine de septembre
d) - de l’hiver, dans la troisième semaine de l’Avent.
4) les vigiles:
a) - de Noël, le 24 décembre
b) - de la Pentecôte
c) - de l’Immaculée Conception (7 décembre)
d) - de la Toussaint (31 octobre).

III - Du jeûne seul

Tous les autres jours de férie du Carême (c’est à dire tous les autres jours de semaine du Carême : on ne fait jamais jeûne le dimanche).


Une dispense de Pie XII

Pendant la guerre, à partir de 1941, beaucoup d’indults limitèrent la loi de l’Eglise que nous venons d’exposer : on jeûnait par force puisqu’il n’y avait rien à manger...

Mais le 28 janvier 1949, le décret de la Sacrée Congrégation du Concile “Cum Adversa” restaura partiellement l’observance de la loi, limitant les facultés de dispense accordées précédemment aux Ordinaires dans les limites suivantes : on devait observer de nouveau l’abstinence tous les vendredis, et l’abstinence avec jeûne le jour des Cendres, le Vendredi Saint et les vigiles de l’Assomption (remplacée ensuite par celle de l’Immaculée Conception) et de Noël. Pour plus de détails, voir l’article “Quelle est actuellement la loi du jeûne ecclésiastique ? (Sodalitium n°54 de décembre 2002, téléchargeable sur ce site).

Ce serait cependant une erreur de considérer ce décret de 1949 comme étant la loi en vigueur: par ce décret, Pie XII maintenait seulement la faculté de dispense pour tous les jours prescrits sauf quatre et sauf l’abstinence les vendredis. Mais cette faculté de dispense n’ayant pas été renouvelée du fait de l’absence en acte de l’Autorité, personne, au sens propre du terme, ne peut aujourd’hui s’en prévaloir.

Toutefois,
- étant donnée l’intention exprimée par Pie XII dans le décret de 1949 ;
- étant donné qu’en temps normal les Ordinaires auraient pu dispenser de la loi et réduire l’obligation à seulement quatre jours par an ;
- étant donné enfin que cette loi [canon 1252] n’est plus observée, de fait, depuis 1941, ce pour quoi on pourrait éventuellement invoquer – contre l’observance de la loi – une habitude de plus de quarante ans (cf. canons 25-30) ;
on peut être particulièrement bienveillant en acceptant les causes de suppression du jeûne et de l’abstinence pour les jours où, à partir de 1949, l’usage était d’en dispenser.


Exhortation

Affirmer cependant, sans donner d’autres précisions, que la loi ecclésiastique de l’abstinence et du jeûne ne prescrit plus actuellement que quatre jours de pénitence est - objectivement - une erreur.

Nous invitons donc tous les fidèles à suivre ces normes de l’Eglise et, plus généralement à porter sa propre Croix à la suite de Jésus, mortifiant les vices et la concupiscence afin de vaincre le sensualisme débordant qui empêche l’âme de s’élever vers Dieu.


Les cas ordinaires de dispenses :

• Peuvent ne pas pratiquer l’abstinence :
- les pauvres qui reçoivent de la viande en aumône et n’ont rien d’autre à manger,
- les malades, les convalescents, les faibles d’estomac, les femmes qui allaitent, les femmes enceintes si elles sont faibles,
- les ouvriers qui font des travaux fatiguants chaque jour,
- les épouses, enfants, serviteurs et tous ceux qui exercent un travail en étant contraints quant au choix des aliments, et qui ne peuvent pas avoir d’autres nourriture suffisamment nourrissante.

• Peuvent ne pas pratiquer le jeûne :
- ceux qui jeûnerait avec un grave dommage : les malades, les convalescents, les personnes faibles nerveusement, les femmes qui allaitent et qui sont enceintes,
- les pauvres qui ont déjà peu de nourriture à disposition,
- ceux qui exercent un travail qui est moralement et ordinairement incompatible avec le jeûne (ex : travaux fatiguants),
- ceux qui font un travail intellectuel très fatiguant (ex : étudiants en examens),
- ceux qui doivent faire un voyage long et fatiguant,
- pour un bien ou une œuvre de piété plus grande s’ils sont moralement incompatibles avec le jeûne (ex : assistance aux malades).


Dernière édition par Hercule le Lun 25 Avr - 23:09, édité 3 fois
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Message par Her Mer 9 Mar - 20:56

LE CARÊME
par le R. P. Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes.

…Qui par le jeûne auquel vous assujettissez nos corps, comprimez la source de nos vices, élevez nos âmes, donnez la force et assurez la récompense. (préface de Carême)

§ I - HISTORIQUE DU CARÊME

On donne le nom de Carême au jeûne de quarante jours par lequel l’Eglise se prépare à célébrer la fête de Pâques ; et l’institution de ce jeûne solennel remonte aux premiers temps du Christianisme. Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même l’a inauguré par Son exemple, en jeûnant quarante jours et quarante nuits dans le désert ; et s’Il n’a pas voulu, dans Sa suprême sagesse, en faire un commandement divin qui dès lors n’eût plus été susceptible de dispense, Il a du moins déclaré que le jeûne imposé si souvent par l’ordre de Dieu dans l’ancienne loi serait aussi pratiqué par les enfants de la loi nouvelle.

Un jour, les disciples de Jean s’approchèrent de Jésus et Lui dirent : «Pourquoi, tandis que nous et les pharisiens jeûnons fréquemment, vos disciples ne jeûnent-ils pas ?» Jésus daigna leur répondre : «Est-ce que les enfants de l’Époux peuvent être dans le deuil, tandis que l’Époux est avec eux ? Il viendra un temps où l’Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront» (Matth, IX, 14-15).

Aussi voyons-nous, par le livre des Actes des Apôtres, les disciples du Sauveur, après la fondation de l’Église, s’appliquer au jeûne et le recommander aux fidèles dans les Épîtres qu’ils leur adressent. La raison de cette conduite est facile à saisir. L’homme est demeuré pécheur, même après l’accomplissement des mystères divins par lesquels le Christ a opéré notre salut ; l’expiation est donc encore nécessaire.

C’est pourquoi les saints Apôtres, venant au secours de notre faiblesse, statuèrent, dès le commencement du Christianisme, que la solennité de la Pâque serait précédée d’un jeûne universel ; et l’on détermina, tout naturellement pour cette carrière de pénitence le nombre de quarante jours, que l’exemple du Sauveur lui-même avait marqué. L’institution apostolique du Carême nous est attestée par saint Jérôme, saint Léon le Grand, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Isidore de Séville, etc., bien qu’il y ait eu à l’origine des variétés assez considérables dans la manière d’appliquer cette loi.

On a vu déjà, dans le Temps de la Septuagésime, que les Orientaux commencent leur Carême long- temps avant les Latins, parce que leur coutume étant de ne pas jeûner les samedis, ni même les jeudis en certains lieux, ils sont contraints, pour former le nombre de quarante jours, à ouvrir la carrière de la pénitence dès le lundi qui, chez nous, précède le dimanche de Sexagésime. Ces sortes d’exception sont du nombre de celles qui confirment la règle. Nous avons fait voir aussi comment l’Église latine, qui , encore au VIè siècle, ne jeûnait que trente-six jours sur les six semaines du Carême, le jeûne du dimanche ayant été de tout temps prohibé dans l’Église, à cru devoir ajouter postérieurement les quatre derniers jours de la semaine de Quinquagésime, afin de former rigoureusement le nombre de quarante jours de jeûne.

La matière du Carême ayant été traitée souvent et avec abondance, nous sommes contraint d’abréger considérablement les détails dans l’exposé historique que nous faisons ici, afin de ne pas dépasser les proportions de cet ouvrage ; nous ferons en sorte cependant de ne rien omettre d’essentiel. Puissions-nous réussir à faire comprendre aux fidèles l’importance et la gravité de cette sainte institution, qui est destinée à remplir une si grande part dans l’oeuvre du salut de chacun de nous !

Le Carême est un temps spécialement consacré à la pénitence ; et la pénitence s’y exerce principalement par la pratique du jeûne. Le jeûne est une abstinence volontaire que l’homme s’impose en expiation de ses péchés, et qui, durant le Carême, s’accomplit en vertu d’une loi générale de l’Église. Dans la discipline actuelle de l’Occident, le jeûne du Carême n’est pas d’une plus grande rigueur que celui qui est imposé aux Vigiles de certaines fêtes et aux Quatre-Temps ; mais il s’étend à toute la série des quarante jours, et n’est suspendu que par la solennité du dimanche. Nous n’avons pas besoin de démontrer à des chrétiens l’importance et l’utilité du jeûne ; les divines Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament déposent tout entières en faveur de cette sainte pratique. On peut même dire que la tradition de tous les peuples vient y joindre son témoignage ; car cette idée que l’homme peut apaiser la divinité en soumettant son corps à l’expiation a fait le tour du monde et se retrouve dans toutes les religions, même les plus éloignées de la pureté des traditions patriarcales.

Saint Basile, saint Jean Chrysostôme, saint Jérôrne et saint Grégoire le Grand ont remarqué que le précepte auquel furent soumis nos premiers parents dans le paradis terrestre était un précepte d’abstinence, et que c’est pour ne pas avoir gardé cette vertu qu’ils se sont précipités dans un abîme de maux, eux et toute leur postérité. La vie de privations à laquelle le roi déchu de la création se vit soumis désormais sur la terre, qui ne devait plus produire pour lui que des ronces et des épines, montra dans tout son jour cette loi d’expiation que le Créateur irrité a imposée aux membres révoltés de l’homme pécheur.

Jusqu’au temps du déluge, nos ancêtres soutinrent leur existence par l’unique secours des fruits de la terre, qu’ils ne lui arrachaient qu’à force de travail. Mais lorsque Dieu, comme nous l’avons vu, jugea à propos, dans Sa sagesse et dans Sa miséricorde, d’abréger la vie de l’homme, afin de resserrer le cercle de ses dépravations, Il daigna lui permettre de se nourrir de la chair des animaux, comme pour suppléer à l’appauvrissement des forces de la nature. En même temps Noé, poussé par un instinct divin, exprimait le jus de la vigne ; et un nouveau supplément était apporté à la faiblesse de l’homme.

La nature du jeûne a donc été déterminée d’après ces divers éléments qui servent à la sustentation des forces humaines ; et d’abord il a dû consister dans l’abstinence de la chair des animaux, parce que ce secours, offert par la condescendance de Dieu, est moins rigoureusement nécessaire à la vie. La privation de la viande, avec les adoucissements que l’Église a consentis, est demeurée comme essentielle dans la notion du jeûne : ainsi on a pu, selon les pays, tolérer l’usage des oeufs, des laitages, de la graisse même ; mais on l’a fait sans abandonner le principe fondamental, qui consiste dans la suspension réelle de l’usage de la chair des animaux. Durant un grand nombre de siècles, comme aujourd’hui encore dans les Églises de l’Orient, les oeufs et tous les laitages demeuraient interdits, parce qu’ils proviennent des substances animales, et ils ne sont même permis aujourd’hui dans les Églises latines qu’en vertu d’une dispense annuelle et plus ou moins générale. Telle est même la rigueur du précepte de l’abstinence de la viande, qu’il n’est pas suspendu le dimanche en Carême, malgré l’interruption du jeûne, et que ceux qui ont obtenu dispense des jeûnes de la semaine demeurent sous l’obligation de cette abstinence, à moins qu’elle n’ait été levée par une dispense spéciale.

Dans les premiers siècles du christianisme, le jeûne renfermait aussi l’abstinence du vin ; c’est ce que nous apprenons de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Basile, de saint Jean Chrysostôme, de Théophile d’Alexandrie, etc. Cette rigueur a disparu d’assez bonne heure chez les Occidentaux ; mais elle s’est conservée plus longtemps chez les chrétiens d’Orient.

Enfin le jeûne, pour être complet, doit s’étendre, dans une certaine mesure, jusqu’à la privation de la nourriture ordinaire : en ce sens qu’il ne comporte qu’un seul repas par jour. Telle est l’idée que l’on doit s’en former et qui résulte de toute la pratique de l’Église, malgré les nombreuses modifications qui se sont produites, de siècle en siècle, dans la discipline du Carême.

L’usage des Juifs, dans l’Ancien Testament, était de différer jusqu’au soleil couché l’unique repas permis dans les jours de jeûne. Cette coutume passa dans l’Église chrétienne et s’établit jusque dans nos contrées occidentales, où elle fut gardée longtemps d’une manière inviolable. Enfin, dés le IXè siècle, un adoucissement se produisit peu à peu dans l’Église latine ; et l’on trouve à cette époque un Capitulaire de Théodulphe, évêque d’Orléans, dans lequel ce prélat réclame contre ceux qui déjà se croyaient en droit de prendre leur repas à l’heure de None, c’est-à-dire à trois heures de l’après-midi.

Néanmoins, ce relâchement s’étendait insensiblement ; car nous rencontrons dès le siècle suivant le témoignage du célèbre Rathier, évêque de Vérone qui, dans un Sermon sur le Carême, reconnaît aux fidèles la liberté de rompre le jeûne dès l’heure de None. On trouve bien encore quelques traces de réclamation au Xlè siècle, dans un Concile de Rouen qui défend aux fidèles de prendre leur repas avant que l’on ait commencé à l’église l’Office des Vêpres, à l’issue de celui de None ; mais on entrevoit déjà ici l’usage d’anticiper l’heure des Vêpres, afin de donner aux fidèles une raison d’avancer leur repas.

Jusque vers cette époque, en effet, la coutume avait été de ne célébrer la Messe, les jours de jeûne, qu’après avoir chanté l’Office de None qui commençait vers trois heures, et, de ne chanter les Vêpres qu’au moment du coucher du soleil. La discipline du jeûne s’adoucissant graduellement, l’Église ne jugea pas à propos d’intervertir l’ordre de ses Offices qui remontait à la plus haute antiquité ; mais successivement elle anticipa d’abord les Vêpres, puis la Messe, puis enfin None, de manière à permettre que les Vêpres se pussent terminer avant midi, lorsque la coutume eut enfin autorisé les fidèles à prendre leur repas au milieu de la journée.

Au XIIè siècle, nous voyons par un passage de Hugues de Saint-Victor que l’usage de rompre le jeûne à l’heure de None était devenu général ; cette pratique fut consacrée au XIllè siècle par l’enseignement des docteurs scolastiques. Alexandre de Halès , dans sa Somme, l’enseigne formellement ; et son illustre disciple saint Thomas d’Aquin n’est pas moins exprès.

Mais l’adoucissement devait s’étendre encore ; et nous voyons, dès la fin du même XIllè Siècle, le docteur Richard de Middleton, célèbre franciscain, enseigner que l’on ne doit pas regarder comme transgresseurs du jeûne ceux qui prendraient leur repas à l’heure de Sexte, c’est-à-dire à midi, parce que, dit-il, cet usage a déjà prévalu en plusieurs endroits, et que l’heure à laquelle on mange n’est pas aussi nécessaire à l’essence du jeûne que l’unité du repas.

Le XIVè siècle consacra par sa pratique et par un enseignement formel le sentiment de Richard de Middleton.

Nous citerons en témoignage le fameux docteur Durand de Saint-Pourçain, dominicain et évêque de Meaux. Il ne fait aucune difficulté d’assigner l’heure de midi pour les repas dans les jours de jeûne ; telle est, dit-il, la pratique du pape, des cardinaux et même des religieux. On ne doit donc pas être surpris de voir cet enseignement maintenu au XVè siècle par les plus graves auteurs, comme saint Antonin, Étienne Poncher, évêque de Paris, le cardinal Cajétan, etc. En vain Alexandre de Halès et saint Thomas avaient cherché à retarder la décadence du jeûne en fixant pour la repas l’heure de None ; ils furent bientôt débordés, et la discipline actuelle s’établit, pour ainsi dire, dès leur temps.

Mais, par l’avancement même de l’heure du repas, le jeûne, qui consiste essentiellement à ne faire que cet unique repas, était devenu d’une pratique difficile, à raison du long intervalle qui s’écoule d’un midi à l’autre. Il fallut donc venir au secours de la faiblesse humaine, en autorisant ce qu’on a appelé la Collation. La première origine de cet usage est fort ancienne, et provient des coutumes monastiques. La Règle de saint Benoît prescrivait, en dehors du Carême ecclésiastique, un grand nombre de jeûnes ; mais elle en tempérait la rigueur, en permettant le repas à l’heure de None : ce qui rendait ces jeûnes moins pénibles que ceux du Carême, auxquels tous les fidèles, séculiers ou religieux, étaient tenus jusqu’au coucher du soleil. Néanmoins, comme les moines se trouvaient avoir à accomplir les plus rudes travaux de la campagne durant l’été et l’automne, époque où ces jeûnes jusqu’à None étaient fréquents, et devenaient même journaliers, à partir du 14 septembre ; les Abbés, usant d’un pouvoir fondé sur la Règle elle-même, accordèrent aux religieux la liberté de boire sur le soir un coup de vin avant les Complies, afin de restaurer leurs forces épuisées par les fatigues de la journée. Ce soulagement se prenait en commun, et au moment où l’on faisait la lecture du soir appelée Conférence, en latin Collatio, parce qu’elle consistait principalement à lire les célèbres Conférences (Collationes) de Cassien : de là vint le nom de Collation donné à cet adoucissement du jeûne monastique.

Dès le IXè siècle, nous voyons l’Assemblée d’Aix-la-Chapelle de 817, étendre aux jeûnes même du Carême cette liberté, à raison de la grande fatigue qu’éprouvaient les moines dans les Offices divins de ce saint temps.

Mais on remarqua dans la suite que l’usage de cette boisson pouvait avoir des inconvénients pour la santé, si l’on n’y joignait pas quelque chose de solide ; et du XlVè au XVè siècle, l’usage s’introduisit de donner aux religieux un léger morceau de pain qu’ils mangeaient en prenant le coup de vin qui leur était accordé à la Collation.

Ces adoucissements du jeûne primitif s’étant introduits dans les cloîtres, il était naturel qu’ils s’étendissent bientôt aux séculiers eux-mêmes. La liberté de boire hors de l’unique repas s’établit peu à peu ; et dès le XIIIè siècle saint Thomas, examinait la question de savoir si la boisson rompt le jeûne, la résout négativement ; toutefois, il n’admet pas encore que l’on puisse joindre à cette boisson une nourriture solide. Mais lorsque, dès la fin du XlIIè siècle et dans le cours du XIVè, le repas eut été, sans retour, avancé à midi, une simple boisson dans la soirée ne pouvait plus suffire pour soutenir les forces du corps ; ce fut alors que l’usage de prendre du pain, des herbes, des fruits, etc., outre la boisson, s’introduisit à la fois dans les cloîtres et dans le siècle, à la condition cependant d’user de ces aliments avec une telle modération que la collation ne fût jamais transformée en un second repas.

Telles furent les enquêtes que le relâchement de la ferveur, et aussi l’affaiblissement général des forces chez les peuples occidentaux obtinrent sur l’antique observance du jeûne. Toutefois, ces envahissements ne sont pas les seuls que nous ayons à constater. Durant de longs siècles l’abstinence de la viande entraînait l’interdiction de tout ce qui provient du règne animal, sauf le poisson, qui a toujours été privilégié, à cause de sa nature froide, et pour diverses raisons mystérieuses fondées sur les saintes Écritures. Les laitages de toute espèce furent longtemps prohibés ; et aujourd’hui encore, le beurre et le fromage sont défendus à Rome, tous les jours où n’a pas été donnée la dispense pour manger de la viande.

Dès le IXè siècle, l’usage s’établit dans l’Europe occidentale, particulièrement en Allemagne et dans les pays septentrionaux, d’user des laitages en Carême ; le concile de Kedlimbourg, au Xlè siècle, s’efforça en vain de le déraciner. Après avoir essayé de légitimer cette pratique, au moyen de dispenses temporaires qu’elles obtenaient des souverains pontifes, ces Églises finirent par jouir paisiblement de leur coutume. Jusqu’au XVIè siècle, les Églises de France maintinrent l’ancienne rigueur, qui paraît n’avoir cédé tout à fait que dans le XVIIè. En réparation de cette brèche faite à l’ancienne discipline, et comme pour compenser par un acte pieux et solennel le relâchement qui s’était introduit sur cet article des laitages, toutes les paroisses de Paris, auxquelles se joignaient les Dominicains, les Franciscains, les Carmes et les Augustins, se rendaient en procession à l’Eglise de Notre-Dame le Dimanche de Quinquagésime ; et ce même jour, le Chapitre métropolitain, avec le Clergé des quatre paroisses qui lui étaient sujettes, allait faire une station dans la cour du Palais, et chanter une Antienne devant la relique de la vraie Croix qui était exposée dans la Sainte-ChapeIIe. Ces pieux usages, qui avaient pour but de rappeler l’ancienne discipline, ont duré jusqu’à la Révolution.

Mais la concession des laitages n’entraînait pas la liberté d’user des oeufs en Carême. Sur ce point, l’ancienne règle est demeurée en vigueur ; et cet aliment n’est jamais permis que selon la teneur de la dispense qui peut être donnée annuellement. A Rome, les oeufs demeurent toujours prohibés, les jours où la dispense pour user de la viande n’a pas été octroyée ; en d’autres lieux, les oeufs permis à certains jours demeurent interdits en d’autres, et particulièrement dans la Semaine sainte. On voit que partout l’Eglise, préoccupée du bien spirituel de ses enfants, a cherché à maintenir, dans leur intérêt, tout ce qu’elle a pu conserver des salutaires observances qui doivent les aider à satisfaire à la justice de Dieu. C’est en vertu de ce principe que Benoît XIV, alarmé de l’extrême facilité avec laquelle dès son temps les dispenses de l’abstinence se multipliaient de toutes parts, a renouvelé par une solennelle Constitution, en date du 10 juin 1745, la défense de servir sur la même table du poisson et de la viande aux jours de jeûne.

Ce même Pontife, que l’on n’a jamais accusé d’exagération, adressa dès la première année de son pontificat, le 30 mai 1741, une Lettre Encyclique à tous les Évêques du monde chrétien, dans laquelle il exprime avec force la douleur dont il est pénétré à la vue du relâchement qui déjà s’introduisait partout au moyen des dispenses indiscrètes et non motivées. «L’observance du Carême, disait le Pontife, est le lien de notre milice ; c’est par elle que nous nous distinguons des ennemis de la Croix de Jésus-Christ ; par elle que nous détournons les fléaux de la divine colère ; par elle que, protégés du secours céleste durant le jour, nous nous fortifions contre les princes des ténèbres. Si cette observance vient à se relâcher, c’est au détriment de la gloire de Dieu, au déshonneur de la religion catholique, au péril des âmes chrétiennes ; et l’on ne doit pas douter que cette négligence ne devienne la source de malheurs pour les peuples, de désastres dans les affaires publiques et d’infortunes pour les particuliers».

Un siècle s’est écoulé depuis ce solennel avertissement du Pontife, et le relâchement qu’il eût voulu ralentir est toujours allé croissant. Combien compte-t-on dans nos cités de chrétiens strictement fidèles à l’observance du Carême, en la forme pourtant si réduite que nous avons exposée ? Ne voyons-nous pas chaque année les Pasteurs des Églises publier des dispenses générales toujours plus étendues, et en même temps le nombre deceux qui s’astreignent à ne pas dépasser ces dispenses diminuer de jour en jour ? Où nous conduira cette mollesse qui s’accroît sans fin, si ce n’est à l’abaissement universel des caractères et par là au renversement de la société ? Déjà les tristes prédictions de Benoît XIV ne sont que trop visiblement accomplies. Les nations chez lesquelles l’idée de l’expiation vient à s’éteindre défient la colère de Dieu ; et il ne reste bientôt plus pour elles d’autre sort que la dissolution ou la conquête. De pieux et courageux efforts sont tentés en ce moment pour relever l’observation du Dimanche, au sein de nos populations asservies sous l’amour du gain et de la spéculation. Des succès inespérés sont venus couronner ces efforts ; qui sait si le bras du Seigneur levé pour nous frapper ne s’arrêtera pas, en présence d’un peuple qui commence à se ressouvenir de la maison de Dieu et de son culte ? Nous devons l’espérer ; mais cet espoir sera plus ferme encore, lorsque l’on verra les chrétiens de nos sociétés amollies et dégénérées rentrer, à l’exemple des Ninivites, dans la voie trop longtemps abandonnée de l’expiation et de la pénitence.

Mais reprenons notre récit historique, et signalons encore quelques traits de l’antique fidélité des chrétiens aux saintes observances du Carême. Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici la forme des premières dispenses dont les annales de l’Église ont conservé le souvenir : on y puisera un enseignement salutaire.

Au XIIIè siècle, l’archevêque de Brague recourait au Pontife Romain, qui était alors le grand Innocent III, pour lui faire savoir que la plus grande partie de son peuple avait été obligée de se nourrir de viande durant le Carême, par suite d’une disette qui avait privé la province de toutes les provisions ordinaires ; le prélat demandait au pape quelle compensation il devait imposer aux fidèles pour cette violation forcée de l’abstinence quadragésimale. Il consultait en outre le Pontife sur la conduite à tenir à l’égard des malades qui demandaient dispense pour user d’aliments gras. La réponse d’Innocent III, qui est insérée au Corps du Droit, est pleine de modération et de charité, comme on devait s’y attendre ; mais nous apprenons par ce fait que tel était alors le respect pour la loi générale du Carême, que l’on ne voyait que l’autorité du souverain pontife qui pût en délier les fidèles. Les âges suivants n’eurent point une autre manière d’entendre la question des dispenses.

Venceslas, roi de Bohême, se trouvant atteint d’une infirmité qui rendait nuisibles à sa santé les aliments de Carême, s’adressa, en 1297, à Boniface VIII, afin d’obtenir la permission d’user de la viande. Le Pontife commit deux Abbés de l’Ordre de Citeaux pour informer au sujet de l’état réel de la santé du prince ; et, sur leur rapport favorable, il accorda la dispense demandée, en y mettant toutefois les conditions suivantes : que l’on s’assurerait si le roi ne se serait pas engagé par voeu à jeûner toute sa vie pendant le Carême ; que les vendredis, les samedis et la Vigile de saint Mathias seraient exceptés de la dispense ; enfin que le roi mangerait en particulier, et le ferait sobrement.

Nous trouvons au XIVè siècle deux brefs de dispense adressés par Clément VI, en 1351, à Jean, roi de France, et à la reine son épouse. Dans le premier, le Pape, ayant égard à ce que le roi, durant les guerres auxquelles il est occupé, se trouve souvent en des lieux où le poisson est rare, accorde au confesseur de ce prince le pouvoir de permettre, à lui et à ceux qui seront à sa suite, l’usage de la viande, à la réserve cependant du Carême entier, des vendredis de l’année, et de certaines Vigiles ; pourvu encore que ni le roi ni les siens ne se soient pas engagés par un voeu à l’abstinence pendant toute leur vie. Par le second bref, Clément VI, répondant à la demande que lui avait présentée le roi Jean pour être exempté du jeûne, commet encore le confesseur du monarque et ceux qui lui succéderont dans cet emploi, pour le dispenser, ainsi que la reine, de l’obligation du jeûne, après avoir pris l’avis des médecins.

Quelques années plus tard, en 1376, Grégoire XI rendait un nouveau bref, en faveur du roi de France Charles V et de la reine Jeanne son épouse, par lequel il déléguait à leur confesseur le pouvoir de leur accorder l’usage des oeufs et des laitages, pendant le Carême, de l’avis des médecins qui demeureront chargé en conscience, aussi bien que le confesseur, d’en répondre devant Dieu. La permission s’étend aux cuisiniers et aux serviteurs, mais seulement pour goûter les mets

Le XVè siècle continue de nous fournir des exemples de ce recours au siège apostolique pour la dispense des observances quadragésimales. Nous citerons en particulier le Bref que Sixte IV adressa, en l483, à Jacques III, roi d’Écosse, et par lequel il permet à ce prince d’user de la viande aux jours d’abstinence, toujours de l’avis du confesseur. Enfin, au XVlè siècle, nous voyons Jules Il accorder une faculté semblable à Jean, roi de Danemark, et à la reine Christine son épouse ; et quelques années plus tard, Clément VIl octroyer le même privilège à l’empereur Charles-Quint, et ensuite à Henri Il de Navarre et à la reine Marguerite son épouse.

Telle était donc la gravité avec laquelle on procédait encore il y a trois siècles, quand il s’agissait de délier les princes eux-mêmes d’une obligation qui tient à ce que le christianisme a de plus universel et de plus sacré. Que l’on juge d’après cela du chemin qu’ont fait les sociétés modernes dans la voie du relâchement et de l’indifférence.
Que l’on compare ces populations auxquelles la crainte des jugements de Dieu et la noble idée de l’expiation faisaient embrasser chaque année de si longues et si rigoureuses privations, avec nos races molles et attiédies chez lesquelles le sensualisme de la vie éteint de jour en jour le sentiment du mal, si facilement commis, si promptement pardonné et réparé si faiblement.

Où sont maintenant ces joies naïves et innocentes de nos pères à la fête de Pâques lorsque, après une privation de quarante jours, ils rentraient en possession des aliments plus nourrissants et plus agréables qu’ils s’étaient interdits durant cette longue période ? Avec quel charme, et aussi quelle sérénité de conscience, ils rentraient dans les habitudes d’une vie plus facile qu’ils avaient suspendues pour affliger leurs âmes dans le recueillement, la séparation du monde et la pénitence ! Et ceci nous amène à ajouter quelques mots encore pour aider le lecteur catholique à bien saisir l’aspect de la chrétienté, dans les âges de foi, au temps du Carême.

Que l’on se figure donc un temps durant lequel non-seulement les divertissements et les spectacles étaient interdits par l’autorité publique, mais où les tribunaux vaquaient, afin de ne pas troubler cette paix et ce silence des passions si favorables au pécheur pour sonder les plaies de son âme, et préparer sa réconciliation avec Dieu. Dès l’an 380, Gratien et Théodose avaient porté une loi qui ordonnait aux juges de surseoir à toutes procédures et à toutes poursuites, quarante jours avant Pâques. Le Code Théodosien renferme plusieurs autres dispositions analogues ; et nous voyons les conciles de France, encore au IXè siècle, s’adresser aux rois carolingiens pour réclamer l’application de cette mesure qui avait été sanctionnée par les Canons et recommandée par les pères de l’Église. La législation d’Occident a depuis longtemps laissé tomber ces traditions trop chrétiennes ; mais, il faut le dire avec humiliation, elles se sont conservées chez les Turcs qui, aujourd’hui encore, suspendent toute action judiciaire pendant la durée des quarante jours de leur grand Ramadan.
Le Carême fut longtemps jugé incompatible avec l’exercice de la chasse, à cause de la dissipation et du tumulte qu’il entraîne. Au IXè siècle, le pape saint Nicolas ler l’interdisait durant ce saint temps aux Bulgares, nouvellement convertis au christianisme ; et encore au XIllè siècle, saint Raymond de Pennafort, dans sa Somme des cas pénitentiaux, enseigne que l’on ne peut sans un péché se livrer à cet exercice durant le Carême, si la chasse est bruyante et se fait avec des chiens et des faucons. Cette obligation est du nombre de celles qui sont tombées en désuétude ; mais saint Charles la renouvela pour la province de Milan, dans un de ses conciles.

On ne s’étonnera pas sans doute de voir la chasse interdite pendant le Carême, quand on saura que, dans les siècles chrétiens, la guerre elle-même, si nécessaire quelquefois au repos et à l’intérêt légitime des nations, devait suspendre ses hostilités durant la sainte quarantaine. Dès le IVè siècle, Constantin avait ordonné la cessation des exercices militaires les dimanches et les vendredis, pour rendre hommage au Christ qui a souffert et est ressuscité en ces jours, et pour ne pas enlever les chrétiens au recueillement avec lequel ces mystères demandent d’être célébrés. Au IXè siècle, la discipline de l’Église d’Occident exigeait universellement la suspension des armes, durant tout le Carême, hors le cas de nécessité, comme on le voit par les actes de l’assemblée de Compiègne, en 833, et par les conciles de Meaux et d’Aix-la-Chapelle, à la même époque. Les instructions du pape saint Nicolas Ier aux Bulgares expriment la même intention ; et l’on voit, par une lettre de saint Grégoire VII à Didier, abbé du Mont-Cassin, que cette règle était encore respectée au XIè siècle. Nous la voyons même observée jusque dans le XIIè, en Angleterre, au rapport de Guillaume de Malmesbury, par deux armées en présence : celle de l’impératrice Mathilde, comtesse d’Anjou, fille du roi Henri, et celle du roi Étienne, comte de Boulogne, qui, en l’année 1143, allaient en venir aux mains pour la succession à la couronne.

Tous nos lecteurs connaissent l’admirable institution de la Trêve de Dieu, au moyen de laquelle l’Église, au XIè siècle, parvint à arrêter dans toute l’Europe l’effusion du sang, en suspendant le port des armes quatre jours de la semaine, depuis le mercredi soir jusqu’au lundi matin, dans tout le cours de l’année. Ce règlement, qui fut sanctionné par l’autorité des papes et des conciles avec le concours de tous les princes chrétiens n’était qu’une extension, à chaque semaine de l’année, de cette discipline en vertu de laquelle toute action militaire était interdite en Carême. Le saint roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur développa encore une si précieuse institution, en portant une loi qui fut confirmée par son successeur Guillaume le Conquérant, et d’après laquelle la Trêve de Dieu devait être inviolablement observée depuis l’ouverture de l’Avent jusqu’à l’octave de Pâques, et depuis l’Ascension jusqu’à l’octave de la Pentecôte, en ajoutant encore tous les jours des Quatre-Temps, les Vigiles de toutes les fêtes, et enfin, ce qui avait été déjà décrété pour chaque semaine, l’intervalle du samedi après None jusqu’au lundi matin.

Urbain II, au concile de Clermont, en 1096, après avoir réglé tout ce qui concernait l’expédition de la Croisade, employa aussi son autorité apostolique pour étendre la Trêve de Dieu, en prenant pour base la suspension des armes observée durant le Carême ; et il statua, par un décret qui fut renouvelé dans la concile tenu à Rouen l’année suivante, que tous actes de guerre demeureraient interdits depuis le Mercredi des Cendres jusqu’au lundi qui suit l’Octave de la Pentecôte, et à toutes les vigiles et fêtes de la sainte Vierge et des Apôtres : le tout sans préjudice de ce qui avait été réglé antérieurement pour chaque semaine, c’est-à-dire depuis le mercredi soir jusqu’au lundi matin.

Ainsi la société chrétienne témoignait de son respect pour les saintes observances du Carême, et empruntait à l’année liturgique ses saisons et ses fêtes, pour asseoir sur elles les plus précieuses institutions. La vie privée ne ressentait pas moins la salutaire influence des saintes tristesses du Carême ; et l’homme y puisait chaque année un renouvellement d’énergie pour combattre les instincts sensuels, et relever la dignité de son âme en mettant un frein à l’attrait du plaisir. Pendant un grand nombre de siècles, la continence fut exigée des époux dans tout le cours de la sainte quarantaine ; et l’Église, qui a conservé dans le plus auguste de ses livres liturgiques, sinon le précepte, du moins la recommandation de cette pratique salutaire, a laissé un monument de ses intentions, en interdisant la célébration des noces pendant le Carême.

Nous arrêtons ici cet exposé historique de la discipline du Carême, avec le regret d’avoir à peine effleuré une matière si intéressante. Nous eussions voulu entre autres choses, parler au long des usages des Églises d’Orient qui ont mieux que nous conservé la rigueur des premiers siècles du christianisme ; mais l’espace nous manque absolument. Nous nous bornerons donc à quelques détails abrégés.

Dans le volume précédent, le lecteur a vu que le dimanche que nous nommons Dimanche do Septuagésime est appelé chez les Grecs Prosphonésime, parce qu’on y publie le jeûne du Carême qui doit bientôt s’ouvrir. Le lundi d’après est compté pour le premier jour de la semaine suivante qui est appelée Apocreos, du nom du dimanche auquel elle se termine, lequel correspond à notre Dimanche de Sexagésime. Durant toute cette semaine, l’Église grecque suspend déjà l’usage de la viande. Le lundi qui suit ouvre la semaine appelée Tyrophagie, laquelle se termine au dimanche de ce nom, qui est notre Quinquagésime. Les laitages sont encore permis pendant toute cette semaine. Enfin, le lundi d’après est le premier jour de la première semaine de Carême, et le jeûne commence dès ce lundi dans toute sa rigueur, tandis que les Latins ne l’ouvrent que le mercredi.

Durant tout le cours du Carême proprement dit, les laitages, les oeufs, le poisson même, sont interdits ; la seule nourriture permise avec le pain consiste dans les légumes, le miel, et pour ceux qui habitent près de la mer, les divers coquillages qu’elle leur fournit. L’usage des vins, longtemps défendu aux jours de jeûne, a fini par s’établir en Orient, ainsi que la dispense pour manger du poisson, le jour de l’Annonciation et le Dimanche des Rameaux.

Outre le Carême de préparation à la fête de Pâques, les Grecs en célèbrent encore trois autres dans le cours de l’année : celui qu’ils appellent des Apôtres, et qui s’étend depuis l’Octave de la Pentecôte jusqu’à la fête de saint Pierre et de saint Paul ; celui qu’ils nomment de la Vierge Marie, qui commence le premier jour d’Août et finit la veille de l’Assomption ; enfin le Carême de préparation à Noël, qui dure quarante jours entiers. Les privations que les Grecs observent durant ces trois Carêmes sont analogues à celles du grand Carême, sans être tout à fait aussi rigoureuses. Les autres nations chrétiennes de l’Orient solennisent aussi plusieurs Carêmes, et avec une rigueur qui surpasse encore celles qu’observent les Grecs ; mais tous ces détails nous conduiraient trop loin. Nous terminerons donc ici ce que nous avons à dire du Carême sous le rapport historique, et nous exposerons maintenant les mystères de ce saint temps


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Message par Her Mer 9 Mar - 20:57

LE CARÊME (Suite et Fin)
par le R. P. Dom Prosper Guéranger, abbé de Solesmes.

§ II - MYSTIQUE DU CARÊME

On ne doit pas s’étonner qu’un temps aussi sacré que l’est celui du Carême soit un temps rempli de mystères.

L’Église, qui en a fait la préparation à la plus sublime de ses fêtes, a voulu que cette période de recueillement et de pénitence fût marquée par les circonstances les plus propres à réveiller la foi des fidèles et à soutenir leur constance dans I’oeuvre de l’expiation annuelle.

Au Temps de la Septuagésime, nous avons rencontré le nombre septuagénaire, qui nous rappelait les soixantedix ans de la captivité à Babylone, après lesquels le peuple de Dieu, purifié de son idolâtrie, devait revoir Jérusalem et y célébrer la Pâque. Maintenant c’est le nombre sévère de quarante que la sainte Église propose à notre attention religieuse, ce nombre qui, comme nous dit saint Jérôme, est toujours celui de la peine et de l’affliction.

Rappelons-nous cette pluie de quarante jours et de quarante nuits, sortie des trésors de la colère de Dieu, quand Il se repentit d’avoir créé l’homme (Gen, VII, 12), et qu’Il submergea la race humaine sous les flots, à l’exception d’une famille. Considérons le peuple hébreu errant quarante années dans le désert, en punition de son ingratitude, avant d’avoir accès dans la terre promise (Num, XIV, 33). Écoutons le Seigneur, qui ordonne à son prophète Ézéchiel de demeurer couché quarante jours sur son côté droit, pour figurer la durée d’un siège qui devait être suivi de la ruine de Jérusalem.

Deux hommes, dans l’Ancien Testament, ont la mission de figurer en leur personne les deux manifestations de Dieu : Moïse, qui représente la Loi, et Élie, en qui est symbolisée la Prophétie. L’un et l’autre approchent de Dieu : le premier sur le Sinaï (Exod, XXIV, 18), le second sur Horeb (III Reg, XIX, Cool ; mais l’un et l’autre n’obtiennent accès auprès de la divinité qu’après s’être purifiés par l’expiation dans un jeûne de quarante jours.

En nous reportant à ces grands faits, nous arrivons à comprendre pourquoi le Fils de Dieu Incarné pour le salut des hommes, ayant résolu de soumettre Sa chair divine aux rigueurs du jeûne, dut choisir le nombre de quarante jours, pour cet acte solennel. L’institution du Carême nous apparaît alors dans toute sa majestueuse sévérité, et comme un moyen efficace d’apaiser la colère de Dieu et de purifier nos âmes. Élevons donc nos pensées audessus de l’étroit horizon qui nous entoure ; voyons tout l’ensemble des nations chrétiennes, dans ces jours où nous sommes, offrant au Seigneur irrité ce vaste quadragénaire de l’expiation; et espérons que, comme au temps de Jonas, Il daignera, cette année encore, faire miséricorde à Son peuple.

Après ces considérations relatives à la mesure du temps que nous avons à parcourir, il nous faut main- tenant apprendre de la sainte Église sous quel symbole elle considère ses enfants durant la sainte quarantaine. Elle voit en eux une immense armée qui combat jour et nuit contre l’ennemi de Dieu. C’est pour cela que le Mercredi des Cendres elle a appelé le Carême la carrière de la milice chrétienne . En effet, pour obtenir cette régénération qui nous rendra dignes de retrouver les saintes allégresses de l’Alléluia, il nous faut avoir triomphé de nos trois ennemis : le démon, la chair et le monde. Unis au Rédempteur, qui lutte sur la montagne contre la triple tentation et contre Satan lui-même, il nous faut être armés et veiller sans cesse. Afin de nous soutenir par l’espérance de la victoire et pour animer notre confiance dans le secours divin, l’Église nous propose le Psaume quatre-vingt-dixième, qu’elle admet parmi les prières de la Messe au premier Dimanche de Carême et auquel elle emprunte chaque jour plusieurs versets, pour les différentes Heures de l’Office.

Elle veut donc que nous comptions sur la protection que Dieu étend sur nous comme un bouclier ; que nous espérions à l’ombre de ses ailes ; que nous ayons confiance en Lui, parce, qu’Il nous retirera des filets du chasseur infernal qui nous avait ravi la sainte liberté des enfants de Dieu ; que nous soyons assurés du secours des saints Anges, nos frères, auxquels le Seigneur a donné ordre de nous garder dans toutes nos voies, et qui témoins respectueux du combat que le Sauveur soutint contre Satan, s’approchèrent de Lui, après la Victoire, pour Le servir et Lui rendre leurs hommages. Entrons dans les sentiments que veut nous inspirer la sainte Église, et durant ces jours de combat, recourons souvent à ce beau cantique qu’elle nous signale comme l’expression la plus complète des sentiments dont doivent être animés, dans le cours de cette sainte campagne, les soldats de la milice chrétienne.

Mais l’Église ne se borne par à nous donner ainsi un mot d’ordre contre les surprises de l’ennemi ; pour occuper nos pensées, elle offre à nos regards trois grands spectacles qui vont se dérouler jour par jour jusqu’à la fête de Pâques et nous apporter chacun ses pieuses émotions avec l’instruction la plus solide.

D’abord, nous avons à assister au dénouement de la conspiration des juifs contre le Rédempteur : conspiration qui commence à s’ourdir et qui éclatera le grand Vendredi, lorsque nous verrons le Fils de Dieu attaché à l’arbre de la Croix. Les passions qui s’agitent au sein de la Synagogue vont se manifester de semaine en semaine ; et nous pourrons les suivre dans leur affreux développement. La dignité, la sagesse, la mansuétude de l’auguste victime nous paraîtront toujours plus sublimes et plus dignes d’un Dieu. Le drame divin que nous avons vu s’ouvrir dans la grotte de Bethléem va se continuer jusqu’au Calvaire ; et pour le suivre, nous n’aurons qu’à méditer les lectures de l’Évangile que l’Église nous proposera jour par jour.

En second lieu, nous rappelant que la fête de Pâques est pour les Catéchumènes le jour de la nouvelle naissance, nous reporterons notre pensée à ces premiers âges du christianisme où le Carême était pour les aspirants au baptême la dernière préparation. La sainte Liturgie a conservé la trace de cette antique discipline ; et en entendant ces magnifiques lectures des deux Testaments, à l’aide desquelles on achevait la dernière initiation, nous remercierons Dieu, qui a daigné nous faire naître dans ces siècles où l’enfant n’a plus à attendre l’âge d’homme pour faire l’épreuve des divines miséricordes. Nous songerons aussi à ces nouveaux Catéchumènes qui, de nos jours encore, dans les contrées évangélisées par nos modernes apôtres, attendent, comme aux temps anciens, la grande solennité du Sauveur vainqueur de la mort, pour descendre dans la piscine sacrée et y puiser un nouvel être.

Enfin, nous devons, pendant le Carême, nous remettre en mémoire ces Pénitents publics, qui, expulsés solennellement de l’assemblée des fidèles le Mercredi des Cendres, étaient, dans tout le cours de la sainte quarantaine, un objet de préoccupation maternelle pour l’Église, qui devait, s’ils le méritaient, les admettre à la réconciliation le Jeudi-Saint. Un admirable corps de lectures, destiné à leur instruction et à intéresser les fidèles en leur faveur, passera sous nos yeux ; car la Liturgie n’a rien perdu non plus de ces fortes traditions. Nous nous rappellerons alors avec quelle facilité nous ont été pardonnées des iniquités qui, dans les siècles passés, ne nous eussent peut-être été remises qu’après de dures et solennelles expiations ; et, songeant à la justice du Seigneur, qui demeure immuable, quels que soient les changements que la condescendance de l’Église introduit dans la discipline, nous sentirons d’autant plus le besoin d’offrir à Dieu le sacrifice d’un coeur véritablement contrit, et d’animer d’un sincère esprit de pénitence les légères satisfactions que nous présentons à sa divine Majesté.

Afin de conserver au saint temps du Carême le caractère de tristesse et de sévérité qui lui convient, l’Église, durant un grand nombre de siècles, s’est montrée très réservée dans l’admission des fêtes à cette époque de l’année, parce qu’elles portent toujours en elles un élément de joie. Au IVè siècle, le concile de Laodicée marquait déjà cette disposition dans son cinquante-unième Canon, ne permettant de faire la fête ou la Commémoration des Saints que les samedis ou les dimanches. L’Église grecque s’est maintenue dans cette rigueur ; et ce n’est que plusieurs siècles après le concile de Laodicée qu’elle s’en est enfin relâchée en admettant, au 25 mars, la fête de l’Annonciation.

L’Eglise Romaine a longtemps retenu cette discipline, du moins en principe ; mais elle a admis de bonne heure la fête de l’Annonciation, et ensuite celle de l’apôtre saint Mathias, au 24 février. On l’a vue, dans les derniers siècles, ouvrir son calendrier à d’autres fêtes encore dans la partie qui correspond au Carême, mais cependant avec une grande mesure, par égard pour l’esprit de l’antiquité.

La raison qui a rendu l’Église Romaine plus facile dans l’admission des fêtes des Saints en Carême, est que les Occidentaux ne regardent pas la célébration des fêtes comme incompatible avec le jeûne, tandis que les Grecs sont persuadés du contraire. C’est pourquoi le samedi, qui est toujours pour les Orientaux un jour solennel, n’est jamais chez eux un jour de jeûne, si ce n’est pourtant le Samedi Saint. De même, ils ne jeûnent pas le jour de l’Annonciation, à cause de la solennité de cette fête.

Ce préjugé des Orientaux a donné origine, vers le VIIè siècle, à une institution qui leur est particulière, et qu’ils appellent la Messe des Présanctifiés, c’est-à-dire des choses consacrées dans un sacrifice précédent. Chaque dimanche de Carême, le prêtre consacre six hosties, dont une est consommée par lui dans le sacrifice ; les cinq autres sont réservées pour une simple communion qui a lieu chacun des cinq jours suivants, sans sacrifice.

L’Église latine n’exerce ce rite qu’une fois l’année, le Vendredi Saint, et pour une raison pro- fonde que nous expliquerons en son lieu.

Le principe de cet usage des Grecs est venu évidemment du quarante-neuvième Canon du concile de Laodicée, qui prescrit de ne pas offrir la pain du sacrifice en Carême, si ce n’est le samedi et le dimanche. Dans les siècles suivants, les Grecs ont conclu de ce canon que la célébration du sacrifice était incompatible avec le jeûne ; et nous voyons par leur controverse, au XIè siècle, avec le Légat Humbert, que la Messe des Présanctifiés, qui n’a en sa faveur qu’un canon du trop fameux concile appelé in Trullo tenu en 692, était justifiée par les Grecs moyennant cette allégation absurde, que la communion du corps et du sang du Seigneur rompait le jeûne quadragésimal.

C’est le soir, après l’office des Vêpres, que les Grecs célèbrent cette cérémonie, dans laquelle le prêtre communie seul, comme chez nous le Vendredi Saint. Il y a cependant exception, depuis plusieurs siècles, pour le jour de l’Annonciation ; le jeûne étant suspendu dans cette solennité, on y célèbre le sacrifice, et les fidèles peuvent communier.

Le règlement du concile de Laodicée ne paraît pas avoir été jamais reçu dans l’Église d’Occident ; et nous ne
voyons, à Rome, aucune trace de la suspension du sacrifice en Carême, si ce n’est le jeudi, jusqu’au VIIIè siècle,
où nous apprenons d’Anastase le Bibliothécaire que le Pape saint Grégoire Il, voulant compléter le Sacramentaire
Romain, ajouta des Messes propres pour ce jour dans les cinq premières semaines de Carême. Il serait difficile de
rendre raison aujourd’hui des motifs de cette suspension de la Messe au jeudi dans l’Église Romaine, non plus que
de l’usage de l’Église de Milan qui n’offre pas le sacrifice le vendredi en Carême. Les raisons qui en ont été
données nous paraissent peu satisfaisantes ; et quant à l’Église de Milan, nous serions porté à croire que l’usage
romain de ne pas célébrer la messe le Vendredi Saint, usage qui s’observe pareillement dans l’Église
Ambrosienne, aurait été par imitation étendu aux autres vendredis du Carême.

Le manque d’espace nous oblige à ne toucher que légèrement à tous les détails de ce chapitre ; cependant il
nous reste à dire encore quelque chose des usages mystérieux de notre Carême occidental. Nous en avons déjà
fait connaître et expliqué plusieurs dans le Temps de la Septuagésime. La suspension de l’Alléluia, l’emploi de la
couleur violette dans les ornements sacrés, la suppression de la dalmatique du diacre et de la tunique du sousdiacre
; les deux cantiques de joie, Gloria in excelsis et Te Deum laudamus, interdits l’un et l’autre ; le Trait, dont
l’accent est si triste, substitué dans la Messe au verset alléluiatique ; l’Ite missa est remplacé par une autre formule
; l’oraison de pénitence qui se récite sur le peuple, à la fin de la Messe, aux jours de la semaine où l’on ne célèbre
pas la fête d’un Saint ; les Vêpres anticipées avant midi, tous les jours, à l’exception des Dimanches : ces divers
rites sont déjà connus de nos lecteurs. En fait de cérémonies actuellement pratiquées, nous n’avons plus à
signaler que les prières qui se font à genoux, à la fin de chacune des Heures de l’office dans les jours de férie, et
l’usage en vertu duquel tout le Choeur se tient aussi agenouillé durant le Canon de la messe, à ces mêmes jours.
Mais nos Églises d’Occident pratiquaient encore en Carême d’autres rites qui, depuis plusieurs siècles, sont
tombés en désuétude, bien que quelques-uns se soient conservés, en certaines localités, jusqu’à nos temps. Le
plus imposant de tous consistait à tendre un immense voile, ordinairement de couleur violette et appelé la courtine,
entre le choeur et l’autel, en sorte que ni le clergé ni le peuple n’avaient plus la vue des saints mystères qui se
célébraient derrière cette impénétrable barrière. Ce voile était un symbole du deuil de la pénitence auquel le
pécheur doit se soumettre, pour mériter de contempler de nouveau la majesté de Dieu, dont il a offensé les
regards par son iniquité. Il signifiait aussi les humiliations du Christ, qui furent un scandale pour l’orgueil de la
Synagogue, et qui disparaîtront tout à coup, comme un voile que l’on lève en un instant, pour faire place aux
splendeurs de la Résurrection. Cet usage est demeuré, entre autres lieux, dans l’église métropolitaine de Paris. La
coutume était aussi, en beaucoup d’églises, de voiler la croix et les images des saints dès le commencement du
Carême, afin d’inspirer une plus vive componction aux fidèles, qui se voyaient privés de la consolation de reposer
leurs regards sur ces objets chers à leur piété. Cette pratique, qui s’est aussi conservée en quelques lieux, est
moins fondée cependant que celle de l’Église romaine, qui ne voile les croix et les images qu’au temps de la
Passion, comme nous l’expliquerons en son lieu.

Nous apprenons des anciens cérémoniaux du moyen-âge, que l’on était dans l’usage de faire pendant le
Carême un grand nombre de processions d’une église à l’autre, particulièrement les mercredis et les vendredis ;
dans les monastères ces processions se faisaient sous le cloître et nu-pieds. C’était une imitation des Stations de
Rome, qui sont journalières en Carême, et qui, durant un grand nombre de siècles, commençaient par une
procession solennelle à l’église stationnale.

Enfin, de tout temps l’Église a multiplié ses prières dans le Carême. La discipline actuelle à ce sujet porte que,
dans les cathédrales et collégiales qui n’en sont pas exemptées par une coutume contraire, on doit ajouter aux
Heures Canoniales, le lundi, l’Office des Morts ; le mercredi, les Psaumes Graduels, et le vendredi, les Psaumes
de la Pénitence. Dans nos Églises de France, au moyen-âge, c’était un Psautier tout entier que l’on ajoutait chaque
semaine à l’office ordinaire.


§ III - PRATIQUE DU CARÊME.
Après avoir employé trois semaines entières à reconnaître les maladies de notre âme, à sonder la profondeur
des blessures que le péché nous a faites, nous devons maintenant nous sentir préparés à la pénitence dont
l’Église vient de nous ouvrir la carrière. Nous connaissons mieux la justice et la sainteté de Dieu et les dangers
auxquels s’expose l’âme impénitente ; et pour opérer dans la nôtre un retour sincère et durable, nous avons
rompu avec les vaines joies et les futilités du monde. La cendre a été répandue sur nos têtes ; et notre orgueil
s’est humilié sous la sentence de mort qui doit s’accomplir sur nous.
Dans le cours de cette épreuve de quarante jours, si longue pour notre faiblesse, nous ne serons pas délaissés
de la présence de notre Sauveur. Il semblait s’être dérobé à nos regards durant ces semaines qui ne retentissaient
que des malédictions prononcées contre l’homme pécheur ; mais cette absence nous était salutaire. Il était bon
pour nous d’apprendre à trembler au bruit des vengeances divines. «La crainte du Seigneur est le
commencement de la sagesse» (Ps. CX) ; et c’est parce que nous avons été saisis de terreur que le sentiment de
la pénitence s’est réveillé dans nos âmes.
Maintenant, ouvrons les yeux et voyons. C’est l’Emmanuel lui-même parvenu à l’âge d’homme, qui se montre à
nos regards de nouveau, non plus sous l’aspect de ce doux enfant que nous avons adoré dans son berceau, mais
semblable au pécheur, tremblant et s’humiliant devant la souveraine majesté que nous avons offensée, et auprès
de laquelle il s’est fait notre caution. Dans l’amour fraternel qu’Il nous porte, voyant que la carrière de la pénitence
allait s’ouvrir pour nous, Il est venu nous encourager par Sa présence et par Ses exemples. Nous allons nous livrer
durant quarante jours au jeûne et à l’abstinence : Lui, l’innocence même, va consacrer le même temps à affliger
Son corps. Nous nous séparons pour un temps des plaisirs bruyants et des sociétés mondaines : Il se retire
de la compagnie et de la vue des hommes. Nous voulons fréquenter plus assidûment la maison de Dieu et
nous livrer à la prière avec plus d’ardeur : Il passera quarante jours et quarante nuits à converser avec Son
Père, dans l’attitude d’un suppliant. Nous allons repasser nos années, dans l’amertume de notre coeur et
gémir sur nos iniquités : Il va les expier par la souffrance et les pleurer dans le silence du désert, comme s’Il les
avait Lui-même commises.
Il est à peine sorti des eaux du Jourdain qu’Il vient de sanctifier et de rendre fécondes, et l’Esprit-Saint Le
pousse vers la solitude. L’heure est venue cependant pour Lui de se manifester au monde ; mais auparavant, Il a
un grand exemple à nous donner; et se dérobant aux regards du Précurseur et de cette foule qui a vu la divine
Colombe descendre sur Lui et entendu la voix du père céleste, c’est vers le désert qu’Il se dirige.
A peu de distance du fleuve s’élève une montagne âpre et sauvage, que les âges chrétiens ont nommée depuis
la montagne de la Quarantaine. De sa crête sauvage on domine les riantes plaines de Jéricho, le cours du
Jourdain et le lac maudit qui rappelle la colère de Dieu. C’est là, au fond d’une grotte naturelle creusée dans la
roche stérile, que le Fils de I’Ëternel vient s’établir, sans autre société que les bêtes farouches qui ont choisi leur
tanière en ces lieux où l’homme ne parait jamais. Jésus y pénètre sans aucun aliment pour soutenir ses forces
humaines ; l’eau même qui pourrait le désaltérer manque dans ce réduit escarpé ; la pierre nue s’offre seule pour
reposer Ses membres épuisés. Dans quarante jours, les Anges s’approcheront et viendront Lui présenter de la
nourriture. C’est ainsi que le Sauveur nous précède et nous dépasse dans la voie sainte du Carême ; Il l’essaie et
l’accomplit devant nous, afin de faire taire par Son exemple tous nos prétextes, tous nos raisonnements,
toutes les répugnances de notre mollesse et de notre orgueil. Acceptons la leçon dans toute son étendue, et
comprenons enfin la loi de l’expiation. Le Fils de Dieu, descendu de cette austère montagne, ouvre Sa
prédication par cette sentence qu’il adresse à tous les hommes : «Faites pénitence ; car le royaume des cieux
approche» (Matth, IV, 17). Ouvrons nos coeurs à cette invitation, afin que le Rédempteur ne soit pas obligé de
réveiller notre assoupissement par cette menace terrible qu’Il fit entendre dans une autre circonstance : «Si vous
ne faites pénitence, vous périrez tous» (Luc,XIII, 3).
Or, la pénitence consiste dans la contrition du coeur et dans la mortification du corps ; ces deux parties
lui sont essentielles. C’est le coeur de l’homme qui a voulu le mal, et le corps a souvent aidé à l’accomplir.
L’homme étant d’ailleurs composé de l’un et de l’autre, il doit les unir dans l’hommage qu’il rend à Dieu. Le corps
doit participer aux délices de l’éternité ou aux tourments de l’enfer. Il n’y a donc point de vie chrétienne complète, ni
non plus d’expiation valable, si dans l’une et l’autre il ne s’associe à l’âme.
Mais le principe de la véritable pénitence est dans le coeur : nous l’apprenons de l’Évangile par les exemples de
l’Enfant prodigue, de la Pécheresse, du publicain Zachée, de saint Pierre. Il faut donc que le coeur rompe sans
retour avec le péché, qu’il le regrette amèrement, qu’il l’ait en horreur et qu’il en fuie les occasions. Pour
exprimer cette disposition, l’Écriture se sert d’une expression qui a passé dans le langage chrétien, et rend
admirablement l’état de l’âme sincèrement revenue du péché ; elle l’appelle la Conversion. Le chrétien doit donc,
durant le Carême, exercer à la pénitence du coeur et la regarder comme le fondement essentiel de tous les actes
propres à ce saint temps. Néanmoins, cette pénitence serait illusoire, si l’on ne joignait l’hommage du corps aux
sentiments intérieurs qu’elle inspire. Le Sauveur, sur la montagne, ne se contente pas de gémir et de pleurer
sur nos péchés ; Il les expie par la souffrance de Son corps ; et l’Eglise, qui est son interprète infaillible,
nous avertit que la pénitence de notre coeur ne sera pas reçue, si nous n’y joignons la pratique exacte de
l’abstinence et du jeûne.

Quelle est donc l’illusion de tant de chrétiens honnêtes qui se flattent d’être irréprochables, surtout lorsqu’ils
oublient leur passé ou qu’ils se comparent à d’autres, et qui, parfaitement contents d’eux-mêmes, ne songent
jamais aux dangers de la vie molle qu’ils comptent bien mener jusqu’au dernier jour ! Leurs péchés d’autrefois, ils
n’y songent plus : ne les ont-ils pas sincèrement confessés ? La régularité selon laquelle ils vivent désormais
n’est-elle pas la preuve de leur solide vertu ? Qu’ont-ils à démêler avec la justice de Dieu ? Aussi les voyons-nous
solliciter régulièrement toutes les dispenses possibles dans le Carême. L’abstinence les incommoderait ; le jeûne
n’est plus compatible avec la santé, les occupations, les habitudes d’aujourd’hui. On n’a pas la rétention d’être
meilleur que tel ou tel qui ne jeûnent pas et ne font pas abstinence ; et comme on est incapable d’avoir même
l’idée de suppléer par d’autres pratiques de pénitence à celles que l’Église prescrit, il en résulte que, sans s’en
apercevoir et insensiblement, on arrive à n’être plus chrétien.
L’Église, témoin de cette effrayante décadence du sens surnaturel et redoutant une résistance qui
accélérerait encore les dernières pulsations d’une vie qui va s’éteignant, élargit de plus en plus la voie des
adoucissements. Dans l’espoir de conserver une étincelle de christianisme pour un avenir meilleur, elle préfère
abandonner à la justice de Dieu Lui-même des enfants qui ne L’écoutent plus, lorsqu’elle leur enseigne les moyens
de se rendre favorable cette justice dès ce monde ; et ces chrétiens se livrent à la sécurité la plus profonde,
sans nul souci de comparer leur vie aux exemples de Jésus-Christ et des Saints, aux règles séculaires de
la pénitence chrétienne.
Il est sans doute des exceptions à cette mollesse dangereuse ; mais qu’elles sont rares, dans nos villes
surtout ! Que de préjugés, que de vains prétextes, que d’exemples malheureux contribuent à fausser les âmes !
Que de fois n’a-t-on pas entendu cette naïve excuse sortir de la bouche de ceux même qui se font honneur de
leur titre de catholiques : qu’ils ne font pas abstinence, qu’ils ne jeûnent pas, parce que l’abstinence et le jeûne les
gêneraient, les fatigueraient ! Comme si l’abstinence et le jeûne avaient un autre but que d’imposer un joug
pénible à ce corps de péché ! (Rom, VI, 6) En vérité, ces personnes semblent avoir perdu le sens ; et leur
étonnement sera grand lorsque le Seigneur, au jour de son jugement, les confrontera avec tant de pauvres
musulmans qui, au sein d’une religion dépravée et sensuelle, trouvent chaque année en eux-mêmes le courage
d’accomplir les rudes privations des quarante jours de leur Ramadan.
Mais serait-il même nécessaire de les confronter avec d’autres qu’avec eux-mêmes si incapables, pensent-ils,
de supporter les abstinences et les jeûnes si réduits d’un Carême, tandis que Dieu les voit chaque jour s’imposer
tant de fatigues bien autrement pénibles dans la recherche des intérêts et des jouissances de ce monde ? Que de
santés usées dans des plaisirs au moins frivoles et toujours dangereux, et qui se fussent maintenues dans toute
leur vigueur, si la loi chrétienne, et non le désir de plaire au monde, eût réglé et dominé la vie ! Mais le
relâchement est tel que l’on ne conçoit aucune inquiétude, aucun remords ; on renvoie le Carême au Moyen-âge,
sans faire même attention que l’indulgence de l’Église en a proportionné les observances à notre faiblesse
physique et morale. On a conservé ou reconquis, par la miséricorde divine, la foi de ses pères ; et l’on ne s’est
pas ressouvenu encore que la pratique du Carême est un signe essentiel de catholicisme, et que la réforme
protestante du XVIè siècle a eu pour un de ses traits principaux et a écrit sur son drapeau l’abolition de l’abstinence
et du jeûne.

Mais, dira-t-on, n’y a-t-il pas des dispenses légitimes ? Assurément, il en est, et, dans ce siècle d’épuisement
général, beaucoup plus que dans les âges précédents. Mais que l’on prenne garde à l’illusion. Si vous avez des
forces pour supporter d’autres fatigues, pourquoi n’en auriez-vous pas pour remplir le devoir de l’abstinence ? Si la
crainte d’une légère incommodité vous arrête, vous avez donc oublié que le péché ne sera pas remis sans
l’expiation. Le jugement des hommes de l’art, qui prédisent un affaiblissement de vos forces comme la suite du
jeûne peut être fondé en raison ; la question est de savoir si ce n’est pas précisément cette mortification de la chair
que l’Église vous prescrit dans l’intérêt de votre âme. Mais admettons que la dispense soit légitime, que votre santé
encourrait un risque véritable, que vos devoirs essentiels souffriraient, si vous observiez à la lettre les prescriptions
de l’Église ; dans ce cas, songez-vous à substituer d’autres oeuvres de pénitence à celles que vos forces ne
vous permettent pas d’entreprendre ? Éprouvez-vous un vif regret, une confusion sincère de ne pouvoir porter
avec les vrais fidèles le joug de la discipline quadragésimale ? Demandez-vous à Dieu la grâce de pouvoir, une
autre année, participer aux mérites de vos frères, et accomplir avec eux ces saintes pratiques qui doivent être le
motif de la miséricorde et du pardon ? S’il en est ainsi, la dispense ne vous aura pas été nuisible ; et quand la fête
de Pâques conviera les fidèles enfants de l’EgIise à ses joies ineffables, vous pourrez vous joindre avec confiance
à ceux qui ont jeûné ; car si la faiblesse de votre corps ne vous a pas permis de les suivre extérieurement dans la
carrière, votre coeur est demeuré fidèle à l’esprit du Carême.
Que de choses nous aurions à dire encore sur les illusions dont se berce la mollesse de nos jours, quand il
s’agit du jeûne et de l’abstinence ! Il n’est pas rate de rencontrer des chrétiens qui remplissent le devoir pascal,
qui se font honneur d’être enfants de l’Église catholique, et chez lesquels la notion même du Carême a totalement
péri. Ils en sont venus à n’avoir pas même une idée précise de l’abstinence et du jeûne. Ils ignorent que ces deux
éléments du Carême sont tellement distincts, que la dispense de l’un n’emporte en aucune façon celle de l’autre.
Si, pour une raison fondée ou non, ils ont obtenu l’exemption de l’abstinence, il ne leur vient pas même en pensée
que l’obligation de pratiquer le jeûne durant quarante jours est demeurée tout entière ; de même, si on leur a
accordé l’exemption du jeûne, ils en concluent qu’ils peuvent faire servir sur leur table toute sorte d’aliments : tant
est grande la confusion qui règne de toutes parts ; tant sont rares les exemples d’une parfaite exactitude aux
ordonnances et aux traditions de l’Église.
Nous n’avons en vue, en écrivant ces pages, que les lecteurs chrétiens qui nous ont suivi jusqu’ici ; mais que
serait-ce si nous venions à considérer le résultat de la suspension des saintes lois du Carême sur la masse des
populations, principalement dans les villes ? Comment nos publicistes catholiques, qui ont éclairé tant de
questions, n’ont-ils pas insisté sur les tristes effets que produit dans la société la cessation d’une pratique qui,
rappelant chaque année le besoin de l’expiation, maintenait plus que toute autre institution le sentiment du bien
et du mal ? Il ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre la supériorité d’un peuple qui s’impose, durant
quarante jours chaque année, une série de privations, dans le but de réparer les violations qu’il a commises dans
l’ordre moral, sur cet autre peuple qu’aucune époque de l’année ne ramène aux idées de réparation et
d’amendement. Et s’il faut en venir à examiner la question au point de vue de l’hygiène, n’est-il pas évident que
cette profusion de nourriture animale, sans laquelle on prétend que les habitants des villes ne pourraient plus
désormais se soutenir, loin d’avoir fortifié la race, ne fait que l’affaiblir de jour en jour ? Nous ne craignons
pas de le dire, un temps viendra où les économistes sonderont cette plaie qui s’aggrave chaque jour, et déclareront
que le seul moyen de relever l’affaiblissement qui se déclare toujours plus sensible à chaque nouvelle génération,
est d’introduire dans l’alimentation des hommes une plus grande proportion de l’élément végétal, et de suspendre
quelquefois la nourriture animale qui, devenue exclusive, altère de plus en plus le sang européen. Où trouve-t-on
aujourd’hui des santés qui résistent, si ce n’est dans nos campagnes, où les végétaux forment le principal de la
nourriture de l’homme, et particulièrement chez nos populations rurales de la Bretagne et de la Vendée, où
l’abstinence quadragésimale, et souvent même le jeûne, sont encore fidèlement observés par le grand nombre,
malgré les fatigues occasionnées par des travaux qui légitimeraient bien plutôt la dispense que les tièdes incidents
de la vie molle et insignifiante de nos cités ?
Que les enfants de l’Église raniment donc leur courage ; qu’ils aspirent à cette paix de la conscience qui n’est
assurée qu’à l’âme vraiment pénitente. L’innocence perdue se recouvre par l’humble aveu de la faute, quand il est
accompagné de l’absolution du prêtre ; mais le fidèle doit se garder de ce dangereux préjugé, qu’il ne resterait
plus rien à faire après le pardon. Rappelons-nous cet avertissement si grave de l’Esprit-Saint dans l’Écriture : «Ne
sois jamais sans crainte au sujet du péché qui t’a été pardonné» (Eccle, V, 5). La certitude du pardon est en raison
du changement du coeur ; et l’on peut d’autant mieux se laisser aller à la confiance, que l’on sent constamment le
regret des péchés et l’empressement à les expier toute sa vie. «Nul ne sait s’il est digne d’amour ou de haine», dit
encore l’Écriture (Eccle, IX, 1) ; mais celui-là peut espérer être digne d’amour, qui sent en lui-même que
l’esprit de pénitence ne l’a pas abandonné.

Entrons donc avec résolution dans la vole sainte que l’Église ouvre devant nous, et fécondons notre jeûne par
les deux autres moyens que Dieu nous propose dans les saints Livres : la Prière et l’Aumône. De même que sous
le nom de Jeûne, l’Église entend toutes les oeuvres de la mortification chrétienne ; sous le nom de la Prière elle
comprend tous les pieux exercices par lesquels l’âme s’adresse à Dieu. La fréquentation plus assidue de
l’Église, l’assistance journalière au saint Sacrifice, les lectures pieuses, la méditation des vérités du salut
et des souffrances du Rédempteur, l’examen de la conscience, l’usage des Psaumes, l’assistance aux
prédications particulières à ce saint temps, et surtout la réception des sacrements de Pénitence et
d’Eucharistie, sont les principaux moyens par lesquels les fidèles peuvent offrir au Seigneur l’hommage de
la prière.

L’Aumône renferme toutes les oeuvres de miséricorde envers le prochain : aussi les saints Docteurs de l’Église
l’ont-ils unanimement recommandée comme le complément nécessaire du jeûne et de la Prière pendant le
Carême. C’est une loi établie de Dieu, et à laquelle Il a daigné Lui-même se soumettre, que la charité exercée
envers nos frères, dans le but de Lui plaire, obtient sur Son coeur paternel le même effet que si elle s’exerçait
directement envers Lui-même. Telle est la force et la sainteté du lien par lequel Il a voulu unir les hommes entre
eux ; et de même qu’Il n’accepte pas l’amour d’un coeur fermé à la miséricorde, de même Il reconnaît pour
véritable et comme se rapportant à Lui, la charité du chrétien qui, soulageant son frère rend hommage au lien
sublime par lequel tous les hommes s’unissent dans une même famille dont Dieu est le père. C’est par ce
sentiment que l’aumône n’est plus seulement un acte d’humanité, mais s’élève à la dignité d’un acte de religion
qui monte directement à Dieu et apaise sa justice.

Rappelons-nous la dernière recommandation du saint Archange Raphaël à la famille de Tobie, au moment de
remonter au ciel : «La prière accompagnée du jeune et de l’aumône vaut mieux que tous les trésors ; l’aumône
délivre de la mort, efface les péchés, ouvre la miséricorde et la vie éternelle» (Tob, XII, 8-9) La doctrine des Livres
Sapientiaux n’est pas moins expresse : «De même que l’eau éteint le feu le plus ardent, aussi l’aumône détruit le
péché (Eccle; III, 33). Renferme ton aumône dans le sein du pauvre, et elle priera pour que tu sois délivré du mal»
(Eccle, XXIX, 15). Que ces consolantes promesses soient toujours présentes à la pensée du fidèle, mais plus encore
dans le cours de la sainte Quarantaine ; et que le pauvre qui jeûne toute l’année s’aperçoive qu’il est aussi un
temps où le riche s’impose des privations. Une vie plus frugale produit ordinairement le superflu, relativement aux
autres temps de l’année ; que ce superflu serve au soulagement de Lazare. Rien ne serait plus contraire à l’esprit
du Carême que de rivaliser en luxe et en dépenses de table avec les saisons où Dieu nous permet de vivre selon
l’aisance qu’Il nous a donnée. Il est beau que, dans ces jours de pénitence et de miséricorde, la vie du pauvre
devienne plus douce, en proportion de ce que celle du riche participe davantage à la frugalité et à l’abstinence qui
sont le partage de la plupart des hommes. C’est alors que pauvres et riches se présenteront avec un sentiment
vraiment fraternel à ce solennel banquet de la Pâque que le Christ ressuscité nous offrira dans quarante jours.
Enfin, il est un dernier moyen d’assurer en nous les fruits du Carême : c’est l’esprit de retraite et de
séparation du monde. Les habitudes de ce saint temps doivent trancher en toutes choses sur celles du reste
de l’année ; autrement l’impression salutaire que nous avons reçue, au moment où l’Église imposait la cendre sur
nos fronts, se dissiperait en peu de jours. Le chrétien doit donc faire trêve aux vains amusements du siècle,
aux fêtes mondaines, aux réunions profanes. Quant à ces spectacles pervers ou amollissants, à ces soirées
de plaisirs qui sont l’écueil de la vertu et le triomphe de l’esprit du monde, si dans aucun temps il n’est permis au
disciple de Jésus-Christ de s’y montrer autrement que par position et par nécessité, comment pourrait-on y
paraître en ces jours de pénitence et de recueillement, sans abjurer en quelque sorte son titre de chrétien, sans
rompre avec tous les sentiments d’une âme pénétrée de la pensée, de ses fautes, et de la crainte des jugements
de Dieu ? La société chrétienne n’a plus aujourd’hui, durant le Carême, cet extérieur si imposant de deuil et de
sévérité que nous avons admiré dans les siècles de foi ; mais de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu, rien n’est
changé. C’est toujours la grande parole : «Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous». Aujourd’hui, il en est
peu qui prêtent l’oreille à cette parole ; et c’est pourquoi beaucoup périssent. Mais ceux sur qui tombe cette parole
doivent se souvenir des avertissements que nous donnait le Sauveur Lui-même, au Dimanche de la Sexagésime.
Il nous disait qu’une partie de la semence est foulée sous les pieds des passants, ou dévorée par les oiseaux du
ciel ; une autre desséchée par l’aridité de la pierre qui la reçoit ; une autre enfin étouffée par des épines.
N’épargnons donc aucun soin, afin de devenir cette bonne terre dans laquelle la semence non-seulement est
reçue, mais fructifie au centuple pour la récolte du Seigneur qui approche.

En lisant ces pages dans lesquelles nous avons tâché de rendre la pensée de l’Église telle qu’elle nous est
exprimée, non-seulement dans la Liturgie, mais dans les canons des Conciles et dans les écrits des saints
Docteurs, plus d’un de nos lecteurs se sera pris à regretter de plus en plus la douce et gracieuse poésie dont
l’année liturgique se montrait empreinte durant les quarante jours où nous célébrâmes la naissance de
l’Emmanuel. Déjà le temps de la Septuagésime est venu jeter son voile sombre sur toutes ces riantes images ; et
voici que nous sommes entrés dans un désert aride, semé d’épines, et sans eaux jaillissantes. Ne nous en
plaignons pas cependant ; la sainte Église connaît nos vrais besoins, et veut y satisfaire. Pour approcher du Christ
enfant, elle n’a demandé de nous que la légère préparation de l’Avent parce que les mystères de l’Homme-Dieu
n’étaient encore qu’à leur début.

Beaucoup sont venus à la crèche avec la simplicité et l’ignorance des bergers de Bethléhem, ne connaissant
pas suffisamment encore ni la sainteté du Dieu incarné, ni l’état dangereux et coupable de leurs âmes ; mais
aujourd’hui que le Fils de l’Éternel est entré dans la voie de la pénitence, quand bientôt nous allons Le voir en proie
à toutes les humiliations et à toutes les douleurs sur l’arbre de la croix, l’Eglise nous enlève à notre ignorante
sécurité. Elle nous dit de frapper nos poitrines, d’affliger nos âmes, de mortifier nos corps, parce que nous
sommes pécheurs. La pénitence devrait être le partage de notre vie entière ; les âmes ferventes ne
l’interrompent jamais ; du moins est-il juste et salutaire pour nous d’en faire enfin l’essai, en ces jours où le
Sauveur souffre au désert, en attendant qu’Il expire sur le Calvaire. Recueillons encore de Lui cette parole qu’Il dit
aux femmes de Jérusalem qui pleuraient sur Son passage, au jour de Sa Passion : «Si l’on traite ainsi le bois vert,
que fera-t-on du bois sec ?» (Luc, XXIII, 31) Mais, par la miséricorde du Rédempteur, le bois sec peut reprendre
sève et échapper au feu.

Telle est l’espérance, tel est le désir de la sainte Église, et c’est pour cela qu’elle nous impose le joug du
Carême. En parcourant avec constance cette voie laborieuse, nous verrons peu à peu la lumière briller à
nos regards. Si nous étions loin de Dieu par le péché, ce saint temps sera pour nous la vie purgative, comme
parlent les docteurs mystiques ; et nos yeux s’épureront afin de pouvoir contempler le Dieu vainqueur de la mort. Si
déjà nous marchons dans les sentiers de la vie illuminative ; après avoir sondé si utilement la profondeur de nos
misères, au Temps de la Septuagésime nous retrouvons maintenant celui qui est notre Lumière ; et si nous avons
su le voir sous les traits de l’Enfant de Bethléhem, nous le reconnaîtrons sans peine dans le divin Pénitent du
désert, et bientôt dans la victime sanglante du Calvaire.


Dernière édition par Hercule le Jeu 10 Mar - 5:54, édité 1 fois
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Message par Her Mer 9 Mar - 21:13

F11030914 - 09-03-2011
Permalink: http://www.zenit.org/article-27235?l=french
AUDIENCE DE BENOÎT XVI : LE JEÛNE C’EST S’ABSTENIR DU MAL

Et se nourrir de la Parole de Dieu

ROME, Mercredi 9 mars 2011 (ZENIT.org) - Le jeûne, « c'est s'abstenir du mal », explique Benoît XVI qui ajoute : « Personne ne jeûne vraiment s'il ne sait pas se nourrir de la Parole de Dieu ». Il invite à prendre « au sérieux » le temps du carême.
Benoît XVI a consacré sa catéchèse du mercredi, lors de l'audience générale de ce mercredi matin, en la salle Paul VI au Vatican, au carême, qui commence ce mercredi des Cendres. Comme dans son message pour ce carême, le pape est revenu sur le sens du baptême chrétien (cf. Documents pour le texte intégral de la catéchèse en français).
Prendre ce carême très au sérieux
« Je vous invite à prendre très au sérieux ce carême pour le vivre dans un esprit de foi et en faire un temps d'authentique conversion. En participant aux saints mystères, vous vous désaltérez à la source d'eau vive qui est en Dieu ! », a dit Benoît XVI aux francophones.
Le pape souligne que le carême c'est d'abord une rencontre de Jésus : « Le carême est un chemin, qui consiste à accompagner Jésus qui monte à Jérusalem, lieu de l'accomplissement de son mystère de passion, de mort et de résurrection ; il nous rappelle que la vie chrétienne est un «chemin» à parcourir, qui consiste moins en une loi à observer que dans la personne même du Christ à rencontrer, à accueillir, à suivre (...).C'est-à-dire qu'il nous dit que pour arriver avec Lui à la lumière et à la joie de la résurrection, à la victoire de la vie, de l'amour, du bien, nous devons nous aussi nous charger de la croix de chaque jour ».
« Aujourd'hui », une clé du carême
Le pape donne un « mot-clé » du carême en disant : « Nous devons nous mettre à l'école de Jésus, reparcourir les événements qui nous ont apporté le salut, mais pas comme une simple commémoration, un souvenir des faits passés. Dans les actions liturgiques, le Christ se rend présent à travers l'œuvre de l'Esprit Saint, les événements salvifiques deviennent actuels. Il existe un mot-clé qui revient souvent dans la liturgie pour indiquer cela : le mot «aujourd'hui» ; et celui-ci doit être entendu dans son sens originel et concret, et non pas métaphorique. Aujourd'hui, Dieu révèle sa loi et il nous est donné de choisir entre le bien et le mal, entre la vie et la mort (...) ; aujourd'hui est le temps favorable. Participer à la liturgie signifie alors plonger sa vie dans le mystère du Christ, parcourir un chemin dans lequel nous entrons dans sa mort et sa résurrection pour avoir la vie. »
Comme dans son message de carême, Benoît XVI commente les lectures des 5 dimanches de carême : « Les lectures que nous écouterons les prochains dimanches et auxquelles je vous invite à prêter une attention particulière, sont reprises de la tradition antique, qui accompagnait le catéchumène dans la découverte du Baptême : il s'agit de la grande annonce de ce que Dieu fait dans ce Sacrement, une extraordinaire catéchèse baptismale adressée à chacun de nous ».
Le jeûne : s'abstenir du mal
Le pape a également expliqué le sens du jeûne et de l'aumône en disant : « Le jeûne signifie l'abstinence de nourriture, mais il comprend d'autres formes de privation pour une vie plus sobre. Mais tout cela n'est pas encore la pleine réalité du jeûne: c'est le signe extérieur d'une réalité intérieure, de notre engagement, avec l'aide de Dieu, de nous abstenir du mal et de vivre de l'Évangile. Personne ne jeûne vraiment s'il ne sait pas se nourrir de la Parole de Dieu. (...) Le jeûne, dans la tradition chrétienne, est ensuite étroitement lié à l'aumône. »
A propos de la prière, le pape a ajouté : « En outre, le Carême est un temps privilégié pour la prière. Saint Augustin dit que le jeûne et l'aumône sont «les deux ailes de la prière» qui lui permettent de prendre plus facilement son élan et de parvenir jusqu'à Dieu. (...) L'Église sait qu'en raison de notre faiblesse il est difficile d'être en silence pour se présenter devant Dieu et prendre conscience de notre condition de créatures qui dépendent de Lui et de pécheurs ayant besoin de son amour : c'est pourquoi, en ce Carême, elle nous invite à une prière plus fidèle et intense et à une méditation prolongée sur la Parole de Dieu. »
Le pape a conclu par cette invitation : « Soyons attentifs à saisir l'invitation du Christ à le suivre de manière plus décidée et cohérente, en renouvelant la grâce et les engagements de notre baptême, pour abandonner le vieil homme qui est en nous et nous revêtir du Christ ».
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Message par Her Mer 9 Mar - 21:14

ZF11030911 - 09-03-2011
Permalink: http://www.zenit.org/article-27232?l=french
AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 MARS 2011 : LE TEMPS DU CARÊME

Texte intégral


ROME, Mercredi 9 mars 2011 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l'audience générale, dans la salle Paul VI, au Vatican.
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui, marqués par le symbole austère des cendres, nous entrons dans le temps du carême, en commençant un itinéraire spirituel qui nous prépare à célébrer dignement les mystères pascals. La cendre bénie, imposée sur notre tête, est un signe qui nous rappelle notre condition de créatures, nous invite à la pénitence et à intensifier l'engagement de conversion pour suivre toujours plus le Seigneur.
Le carême est un chemin, qui consiste à accompagner Jésus qui monte à Jérusalem, lieu de l'accomplissement de son mystère de passion, de mort et de résurrection ; il nous rappelle que la vie chrétienne est un « chemin » à parcourir, qui consiste moins en une loi à observer que dans la personne même du Christ à rencontrer, à accueillir, à suivre. En effet, Jésus nous dit : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive » (Lc 9, 23). C'est-à-dire qu'il nous dit que pour arriver avec Lui à la lumière et à la joie de la résurrection, à la victoire de la vie, de l'amour, du bien, nous devons nous aussi nous charger de la croix de chaque jour, comme nous y exhorte une belle page de l'Imitation de Jésus Christ : « Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l'éternelle félicité. Il vous a précédés portant sa Croix (Jn 19, 17) et il est mort pour vous sur la Croix afin que vous aussi vous portiez votre Croix, et que vous aspiriez à mourir sur la Croix. Car si vous mourez avec lui, vous vivrez aussi avec lui ; et si vous partagez ses souffrances, vous partagerez sa gloire » (Livre 2, chap. 12, n. 2). Dans la Messe du premier dimanche de Carême, nous prions : « O Dieu, notre Père, avec la célébration de ce Carême, signe sacramentel de notre conversion, accorde à tes fidèles de croître dans la connaissance du mystère du Christ et de témoigner de Lui par une digne conduite de vie » (Collecte). Il s'agit d'une invocation que nous adressons à Dieu car nous savons que Lui seul peut convertir notre cœur. Et c'est surtout dans la liturgie, dans la participation aux saints mystères, que nous sommes conduits à parcourir ce chemin avec le Seigneur ; nous devons nous mettre à l'école de Jésus, reparcourir les événements qui nous ont apporté le salut, mais pas comme une simple commémoration, un souvenir des faits passés. Dans les actions liturgiques, le Christ se rend présent à travers l'œuvre de l'Esprit Saint, les événements salvifiques deviennent actuels. Il existe un mot-clé qui revient souvent dans la liturgie pour indiquer cela : le mot « aujourd'hui » ; et celui-ci doit être entendu dans son sens originel et concret, et non pas métaphorique. Aujourd'hui, Dieu révèle sa loi et il nous est donné de choisir entre le bien et le mal, entre la vie et la mort (cf. Dt 30, 19) ; aujourd'hui « le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l'Évangile » (Mc 1, 15) ; aujourd'hui le Christ est mort sur le Calvaire et il est ressuscité d'entre les morts ; il est monté au ciel et siège à la droite du Père ; aujourd'hui, l'Esprit Saint nous est donné ; aujourd'hui est le temps favorable. Participer à la liturgie signifie alors plonger sa vie dans le mystère du Christ, parcourir un chemin dans lequel nous entrons dans sa mort et sa résurrection pour avoir la vie.
Les dimanches de Carême, de manière tout à fait particulière en cette année liturgique du cycle A, nous sommes amenés à vivre un itinéraire baptismal, comme à reparcourir le chemin des catéchumènes, de ceux qui se préparent à recevoir le Baptême, pour raviver en nous ce don et pour faire en sorte que notre vie retrouve les exigences et les engagements de ce sacrement, qui est à la base de notre vie chrétienne. Dans le Message que j'ai envoyé pour ce Carême, j'ai voulu rappeler le lien particulier qui lie le Temps quadragésimal au Baptême. Depuis toujours, l'Église associe la Veillée pascale à la célébration du Baptême : en lui se réalise ce grand mystère en raison duquel l'homme, mort au péché, participe à la vie nouvelle dans le Christ ressuscité et reçoit l'Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d'entre les morts (cf. Rm 8, 11). Les lectures que nous écouterons les prochains dimanches et auxquelles je vous invite à prêter une attention particulière, sont reprises de la tradition antique, qui accompagnait le catéchumène dans la découverte du Baptême : il s'agit de la grande annonce de ce que Dieu fait dans ce Sacrement, une extraordinaire catéchèse baptismale adressée à chacun de nous. Le premier dimanche, appelé Dimanche de la tentation, parce qu'il présente les tentations de Jésus dans le désert, nous invite à renouveler notre décision définitive pour Dieu et à affronter avec courage la lutte qui nous attend pour lui demeurer fidèles. Il y a toujours cette nécessité de décision, de résister au mal, de suivre Jésus. En ce dimanche, l'Église, après avoir entendu le témoignage des parrains et des catéchistes, célèbre l'élection de ceux qui sont admis aux sacrements pascals. Le deuxième dimanche est dit d'Abraham ou de la Transfiguration. Le baptême est le sacrement de la foi et de la filiation divine ; comme Abraham, père des croyants, nous aussi nous sommes invités à partir, à sortir de notre terre, à quitter les sécurités que nous nous sommes construites, pour placer notre confiance en Dieu ; le but s'entrevoit dans la transfiguration du Christ, le Fils bien aimé, dans lequel nous aussi nous devenons « fils de Dieu » . Les dimanches suivants, le baptême est présenté à travers les images de l'eau, de la lumière et de la vie. Le troisième dimanche nous fait rencontrer la Samaritaine (cf. Jn 4,5-42). Comme Israël lors de l'Exode, nous aussi dans le Baptême nous avons reçu l'eau qui sauve ; Jésus, comme il le dit à la Samaritaine, a une eau de vie, qui étanche toutes les soifs ; cette eau c'est son Esprit lui-même. L'Église en ce dimanche célèbre le premier scrutin des catéchumènes, et pendant la semaine elle leur remet le Symbole : la profession de foi, le Credo. Le quatrième dimanche nous fait réfléchir sur l'expérience de l'« Aveugle de naissance » (cf. Jn 9, 1-41). Dans le Baptême nous sommes libérés des ténèbres du mal et nous recevons la lumière du Christ pour vivre en fils de la lumière. Nous aussi devons apprendre à voir la présence de Dieu sur le visage du Christ et ainsi la lumière. Dans le chemin des catéchumènes est célébré le second scrutin. Enfin, le cinquième dimanche nous présente la résurrection de Lazare (cf. Jn 11, 1-45). A travers le Baptême, nous sommes passés de la mort à la vie et nous sommes à présent en mesure de plaire à Dieu, de faire mourir le vieil homme pour vivre de l'Esprit du Ressuscité. Pour les catéchumènes, est célébré le troisième scrutin et au cours de la semaine leur est remis la prière du Seigneur : le Notre Père.
Cet itinéraire quadragésimal que nous sommes invités à parcourir au cours du Carême se caractérise, dans la tradition de l'Église, par certaines pratiques : le jeûne, l'aumône et la prière. Le jeûne signifie l'abstinence de nourriture, mais il comprend d'autres formes de privation pour une vie plus sobre. Mais tout cela n'est pas encore la pleine réalité du jeûne : c'est le signe extérieur d'une réalité intérieure, de notre engagement, avec l'aide de Dieu, de nous abstenir du mal et de vivre de l'Évangile. Personne ne jeûne vraiment s'il ne sait pas se nourrir de la Parole de Dieu.
Le jeûne, dans la tradition chrétienne, est ensuite étroitement lié à l'aumône. Saint Léon le Grand enseignait dans l'un de ses discours sur le Carême : « Ce que chaque chrétien est tenu de faire en chaque moment, il doit à présent le pratiquer avec une plus grande sollicitude et dévotion, pour que s'accomplisse la règle apostolique du jeûne quadragésimal qui consiste dans l'abstinence non seulement de la nourriture, mais aussi et surtout des péchés. Ensuite, on ne peut associer aucune œuvre plus utile que l'aumône à ces saints jeûnes que l'on doit respecter, celle-ci embrassant de nombreuses bonnes œuvres sous le nom unique de "miséricorde". Le domaine des œuvres de miséricorde est immense. Il n'y a pas que les riches et ceux qui ont des possessions qui peuvent faire du bien aux autres avec l'aumône, mais aussi ceux de condition modeste et pauvre. Ainsi, inégaux dans les biens de la richesse, tous peuvent être égaux dans les sentiments de piété de l'âme » (Discours 6 sur le Carême, 2 : pl 54, 286). Saint Grégoire le Grand rappelait, dans sa Règle pastorale, que le jeûne est rendu saint par les vertus qui l'accompagnent, en particulier par la charité, par chaque geste de générosité, qui donne aux pauvres et aux indigents le fruit d'une privation (cf. 19, 10-11).
En outre, le Carême est un temps privilégié pour la prière. Saint Augustin dit que le jeûne et l'aumône sont « les deux ailes de la prière » qui lui permettent de prendre plus facilement son élan et de parvenir jusqu'à Dieu. Il affirme : « De cette manière notre prière, faite en humilité et en charité, dans le jeûne et dans l'aumône, dans la tempérance et dans le pardon des offenses, en donnant de bonnes choses et en ne rendant pas les mauvaises, en s'éloignant du mal et en faisant le bien, recherche la paix et l'obtient. Avec les ailes de ces vertus, notre prière vole de manière assurée et est conduite plus facilement jusqu'au ciel, où le Christ notre paix nous a précédés » (Sermon 206, 3 sur le Carême : pl 38, 1042). L'Église sait qu'en raison de notre faiblesse il est difficile d'être en silence pour se présenter devant Dieu et prendre conscience de notre condition de créatures qui dépendent de Lui et de pécheurs ayant besoin de son amour : c'est pourquoi, en ce Carême, elle nous invite à une prière plus fidèle et intense et à une méditation prolongée sur la Parole de Dieu. Saint Jean Chrysostome nous exhorte : « Embellis ta maison de modestie et d'humilité avec la pratique de la prière. Rends ton habitation splendide avec la lumière de la justice : orne tes murs avec les bonnes œuvres comme une patine d'or pur et, à la place des murs et des pierre précieuses, place la foi et la magnanimité surnaturelle, en mettant au dessus de tout, sur le fait, la prière pour parfaire la décoration de tout l'ensemble. Ainsi tu prépares une demeure digne pour le Seigneur, ainsi tu l'accueilles dans un palais splendide. Il t'accordera de transformer ton âme en temple de sa présence » (Homélie 6 sur la prière : pg 64, 446).
Chers amis, sur ce chemin quadragésimal soyons attentifs à saisir l'invitation du Christ à le suivre de manière plus décidée et cohérente, en renouvelant la grâce et les engagements de notre baptême, pour abandonner le vieil homme qui est en nous et nous revêtir du Christ, afin d'arriver renouvelés à la Pâque et pouvoir dire avec saint Paul : « Je vis mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Bon chemin de carême à tous ! Merci !
A l'issue de l'audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu'il a dit en français :
Chers frères et sœurs,
Marqués du signe austère des cendres qui nous rappelle notre condition de créature, nous commençons aujourd'hui notre marche vers Pâques. Les lectures dominicales du carême de cette année sont une catéchèse splendide pour redécouvrir la grâce du baptême. Elles nous invitent à renouveler notre fidélité au Seigneur et à abandonner nos sécurités humaines pour nous confier totalement à Dieu. Par le baptême, nous passons des ténèbres du mal à la lumière du Christ, devenant des fils de Dieu appelés à vivre de l'Esprit du Ressuscité. Selon la tradition de l'Eglise, le carême est aussi caractérisé par le jeûne, l'aumône et la prière. Les privations sont le signe externe de notre renoncement au mal et de notre faim de la Parole de Dieu, et la charité sanctifie le jeûne. Jeûne et aumône sont comme les deux ailes de la prière. En ce temps de carême, mettons-nous à la suite du Christ avec cohérence en renouvelant notre engagement baptismal ! Puissions-nous aussi nous consacrer avec intensité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu ! Abandonnant le vieil homme qui est en nous pour revêtir le Christ, nous pourrons célébrer avec dignité la Résurrection du Seigneur ! Bon et saint carême à tous !
Je vous salue avec joie, chers pèlerins de langue française et plus particulièrement les jeunes présents ! Je vous invite à prendre très au sérieux ce carême pour le vivre dans un esprit de foi et en faire un temps d'authentique conversion. En participant aux saints mystères, vous vous désaltérez à la source d'eau vive qui est en Dieu ! Avec ma Bénédiction !
© Copyright du texte original plurilingue : Libreria Editrice Vaticana
Traduction : Zenit
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Message par Her Mer 9 Mar - 21:20

http://qe.catholique.org/le-careme/894-tout-sur-le-careme

Tout sur le Carême

Le Carême en 28 questions, pour mieux connaitre ce temps liturgique, l’aimer et ne pas jeûner "idiot" Smile

Qu’est ce que le Carême ?
Depuis quand vit on le Carême ?
Pourquoi le Carême dans l’Eglise Catholique ?
Quel est donc l’Esprit du Carême ?
Qu’est ce que la pénitence ?
Quelles sont les manifestations de la pénitence ?
Sommes nous obligés de faire pénitence ?
Quels sont les jours et les temps pénitenciels ?
Que doit on faire pendant les vendredis de l’année ?
C’est quand le Carême ?
Qu’est ce que le mercredi des Cendres ?
A quand remonte l’orgine des Cendres ?
Quand se font la bénédiction et l’imposition des Cendres ?
D’où viennent les Cendres ?
Quel est le symbole des cendres
A quoi nous invite l’Eglise pendant le Carême ?
Quelles sont les conséquences d’un bon Carême ?
Qu’est ce que la conversion ?
Pourquoi dit on que le Carême est un temps fort et un temps pénitentiel
Comment concrétiser mon désir de conversion ?
Quelles sont les oeuvres de miséricorde ?
Quelles sont les obligations d’un catholique pendant le carême ?
En quoi consiste le jeûne ?
Qui est obligé au jeûne ?
Qu’est ce que l’abstinence ?
Qui est obligé a l’abstinence ?
Peut on changer la pratique du jeûne et de l’abstinence ?
Quels sont les aspects pastoraux qu’il convient de souligner durant le Carême ?


QU’EST-CE QUE LE CARÊME ?

On appelle « carême » la période de quarante jours (quadragesima) réservée à la préparation de Pâques, et marquée par l’ultime préparation des catéchumènes qui doivent recevoir le baptême le jour de Pâques.


DEPUIS QUAND VIT-ON LE CARÊME ?

Depuis le IVème siècle, on commence à le constituer comme temps de pénitence et de renouvellement pour toute l’Eglise, avec la pratique du jeûne et de l’abstinence. Conservée avec vigueur dans les églises d’Orient, la pratique pénitentielle du Carême s’est assouplie en Occident, mais on continue à y observer un esprit de pénitence et de conversion.


POURQUOI LE CARÊME DANS L’EGLISE CATHOLIQUE ?

« L’Eglise s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus dans le désert » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 540)

QUEL EST DONC L’ESPRIT DU CARÊME ?

C’est comme une retraite collective de quarante jours pendant lesquels l’Eglise propose à ses fidèles l’exemple du Christ pendant sa période au désert, se prépare à la célébration des solennités pascales, dans la purification du cœur, la pratique parfaite de la vie chrétienne et une attitude de pénitence.

QU’EST-CE QUE LA PENITENCE ?

La pénitence, traduction latine du mot grec metanoia qui signifie « conversion » (littéralement « changement d’esprit ») du pécheur, désigne tout un ensemble d’actes intérieurs et extérieurs en vue de la réparation du péché commis, et l’état de fait qui en résulte pour le pécheur.

Littéralement « changement de vie » se dit de l’acte du pécheur qui revient vers Dieu après s’être éloigné de lui, ou de l’incroyant qui reçoit la foi...

QUELLES SONT LES MANIFESTATIONS DE LA PENITENCE ?

La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. « L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyr, ils citent comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints et la pratique de la charité « qui couvre une multitude de péchés » (1 P 4,Cool (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1434)

SOMMES-NOUS OBLIGES A FAIRE PENITENCE ?

« Tous les fidèles, chacun à sa manière, sont obligés par la loi divine à faire pénitence ; cependant, afin que tous s’unissent à une pratique commune de pénitence, on a fixé certains jours pénitentiels pendant lesquels les fidèles se dédient de manière particulière à la prière, réalisent des œuvres de piété et de charité, et s’oublient soi-même en accomplissant ses propres obligation avec la plus grande fidélité et, surtout, en observant le jeûne et l’abstinence. » (Code de droit canononique, 1249)

QUELS SONT LES JOURS ET LES TEMPS PENITENTIELS ?

« Dans l’Eglise universelle, tous les vendredis de l’année et le temps de carême sont des jours et des temps de pénitence. » (Code de droit canonique, 1250)

QUE DOIT-ON FAIRE PENDANT LES VENDREDIS DE L’ANNEE ?

En souvenir du jour de la mort de Jésus-Christ sur la sainte Croix, « pendant tous les vendredis, à moins qu’ils ne coïncident avec une solennité, on doit observer l’abstinence de viande, ou de tout autre aliment déterminé par la Conférence épiscopale ; on gardera jeûne et abstinence le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. » (Code de droit canonique, 1251)

QUAND EST LE CARÊME ?

Le Carême commence le Mercredi des Cendres et termine immédiatement avant la Messe de la Cène du Seigneur (Jeudi Saint). Toute cette période forme une unité dans laquelle se détachent certains éléments :

1) Le Mercredi des Cendres,

2) Les Dimanches selon des groupements suivants, I-II ; III, IV, V ; et le Dimanche des Rameaux,

3) La Messe chrismale et

4) Les féries.

QU’EST-CE QUE LE MERCREDI DES CENDRES ?

C’est le début du Carême ; un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel on manifeste notre désir personnel de CONVERSION à Dieu.

En recevant l’imposition des Cendres dans les églises, on exprime avec humilité et sincérité de cœur que nous voulons nous convertir et croire vraiment à l’Evangile.

QUAND A LIEU L’ORIGINE DE LA PRATIQUE DES CENDRES ?

L’origine de l’imposition des cendres appartient à la structure de la pénitence canonique. Elle commence à être obligatoire pour toute la communauté chrétienne à partir du Xème siècle. La liturgie actuelle conserve les éléments traditionnels : imposition des cendres et jeûne rigoureux.

QUAND SE FONT LA BENEDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES ?

La bénédiction et imposition des cendres se fait pendant la Messe, après l’homélie ; en des circonstances particulières, on peut les faire pendant un célébration de la Parole. Les formules de l’imposition des cendres sont inspirées des Ecritures : Gen 3, 19 et Mc 1,15.

D’OU VIENNENT LES CENDRES ?

Les cendres viennent des rameaux bénis pendant le Dimanche des rameaux de l’année précédente, suivant une tradition qui remonte au XIIème siècle. La formule de bénédiction rappelle la condition de pécheur de qui la reçoit...

QUEL EST LE SYMBOLE DES CENDRES ?

Le symbolisme des cendres est le suivant :

a) condition de faiblesse et de vanité de l’homme, qui avance vers la mort ;
b) condition pécheresse de l’homme
c) Prière et supplication ardente pour que Dieu lui vienne en aide ;
d) Résurrection, étant donné que tout hommes est appelé à participer au triomphe du Christ.

A QUOI NOUS INVITE L’EGLISE PENDANT LE CARÊME ?

L’Eglise nous invite à faire du Carême un temps de retraite spirituelle dans lequel l’effort de méditation et de prière doit être soutenu d’un effort de mortification personnelle, laissée à la libre générosité de chacun.

QUELS SONT LES CONSEQUENCE D’UN BON CARÊME ?

Si on vit bien le Carême, on doit obtenir une authentique et profonde conversion personnelle, et nous préparer de cette manière à la plus grande fête de l’année : le dimanche de la Résurrection du Seigneur.


QU’EST-CE QUE LA CONVERSION ?

Se convertir veut dire se réconcilier avec Dieu, s’éloigner du mal, pour établir une relation d’amitié avec le Créateur.

Cela suppose de se laisser aller au repentir et à la Confession de tous et chacun de nos péchés.

Une fois rétablis dans la grâce (sans conscience de péché mortel), nous devons prendre la résolution de changer de l’intérieur (dans les attitudes) tout ce qui ne plaît pas à Dieu.

POURQUOI DIT-ON QUE LE CARÊME EST UN « TEMPS FORT » ET UN « TEMPS PENITENTIEL » ?

« Les temps et jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Eglise. Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires) ». (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1438)

COMMENT CONCRETISER MON DESIR DE CONVERSION ?

De diverses manières, mais toujours en réalisant des œuvres de conversion, comme par exemple :

1. S’approcher du Sacrement de Réconciliation (Sacrement de la Pénitence ou Confession) et faire une bonne confession : claire, concise, concrète et complète.
2. Dépasser les divisions par le pardon, et grandir dans l’esprit fraternel.
3. Pratiquer les Œuvres de miséricorde.

QUELLES SONT LES ŒUVRES DE MISERICORDE ?

Les œuvres de miséricorde spirituelles sont :

Enseigner l’ignorant.
Conseiller celui qui en a besoin.
Corriger l’égaré.
Pardonner les injures.
Consoler le triste.
Souffrir avec patience les adversités et les faiblesses du prochain.
Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Les œuvres de miséricorde corporelles sont :

Visiter le malade.
Donner à manger à celui qui a faim.
Donner à boire à celui qui a soif.
Secourir le captif.
Vêtir celui qui est sans vêtement.
Accueillir le pèlerin.
Enterrer les morts.

QUELLES SONT LES OBLIGATIONS D’UN CATHOLIQUE PENDANT LE CARÊME ?

Il doit accomplir le précepte du jeûne le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et celui de l’abstinence chaque vendredi, ainsi que la confession et la communion.

EN QUOI CONSISTE LE JEÛNE ?

Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf cas de maladie.

QUI EST OBLIGE AU JEÛNE ?

La loi du jeûne oblige tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 59 ans. (cfr. CIC, n° 1252)

QU’EST-CE QUE L’ABSTINENCE ?

L’abstinence est le fait de se priver de viande (rouge, blanche ou dérivée).

QUI EST OBLIGE A L’ABSTINENCE ?

La loi de l’abstinence oblige tous ceux qui ont accompli 14 ans (CIC, n° 1252).

PEUT-ON CHANGER LA PRATIQUE DU JEÛNE ET DE L’ABSTINENCE ?

On ne doit pas vivre le jeûne ou l’abstinence comme une imposition, mais plutôt comme un moyen concret par lequel l’Eglise nous invite à croître dans le véritable esprit de pénitence.

QUELS SONT LES ASPECTS PASTORAUX QU’IL CONVIENT DE SOULIGNER PENDANT LE CARÊME ?

Le temps du Carême est un temps liturgique fort, dans lequel toute l’Eglise se prépare à la célébration des fêtes pascales. La Pâque du Seigneur, le Baptême et l’invitation à la réconciliation, moyennant le sacrement de la Pénitence, sont ses grandes coordonnées.

Il est conseillé d’utiliser comme moyen pastoral :

1) la catéchèse du Mystère pascal et des sacrements ;
2) l’exposition et la célébration abondante de la Parole de Dieu
3) la participation, si possible quotidienne, à la liturgie de
carême, aux célébrations pénitentielles et, surtout, à la réception du sacrement de pénitence :
4) les exercices spirituels, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône et les œuvres caritatives et missionnaires.
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Message par Her Jeu 10 Mar - 5:18

Entrée en Carême

"Voici le temps favorable,
Voici le Jour du Salut ;
Venez, adorons le Seigneur."

Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de l'annonce du Royaume :

« Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1,15).

Dans la prédication de l'Église cet appel s'adresse d'abord à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son Évangile. Aussi, le Baptême est-il le lieu principal de la conversion première et fondamentale. C'est par la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Ac 2, 38) que l'on renonce au mal et qu'on acquiert le salut, c'est-à-dire la rémission de tous les péchés et le don de la vie nouvelle. Or, l'appel du Christ à la conversion continue à retentir dans la vie des chrétiens. Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour toute l'Église qui « enferme des pécheurs dans son propre sein » et qui « est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement » (LG Cool. Cet effort de conversion n'est pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement du « cœur contrit » (Ps 51, 19) attiré et mû par la grâce (cf. Jn 6, 44 ; 12, 32) à répondre à l'amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4, 10). (...) La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l'espérance de la miséricorde divine et la confiance en l'aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée d'une douleur et d'une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus (affliction de l'esprit), compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Cc. Trente : DS 1677-1678 ; 1705 ; Catech. R. 2, 5, 4). Le cœur de l'homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l'homme un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26-27). La conversion est d'abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs à lui : « Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis » (Lm 5, 21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C'est en découvrant la grandeur de l'amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par l'horreur et le poids du péché et qu'il commence à craindre d'offenser Dieu par le péché et d'être séparé de lui. Le cœur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19, 37 ; Za 12, 10) :

"Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce du repentir." (S. Clément de Rome, Cor. 7,4).
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Message par Her Ven 11 Mar - 15:12

Le pape au début du Carême : notre monde a besoin d’être converti par Dieu

Benoît XVI préside la messe des Cendres à Sainte-Sabine

ROME, Jeudi 10 mars 2011 (ZENIT.org) - Durant le temps du Carême, Benoît XVI a invité les fidèles à convertir leur cœur à Dieu à travers l'aumône, la prière et le jeûne . « Notre monde a besoin d'être converti par Dieu », a-t-il affirmé en souhaitant aux chrétiens d'être un « message vivant » dans le monde. Nous sommes parfois « le seul Evangile que les hommes d'aujourd'hui lisent encore », a-t-il ajouté.

Le pape a présidé dans la basilique Sainte-Sabine de Rome, le 9 mars en fin de journée, la cérémonie du mercredi des Cendres qui marque l'entrée dans le temps du Carême. Le pape a reçu les cendres du cardinal Tomko, titulaire de l'église Sainte-Sabine, avant de les imposer aux cardinaux, évêques et fidèles présents.

Dans son homélie, Benoît XVI a rappelé que le Carême, vu par « l'opinion commune » comme un temps « de tristesse » et de « grisaille » était au contraire « un don précieux de Dieu » et « un temps fort et dense de significations sur le chemin de l'Eglise ».

Durant ces quarante jours, les fidèles sont invités à « expérimenter de manière efficace l'amour miséricordieux de Dieu ». « Aujourd'hui, nous sommes appelés à convertir notre cœur à Dieu », conscients que cette conversion ne se fera pas par nos seules forces mais que « c'est Dieu qui nous convertit ».

« Il nous offre son pardon, nous invitant à revenir à Lui pour nous donner un cœur nouveau, purifié du mal qui l'opprime, pour nous faire prendre part à sa joie », a expliqué le pape. « Notre monde a besoin d'être converti par Dieu, il a besoin de son pardon, de son amour, il a besoin d'un cœur nouveau ».

Offrir un témoignage de foi vécue à un monde en difficulté

Benoît XVI a proposé de s'ouvrir à « l'action de Dieu, à son amour ». « Par notre témoignage évangélique, nous chrétiens, devons être un message vivant, plus encore, dans de nombreux cas, nous sommes le seul Evangile que les hommes d'aujourd'hui lisent encore », a-t-il insisté.

« Voilà notre responsabilité, (...), voilà une raison de plus de bien vivre le Carême : offrir un témoignage de foi vécue à un monde en difficulté qui a besoin de revenir à Dieu, qui a besoin de conversion ».

Le pape a également évoqué « l'aumône, la prière et le jeûne » comme un « parcours de pédagogie divine qui nous accompagne » vers la rencontre avec le Seigneur ressuscité ; « un parcours à suivre sans ostentation, dans la certitude que le père céleste sait lire et voir aussi dans le secret de notre cœur ».

« Dans ces trois œuvres de piété, Jésus met en évidence une tentation commune », a-t-il encore expliqué. « Quand on accomplit quelque chose de bon, le désir d'être estimés et admirés pour cette bonne action, d'avoir donc une satisfaction, naît presque instinctivement ».

Et cela « renferme sur soi » parce que l'on vit « projetés vers ce que les autres pensent de nous et admirent en nous ». « En reproposant ces prescriptions, le Seigneur Jésus ne demande pas un respect formel d'une loi étrangère à l'homme, imposée par un législateur sévère comme un lourd fardeau, mais il invite à redécouvrir ces trois œuvres de piété en les vivant de manière plus profonde, non pas par amour-propre, mais par amour de Dieu, comme des moyens sur un chemin de conversion vers lui ».

Benoît XVI a enfin invité à vivre ce chemin de Carême « dans la confiance et dans la joie ». « Ce temps ‘fort' de l'année liturgique est un temps propice qui nous est donné pour attendre, avec plus d'engagements, notre conversion, pour intensifier l'écoute de la Parole de Dieu, la prière et la pénitence, ouvrant notre cœur à l'accueil docile de la volonté divine, pour une pratique plus généreuse de la mortification, pour venir plus généreusement en aide à notre prochain dans le besoin : un itinéraire spirituel qui nous prépare à revivre le Mystère pascal ».

Benoît XVI avait présidé un moment de prière à l'église Saint-Anselme située sur l'Aventin à Rome, avant de rejoindre en procession, avec les cardinaux, archevêques, évêques, prêtres, moines de l'abbaye bénédictine et fidèles présents, la basilique Sainte-Sabine.

Marine Soreau
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Message par Her Mer 30 Mar - 7:36

http://www.perepiscopus.org/diocses/pendant-le-careme-se-liberer-des-idoles

Pendant le Carême, se libérer des idoles
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses le 03 29th, 2011 |
Extrait du message de Carême de Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay :

Nous entrons dans le Carême : temps de prière, de jeûne et de partage. Cette année, nous le vivrons dans un contexte particulier, celui d’une profonde crise qui secoue notre pays et le monde. Nous le savons : une telle crise a de multiples facettes. Les conséquences en sont lourdes pour les personnes et les familles. [...] Ce qui se passe n’est certes pas le fruit du hasard mais bien plutôt la conséquence d’une société où, trop souvent, l’argent et le profit sont roi. L’Eglise n’a cessé de dénoncer cette tendance et récemment encore, le Pape Benoît XVI, lors de son homélie sur l’esplanade des Invalides, posait de graves questions : « Le monde contemporain ne s’est-il pas créé ses propres idoles ? … Saint Paul explique aux Colossiens que la cupidité insatiable est une idolâtrie (Col. 3,5)… L’argent, la soif de l’avoir, du pouvoir et même du savoir n’ont-ils pas détourné l’homme de sa fin véritable, de sa propre vérité ? » En revanche, « Quand le souci de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes redevient prioritaire, la confiance renaît ».

« Lève-toi et marche » ordonne Jésus au paralytique guéri. C’est ainsi que Jésus nous appelle avec force à ne pas rester inactifs mais à nous tourner résolument vers les autres : « Le jeûne que je veux n’est-ce pas ceci : rompre ton pain à celui qui a faim, recueillir chez toi les malheureux sans asile, si tu vois un homme nu, le couvrir ? ». Par la prière, le jeûne et le partage, tels que le Christ nous invite à les vivre, le Carême nous exhorte donc à la vigilance. Aussi appartient-il à chacun de réfléchir sur ses comportements et ses choix à la lumière de la Parole de Dieu, de s’informer et de faire entendre sa voix, d’oser enfin témoigner que la justice, la miséricorde ainsi que le respect de l’homme sont les vraies valeurs. [...]

Comment puis-je mieux conclure mon message de Carême sinon en invitant le diocèse à mettre en pratique cet appel du pape : « Que le Carême soit donc mis en valeur dans toutes les familles et dans toutes les communautés chrétiennes, pour éloigner de tout ce qui distrait l’esprit et intensifier ce qui nourrit l’âme en l’ouvrant à l’amour de Dieu et du prochain. Je pense en particulier à un plus grand engagement dans la prière, la lectio divina, le recours au Sacrement de la Réconciliation et dans la participation active à l’Eucharistie, par-dessus tout à la Messe dominicale. ».
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Message par Her Jeu 31 Mar - 7:39

http://www.perepiscopus.org/diocses/profiter-du-careme-pour-approfondir-sa-foi

Profiter du Carême pour approfondir sa foi
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses le 03 30th, 2011 |
Extrait du message de carême de Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes-Lourdes :

Le Carême est le temps donné aux chrétiens pour qu’ils approfondissent leur foi, pour qu’ils la vivent plus sérieusement, pour qu’ils prient, pour qu’ils se convertissent. Mais n’est-ce pas ce que Bernadette a vécu durant ces semaines et qu’elle a permis à beaucoup d’autres de vivre, en la regardant ?

La Dame avait demandé à Bernadette de venir pendant une quinzaine. Or il se trouve que l’évêque avait demandé à ses curés d’organiser, cette année-là, une prédication de quinze jours, assurée par un confrère. Le curé de Lourdes, l’abbé Peyramale, n’avait trouvé personne. La Sainte Vierge s’en est chargée pour le curé et Bernadette, sans s’en rendre compte, s’en est chargée pour les habitants de Lourdes.
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Message par Her Ven 1 Avr - 8:11

http://www.perepiscopus.org/diocses/mieux-vivre-le-careme-pour-mieux-feter-paques

Mieux vivre le Carême pour mieux fêter Pâques
Posté par Maximilien Bernard dans Diocèses le 03 31st, 2011 |
Extrait du message de carême de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes :

Ces quarante jours vous sont donnés pour que vous puissiez vous rapprocher de Dieu, entendre plus sincèrement sa Parole, écouter plus attentivement son amour, percevoir plus profondément sa présence, aimer un peu plus à sa manière. En définitive, pour mieux célébrer la fête des fêtes, Pâques !

Il vous a tout donné en vous donnant Jésus, son Fils bien-aimé. En ce temps béni du Carême, il veut vous le faire découvrir à nouveau. Heureux êtes-vous si vous avez soif d’une paix et d’une liberté nouvelles, soif d’un amour et d’un bonheur renouvelés. Pour vous ou pour les autres. Heureux êtes-vous si vous avez aussi soif de silence, soif de Dieu et de sa Parole.

Mais vous sentez que vos cœurs sont encombrés par des soucis, par la peur de l’échec, par du stress, par le manque de temps, par des relations difficiles ou par des inquiétudes. Gardez courage, l’Église vous offre ce temps des quarante jours car elle a foi en l’Esprit Saint qui renouvelle toute chose.
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Message par Her Mer 6 Avr - 8:26

http://www.perepiscopus.org/conference-episcopale/au-siege-de-la-cef-on-mange-de-la-viande-le-vendredi-de-careme

Au siège de la CEF, on mange de la viande le vendredi de carême
Posté par Maximilien Bernard dans Conférence épiscopale le 04 5th, 2011 |
Selon le témoignage d’une personne qui a participé au congrès sur le chant grégorien le week-end dernier à Paris, le vendredi soir du 1er avril, un repas était organisé avenue de Breteuil, dans la luxueuse Maison de la Conférence des évêques de France. Au menu, il y avait une tranche de rosbif (ce n’est pas un poisson d’avril).

Détail qui montre bien que la fréquentation de cette maison peut être une occasion de péché, l’abstinence de viande les vendredis de carême étant toujours inscrite parmi les commandements de l’Eglise. La conférence des évêques de France montre en ce lieu symbolique ce qu’elle est en elle-même : elle se soucie fort peu de l’obéissance à la Loi de Dieu.
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Message par Her Jeu 7 Avr - 11:26

http://www.hommenouveau.fr/index.php?id_billet=288

Posté par : Pierre Julien le 07-04-2011
Hymnes du temps de la Passion

En complément de l'article paru p.26 du dernier numéro (n°1491), voici les trois Hymnes de ce temps, qui sont dues à Venance Fortunat, évêque de Poitiers, mort vers 600.

On trouvera ci-après le texte antérieur à la réforme d'Urbain VIII [1631], et qui est encore en usage dans certains Ordres religieux (traductions de l'AELF et des Moines du Barroux).


À MATINES (ou Vigiles)
(texte latin: PL 53, 785)

Pange, lingua, gloriosi / prœlium certaminis,
et super Crucis trophæum / dic triumphum nobilem :
qualiter Redemptor orbis / immolatus vícerit.

Chante, ma langue, le combat, la glorieuse lutte;
sur le trophée de la croix, proclame le noble triomphe:
le Rédempteur du monde fut vainqueur en s'immolant.

De parentis protoplasti / fraude factor condolens,
quando pomi noxialis / morsu in mortem corruit:
Ipse lignum tunc notavit, / damna ligni ut solveret.

Attristé de l'égarement de notre premier père,
qui tomba dans la mort en mordant le fruit néfaste,
le Créateur choisit lui-même un arbre pour réparer la malédiction de l'arbre.

Hoc opus nostræ salutis / ordo depopiscerat ;
multiformis proditoris / ars ut artem falleret,
et medelam ferret inde, / hostis unde læserat.

Cette œuvre de salut, l'ordre divin l'exigeait,
pour vaincre par la ruse la ruse multiforme du Malin,
et porter le remède d'où venait la blessure.

Quando venit ergo sacri / plenitudo temporis,
missus est ab arce Patris / Natus, orbis Conditor ;
atque ventre virginali / caro factus prodiit.

Quand vint donc la plénitude du temps,
le Fils, Créateur du monde, fut envoyé d'auprès du Père.
Il s'avança, devenu chair dans un sein virginal.

Vagit infans inter arcta / conditus præsepia :
membra pannis involuta / Virgo Mater alligat :
et manus pedesqu(e), et crura / stricta cingit fascia.

L'enfant pleure et vagit, couché dans une étroite mangeoire :
la Vierge, sa Mère, l'emmaillote en de pauvres langes,
et voici les mains et les pieds d'un Dieu enserrés dans des liens!

Gloria et honor Deo / usquequaqu(e) altissimo,
una Patri, Filioque, / inclito Paraclito:
cui laus est et potestas / per æterna sæcula.
Amen.

Gloire et honneur à jamais au Dieu très-haut,
ensemble Père, Fils, et illustre Consolateur;
louange et puissance pour les siècles éternels.
Amen.


À LAUDES
(texte latin: PL 53, 785)

Lustris sex qui jam peractis, / tempus implens corporis,
se volente natus ad hoc, / passioni deditus,
Agnus in Crucis levatur, / immolandus stipite.

Trente années achevées, au terme de sa vie corporelle,
Il se livre volontairement à la Passion pour laquelle Il était né.
L'Agneau est élevé en Croix pour être immolé sur le bois.

Hic acetum, fel, arundo, / sputa, clavi, lancea
mite corpus perforatur, / sanguis, unda profluit,
terra, pontus, astra, mundus / quo lavantur flumine.

Voici vinaigre, fiel, roseau, crachats, clous et lance!
Le doux corps est transpercé, le sang et l'eau ruissellent;
terre, mer, astres et monde, quel fleuve vous lave!

Crux fidelis, inter omnes / arbor una nobilis:
Nulla silva talem profert / fronde, flore, germine:
Dulce lignum, dulces clavos, / dulce pondus sustinet.

Croix fidèle, arbre unique, noble entre tous!
Nulle forêt n'en produit de tel avec ces feuilles, ces fleurs et ces fruits!
Douceur du bois, douceur du clou, qui porte un si doux fardeau!

Flecte ramos, arbor alta, / tensa laxa viscera,
et rigor lentescat ille, / quem dedit nativitas :
ut superni membra Regis / miti tendas stipite.

Fléchis tes branches, grand arbre, relâche le corps tendu;
assouplis la dureté reçue de la nature;
aux membres du Roi des cieux offre un appui plus doux.

Sola digna tu fuisti / ferre sæcli pretium,
atque portum præparare / nauta mundo naufrago,
quem sacer cruor perunxit, / fusus Agni corpore.

Toi seul as mérité de porter la rançon du monde
et de lui préparer un hâvre après son naufrage,
toi qui fus oint du sang sacré jailli du corps de l'Agneau.

Gloria et honor Deo / usquequaqu(e) altissimo,
una Patri, Filioque, / inclito Paraclito:
cui laus est et potestas / per æterna sæcula.
Amen.

Gloire et honneur à jamais au Dieu très-haut,
ensemble Père, Fils, et illustre Consolateur;
louange et puissance pour les siècles éternels.
Amen.


À VÊPRES
(texte latin: PL 88, 95)

Vexilla Regis prodeunt,
fulget Crucis mysterium :
quo carne carnis conditor,
suspensus est patibulo.

Les étendards du Roi s'avancent,
mystère éclatant de la Croix!
Au gibet fut pendue la chair
du Créateur de toute chair.

Quo, vulneratus insuper
mucrone diro lanceæ,
ut nos lavaret crimine,
manavit und(a) et sanguine.

C'est là qu'il reçut la blessure
d'un coup de lance très cruel,
et fit sourdre le sang et l'eau
pour nous laver de nos péchés.

Impleta sunt quæ concinit
David fideli carmine,
dicens: In nationibus
regnavit a ligno Deus.

Ils sont accomplis, les oracles
véridiques chantés par David
lorsqu'il a dit: «Sur les nations,
Dieu a régné par le bois.»

Arbor decor(a), et fulgida,
ornata Regis purpura,
electa digno stipite,
tam sancta membra tangere.

Arbre dont la beauté rayonne,
paré de la pourpre du Roi,
d'un bois si beau qu'il fut choisi
pour toucher ses membres très saints!

Beata, cujus brachiis
sæcli pependit pretium,
statera facta corporis,
prædamque tulit tartari.

Arbre bienheureux! À tes branches
la rançon du monde a pendu!
Tu devins balance d'un corps
et ravis leur proie aux enfers!

O Crux, ave, spes unica,
hoc Passionis tempore,
auge piis justitiam,
reisque dona veniam.

Ô Croix, salut, espoir unique!
En ces heures de la Passion,
augmente la justice des saints,
remets les fautes des pécheurs.

Te, summa, Deus Trinitas,
collaudet omnis spiritus:
quos per Crucis mysterium
salvas, rege per sæcula.
Amen.

Dieu, Trinité suprême,
que tout esprit vous célèbre;
gouvernez sans fin ceux que vous sauvez
par le mystère de la Croix.
Amen.
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