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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:12

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdlife/documents/rc_pa_acdlife_doc_30091997_clon_fr.html

PONTIFICIA ACADEMIA PRO VITA

RÉFLEXIONS SUR LE CLONAGE

TABLE

1. Historique
2. Le fait biologique
3. Problèmes éthiques liés au clonage humain
4. Face aux droits de l'homme et à la liberté de recherche

1
HISTORIQUE

Les progrès de la connaissance et les développements techniques qui s'y rapportent dans le domaine de la biologie moléculaire et génétique et de la fécondation artificielle ont permis depuis un certain temps l'expérimentation et la réalisation de clonages dans le milieu végétal et animal.

En ce qui concerne le milieu animal, on a tenté, dès les années trente, de produire des individus identiques obtenus par scission gémellaire artificielle, modalité que l'on peut définir à tort comme clonage.

La pratique de la scission gémellaire dans le domaine zootechnique se diffuse dans les laboratoires d'animaux pour encourager la production multiple d'exemplaires choisis. En 1993, Jerry Hall et Robert Stilmann de la George Washington University ont publié des données relatives à des expériences de scission gémellaire (splitting) d'embryons humains de 2, 4 et 8 embryoplastes qu'ils avaient eux-mêmes réalisées. Il s'agissait d'expériences conduites sans le consentement du Comité d'éthique compétent et publiées pour « stimuler », selon les auteurs, la discussion éthique.

La nouvelle, parue dans la revue Nature du 27 février 1997, de la naissance de la brebis Dolly, due aux scientifiques écossais Jan Vilmut et K.H.S. Campbell avec leurs collaborateurs du Roslin Institute d'Edimbourg a, quant à elle, ébranlé de façon exceptionnelle l'opinion publique et a provoqué des prises de position de la part d'autorités et de comités nationaux et internationaux: en effet, il s'agit ici d'un fait nouveau et considéré comme bouleversant.

Ce fait présente une double nouveauté: la première est qu'il s'est agi non pas de scission gémellaire, mais d'une nouveauté radicale appelée clonage, c'est-à-dire la reproduction asexuelle et asexuée visant à produire des individus biologiquement égaux à l'individu adulte qui fournit le patrimoine génétique de base. La seconde nouveauté est que ce type de clonage proprement dit était considéré jusqu'à présent comme impossible. On pensait que l'ADN des cellules somatiques des animaux supérieurs, ayant désormais franchi le stade de la différenciation, ne pouvait plus redevenir totipotente comme au stade initial et, par conséquent, avoir la capacité de guider le développement d'un nouvel individu.

Une fois surmontée cette impossibilité supposée, la voie du clonage humain est apparue désormais ouverte, le clonage étant entendu comme la production d'un ou de plusieurs individus somatiquement identiques à la souche.

Ce fait a, à juste titre, provoqué des réactions angoissées et alarmistes. Mais, après une première phase d'opposition unanime, certaines voix ont voulu attirer l'attention sur la nécessité de garantir la liberté de la recherche, de ne pas condamner le progrès; et il a même été dit que le clonage serait à l'avenir accepté au sein même de l'Église catholique.

C'est pourquoi il est utile, avec le recul, et le temps ayant passé, de procéder à un examen attentif de ce fait qui a été ressenti comme un événement bouleversant.

2
LE FAIT BIOLOGIQUE

Le clonage, entendu dans le sens biologique, en tant que reproduction artificielle, est obtenu sans l'apport des deux gamètes; il s'agit donc d'une reproduction asexuelle et asexuée. La fécondation à proprement parler est remplacée par la « fusion » d'un noyau prélevé sur une cellule somatique de l'individu que l'on veut cloner ou de la cellule somatique elle-même avec un ovocyte énucléé, c'est-à-dire privé du génome d'origine maternelle. Étant donné que le noyau de la cellule somatique est porteur de tout le patrimoine génétique, l'individu obtenu possède — sauf altérations possibles — l'identité génétique du donateur du noyau. C'est cette correspondance génétique essentielle avec le donateur qui produit chez le nouvel individu la réplique somatique, la copie du donateur lui-même.

L'événement d'Edimbourg a eu lieu à la suite de 277 fusions ovocyte-noyau donateur: seules 8 d'entre elles ont fonctionné, c'est-à-dire que seules 8 sur les 277 ont donné lieu à un développement embryonnaire et un seul de ces 8 embryons est parvenu à la naissance: la brebis qui fut appelée Dolly.

De nombreux doutes et perplexités demeurent en ce qui concerne de multiples asects de l'expérimentation: par exemple, la possibilité que parmi les 277 cellules donatrices utilisées, certaines soient « staminales », c'est-à-dire dotées d'un génome pas totalement différencié; le rôle qu'a pu avoir l'ADN mitochondrial éventuellement resté dans l'ovule maternel; et encore bien d'autres questions que, malheureusement, les chercheurs n'ont pas même tenté de soulever. Quoi qu'il en soit, cela demeure un événement qui dépasse les formes de fécondations artificielles jusqu'à présent connues, qui se réalisent toujours à travers l'utilisation de deux gamètes.

Il faut souligner en outre que le développement des individus obtenus par clonage, en dehors d'éventuelles mutations possibles — qui pourraient s'avérer nombreuses — devrait conduire à une structure corporelle très semblable à celle du donateur de l'ADN: c'est là le résultat le plus troublant, en particulier dans le cas où cette expérience devrait être étendue à l'espèce humaine.

Il faut cependant remarquer que, dans l'hypothèse où le clonage devrait s'étendre à l'espèce humaine, cette duplication de la structure corporelle ne donnerait pas forcément lieu à une parfaite identité de la personne, entendue dans sa réalité ontologique et psychologique. L'âme spirituelle, élément constitutif essentiel de tout sujet appartenant à l'espèce humaine, qui est créée directement par Dieu, ne peut être ni engendrée par les parents, ni être produite par la fécondation artificielle, ni même clonée. En outre, le développement psychologique, la culture et le milieu conduisent toujours à des personnalités différentes; fait également reconnu parmi les jumeaux, chez lesquels la ressemblance ne signifie pas l'identité. L'imaginaire populaire ou l'aura de toute-puissance qui entoure le clonage doivent être au moins remis à leur juste place.

En dépit de l'impossibilité d'impliquer l'esprit, qui constitue la source de la personnalité, la perspective du clonage sur l'homme a déjà donné lieu à des hypothèses inspirées par le désir de toute-puissance: réplique d'individus doués de génie et d'une beauté exceptionnels, reproduction de l'image du « cher défunt », sélection d'individus sains et exempts de maladies génétiques, possibilité de choix du sexe; production d'embryons présélectionnés et conservés par cryogénisation à transférer dans l'utérus, pouvant servir plus tard de réserve d'organes, etc.

En considérant ces hypothèses encore comme relevant de la science-fiction, on pourra bientôt avancer des propositions de clonages tenues pour « raisonnables » ou « compatissantes »: la procréation d'un fils dans une famille dont le père souffre d'azoospermie ou encore remplacer le fils mourant d'une veuve; on pourra dire que ces cas n' ont rien à voir avec les inventions de la science-fiction.

Mais quelle serait la signification anthropologique de cette opération dans la perspective non souhaitable de l'application à l'homme?

3
PROBLÈMES ÉTHIQUES LIÉS AU CLONAGE

Le clonage humain entre dans le cadre de l'eugénisme; il est donc exposé à toutes les remarques d' ordre éthique et juridique qui l'ont amplement condamné. Comme l'écrivait dé à Hans Jonas, le clonage est « de par sa méthode, la plus despotique et, de par sa fin, la plus esclavagiste des formes de manipulation génétique; son objectif n'est pas une modification arbitraire de la substance héréditaire, mais bel et bien sa fixation tout aussi arbitraire en opposition avec la stratégie dominante dans la nature » (cf. Hans Jonas, Clonons un homme: de l'eugénétique à l'ingéniérie génétique, in Tecnica, medicina e etica, Einaudi, Turin 1997, pp. 122-154, p. 136).

Il s'agit d'une manipulation radicale de la relation et de la complémentarité constitutives qui sont à l'origine de la procréation humaine, que ce soit sous l'angle biologique ou à proprement parler du point de vue des personnalités. Elle tend en effet à faire de l'existence des deux sexes un élément purement fonctionnel, lié au fait qu il faut utiliser un ovule, privé de son noyau pour produire l'embryon-clone; elle exige pour le moment un utérus féminin afin de porter à terme le développement de l'embryon. De cette façon, on met en œuvre toutes les techniques qui ont fait l'objet d'expérimentations dans le cadre de la zootechnique, réduisant ainsi la signification spécifique de la reproduction humaine.

C'est dans cette perspective que se situe la logique de la production industrielle: il faudra explorer et favoriser les études de marché, perfectionner les expérimentations et produire sans cesse des modèles nouveaux.

On assiste alors à une exploitation radicale de la femme, réduite à quelques-uns de ses fonctions purement biologiques (prêts d'ovules et d'utérus); des perspectives de recherche apparaissent tendant vers la possibilité de construire des utérus artificiels, dernière étape de la construction d'un « laboratoire » de l'être humain.

Dans le processus de clonage, les relations fondamentales de la personne humaine sont faussées: la filiation, la consanguinité, la parenté, l'engendrement. Une femme peut être la sœur jumelle de sa mère, ne pas avoir de père biologique et être la fille de son grand-père. Si la FIVETE avait déjà introduit une confusion dans les liens de parenté, le clonage, quant à lui, brise ces liens de façon radicale.

Comme dans toute activité artificielle, on « mime » et on « imite » ce qui a lieu dans la nature, mais seulement au prix d'une méconnaissance du fait que l'homme dépasse sa seule composante biologique qui, de plus, est réduite au mode de reproduction qui caractérise uniquement les organismes les plus simples et les moins évolués du point de vue biologique.

On répand l'idée que certains hommes peuvent exercer une domination complète sur l'existence d'autrui, au point d'en programmer l'identité biologique — sélectionnée en vertu de critères arbitraires ou purement instrumentaux — laquelle, bien quelle n'épuise pas l'identité personnelle de l'homme, qui est caractérisée par l'esprit, en est une partie constitutive. La conception sélective de l'homme aura d'autre part des conséquences culturelles graves également en dehors de la pratique — quantitativement limitée — du clonage, car elle développera la conviction que la valeur de l'homme et de la femme ne dépend pas de leur identité personnelle mais uniquement de leurs qualités biologiques qui peuvent être appréciées et donc sélectionnées.

Le clonage humain doit être jugé de façon négative également en ce qui concerne la dignité de la personne clonée, qui viendra au monde en vertu du fait qu'elle est une « copie » (même si ce n'est qu'une copie biologique) d'un autre être: cette pratique crée les conditions d'une profonde souffrance de la personne clonée, dont l'identité psychique risque d'être compromise par la présence réelle ou même seulement virtuelle de son « double ».

On ne peut pas non plus émettre l'hypothèse que puisse réussir la conspiration du silence qui, comme le remarquait déjà Jonas, serait impossible et tout autant immorale: puisque le « cloné » a été engendré en vertu de sa ressemblance à quelqu'un qui « valait la peine » d'être cloné, il n'en sera pas moins l'objet d'attentes et d'attentions néfastes, qui constitueront une véritable atteinte à sa subjectivité personnelle.

Si le projet du clonage humain entend s'arrêter « avant » la transplantation dans l'utérus, cherchant ainsi à échapper au moins à certaines des conséquences que nous avons signalées jusqu'à présent, il demeure toutefois également injuste d'un point de vue moral.

En effet, l'interdiction du clonage limitée au fait d'empêcher la naissance d'un enfant cloné, permettrait, quoi qu'il en soit, le clonage de l'embryon-fœtus; elle induirait l'expérimentation sur des embryons et des fœtus, et elle exigerait leur suppression avant la naissance, en procédant à des manipulations cruelles de l'être humain.

Une telle expérimentation est dans tous les cas immorale, car elle détourne arbitrairement la finalité du corps humain (désormais définitivement considéré comme une machine composée de pièces) entendu comme un pur objet de recherche. Le corps humain est un élément constitutif de la dignité et de l'identité personnelles de chacun et il est illicite d'utiliser la femme pour fournir des ovules sur lesquels on puisse effectuer des expériences de clonage.

Cela est immoral également parce que, dans le cas de l'être cloné, nous sommes en présence d'un « homme », bien qu'encore à l'état embryonnaire.

À l'encontre du clonage humain, on peut opposer en outre toutes les raisons morales qui ont conduit à la condamnation de la fécondation in vitro en tant que telle, ainsi qu'à la réprobation radicale de la fécondation in vitro destinée uniquement à l'expérimentation.

Le projet de « clonage humain » représente une dérive terrible vers laquelle est poussée une science sans valeurs; il est le signe d'un profond malaise dans notre civilisation, qui recherche dans la science, dans la technique et dans la « qualité de la vie » des substituts au sens de la vie et au salut de l'existence.

La proclamation de la « mort de Dieu », dans le vain espoir d'un « surhomme », comporte un résultat évident: la « mort de l'homme ». En effet, on ne peut oublier que la négation de l'être humain en tant que créature, loin d'exalter la liberté de l'homme, engendre de nouvelles formes d'esclavage, de nouvelles discriminations et de nouvelles et profondes souffrances. Le clonage risque d'être la parodie tragique de la toute-puissance de Dieu. Il ne faut pas que l'homme, à qui Dieu a confié la création en lui donnant la liberté et l'intelligence, ne voie les limites à son action dictées seulement par leur impossibilité pratique: il doit savoir poser lui-même ses limites en discernant le bien du mal. On demande encore une fois à l'homme de choisir: c'est à lui de décider s'il doit transformer la technologie en un moyen de libération ou en devenir lui-même l'esclave en introduisant de nouvelles formes de violence et de souffrances.

Il faut définir une fois de plus la différence qui existe entre la conception de la vie comme don d'amour et la conception de l'être humain considéré comme produit industriel.

Mettre fin au projet de clonage humain est un engagement moral qui doit être également traduit en termes culturels, sociaux et législatifs. En effet, le progrès de la recherche scientifique est bien différent de l'émergence d'un despotisme scientifique, qui semble aujourd'hui prendre la place des anciennes idéologies. Dans un régime démocratique et pluraliste, la première garantie pour la liberté de chacun se concrétise dans le respect inconditionnel de la dignité de l'homme, à toutes les étapes de sa vie et indépendamment des dons intellectuels et physiques dont il jouit ou dont il est privé. Avec le clonage humain, on supprime la condition nécessaire à toute convivialité, à savoir traiter l'homme toujours et dans tous les cas comme une fin, comme une valeur et jamais exclusivement comme un pur moyen ou un simple objet.

4
FACE AUX DROITS DE L'HOMME
ET À LA LIBERTÉ DE RECHERCHE

Sur le plan des droits de l'homme, l'éventuel clonage humain représenterait une violation des deux principes fondamentaux qui fondent tous les droits de l'homme: le principe de parité entre les êtres humains et le principe de non-discrimination.

Contrairement à ce qui peut apparaître à première vue, le principe de parité et d'égalité entre les êtres humains est bafoué par cette forme possible de domination de l'homme sur l'homme; la discrimination s'effectue à travers tout le processus sélectif et eugénique inscrit dans la logique du clonage. La résolution du Parlement européen du 12 mars 1997 reconnaît expressément la violation de ces deux principes dans le clonage humain; elle demande avec insistance son interdiction et rappelle la valeur de la dignité de la personne humaine. Le Parlement européen depuis 1983, ainsi que toutes les législations qui ont été adoptées pour légaliser la procréation artificielle, même les plus permissives, ont toujours interdit le clonage. Il faut rappeler que le Magistère de l'Église a condamné l'éventualité du clonage humain, de la scission gémellaire et de la parthénogénèse dans l'instruction Donum vitae de 1987. Les raisons qui établissent le caractère inhumain du clonage, éventuellement appliqué à l'homme, ne résident pas dans le fait qu'il constitue une forme extrême de procréation artificielle, par rapport à d'autres formes approuvées par le législateur, comme la FIVETE ou d'autres. Comme nous l'avons dit, la raison du refus se trouve dans la négation de la dignité de la personne concernée par le clonage et même la négation de la dignité de la procréation humaine.

Ce qui apparaît le plus urgent aujourd'hui est de rétablir l'harmonie des exigences de la recherche scientifique avec les valeurs humaines imprescriptibles. Le scientifique ne peut considérer comme un affront le refus moral du clonage humain; au contraire, cette interdiction élimine la dérive démiurgique de la recherche en lui restituant sa dignité. La dignité de la recherche scientifique est d'être l'un des moyens les plus perfectionnés au service de l'humanité.

D'autre part, la recherche dans le domaine du clonage trouve également une application légitime dans le règne végétal ou animal, lorsqu'il constitue une nécessité ou une utilité sérieuse pour l'homme ou pour les autres êtres vivants, restant sauves les règles de la protection de l'animal et l'obligation de respecter la diversité biologique spécifique.

La recherche scientifique au bénéfice de l'homme, lorsqu'elle a pour but de trouver des remèdes aux maladies, de soulager la souffrance et de résoudre des problèmes dus à l' insuffisance alimentaire et à une meilleure utilisation des ressources de la terre, représente une espérance pour l'humanité, confiée au génie et au travail des scientifiques.

Pour faire en sorte que la science biomédicale maintienne et renforce son lien avec le véritable bien de l'homme et de la société, il est nécessaire d'entretenir, comme le rappelle le Saint-Père dans l'encyclique Evangelium vitae, un « regard contemplatif » sur l'homme lui-même et sur le monde, dans une conception de la réalité comme création et dans le souci d'une harmonie entre la science, le bien de la personne et de la société.

« C'est le regard de celui qui voit la vie dans sa profondeur, en en saisissant les dimensions de gratuité, de beauté, d' appel à la liberté et à la responsabilité. C'est le regard de celui qui ne prétend pas se faire le maître de la réalité, mais qui l'accueille comme un don, découvrant en toute chose le reflet du Créateur et en toute personne son image vivante » (E. V., n. 83).

Prof. Juan de Dios Vial Correa
Président

Mons. Elio Sgreccia
Vice-Président


Dernière édition par Hercule le Mar 29 Nov - 9:17, édité 2 fois
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:13

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdlife/documents/rc_pa_acdlife_doc_08111998_genoma_fr.html

Observations sur la
«Déclaration universelle sur le Génome humain
et les Droits de l'Homme»
( Paris, 11 novembre 1997 ) *

Le Saint-Siège considère que cet instrument international sur le génome humain et sur les droits de l'homme est important. Devant les progrès rapides de la science et de la technique, avec leurs promesses et leurs risques, l'UNESCO a voulu affirmer que des règles sont nécessaires dans ce domaine, en proclamant pour la première fois, par une Déclaration solennelle, la nécessité de protéger le génome humain particulièrement pour le bien des générations à venir, en même temps que les droits et la dignité des êtres humains, la liberté de la recherche et la nécessité de la solidarité.

De nombreux éléments paraissent nettement positifs: ainsi, entre autres, le refus de tout réductionnisme génétique (art. 2b et 3), l'affirmation de la priorité du respect de la personne humaine sur la recherche (art. 10), le refus des discriminations (art. 6), la confidentialité des données (art. 7), la promotion de comités éthiques indépendants (art. 16), l'engagement des États à promouvoir la formation à la bioéthique et à favoriser un débat ouvert également aux courants de pensée religieux (art. 20 et 21). Enfin, il est intéressant qu'une procédure soit prévue pour le suivi de l'application de la Déclaration (art. 24).

En raison de l'importance de ce document, le Saint-Siège estime qu'il est de son devoir de présenter quelques observations concernant des éléments fondamentaux de cette Déclaration, qui demande aux États d'appliquer les principes qu'elle formule (art. 22).

Rapports entre la dignité humaine et le génome humain

Dans l'art. premier, on déclare que «le génome humain sous-tend l'unité fondamentale de tous les membres de la famille humaine, ainsi que la reconnaissance de leur dignité et de leur diversité»: tel qu'il est formulé, le texte semblerait signifier que l'être humain trouve le fondement de sa dignité dans le génome. En réalité, c'est la dignité de l'homme et l'unité de la famille humaine qui confèrent au génome humain sa valeur et demandent qu'il soit protégé de manière particulière.

Application de la notion de «patrimoine de l'humanité» au génome humain

La deuxième partie de l'article premier déclare: «Dans un sens symbolique, il est le patrimoine de l'humanité». Selon la «Note explicative» (n. 20), cette formule veut souligner la responsabilité de toute l'humanité, en excluant de toute manière une appropriation collective inacceptable. La phrase reste cependant vague et peu claire; il serait préférable, en évitant des notions comme celle de «patrimoine de l'humanité», d'affirmer que «l'humanité entière a la responsabilité particulière de protéger le génome humain».

En outre, le génome a deux dimensions: une dimension générale, en ce qu'il caractérise tous ceux qui appartiennent à l'espèce humaine, et une dimension individuelle, en ce qu'il est différent pour tout être humain, qui le reçoit de ses parents au moment de la conception: c'est dans ce dernier sens que l'on parle couramment d'un «patrimoine génétique» de l'être humain. Il paraît évident que c'est à ce «patrimoine» que l'on doit appliquer une protection juridique fondamentale, car ce «patrimoine» appartient concrètement et individuellement à chaque être humain.

Consentement libre et informé

L'art. 5a traite des droits de ceux qui sont soumis à «une recherche, un traitement ou un diagnostic» sur leur propre génome. Dans l'élaboration de normes concrètes, il pourrait être utile de distinguer entre la recherche, le traitement ou le diagnostic, car ceux-ci demandent des interventions de nature différente.

L'art. 5e donne des indications pour une recherche sur le génome d'une personne qui n'est pas en mesure d'exprimer son consentement. Quant au cas où une telle recherche serait effectuée sans profit direct pour la santé du sujet, mais dans l'intérêt de tiers, on prévoit que cette recherche ne peut être faite que «à titre exceptionnel avec la plus grande retenue». Compte tenu du fait qu'il s'agit d'une recherche, donc d'une intervention très limitée sur le patient, cela peut être accepté, à condition que «cela ne soit pas possible autrement» et, si le sujet n'est pas capable de donner son consentement, que l'on prévoie des conditions complémentaires: risque minimum, consentement des ayants droit, avantage assuré pour la santé de sujets de la même catégorie, défaut d'autres ressources ou d'autres possibilités pour la recherche.

Information sur les résultats d'un examen génétique

L'art. 5c demande de respecter le droit de chacun de décider d'être informé ou non des résultats d'un examen génétique. Il convient d'observer à cet égard que le droit de l'individu concerné ne peut pas être absolu: il faut tenir compte des cas où cette information entraîne des conséquences pour la santé d'autres personnes (par exemple, les membres de la famille).

En outre, il serait opportun d'exiger que les informations sur les résultats des examens soient accompagnées d'une «consultation génétique» qualifiée.

Objection de conscience pour les chercheurs et les agents de santé

L'art. 10 - «Aucune recherche concernant le génome humain ni ses applications [...] ne devrait prévaloir sur le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de la dignité humaine des individus ou, le cas échéant, des groupes d'individus» - est très opportun. Il serait souhaitable d'y ajouter le respect de l'éventuelle objection de conscience des chercheurs et des agents de santé, de sorte que les personnes qui travaillent dans ces secteurs se voient reconnu le droit de refuser en conscience d'effectuer des interventions sur le génome humain.

Refus du clonage humain

L'art. 11 déclare que le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains est une pratique contraire à la dignité humaine et qu'il ne doit pas être autorisé. Cette formulation n'exclut malheureusement pas le clonage humain, pourtant inacceptable, à d'autres fins, comme celles de l'ordre de la recherche ou de la thérapeutique.

Liberté de la recherche

L'art. 12b reconnaît à juste titre que «la liberté de la recherche [...] procède de la liberté de pensée». C'est là une condition nécessaire, mais pas suffisante, dans la mesure où pour conduire une recherche de manière réellement libre, il convient de garantir de la même manière également la liberté de conscience et de religion. D'autre part, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (art. 18) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (art. 18) placent sur le même plan la liberté de pensée, de conscience et de religion. Il serait donc souhaitable d'ajouter aussi, là où l'on parle de la liberté de pensée au sujet de la liberté de la recherche, les mots «liberté de conscience et de religion».

Recherches pour la prévention de maladies génétiques

L'art. 17 encourage les États à développer les recherches tendant, entre autres, à «prévenir» les maladies génétiques. Il faut rappeler que la «prévention» peut être comprise de différentes manières. Le Saint-Siège est opposé à des stratégies de dépistage d'anomalies fœtales qui orientent vers une sélection des enfants à naître à partir de critères génétiques.

Absence de mentions de l'embryon et du fœtus

La Déclaration se limite intentionnellement au génome humain. Elle s'abstient ainsi de définir les titulaires des droits qu'elle proclame; elle n'affirme pas qu'ils appartiennent à tout être humain dès le moment où il est individué par un patrimoine génétique propre. En outre, il n'y a aucune mention de l'embryon et du fœtus. La question est délicate, spécialement au sujet de l'embryon dans les premiers 6 à 7 jours de vie. Le fait que les êtres humains non nés et les embryons humains ne soient pas explicitement protégés ouvre la porte, particulièrement dans le domaine des interventions génétiques, aux discriminations et aux violations de la dignité humaine, que, par ailleurs, la Déclaration entend proscrire.

24 mai 1998

* Document publié par le "Groupe Informel de Travail sur la Bioéthique" (dont l'Évêque Mons. Elio Sgreccia est aussi un membre), Section pour les "Relacions avec les États" Secrétariat d'État (Cité du Vatican).
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:14

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/2004/documents/rc_seg-st_20041021_migliore-cloning_fr.html

INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS DE LA 59 SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DES NATION UNIES SUR LE THÈME 150:
"INTERNATIONAL CONVENTION AGAINST
THE REPRODUCTIVE CLONING OF HUMAN BEINGS"

INTERVENTION DE S. EXC. MGR CELESTINO MIGLIORE

Mercredi 21 octobre 2004

Monsieur le Président,

Le clonage humain est au programme des Nations unies depuis fin 2001.

Depuis le début, il est apparu clairement qu'en dépit de l'intitulé de l'ordre du jour "Convention internationale contre le clonage des êtres humains à des fins de reproduction", l'objectif poursuivi a été en réalité de trouver un cadre juridique qui permette et accélère les progrès de la science médicale dans l'obtention et l'utilisation de cellules souches, et d'identifier et d'interdire les pratiques qui ne respecteraient pas la dignité humaine.

D'un point de vue purement scientifique, les progrès thérapeutiques obtenus grâce aux cellules souches adultes, c'est-à-dire des cellules souches provenant de la moelle épinière, du sang du cordon ombilical ou d'autres tissus formés, apparaissent très prometteurs. Le clonage des embryons, pour sa part, est loin d'apporter les progrès invoqués par ses partisans. Le succès clinique de l'utilisation de cellules souches provenant d'embryons clonés, doit encore être prouvé, même en ce qui concerne les expérimentations sur les animaux. Le travail permettant de rendre sûre une expérience de ce genre sur des êtres humains risque de prendre beaucoup de temps, et ces obstacles pourraient bien ne jamais être surmontés.

De plus, la distinction parfois faite entre le "clonage reproductif" et le "clonage thérapeutique" est trompeuse. Tous deux impliquent la même technique de clonage et ne diffèrent que par leur objectif. Ces deux formes de clonage constituent un manque de respect à l'égard de la dignité de l'être humain. En effet, d'un point de vue éthique et anthropologique, le soi-disant clonage thérapeutique qui produit des embryons humains avec l'intention de les détruire, même dans le but de pouvoir éventuellement aider les malades à l'avenir, semble très clairement incompatible avec le respect de la dignité de l'être humain, en faisant d'une vie humaine uniquement un instrument au service d'une autre. De plus, étant donné que les embryons clonés ne pourraient pas être distingués des embryons créés par fécondation in vitro, et pourraient facilement être implantés dans un utérus et naître, nous pensons qu'il est impossible dans la pratique d'adopter un instrument juridique qui permette un type de clonage tout en interdisant l'autre.

Si la recherche sur les cellules souches a déjà montré ses possibilités de succès et ne soulève aucune question éthique, il est raisonnable de poursuivre sur cette voie, avant que la science ne s'aventure dans celle du clonage d'embryons pour produire des cellules souches, ce qui continue au contraire de soulever des problèmes scientifiques et éthiques.

Cela signifie-t-il que nous nous opposons au progrès scientifique? Au contraire, nous dirions plutôt que le choix n'est pas entre science et éthique, mais entre une science qui est éthiquement responsable et une science qui ne l'est pas. Des milliers de vie ont été sauvées grâce aux cellules souches adultes, le plus souvent dans le traitement de la leucémie et d'autres cancers. Les preuves scientifiques ont désormais solidement établi que les greffes de cellules souches adultes représentent une technique sûre, et les résultats préliminaires conduisent à penser qu'elles pourront aider les patients atteint de la maladie de Parkinson, de lésions à la moelle épinière, de maladies cardiaques et de dizaines d'autres pathologies. Le danger est que ce progrès dans les traitements soit arrêté ou ralenti car l'attention et les ressources se trouveraient détournées au profit du clonage d'êtres humains, considéré comme une source potentielle de cellules souches.

Monsieur le Président, ma délégation voudrait conclure ses considérations par deux points.

Tout d'abord, cette Commission et l'Assemblée générale semblent constituer les instances appropriées pour nos débats, étant donné que les questions qui entourent le clonage d'embryons humains ne connaissent aucune frontière géographique, culturelle ou temporelle. Mais, ce qui est encore plus important est que le sujet de cette recherche scientifique particulière concerne la nature et l'existence de la vie humaine elle-même. C'est pourquoi un Organisme supranational a pour objectif spécifique d'englober tous les aspects de cette question. Cette question - d'un intérêt vital pour la race humaine aujourd'hui et à l'avenir - a donc sa place dans cet organisme universel.

Deuxièmement, nous sommes convaincus que le sujet du clonage d'embryons humains peut être traité au mieux par un instrument juridique, étant donné que le droit est essentiel pour la promotion et la protection de la vie humaine. C'est à travers le droit, fondé sur la raison, que les sociétés peuvent réglementer correctement tout ce qui semble remettre en question nos notions fondamentales sur la vie et la dignité humaines. C'est pourquoi, Monsieur le Président, ma délégation a axé le Document auquel nous avons fait référence sur la logique de la raison, et non pas sur la croyance religieuse.

En conclusion, le Saint-Siège demeure convaincu de la sagesse commande d'adopter un instrument juridique international qui interdise totalement le clonage d'embryons.

Merci, Monsieur le Président.
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Message par Her Mar 17 Mai - 14:16

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/2004/documents/rc_seg-st_20040929_lajolo-un_fr.html

INTERVENTION DE S.E. MGR GIOVANNI LAJOLO
SECRÉTAIRE POUR LES RELATIONS AVEC LES ETATS
LORS DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA 59ème SESSION
DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

New York
Mercredi 29 septembre 2004

Monsieur le Président,

1. Le Saint-Siège est honoré de prendre part au débat général de l'Assemblée générale des Nations unies, pour la première fois depuis la Résolution du 1 juillet dernier, qui a officialisé et spécifié les droits et les prérogatives de son status d'Observateur permanent, un statut que le Saint-Siège possède depuis 1964. J'ai donc l'agréable devoir d'exprimer ma sincère gratitude à tous les Etats-membres. En approuvant la Résolution susmentionnée, ces derniers ont montré une fois de plus le lien particulier de coopération existant entre le Siège apostolique et les Nations unies, un lien déjà souligné par le Pape Jean-Paul II à l'occasion de sa première visite à cette Assemblée, il y a exactement 25 ans. Il s'agit d'un lien qui, en quelque sorte, leur est naturel: le Saint-Siège et les Nations unies ont tous deux une vocation universelle; aucune nation sur terre ne leur est étrangère. Le Saint-Siège et les Nations unies ont tous deux un objectif primordial de paix: en effet, la paix, ce bien suprême, est inscrite dans la Charte des Nations unies, et se situe au coeur du message de l'Evangile que le Saint-Siège a la responsabilité de proclamer à toutes les nations.

En cette heureuse circonstance, je suis heureux de vous transmettre, Monsieur le Président, ainsi qu'à vous tous rassemblés ici pour représenter vos nobles pays, les salutations respectueuses et cordiales du Pape Jean-Paul II. Je transmets des salutations particulières au Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, ainsi qu'à ses éminents assistants. Leur travail, comme cela a été rappelé dans le Compte-rendu annuel du Secrétaire général A/59/1, en particulier en ce qui concerne la prévention des conflits et le maintien de la paix dans le monde, mérite notre reconnaissance et notre gratitude à tous.

2. Plusieurs des thèmes à l'ordre du jour de cette Assemblée générale peuvent être considérés comme essentiels pour atteindre l'objectif suprême de la paix et pour l'avenir de l'humanité. Pour n'en citer que quelques-uns: les Nations unies et le nouvel ordre mondial; la poursuite des Objectifs du Millénaire (Millennium Goals); le désarmement total et général; le développement durable; la mondialisation et l'interdépendance; les migrations internationales et le développement; les droits de l'homme; le clonage humain. Je me limiterai ici à une brève présentation de la position du Saint-Siège sur quelques-unes de ces questions.

3. Parmi les Objectifs du Millénaire, une place primordiale doit être accordée au thème de la pauvreté et du développement. Une place primordiale, parce que ce thème touche le droit à la subsistance de centaines de millions d'êtres humains, qui survivent, du mieux qu'ils peuvent, au-dessous du seuil du strict nécessaire, ainsi que des dizaines de millions d'enfants souffrant de malnutrition, injustement privés du droit de vivre. Afin de trouver une solution durable à ces conditions inhumaines, il est nécessaire de progresser, sous l'égide des Nations unies, vers un système commercial international plus flexible et plus juste. De plus, des structures financières sont nécessaires en vue de favoriser le développement et l'élimination de la dette extérieure pour les pays les plus pauvres. De même, les résultats de la recherche scientifique et de la technologie doivent être partagés généreusement, en particulier dans le domaine de la santé. Sur ce point, je n'ai rien à ajouter, étant donné que la position du Saint-Siège a déjà été présentée une fois de plus par le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'Etat, en personne, lors de la Conférence sur la Faim et la Pauvreté, qui s'est tenue à New York le 20 septembre dernier. Je répéterai uniquement ceci: l'urgence de la situation ne tolère aucun délai. C'est une question de justice, et non pas de charité, même si la charité demeure et demeurera toujours nécessaire.

4. L'importance du thème du désarmement total et général touche directement le bien suprême de la paix. S'il est vrai que la production et la vente d'armes aux autres pays menacent la paix, il en résulte que des contrôles internationaux sévères et efficaces sont nécessaires. Les diverses Conventions que les Nations unies ont favorisées, relatives aux armes de destruction de masse et aux armes conventionnelles, témoignent de leur engagement dans ce domaine. Mais nous ne sommes qu'au début d'un long processus et notre chemin est semé d'obstacles représentés par d'immenses intérêts économiques.

Le problème des armes de destruction de masse doit clairement être distingué de celui des armes conventionnelles; mais ces dernières ont une importance terrible et sans fin dans l'actualité des nombreux conflits armés qui ensanglantent le monde, tout comme dans le terrorisme.

5. Les conflits armés régionaux sont si nombreux que nous n'avons pas le temps de les énumérer tous. Toutefois, je ne peux manquer de mentionner certains d'entre eux.

Avant tout, le conflit israélo-palestinien, qui a dominé toute la seconde moitié du siècle dernier. Ce conflit ne se limite pas uniquement aux étroites frontières territoriales de la région elle-même. Le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne sont directement concernés et ont le grave devoir de montrer leur désir de paix. Dans ce but, une "feuille de route" ("road map") a été élaborée et officiellement acceptée par les deux parties; puissent-elles avancer le long de ce chemin avec détermination et courage! Mais ce conflit est également suivi avec un profond intérêt et parfois avec passion par une grande partie de l'humanité. L'Eglise catholique, présente en Palestine depuis 2000 ans, invite chacun à rejeter toute action susceptible de détruire la confiance, à prononcer des paroles généreuses de paix et à accomplir des gestes courageux de paix. Et si la paix est le fruit de la justice, n'oublions pas - comme nous l'a rappelé le Pape Jean-Paul II - qu'il ne peut y avoir de justice sans pardon. Je dirais même plus, sans pardon mutuel. Cela exige bien sûr un plus grand courage moral que le recours aux armes.

Il y a ensuite le conflit irakien. La position du Saint-Siège en ce qui concerne l'action militaire de 2002-2003 est bien connue. Chacun peut constater qu'il n'a pas conduit à un monde plus sûr à l'intérieur de l'Irak, pas plus qu'à l'extérieur de l'Irak. Le Saint-Siège considère qu'il est à présent impératif de soutenir le gouvernement actuel dans ses efforts en vue de ramener le pays à la normalité et à un système politique qui soit réellement démocratique et en harmonie avec les valeurs de ses traditions historiques.

Le Saint-Siège est gravement préoccupé par la situation dans divers pays africains, le Soudan, la Somalie, les pays de la région des Grands Lacs, la Côte d'Ivoire, etc..., ensanglantés par des conflits mutuels, mais plus encore par des luttes internes. Ces pays ont besoin d'une solidarité internationale active: de façon plus spécifique et plus naturelle, l'Union africaine doit intervenir avec autorité afin de conduire toutes les parties légitimement concernées à s'asseoir à la table des négociations. L'Union africaine a déjà démontré sa capacité à agir avec succès à plusieurs reprises: cela mérite notre reconnaissance et notre soutien.

6. J'ai mentionné le thème du terrorisme, un phénomène aberrant, totalement indigne de l'homme, qui a pris des dimensions désormais mondiales: aujourd'hui, aucun Etat ne peut prétendre être à l'abri. C'est pourquoi, sans porter préjudice au droit et au devoir de chaque Etat d'appliquer des mesures visant à protéger ses citoyens et ses institutions, il semble évident que le terrorisme ne peut être combattu de façon efficace qu'à travers une approche multilatérale et concertée, qui respecte le ius gentium, et non pas à travers des politiques unilatérales. Personne n'a de doute sur le fait que la lutte contre le terrorisme signifie avant tout neutraliser le terrain fertile qui l'alimente. Mais les causes sous-jacentes sont nombreuses et complexes: politiques, sociales, culturelles, religieuses; c'est pourquoi l'action à long terme demeure la plus importante, en agissant avec clairvoyance et patience, sur ses racines, et en cherchant à bloquer son expansion et à éliminer sa force meurtrière contagieuse.

Le Saint-Siège, de même que toute l'Eglise catholique, est activement engagé dans ce travail. Il est engagé à travers ses institutions éducatives et caritatives, qui, où qu'elles soient, s'attachent à élever le niveau culturel et social de la population, sans aucune discrimination, en particulier pour des motifs religieux; il y est engagé à travers le dialogue interreligieux, qui s'est intensifié depuis le Concile oecuménique Vatican II: ce dialogue vise à la connaissance mutuelle et objective, à l'amitié sincère et, si possible, à la libre collaboration au service de l'humanité. Le Saint-Siège sera toujours reconnaissant envers les Autorités des autres religions qui font preuve d'ouverture à l'égard d'un tel dialogue, et également envers les Autorités civiles qui l'encouragent, sans aucune interférence politique, en respectant la distinction entre la sphère religieuse et la sphère civile, et en respectant le droit fondamental à la liberté de religion.

7. Le droit à la liberté de religion est sanctionné, avec d'autres droits fondamentaux, dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, approuvée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948. En réalité, de tels droits humains fondamentaux reposent les uns sur les autres. Et l'homme repose lui aussi sur eux ou tombe avec eux. C'est pour cette raison - selon l'avis du Saint-Siège - que tous les efforts doivent être accomplis pour les défendre dans tous les domaines. A cet égard, un danger particulier doit être évité, que l'on trouve aujourd'hui dans divers pays et contextes sociaux. Il s'agit de l'idée selon laquelle ces droits humains fondamentaux, tels qu'ils sont sanctionnés par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, sont l'expression d'une culture particulière, et donc qu'ils sont très relatifs. Ce n'est pas vrai: au fond, ils sont l'expression de l'être humain en tant que tel, même s'il n'en reste pas moins que, à différentes époques et dans différentes cultures, il se peut qu'ils aient été et qu'ils soient encore appliqués de façons différentes, et plus ou moins adéquates et acceptables.

8. Parmi les droits fondamentaux, ou plutôt, parmi les plus importants d'entre eux, comme l'affirme de façon explicite la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, figure le droit à la vie de chaque individu. Le Saint-Siège pourrait parler longuement du droit à la vie de chaque individu, car l'essence de son message est l'"Evangile de la Vie". Evangelium vitae est le titre d'une célèbre encyclique du Pape Jean-Paul II, publiée le 25 mars 1995. La question du clonage humain fait également partie de ce vaste thème. Dans quelques semaines, cette Assemblée générale reprendra son débat sur le clonage humain. A cet égard, le Saint-Siège sera heureux de réaffirmer son engagement en vue de soutenir le progrès de la science médicale, toujours dans le respect de la dignité humaine, car elle offre des possibilités de guérison et de traitement de diverses maladies. Dans cette optique, le Saint-Siège réitère son soutien à l'obtention et à l'utilisation de cellules-souches adultes, et pense que la route à suivre consiste à préparer et à appliquer une Convention claire qui conduira à une interdiction totale du clonage humain.

9. "La reconnaissance et la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde": c'est ainsi que commence le Préambule de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Les Nations unies ont, entre autres, l'indéniable mérite d'avoir proposé à la conscience de l'humanité tout entière, il y a plus de 50 ans, ces principes sûrs pour le progrès vers la paix. Au cours des années, toutefois, l'Organisation des Nations unies, comme toute organisation humaine, a dû adapter ses procédures pour prendre en compte les développements dans le domaine politique mondial, afin que son travail en vue de la promotion de la paix puisse gagner en efficacité. Les premiers résultats de la Commission de haut-niveau établie dans ce but par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, ont été publiés en juin dernier. Le Saint-Siège pourra présenter son point de vue à l'occasion du débat sur ce sujet qui se tiendra la semaine prochaine. Pour l'instant, je voudrais simplement rappeler les paroles du Pape Jean-Paul II à l'occasion de la Journée mondiale de la Paix de cette année. Il nous a rappelé que l'humanité, "affrontant une période nouvelle et plus difficile de son développement authentique" a donc besoin - souhaitait-il, en se faisant l'écho de ses prédécesseurs - d'"un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale". Cela peut se faire en donnant aux Organisations telles que les Nations unies des prérogatives particulières afin de faciliter les actions en vue de prévenir les conflits, lors des périodes de crise internationale et également, lorsque cela est absolument nécessaire, "une intervention humanitaire", c'est-à-dire, une intervention visant à désarmer l'agresseur. Toutefois, le "degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale" peut être atteint de façon encore plus efficace si les Nations unies s'élèvent du stade d'"une froide institution de type administratif" - pour citer le Pape Jean-Paul II une fois de plus -, à celui "de centre moral, où toutes les nations du monde se sentent chez elles, développant la conscience commune d'être, pour ainsi dire, une "famille des nations"".

10. Monsieur le Président, aujourd'hui comme à l'avenir, les Nations unies pourront toujours compter sur le Saint-Siège, non seulement pour être un Observateur permanent attentif, mais également un compagnon de route, toujours prêt à soutenir son activité complexe et difficile, en conformité à sa nature propre et selon les possibilités du Saint-Siège, mais également pour collaborer, dans un esprit de liberté et d'amitié, avec tous les Etats-membres.

Merci, Monsieur le Président.
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Message par Her Mar 17 Mai - 14:20

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/2003/documents/rc_seg-st_20031021_migliore-cloning_fr.html

INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS DE LA 58ème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
SUR LA CONVENTION INTERNATIONALE CONTRE
LE CLONAGE D'ÊTRES HUMAINS

INTERVENTION PRONONCÉE PAR
S. Exc. MGR CELESTINO MIGLIORE

Mardi 21 octobre 2003

Monsieur le Président,

Peu de temps après la dernière intervention de ma délégation, le 29 septembre dernier, je monte à nouveau à la tribune, avec plaisir, dans le cadre du débat actuel sur le clonage humain.

Il est véritablement encourageant de noter que ce débat au cours du sixième Comité est l'objet d'une attention croissante et s'enrichit de la contribution concrète de diverses délégations et de différents secteurs de la société civile représentés aux Nations unies.

Ma délégation a présenté son point de vue dans un document explicitant ses positions, diffusé par le Groupe de Travail à l'occasion de la première session de ce débat, il y a quelques semaines. Au cours de cette rencontre, ma délégation a réaffirmé sa conviction selon laquelle seule une convention globale sur le clonage humain pouvait aborder tous les problèmes qui y sont liés et répondre aux défis du XXI siècle sur ce sujet. Les situations qui mettent gravement en danger la dignité humaine ne peuvent être réglées que par des accords internationaux pris de façon globale et non partielle. Même si une convention partielle pourrait régler de façon temporaire certaines questions liées au clonage humain, elle pourrait toutefois par la suite engendrer des problèmes plus importants et, plus difficiles encore à résoudre. La solution la plus durable consiste par conséquent en un instrument légal portant sur l'ensemble des problématiques. Par ailleurs, une convention d'ensemble peut prévoir un instrument légal à caractère obligatoire, qui serait en mesure de guider et de permettre aux États de mettre en place une législation nationale appropriée sur le clonage humain.

Ma délégation a noté avec satisfaction que le temps de réflexion et de discussion sur les points de vue des deux dernières semaines a conduit à une augmentation du nombre de parrainages et de soutiens apportés à la proposition avancée par le Costa Rica. C'est également dans cette perspective que ma délégation souhaite réaffirmer son opinion selon laquelle le problème dont nous nous occupons peut être résolu par l'interdiction, le plus rapidement possible, du clonage embryonnaire humain.

Il doit être clair que la position défendue par ma délégation n'est pas, en premier lieu, une position religieuse. C'est une position qui s'appuie sur une réflexion rationnelle, qui s'appuie à son tour sur la connaissance scientifique.

Nous avons entendu un grand nombre de déclarations faites par différentes délégations selon lesquelles il s'agit d'un problème "complexe". Nous avons également entendu des appels à éviter les divisions, à ne pas imposer ses opinions, et à parvenir à un consensus sur ce sujet parce que le temps presse. Il nous a également été rappelé que le problème de la recherche sur le clonage devait être sensible aux divers systèmes de croyances et aux perspectives religieuses, aux cultures et aux situations personnelles. Il a été déclaré à plusieurs occasions que s'il faut, d'une part, agir rapidement pour interdire le clonage humain reproductif, nous devons, d'autre part, agir en se donnant du temps sur le clonage humain dans une perspective de recherche.

Certaines délégations ont avancé des propositions visant à promouvoir la liberté vis-à-vis de certaines réglementations - la liberté à l'égard de l'imposition d'une obligation universelle contre le clonage thérapeutique ou dans un but de recherche. L'instrument juridique que représente une Convention, qui peut être acceptée ou non, garantit selon moi une liberté de ce genre. Toutefois, je voudrais signaler une autre liberté importante. Il s'agit, Monsieur le Président, de la liberté de la vie elle-même, qui constitue la norme placée au coeur de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Être libre de protéger la vie humaine est la réalité sur laquelle se fonde tout notre travail ici, au sein de ce Comité.

Monsieur le Président, la science est peut-être complexe, mais la question qui se pose à nous est simple et directe. Le problème du clonage humain qui implique la création d'embryons est l'histoire du commencement d'une vie humaine - une vie qui n'est pas seulement une question à l'échelle locale, ni à l'échelle nationale, ni à l'échelle régionale. C'est avant tout une question à l'échelle universelle, parce qu'un embryon est un être humain, quelle que soit son origine géographique. Si le clonage reproductif d'êtres humains est contraire aux lois de la nature - un principe sur lequel toutes les délégations semblent être d'accord - il en est de même du clonage de ce même embryon humain à des fins de recherche. Un embryon cloné, qui n'est pas destiné à une implantation in utero, mais est créé dans le seul but d'en extraire des cellules-souches ou d'autres matériaux, est destiné à une destruction pré-programmée.

Certains rétorqueront, Monsieur le Président, que même si nous devons agir rapidement pour interdire le clonage humain thérapeutique, nous devons prendre davantage de temps pour étudier tous les aspects du clonage dans un but de recherche - une procédure qui détruit intentionnellement la vie humaine. Combien de vies humaines sommes-nous prêts à supprimer dans ce processus? Étant donné que le processus est inutile et exigerait plus d'un embryon par patient traité, des centaines de millions d'embryons humains clonés seraient nécessaires pour traiter une seule maladie, telle que le diabète, dans tous les pays développés.

Pour conclure, ma délégation souhaite rappeler à cette éminente assemblée que l'une des missions fondamentales des Nations unies est de faire respecter les droits des êtres humains. Si les Nations unies devaient interdire le clonage reproductif sans interdire le recours au clonage pour la recherche, cela engagerait, pour la première fois, cette institution dans la légitimation d'une pratique tout à fait inouïe: la création d'êtres humains dans le but avoué de les détruire. Si l'on veut que les droits de l'homme signifient quelque chose, de tout temps, partout dans le monde, alors personne ne peut avoir le droit de faire une chose pareille. Les droits de l'homme découlent de la reconnaissance selon laquelle les êtres humains possèdent une dignité intrinsèque qui est fondée sur le fait même qu'ils sont humains. Les embryons humains sont humains, même s'ils sont clonés. Si nous voulons que tous les autres êtres humains jouissent des droits qui découlent de la reconnaissance de cette dignité, il nous faut alors agir pour interdire le clonage sous toutes ses formes.

Merci, Monsieur le Président.
Her
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Message par Her Mar 17 Mai - 14:22

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/2003/documents/rc_seg-st_20031003_unesco_fr.html

INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
À LA XXXII CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L'UNESCO

DISCOURS DE MGR FRANCESCO FOLLO

Paris
Vendredi 3 octobre 2003

Monsieur le Président de la Conférence générale,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,

Permettez-moi tout d’abord de vous transmettre les salutations cordiales de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, qui suit avec une grande attention les événements du monde et les travaux de la communauté internationale, se réjouissant de la réflexion qui est faite sur l’avenir de l’humanité par les Responsables des Nations et leurs représentants dans les Organisations internationales. Le monde actuel est porteur de grandes espérances mais aussi d’interrogations inquiétantes. La mondialisation des différents secteurs d’activité peut engendrer un mieux-être pour les populations des pays les moins favorisés, mais elle peut aussi les rendre plus fragiles et plus dépendants des pays riches, hypothéquant gravement leur développement. Pour apporter la contribution du Saint-Siège à la présente Conférence générale, permettez-moi d’évoquer trois points qui me semblent essentiels et sur lesquels les différents partenaires de la société civile sont appelés à travailler, dans une collaboration toujours plus étroite.

Tout d’abord, le respect dû à tout être humain. C’est l’élément central de la construction d’une société quelle qu’elle soit. De nombreuses questions éthiques et bioéthiques sont actuellement en discussion: les différents aspects du clonage, notamment le clonage thérapeutique, les liens conjugaux entre hommes et femmes, la famille, les relations économiques entre pays et continents. Le Saint-Siège souhaite rappeler que toute réflexion doit mettre au centre l’homme, l’inaliénable dignité de son être biologique et spirituel, le caractère sacré de sa vie, la valeur du lien conjugal et familial. Il est clair que si l’on fait abstraction de la valeur première de l’homme, les décisions prises ne pourront qu’aller contre l’homme et contre l’humanité. Ne pas tenir compte du lien conjugal, qui est le lien primordial de la cellule de base de la société, conduit inévitablement à rendre caduques les différents liens sociaux. Ne pas reconnaître le caractère sacré de la vie entraîne inexorablement à faire de l’homme et de son patrimoine génétique un simple matériau d’expérimentation, qui peut être mis à profit par des idéologies dans des intentions destructrices. Il faut notamment affirmer que les thérapies géniques qui utilisent des cellules-souches embryonnaires sont destructrices d’êtres humains fragiles et font courir des risques graves à l’humanité. Le dicton bien connu La fin ne justifie pas les moyens nous rappelle largement que toute démarche éthique doit associer dans une réflexion les finalités d’une démarche et les moyens pour y parvenir. En même temps, il importe d’aider les scientifiques et les chercheurs à trouver des voies dignes de l’homme.

L’éducation est aussi un aspect important pour l’avenir de la société, auquel il convient de porter une grande attention. Il ne s’agit pas seulement de l’enseignement, dont je ne saurais, bien sûr, nier l’importance, car il participe largement au développement des personnes et à leur intégration dans la société, ainsi qu’au développement des peuples. Mais il importe de situer la formation culturelle et professionnelle dans le cadre plus large d’une éducation intégrale de la personne, pour le plein épanouissement de tout l’être et de tout être, pour sa vie personnelle et pour sa place de citoyen dans la cité. Dans cette perspective, toute société doit être attentive à l’aspect spirituel et moral, en revalorisant l’élément transcendantal, comme le souligne le rapport de la Commission internationale sur l’éducation de 1996, L’éducation, un trésor est caché dedans. La référence religieuse dans la formation culturelle, et plus encore l’ouverture à la transcendance et la liberté laissée à la vie et à la pratique religieuses, sont des aspects qui permettent à chaque être, et notamment aux jeunes, de fonder leur existence sur des valeurs autres que purement matérialistes et d’endiguer les nombreux phénomènes de violence dont nous sommes tous témoins. Il nous faut affirmer que la vie spirituelle est fondamentale pour tout être humain. Dans ce domaine, le droit des familles et son statut propres sont à respecter, car les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, sont appelés à leur transmettre leur patrimoine culturel et spirituel, et à ouvrir les jeunes à la dimension transcendantale de l’existence. Vous comprendrez donc que la question religieuse au sens large ne peut être simplement reléguée dans la sphère privée, car elle engage l’avenir de l’homme, de la société avec ses valeurs et ses comportements éthiques.

Dans la vie internationale, nous sommes tous attentifs à la question de la paix, sans laquelle il n’est pas possible de constituer un ordre mondial respectueux de l’homme. Les tensions et les conflits sur tous les continents ne cessent de faire des victimes. Les plans de paix sont sans cesse remis en question et n’aboutissent pas à des solutions concrètes. Les tentatives d’édifier des sociétés plus démocratiques conduisent parfois à l’éviction, voire à la mort, de leurs promoteurs. La pauvreté, les maladies endémiques, la violence, sont autant de questions qui interrogent la communauté internationale et sur lesquelles il convient de réfléchir sans cesse, afin de trouver des solutions adaptées qui permettent à nos contemporains d’entrevoir un avenir meilleur et, de ce fait, de consentir à l’espérance. Il revient à la communauté internationale de s’engager toujours plus avant dans la construction de la paix, qui est sans doute un des plus grands défis du siècle qui commence. Elle doit aussi faire tout ce qui est en son pouvoir pour que tout peuple puisse avoir une terre et une autonomie d’existence et de conduite dans les affaires intérieures, et que les habitants d’une nation soient les premiers bénéficiaires des richesses que compte le pays. On ne pourra établir la paix civile et sociale sur un territoire tant que trop d’intérêts étrangers empêcheront les habitants du pays d’avoir part au développement local et profiteront indûment du bien d’autrui. Pour remettre la terre entre les mains de ceux qui y vivent, il revient à la Communauté internationale, aux Responsables des nations et aux Organisations internationales, dans le respect des règles internationales, de s’engager toujours plus dans la formation intégrale des autochtones, pour qu’ils soient en mesure de prendre en main les destinées de leur pays. C’est une éthique de la solidarité à laquelle personne ne peut plus se soustraire.

Au terme de mon intervention, je voudrais dire ma joie et la joie du Saint-Siège de l’arrivée du Timor Leste et de voir les États-Unis d’Amérique de nouveau au sein de l’UNESCO comme délégation à part entière. Nos travaux en tireront de grands bénéfices, les États-Unis en seront aussi bénéficiaires.

Je vous remercie de votre aimable attention.
Her
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Message par Her Mar 17 Mai - 14:27

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/documents/rc_seg-st_19980925_genoma_fr.html

Observations sur la
«Déclaration universelle sur le Génome humain
et les Droits de l'Homme»
( Paris, 11 novembre 1997 )

Le Saint-Siège considère que cet instrument international sur le génome humain et sur les droits de l'homme est important. Devant les progrès rapides de la science et de la technique, avec leurs promesses et leurs risques, l'UNESCO a voulu affirmer que des règles sont nécessaires dans ce domaine, en proclamant pour la première fois, par une Déclaration solennelle, la nécessité de protéger le génome humain particulièrement pour le bien des générations à venir, en même temps que les droits et la dignité des êtres humains, la liberté de la recherche et la nécessité de la solidarité.

De nombreux éléments paraissent nettement positifs: ainsi, entre autres, le refus de tout réductionnisme génétique (art. 2b et 3), l'affirmation de la priorité du respect de la personne humaine sur la recherche (art. 10), le refus des discriminations (art. 6), la confidentialité des données (art. 7), la promotion de comités éthiques indépendants (art. 16), l'engagement des États à promouvoir la formation à la bioéthique et à favoriser un débat ouvert également aux courants de pensée religieux (art. 20 et 21). Enfin, il est intéressant qu'une procédure soit prévue pour le suivi de l'application de la Déclaration (art. 24).

En raison de l'importance de ce document, le Saint-Siège estime qu'il est de son devoir de présenter quelques observations concernant des éléments fondamentaux de cette Déclaration, qui demande aux États d'appliquer les principes qu'elle formule (art. 22).

Rapports entre la dignité humaine et le génome humain

Dans l'art. premier, on déclare que «le génome humain sous-tend l'unité fondamentale de tous les membres de la famille humaine, ainsi que la reconnaissance de leur dignité et de leur diversité»: tel qu'il est formulé, le texte semblerait signifier que l'être humain trouve le fondement de sa dignité dans le génome. En réalité, c'est la dignité de l'homme et l'unité de la famille humaine qui confèrent au génome humain sa valeur et demandent qu'il soit protégé de manière particulière.

Application de la notion de «patrimoine de l'humanité» au génome humain

La deuxième partie de l'article premier déclare: «Dans un sens symbolique, il est le patrimoine de l'humanité». Selon la «Note explicative» (n. 20), cette formule veut souligner la responsabilité de toute l'humanité, en excluant de toute manière une appropriation collective inacceptable. La phrase reste cependant vague et peu claire; il serait préférable, en évitant des notions comme celle de «patrimoine de l'humanité», d'affirmer que «l'humanité entière a la responsabilité particulière de protéger le génome humain».

En outre, le génome a deux dimensions: une dimension générale, en ce qu'il caractérise tous ceux qui appartiennent à l'espèce humaine, et une dimension individuelle, en ce qu'il est différent pour tout être humain, qui le reçoit de ses parents au moment de la conception: c'est dans ce dernier sens que l'on parle couramment d'un «patrimoine génétique» de l'être humain. Il paraît évident que c'est à ce «patrimoine» que l'on doit appliquer une protection juridique fondamentale, car ce «patrimoine» appartient concrètement et individuellement à chaque être humain.

Consentement libre et informé

L'art. 5a traite des droits de ceux qui sont soumis à «une recherche, un traitement ou un diagnostic» sur leur propre génome. Dans l'élaboration de normes concrètes, il pourrait être utile de distinguer entre la recherche, le traitement ou le diagnostic, car ceux-ci demandent des interventions de nature différente.

L'art. 5e donne des indications pour une recherche sur le génome d'une personne qui n'est pas en mesure d'exprimer son consentement. Quant au cas où une telle recherche serait effectuée sans profit direct pour la santé du sujet, mais dans l'intérêt de tiers, on prévoit que cette recherche ne peut être faite que «à titre exceptionnel avec la plus grande retenue». Compte tenu du fait qu'il s'agit d'une recherche, donc d'une intervention très limitée sur le patient, cela peut être accepté, à condition que «cela ne soit pas possible autrement» et, si le sujet n'est pas capable de donner son consentement, que l'on prévoie des conditions complémentaires: risque minimum, consentement des ayants droit, avantage assuré pour la santé de sujets de la même catégorie, défaut d'autres ressources ou d'autres possibilités pour la recherche.

Information sur les résultats d'un examen génétique

L'art. 5c demande de respecter le droit de chacun de décider d'être informé ou non des résultats d'un examen génétique. Il convient d'observer à cet égard que le droit de l'individu concerné ne peut pas être absolu: il faut tenir compte des cas où cette information entraîne des conséquences pour la santé d'autres personnes (par exemple, les membres de la famille).

En outre, il serait opportun d'exiger que les informations sur les résultats des examens soient accompagnées d'une «consultation génétique» qualifiée.

Objection de conscience pour les chercheurs et les agents de santé

L'art. 10 -- «Aucune recherche concernant le génome humain ni ses applications [...] ne devrait prévaloir sur le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de la dignité humaine des individus ou, le cas échéant, des groupes d'individus» -- est très opportun. Il serait souhaitable d'y ajouter le respect de l'éventuelle objection de conscience des chercheurs et des agents de santé, de sorte que les personnes qui travaillent dans ces secteurs se voient reconnu le droit de refuser en conscience d'effectuer des interventions sur le génome humain.

Refus du clonage humain

L'art. 11 déclare que le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains est une pratique contraire à la dignité humaine et qu'il ne doit pas être autorisé. Cette formulation n'exclut malheureusement pas le clonage humain, pourtant inacceptable, à d'autres fins, comme celles de l'ordre de la recherche ou de la thérapeutique.

Liberté de la recherche

L'art. 12b reconnaît à juste titre que «la liberté de la recherche [...] procède de la liberté de pensée». C'est là une condition nécessaire, mais pas suffisante, dans la mesure où pour conduire une recherche de manière réellement libre, il convient de garantir de la même manière également la liberté de conscience et de religion. D'autre part, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (art. 18) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (art. 18) placent sur le même plan la liberté de pensée, de conscience et de religion. Il serait donc souhaitable d'ajouter aussi, là où l'on parle de la liberté de pensée au sujet de la liberté de la recherche, les mots «liberté de conscience et de religion».

Recherches pour la prévention de maladies génétiques

L'art. 17 encourage les États à développer les recherches tendant, entre autres, à «prévenir» les maladies génétiques. Il faut rappeler que la «prévention» peut être comprise de différentes manières. Le Saint-Siège est opposé à des stratégies de dépistage d'anomalies fœtales qui orientent vers une sélection des enfants à naître à partir de critères génétiques.

Absence de mentions de l'embryon et du fœtus

La Déclaration se limite intentionnellement au génome humain. Elle s'abstient ainsi de définir les titulaires des droits qu'elle proclame; elle n'affirme pas qu'ils appartiennent à tout être humain dès le moment où il est individué par un patrimoine génétique propre. En outre, il n'y a aucune mention de l'embryon et du fœtus. La question est délicate, spécialement au sujet de l'embryon dans les premiers 6 à 7 jours de vie. Le fait que les êtres humains non nés et les embryons humains ne soient pas explicitement protégés ouvre la porte, particulièrement dans le domaine des interventions génétiques, aux discriminations et aux violations de la dignité humaine, que, par ailleurs, la Déclaration entend proscrire.

24 mai 1998
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:29

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/documents/rc_seg-st_doc_20000211_tauran-acdlife_fr.html

VIe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE POUR LA VIE

INTERVENTION DE MGR JEAN-LOUIS TAURAN,
SECRÉTAIRE DE LA SECTION POUR LES RELATIONS AVEC LES ÉTATS

Vendredi 11 février 2000

En reparcourant l’évolution du débat au sein des assemblées internationales au cours des cinq dernières années, on constate clairement combien l’Encyclique Evangelium vitae [1] a été opportune. L’Encyclique a présenté avec autorité la position de l’Église sur une série de menaces contre la vie humaine, en particulier à son début et à sa fin, et qui prennent à présent une forme nouvelle, dans la mesure où elles tentent d’être reconnues comme droits [2]. En effet, dans les années qui ont suivi la publication de l’Encyclique, les moments fondamentaux de la vie humaine, ainsi que la transmission de la vie, n’ont sans doute jamais été aussi présents, non seulement dans la recherche scientifique, mais également dans la législation et dans l’élaboration d’instruments juridiques internationaux.

Afin d’avoir une vision adéquate de la situation, une distinction fondamentale doit d’abord être faite. D’une part, il y a les orientations issues des Conférences internationales organisées par les Nations Unies dont la nature est plutôt « politique », mais qui affectent toutefois l’action des organisations internationales des Nations Unies. D’autre part, il y a l’ensemble des normes dictées par les Conventions qui lient les États et qui se limitent souvent à des questions individuelles.


La défense de la vie dans les Conférences internationales (Le Caire et Pékin)
Après la chute de l’opposition idéologique entre les blocs, il semblait possible, au début des années quatre-vingt-dix, de développer un consensus mondial sur les principaux problèmes de l’humanité. C’est ainsi qu’eut lieu une série de Conférences internationales organisées par les Nations Unies, qui, il est juste de le souligner, ont contribué à centrer l’attention sur les besoins et les perspectives de l’humanité et à élaborer une définition plus équilibrée du développement, qui n’est pas seulement économique, mais soutenu, humain et social (« Placer les personnes au centre du développement et orienter nos économies de façon à répondre aux besoins humains de manière plus efficace » [3]). En ce qui concerne la défense de la vie humaine, le climat culturel était marqué à l’époque par deux facteurs : d’abord, par les prévisions apocalyptiques d’une croissance démographique dépassant les ressources de la planète, et par une idéologie féministe radicale qui revendiquait la possibilité pour les femmes d’exercer un contrôle total sur leur corps, y compris sur tout enfant à naître.

Dans ce contexte, la Conférence internationale sur Population et Développement (Le Caire, 5-13 septembre 1994) insista non pas sur le développement, mais plutôt sur le contrôle de la population et fut soumise à la puissante pression de se concentrer sur la « santé de reproduction des femmes ». Par conséquent, l’avortement fut considéré comme un aspect de la politique politique démographique et comme un service médical (« service de santé de reproduction »). D’autre part, en dépit de fortes pressions, et grâce notamment au ferme engagement de la délégation du Saint-Siège, on réaffirma le principe qui avait fait l’objet d’un accord à Mexico en 1984, c’est-à-dire que l’avortement ne doit jamais être considéré comme une méthode de planification familiale [4], et le soi-disant « droit à l’avortement » ne fut pas proclamé. Ces points furent également soulevés un an plus tard, lors de la IVe Conférence internationale sur la Femme (Pékin, 4-15 septembre 1995), au cours de laquelle les pressions du Caire apparurent avec encore plus de vigueur, conduisant à l’utilisation, dans les documents finals, d’un vocabulaire au sujet duquel le Saint-Siège avait exprimé de sérieuses réserves en 1994. Une évaluation équilibrée de ces grandes rencontres internationales doit toutefois reconnaître que d’autres conclusions – comme celles du Sommet mondial sur le Développement social à Copenhague en 1995 ou du Sommet mondial sur l’Alimentation à Rome en 1996 – se révélèrent bien plus proches des positions du Saint-Siège, en particulier en ce qui concerne les questions sociales. Les tendances présentes au Caire et à Pékin réapparurent lorsque les Nations Unies tentèrent d’évaluer, cinq ans après la Conférence, la mise en place du Programme d’Action adopté au Caire. À cette occasion, on tenta d’introduire l’expression nouvelle et équivoque de « contraception d’urgence » comme prétexte pour des avortements chimiques précoces. Le Saint-Siège, soutenu par l’Argentine, le Nicaragua et d’autres pays, réussit à ne pas faire approuver cette expression [5]. Le Saint-Siège dénonça également la tendance à accepter les relations sexuelles en dehors du mariage, même pour les adolescents, et à considérer l’avortement comme un aspect des politiques démographiques et comme une méthode de choix [6].

Étant donné les efforts accomplis par la société pour défendre la vie humaine, nous pouvons nous demander quel poids les conclusions de ces rencontres mondiales ont-elles? Nous rappelons qu’il ne s’agit pas de textes ayant une valeur d’obligation pour les États ; ils établissent plutôt, à la suite d’un accord, des principes généraux qui servent simplement de lignes d’orientations (soft law). Ces principes visent à créer ou à confirmer des tendances qui influenceront ensuite les décisions politiques de chaque pays. De plus, ces principes peuvent devenir des conditions pour l’assistance multilatérale et bilatérale aux pays pauvres.

Il faut toutefois observer qu’il s’agit de tendances qui ne se décident pas sur la base d’un seul terme ou d’un seul paragraphe : bien que l’expression contraception d’urgence n’ait finalement pas été approuvée à « Caire + 5 », dans le même temps, la pilule abortive RU486 était libéralisée sous le nom de Mifegyne dans certains pays européens [7]. Et ce fait grave peut être considéré comme étant lié à l’autre déclaration du Programme d’Action de la Conférence du Caire, c’est-à-dire que « dans le cas où il n’est pas interdit par la loi, l’avortement devrait être pratiqué dans de bonnes conditions de sécurité » (n. 8. 25) [8].

Comme vous le savez, la « pilule du lendemain » est distribuée depuis plusieurs semaines dans les écoles en France et sa distribution est en phase d’expérimentation dans les pharmacies de Londres. Il faut souligner que les raisons sous-jacentes à ces tendances ont progressivement changé. Au début, c’est-à-dire avant et pendant la Conférence du Caire, planait le spectre de la croissance incontrôlée de la population, mais cette peur s’est révélée sans fondement : tandis que les projections démographiques sont révisées à la baisse, les documents internationaux relient à présent les problèmes de la croissance démographique à celui du « vieillissement de la population ». Récemment, une soi-disant « approche du point de vue des droits humains » est devenue plus commune : toutes ces questions sont considérées en terme de droits humains. On en appelle souvent à la liberté des individus à disposer de leur corps, en particulier pour les adolescents.

Lignes d’action des Comités des Conventions et des Agences du Système des Nations Unies

Les conclusions des Conférences internationales ont également un second effet. Elles constituent une orientation pour les Comités des Conventions et une directive pour l’action politique des agences et organismes internationaux, ceux du système des Nations Unies en particulier, mais également d’autres [9].

Ainsi, CEDAW, le Comité pour la Convention de 1979 sur l’Élimination de toutes Formes de Discrimination contre les Femmes, qui affirme les droits des femmes en matière de planification familiale [10], a publié en février 1999 une Recommandation générale [11], appelant à ce que les lois condamnant l’avortement comme un crime soient amendées en éliminant les sanctions prévues contre les femmes [12] ; la Recommandation a également affirmé qu’un État est tenu de fournir des services de santé de reproduction même dans le cas où les agents de la santé opposent une objection de conscience [13].

Nous pouvons donc dire que tous les efforts de développement des Nations Unies portent à présent la marque du Caire et de Pékin et que les lignes d’opération des programmes d’action de ces Conférences sont proposées dans la consultation, dans les contrats de coopération et dans les diverses formes d’assistance offerte aux gouvernements et aux institutions non gouvernementales. Nous ne devrions pas être surpris si elles sont proposées, par exemple, aux Universités catholiques, aux centres médicaux ou aux diocèses : dans de tels cas, une évaluation attentive des responsabilités est nécessaire, ainsi que de l’impact sur le contexte local de tels accords avec une agence internationale.

Au niveau des déclarations générales, l’Organisation mondiale de la Santé a tenté, au moins jusqu’en 1998, d’accorder un espace aux opinions opposées aux concepts de « santé de reproduction » et de « droit de reproduction ». Cela a permis au Saint-Siège de faire entendre sa voix, de telle sorte que, par exemple, le document par lequel l’OMS [14] acceptait les conclusions de la Conférence du Caire, évita certains des aspects les plus controversés de ce Rapport. En outre, le Comité d’éthique sur le clonage humain et sur la recherche médicale a atteint des conclusions relativement acceptables. En ce qui concerne les politiques concrètes dans le domaine de la santé, il faut souligner que l’OMS assiste les États dans le développement de programmes de santé dans le cadre d’un consensus mondial. De multiples programmes sont également financés par certains États et par des fondations privées. Ainsi, à côté de nombreux programmes parfaitement acceptables, figure également le Programme sur la Reproduction humaine, visant à développer une technologie de contraception et d’avortement chimique.

Il faut toutefois souligner que la direction actuelle de l’OMS, mise en place en 1998, a adopté une position beaucoup plus décisive en faveur du contrôle des naissances et de la santé de reproduction. Les déclarations officielles reflètent à présent des tendances pratiques, qui vont malheureusement dans une direction que le Saint-Siège ne peut accepter. Dans le même temps, une restructuration nécessaire a conduit à l’élimination des secteurs les plus opposés aux opinions de la nouvelle direction (qui étaient également ceux reflétant le plus la sensibilité d’Evangelium vitae). Entre autres choses, un projet visant à établir un comité d’éthique a été repoussé, et peut-être même abandonné. D’importantes ressources ont été allouées pour la recherche dans le domaine de la soi-disant « santé de reproduction » [15].

Parmi les autres organisations, l’UNICEF et le HCNUR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) sont particulièrement importants. La première a lancé, il y a quelque temps, des programmes de contraception et d’éducation sexuelle ; comme on le sait, le Saint-Siège a suspendu sa contribution symbolique à l’UNICEF, suite au refus de celui-ci de garantir que la contribution du Saint-Siège ne serait pas utilisée pour les programmes contraires aux principes catholiques.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés apporte un soutien à 22,3 millions de réfugiés, personnes déplacées et évacuées dans le monde. En novembre 1996, le HCNUR a annoncé qu’il se joignait au UNFPA (Fonds des Nations Unies pour le Développement) pour mettre à disposition des « services de santé de reproduction d’urgence » comprenant une contraception « post-coïtale » ou d’« urgence » et une assistance à l’« avortement incomplet » dans les camps de réfugiés au cours de la guerre civile au Rwanda. La Fédération internationale de la Croix Rouge et les Organisations du Croissant Rouge se sont également unies à ce projet. Le HCNUR a également publié le célèbre Interagency Field Manual, qui met l’accent sur l’éducation sexuelle et les « services de reproduction » devant être fournis aux adolescents. Une illustration récente de ces politiques à l’égard des réfugiés a été l’envoi de « matériel d’urgence de santé de reproduction », destiné à 350 000 personnes, annoncé par le UNFPA au cours de la récente crise au Kosovo.

En ce qui concerne les rapports entre les agences internationales elles-mêmes, on passe toujours plus de formes de partenariats, en vue d’une coopération sur des programmes spécifiques, à des types d’alliances stratégiques, où la capacité technique de certaines organisations tend à perdre du terrain au bénéfice de puissantes agences présentes économiquement et politiquement sur le territoire. UNAIDS, le programme des Nations Unies visant à combattre le SIDA, est un exemple type de la façon dont ce genre de coopération entre les organisations et agences des Nations Unies finit par dévaloriser la fonction technique de certaines agences et favoriser différents types de lobbies.

NORMES INTERNATIONALES RELATIVES AUX THEMES DE L’ENCYCLIQUE

Passons à présent aux instruments juridiques législatifs qui règlementent, au niveau international, les domaines délicats du début, de la fin et de la transmission de la vie. Si, jusqu’à présent, nous avons considéré les tendances, il est temps maintenant d’examiner les domaines spécifiques, en tenant compte également des nouveaux problèmes qui apparaissent.

Le droit à la vie et l’avortement [16]

Il est important de commencer en observant que les instruments juridiques internationaux proclament solennellement le droit fondamental à la vie [17]. Il faut toutefois souligner que, dès les premiers débats au niveau international, après la Seconde guerre mondiale, les nombreuses et pressantes requêtes visant à définir ce droit en termes d’interdiction de l’avortement se sont heurtées à la résistance également de pays traditionnellement protestants [18].

Au niveau des instruments juridiques des Nations Unies, l’affirmation la plus forte sur le droit à la vie, même de l’enfant à naître, est contenue dans la Déclaration et la Convention sur les Droits de l’Enfant [19]. Le Principe n. 4 de la Déclaration, répété dans le Préambule de la Convention, affirme que chaque enfant a besoin d’« une protection juridique adéquate, avant et après sa naissance ». Mais cette affirmation n’a pu être possible que parce qu’elle laissait le soin aux législations nationales de déterminer le moment où un être humain commence à exister.

Au niveau régional, nous pouvons mentionner les instruments juridiques internationaux et les politiques relatives à l’enfant à naître en Europe et en Amérique. En ce qui concerne le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne, on part malheureusement du principe que l’accès à l’avortement est un droit acquis, bien que la législation dans certains pays (Malte et Irlande) ne l’autorise pas. Lorsque des instruments juridiques internationaux susceptibles de concerner ce thème sont élaborés – comme la récente Convention sur les Droits humains et la Biomédecine du Conseil de l’Europe –, on utilise une terminologie n’interférant pas avec la législation de chaque nation, afin de permettre l’obtention d’un consensus. Il faut souligner que dans des situations particulières, comme lors du conflit du Kosovo, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe [20] et le Parlement Européen [21] ont adopté des résolutions affirmant le droit à l’avortement pour les femmes victimes de viol.

La Convention américaine sur les Droits humains [22], qui est entrée en vigueur en 1978 et qui a été ratifiée par 25 pays d’Amérique du Nord et du Sud et des Caraïbes (sur un total de 34 pays de la région), est la seule Convention internationale sur les droits humains garantissant une reconnaissance juridique de la vie dès la conception [23], et cet engagement est clair pour les États-membres [24]. Le Saint-Siège a fait référence à maintes reprises à cette Convention au cours de ses interventions à l’Organisation des États américains et à d’autres organisations du « système inter-américain » et ces interventions ont toujours reçu un accueil favorable.

Une question spécifique dans le cadre de l’avortement est soulevée par le problème de la soi-disant « grossesse forcée ». Cela comprend le cas particulièrement douloureux où une femme qui a été violée pour des motifs ethniques, est contrainte de donner naissance à l’enfant contre sa volonté. Le terme de « grossesse forcée », qui est en soi ambigu [25], est apparu dans les documents finals de la Conférence de Vienne avec une référence directe à des situations de conflit ; ce terme est réapparu ensuite lors des Conférences du Caire et de Pékin. Lors des tentatives visant à établir un Tribunal pénal international à la Conférence diplomatique de Rome, au cours de l’été 1998, certains pays – étant donné la persistance des viols ethniques en Bosnie-Herzégovine – ont voulu inclure une référence explicite à la « grossesse forcée » dans la liste des crimes contre l’humanité. Étant donné que le terme risquait d’être interprété comme justifiant l’avortement, ou dans des situations de conflit armé comme un précédent pour d’autres situations, le Saint-Siège, après avoir vainement tenté d’éliminer ou de remplacer le terme, a demandé à ce qu’il soit clairement défini. Ainsi, ce crime a pris pied dans la législation internationale, mais sans référence au droit à l’avortement. En dépit de certaines résistances, à la fin, les délégués ont défini le terme de « grossesse forcée » comme « la séquestration illégale d’une femme rendue enceinte par la force, dans l’intention d’influencer la composition ethnique d’une population ou d’accomplir toute autre grave violation du droit international. Cette définition ne peut en aucun cas être interprétée comme affectant les législations nationales relatives à la grossesse ».

L’expérimentation sur les embryons [26]

L’expérimentation sur les embryons humains est une question au sujet de laquelle le débat international s’est heurté à tant de difficultés qu’aucun accord n’a encore été atteint. Au niveau mondial, la Déclaration universelle de l’UNESCO sur le génome humain et les droits humains, tout en traitant de thèmes liés à l’expérimentation génétique, passe sous silence la question de l’expérimentation sur le génome humain, en dépit des observations faites par le Saint-Siège et d’autres délégations. L’une des difficultés vient de la tendance, instaurée par le Warnock Report et adoptée, entre autres, par la législation britannique, qui accepte l’expérimentation sur les embryons jusqu’au quatorzième jour. Cela signifie que le caractère pleinement humain de l’embryon n’est pas reconnu tant que la période d’implantation n’est pas terminée. Afin d’obtenir l’accord de la Grande-Bretagne, tout en ressentant le besoin, d’autre part, de protéger l’embryon, les négociateurs du texte de la Convention sur les Droits humains et la Biomédecine, que le Conseil de l’Europe a soumis à la signature à Oviedo en 1997, a renvoyé le débat sur la question à un futur Protocole additionnel, en spécifiant dans l’article 18 de la Convention deux points qui, bien qu’insuffisants, ont une certaine valeur de principe :

1) dans le cas où la loi permet la recherche sur les embryons, cette recherche doit assurer à l’embryon une protection adéquate et :

2) la création d’embryons à des fins de recherche est interdite.

Il serait souhaitable que le Protocole additionnel exige le plein respect de l’embryon humain : même si une telle position ne recevait pas une vaste adhésion, elle représenterait une claire affirmation de principe dans le droit international.

Génome humain et clonage

À côté de l’expérimentation sur les embryons, il semble approprié de mentionner deux questions qui ont acquis une certaine importance au cours des dernières années : l’utilisation du patrimoine génétique humain et le clonage humain.

Le développement et les progrès scientifiques accomplis dans le Projet sur le Génome ont fait apparaître des perspectives pour une éventuelle appropriation et exploitation économique des gènes humains en tant que tels. Le directeur général de l’UNESCO de l’époque, M. Federico Mayor Zaragoza, proposa d’élaborer un instrument juridique afin d’établir des principes dans ce domaine délicat et encore inexploré. En janvier 1993, un processus fut mis en place conduisant à l’élaboration par le Comité International de Consultation de Bioéthique, de la Déclaration universelle sur le Génome humain et sur les Droits humains. Celle-ci fut adoptée par l’UNESCO le 12 novembre 1997, puis par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998 [27]. Tout le processus d’élaboration de ce document fut suivi attentivement par le Saint-Siège [28] qui, outre divers autres points, insista avant tout sur le besoin de mettre l’accent sur la protection de chaque être humain (plutôt que sur l’ensemble des gènes de l’humanité), sur l’interdiction de tout clonage d’êtres humains, sur l’insuffisance du concept d’« héritage de l’humanité » en ce qui concerne le patrimoine génétique, sur la nécessité de défendre l’embryon, et sur le contrôle des intérêts politiques, économiques et militaires pouvant influencer la recherche génétique.

La Déclaration telle qu’elle a été adoptée, outre divers principes sur le respect des patients, proclame à travers une formule peu heureuse, que le génome humain est « l’héritage de l’humanité » (même si « dans un sens symbolique ») ; interdit l’utilisation du génome humain en son état naturel en vue de gains pécuniaires [29] et affirme que le clonage d’être humains – malheureusement uniquement à des fins de reproduction – est contraire à la dignité humaine et ne devrait pas être permis [30]. Ce refus du clonage, qui n’était pas prévu à l’origine, fut ajouté vers la fin de l’élaboration du texte, à la suite de la célèbre expérience sur la brebis Dolly.

Tandis que la Déclaration de l’UNESCO est, par nature, une déclaration de principe (un mécanisme de contrôle est toutefois prévu pour suivre son application dans chaque pays), le premier instrument juridique à caractère obligatoire traitant de cette question fut élaboré par le Conseil de l’Europe. Le 12 janvier 1998, 19 pays [31] signèrent à Paris un Protocole additionnel à la Convention européenne de Biomédecine, sur l’interdiction du clonage d’êtres humains. Ce Protocole, qui prévoit également de graves sanctions pénales, interdit « toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain vivant ou mort », quelle que soit la technique utilisée, sans aucune exception, pas même pour des raisons de sécurité publique, de prévention de délits, de protection de santé publique ou de protection des droits et libertés des tiers.

Dans le cas de la Déclaration de l’UNESCO ainsi que dans le cas du Protocole du Conseil de l’Europe, il faut souligner que, bien que le débat ait eu lieu à une époque où l’opinion publique était fortement sensibilisée et en faveur de l’établissement de normes précises, le seul accord ayant pu être atteint au niveau international (après des efforts considérables) fut une interdiction du clonage humain à des fins de reproduction, mais pas à d’autres fins, comme la recherche ou la thérapie.

Questions sur les brevets relatifs à la vie humaine

En avril 1994, avec l’entrée en vigueur de l’Accord de Marrakech, l’Organisation mondiale du Commerce fut établie. Du point de vue de la défense de la vie humaine, son Accord sur la protection de la propriété intellectuelle pourrait se révéler important [32]. En vertu de l’Accord, les États sont tenus d’accorder des brevets aux produits pharmaceutiques et aux inventions biotechnologiques. Un État peut toutefois exclure de ses dispositions pour la concession de brevets les inventions qu’il considère inadmissibles pour des raisons morales ou pour des raisons d’ordre public [33]. Comme on le sait, un brevet garantit à son titulaire un monopole sur l’exploitation commerciale d’une invention pendant vingt ans. Si un produit ou une invention donnée ne reçoit pas de brevet, il peut être utilisé, mais uniquement dans le contexte de la libre concurrence, dans laquelle quiconque est libre de le « copier ». Actuellement, la recherche biotechnologique exige d’immenses investissements, ce qui signifie qu’un monopole sur l’exploitation commerciale est une condition sine qua non pour le lancement d’un produit (qui autrement ne serait pas rentable). C’est pourquoi, si un État devait refuser un brevet pour certaines lignes de produits, les compagnies qui fabriquent ces produits ne les commercialiseraient pas. Cette norme semble importante, étant donné en particulier les produits et les procédures liés à l’utilisation de fœtus avortés et d’embryons, ou du clonage humain.

Toutefois, les producteurs qui font pression pour étendre leur marché insisteront probablement pour obtenir des brevets, et un changement des normes est donc probable. Le cas échéant, la Directive européenne 98/44/CE du 6 juillet 1998 sur la protection juridique des inventions biotechnologiques est importante [34]. Au sens strict, cette Directive lie uniquement les Etats membres de l’Union Européenne; toutefois, elle fournit une série de définitions importantes dans le domaine des brevets, sur lesquelles les pays-membres de l’OMS (162 pays), devront aligner leur pratique actuelle. La Directive représentera donc une orientation doctrinale et de iure condendo pour les autre États et également pour la future harmonisation juridique au sein des divers blocs économiques et commerciaux actuellement constitués (MERCOSUR, APEC, etc.) [35]. La Directive européenne établit le principe selon lequel il est interdit de breveter le corps humain et ses différentes parties, ainsi que les cellules embryonnaires ; elle interdit également de breveter l’embryon humain, les méthodes de clonage humain ainsi que les procédures visant à modifier l’identité génétique des êtres humains [36]. La concession de brevets pour l’utilisation d’embryons humains à des fins industrielles et commerciales est également interdite. Ce texte de l’Union Européenne est important car il comble un vide juridique ; toutefois, le respect de ces principes dépendra également de leur interprétation juridique et de la volonté politique des nations européennes dans les négociations futures au niveau mondial.

La peine de mort

Comme on le sait, les positions sur la peine de mort ont traditionnellement été divisées : tandis que certains États considèrent à juste titre l’abolition de la peine de mort comme une conquête de la civilisation juridique moderne, d’autres la considèrent au contraire comme une mesure efficace de dissuasion. Lorsque l’Encyclique mentionne « parmi les signes d’espérance » l’« aversion toujours plus répandue de l’opinion publique envers la peine de mort » [37] et affirme qu’« il faut replacer ce problème dans le cadre d’une justice pénale qui soit toujours plus conforme à la dignité de l’homme », elle peut faire référence à des faits juridiques spécifiques. Dans le Conseil de l’Europe, le Protocole n. 6 de la Convention européenne sur les Droits humains en ce qui concerne la peine de mort, en date du 28 avril 1984, a déclaré dans son premier article que « la peine de mort est abolie. Personne ne peut être condamné à cette peine ni exécuté », en admettant des exceptions uniquement en période de guerre ou en cas de risque de conflit imminent [38]. Au sein de l’Europe, cette tendance a gagné du terrain : en octobre 1994, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté une recommandation appelant à l’abolition totale de la peine de mort dans tous les États-membres, et rejetant dans une large majorité un amendement visant à préserver le droit des États en cas de haute trahison et d’espionnage. Une telle tendance est également apparue au sein de l’Union Européenne : en mars 1992, le Parlement européen a adopté une résolution proposant l’abolition de la peine de mort dans tous les pays du monde. Les pays de l’Union Européenne se sont engagés à refuser l’extradition des personnes accusées condamnées à la peine de mort. De plus, l’engagement en vue de l’abolition de la peine de mort dans le monde établit ce point comme condition pour les négociations avec les autres pays.

La position adoptée par Evangelium vitae [39] a également attiré l’attention au niveau international. Comme on le sait, l’Encyclique affirme que l’on ne devrait jamais arriver à « la mesure extrême de la suppression du coupable, si ce n’est en cas de nécessité absolue, lorsque la défense de la société ne peut être possible autrement ». Elle souligne également que « aujourd’hui cependant, à la suite d’une organisation toujours plus efficiente de l’institution pénale, ces cas sont désormais assez rares, sinon pratiquement inexistants » [40].

Au mois de juin qui suivit la publication de l’Encyclique, le Parlement Européen demanda aux États-Unis d’abandonner l’application de la peine de mort. En mai 1999, le Parlement de Strasbourg demanda une fois de plus que la question d’un moratoire universel sur les exécutions soit inclu dans la prochaine Assemblée générale des Nations Unies.

La réaction au niveau des Nations Unies apparaît significative. En mai 1996 – un peu plus d’un an après la publication de l’Encyclique – la Ve session de la Commission des Nations Unies pour la Prévention du Crime et la Justice pénale [41] a examiné ce thème, et le Rapport du Secrétaire général a consacré un chapitre entier [42] à la position du Pape Jean-Paul II dans Evangelium vitae. Dans le groupe de travail sur cet argument (le troisième), l’Autriche, ainsi que l’Allemagne et l’Italie, ont présenté un projet de résolution [43] qui s’est heurté à l’opposition des pays islamiques, qui le considéraient comme une question de droit divin, et à celle d’autres pays comme la Tunisie et le Japon. Comme compromis final, la résolution, telle qu’elle est adoptée, « prend note avec plaisir de l’effort constant vers l’abolition mondiale de la peine de mort ». D’autre part, la proposition d’un moratoire sur la peine capitale, présenté lors de l’Assemblée générale en novembre 1999, fut renvoyée, suite à l’opposition de nombreux pays.

Il est important de souligner que les Tribunaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie n’ont pas prévu la peine de mort. Cela est particulièrement significatif dans le cas du Rwanda : dans ce pays africain, un accusé est passible de la peine de mort, tandis qu’il ne l’est pas s’il est déclaré coupable par le Tribunal international. La Conférence diplomatique de Rome, qui établit le Tribunal pénal international, n’a pas prévu, parmi la liste des peines, la peine capitale.

L’euthanasie

Le débat concernant la « mort douce », mené parfois à l’aide de définitions peu adaptées à la réalité scientifique et aux problèmes éthiques impliqués, a commencé avant la publication d’Evangelium vitae. On peut souligner qu’au niveau international – jusqu’à présent, le débat s’est limité aux institutions européennes, – à chaque fois qu’il s’est agi de voter pour des instruments juridiques la défense de la vie a jusqu’à présent prévalu.

Au Parlement Européen, dès 1991, une Résolution sur l’assistance aux personnes mourantes qui permettait de fait l’euthanasie et qui avait reçu l’approbation de la Commission pour l’Environnement, la Santé et la Protection des Consommateurs, ne fut pas présentée à l’Assemblé plénière, en partie en raison de l’intervention des évêques européens et des membres du Parlement sensibles à la position catholique. En 1996 [44], le Parlement a adopté une Résolution concernant les atteintes au droit à la vie des personnes handicapées. La Résolution rejette avec force la thèse selon laquelle les mineurs, les patients dans un état de « coma vigile », et les nouveau-nés, n’ont pas un droit illimité à la vie ; elle affirme que le droit à la vie est garanti à tout être humain quels que soient son état de santé, son sexe, sa race, et son âge; elle rejette l’euthanasie active en ce qui concerne les patients dans un cas de « coma vigile » et les nouveau-nés porteurs d’un handicap [45].

En juin 1999, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe approuva une Recommandation en faveur du maintien de l’interdiction absolue de mettre fin de façon délibérée à la vie des malades en phase terminale ou des personnes mourantes. Tous les États-membres doivent adopter toutes les mesures législatives nécessaires pour assurer la protection juridique et sociale du malade en phase terminale; il faut assurer à chacun les soins palliatifs, même à domicile, et le recours aux analgésiques, même si ceux-ci peuvent avoir comme effet secondaire d’aggraver l’état du patient. L’adoption de cette position rejette donc la thèse d’un « droit à la mort » avancé par certaines organisations et pourrait rouvrir le débat aux Pays-Bas et en Suisse, où l’euthanasie est pratiquée dans le cadre d’une stricte réglementation, et influencer d’autres pays comme la Belgique et le Luxembourg, où des propositions de loi sur ce sujet ont récemment été présentées.

Conclusion

Actuellement, les politiques et les normes internationales sur la vie humaine présentent un cadre inégal offrant des hauts et des bas, des décisions prises à différents moments et reflétant des préoccupations différentes, mais toujours fluctuantes. Toutefois, si nous voulons comprendre leur « logique », pour ainsi dire, nous devons observer que :

a) la vie des personnes nées jouit d’une bonne protection, même vis-à-vis des intérêts émanant de la recherche scientifique et, du moins jusqu’à présent, de la volonté de la personne : l’idée de l’euthanasie n’est pas acceptée. À cet égard, on peut remarquer, au moins au niveau international, un refus d’accepter la peine de mort ;

b) lorsqu’un conflit apparaît entre l’intérêt d’une personne déjà née et la vie d’un être humain à naître (un fœtus ou un embryon), la vie de ce dernier est sacrifiée (par exemple, à travers l’avortement, la procréation assistée, l’utilisation d’embryons en surnombre et même le clonage à des fins thérapeutiques) ;

c) les intérêts de la recherche scientifique tendent à prévaloir sur le respect de la vie à naître ;

d) certaines limites fixes ont été établies : le refus du clonage à des fins de reproduction et, en Europe, le refus de la production d’embryons à des fins de recherche.

Dans cette vue d’ensemble, qui ressort d’un cadre de positivisme juridique, il n’est pas difficile de déceler des incohérences et des contradictions évidentes. En vue d’une action en faveur de la vie, je pense qu’il serait utile de tenir compte du fait que ces politiques internationales sont en effet le reflet et le résultat de modes de pensée – qui peuvent être qualifiées d’hédonistes ou de néomalthusiennes – répandus dans les pays développés et associés à de réels ou prétendus intérêts économiques et politiques. Le consensus politique atteint lors d’une Conférence mondiale ou l’application d’une Convention peut avoir une influence importante au niveau national, mais ceux-ci sont à leur tour conditionnés par l’opinion publique, qui peut être influencée par ce qui est fait à la base. D’autre part, les instruments juridiques internationaux, bien que limités, contiennent des principes auxquels les citoyens peuvent faire appel pour demander aux États une plus grande protection de la vie humaine. De plus, il semble qu’il y ait d’amples possibilités d’action « à la base », inspirées par la charité. On peut faire beaucoup pour défendre la vie et pour susciter un sentiment d’espérance au sein de l’opinion publique avant que la question n’atteigne le niveau du débat international. On peut agir à différents niveaux, du niveau national au niveau local : en prêtant une attention prudente à la concession de brevets, en accomplissant des gestes concrets de solidarité à l’égard des mères ayant des difficultés à accepter un enfant à naître, en insistant sur le droit à l’objection de conscience sans entraîner de discriminations pour les agents de la santé, et en s’engageant à la recherche scientifique dans le respect de la vie.

[1] Par la suite abrégée EV.

[2] EV, 11.

[3] Declaration on Social Development, Copenhague (12 mars 1995) n. 26a.

[4] « In no case should abortion be promoted as a means of family planning » (ICDP Platforme 8.25).

[5] Cette expression aurait, dans la pratique, annulé l’interdiction de l’avortement comme méthode de planification familiale, telle qu’elle a été approuvée au Caire.

[6] Cf. Déclaration d’interprétation de S. Exc. Mgr Renato R. Martino lors de la Session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU (30 juin - 2 juillet 1999), in ORLF n. 31 du 3 août 99, p. 2).

[7] La pilule, commercialisée en France, en Grande-Bretagne et en Suède, a été autorisée le 6 juillet 1999 en Allemagne et a obtenu le lendemain le « feu vert » des autorités médicales belges; les fabriquants espèrent une approbation prochaine de la part de l’Autriche, du Danemark, de l’Espagne, de la Finlande et des Pays-Bas.

[8] Dans le texte français : « Dans les cas où il n’est pas interdit par la loi, l’avortement devrait être pratiqué dans de bonnes conditions de sécurité ».

[9] Les organismes internationaux les plus influencés sont, dans le système de l’ONU : l’UNICEF, l’UNFPA, l’OMS, l’UNDP et les Commissions économiques de l’ONU : CE, CEA, CEPAL, ESCAP. En particulier, l’UNFPA, avec l’IPPF (International Planned Parenthood Federation), a des programmes dans 157 pays, militant pour modifier les lois et pour mettre en place des programmes de contrôle des naissances, à travers un fonds s’élevant à 335 millions de dollars (US$). Parmi ceux qui n’appartiennent pas au système de l’ONU, on peut signaler la Banque mondiale, les Banques régionales pour le développement et l'OCDE.

[10] Convention susmentionnée, art. 12 et 14.

[11] Relative à l’art. 12 de la Convention.

[12] « When possible, legislation criminalizing abortion could be amended to remove punitive provisions imposed on women who undergo abortion » : Implementation of art. 21 of the Convention… General recommendation on art. 12 : Women and health (1er février 1999) n. 31 c, p. 14.

[13] « It is discriminatory for a State party to refuse to legally provide for the performance of certain reproductive health services for women. For instance, if health service providers refuse to perform such services based on conscientious objection, measures should be introduced to ensure that women are referred to alernative health providers » (ibidem, n. 11, p. 5).

[14] Cf. Résolution de l’Assemblée de l’OMS/WHA 48. 10, du 12 mai 1995.

[15] Dans le Programme de Budget pour la période 2000-2001, le « Programme pour les systèmes de la santé et la santé publique » a prévu une augmentation de 20,37 % de son budget. Il pourra bénéficier de 145022000 dollars (US$), ce qui représente la somme la plus importante après celle destinée aux maladies transmissibles. Sur cette somme, 21622000 dollars (US$) proviennent du budget ordinaire, tandis que 123 400 000 dollars (US$) proviennent d’autres fonds. On remarque que 64561000 dollars (US$) (environ 50 %) seront destinés aux soins et à la recherche en matière de santé de reproduction. Les autres secteurs du programme qui bénéficieront d’un financement sont les systèmes de la santé, la santé et le développement des enfants et des adolescents, la santé des femmes. L’objectif est clair : accroître et diffuser des idées, des initiatives et des programmes en matière de santé de reproduction d’un point de vue laïc, avec toutes les conséquences morales relatives à la sexualité et à la famille.

[16] Cf. EV, 13.17.58-60.

[17] Déclaration universelle des Droits de l’Homme, art. 3 : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne »; Pacte international sur les Droits civiques et politiques, art. 6.1 « Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie ».

[18] En particulier la Grande-Bretagne et le Danemark.

[19] « Considérant que l’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance. » (Préambule de la Déclaration des Droits de l’Enfant, proclamé par la Résolution de l’Assemblée générale 1386 – XIV – du 20 novembre 1959); «. Il doit pouvoir grandir et se développer d’une façon saine; à cette fin, une aide et une protection spéciales doivent lui être assurées ainsi qu’à sa mère, notamment des soins prénatals et postnatals adéquats » (ibid., Principe 4). Trente ans plus tard, dans la Convention, on rappela dans le Préambule le Principe 4 de la Déclaration, et dans l’article 6, on reconnut que « le droit à la vie est inhérent » : mais dans l’article 1, on formula la définition suivante : « par enfant on entend tout être humain âgé de moins de dix-huit ans... » en mentionnant le « terminus ad quem », mais en n’indiquant pas précisément le début et en laissant l’interprétation du terme « être humain » à la législation nationale dans le but précis de faire accepter également le texte aux pays opposés à une interdiction internationale de l’avortement.

[20] Seconde partie, avril 1999.

[21] Session de mars 1999.

[22] Pacte de San José de Costa Rica, du 22 novembre 1969, entré en vigueur le 18 juillet 1978.

[23] Art. 4 § 1 « Toda persona tiene derecho a que se respete su vida. Este derecho estarà protegido por la ley y, en general, a partir del momento de la concepción. Nadie puede ser privado de la vida arbitrariamente ».

[24] C’est l’une des raisons pour laquelle les États-Unis n’ont pas ratifié la Convention. L’Argentine, dans la Réforme constitutionnelle du 22 août 1994, article 22, a accordé un statut constitutionnel aux Déclarations des Droits de la Convention américaine, ainsi qu’à celles des deux Pactes sur les Droits humains des Nations Unies. En 1998, San Salvador a également incorporé dans sa Constitution les dispositions de la Convention américaine.

[25] Étant donné qu’il est difficile de considérer la naissance d’un être humain innocent comme un crime, nous nous trouvons plutôt en présence d’une somme de crimes déjà gravement sanctionnés : la violence sexuelle, la séquestration de personnes, etc.

[26] Cf. EV, 63.

[27] 85e Session plénière, Résolution 53/152 du 9 décembre 1998.

[28] Outre la Conférence des évêques de France, qui publia une déclaration intéressante et judicieuse.

[29] Cf. Art. 4 : « Le génome humain en son état naturel ne peut donner lieu à des gains pécuniaires ».

[30] Cf. Art. 11 : « Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction d’êtres humains, ne doivent pas être permises».

[31] Danemark, Estonie, Finlande, France, Grèce, Islande, Italie, Lettonie, Luxembourg, Moldavie, Norvège, Portugal, Roumanie, Saint-Marin, Slovénie, Espagne, Suède, Macédoine et Turquie. L’entrée en vigueur est prévue lorsqu’au moins 5 pays signataires l’ont ratifié. Le Protocole est présenté pour signature aux 41 États membres du Conseil de l’Europe et à d’autres ayant participé à son élaboration, tels que l’Australie, le Canada, le Japon, le Saint-Siège et les États-Unis

[32] Il s’agit de l’Accord ADPIC/TRIP (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce/Trade related aspects of intellectual property rights), qui établit un régime commun de protection de la propriété intellectuelle.

[33] Accord de Marrakech instituant l’Organisation Mondiale du Commerce (Marrakech, 15 avril 1994) – Annexe lc : Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au Commerce (ADPIC), art. 27 et 73.

[34] Directive 98/44/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 juillet 1998 sur la Protection juridique des inventions biotechnologiques, Journal officiel de la Communauté européenne série L n. 213. 30 juillet 1998, p. 13. Les États-membres de l’UE doivent adapter leurs normes nationales respectives à la Directive avant le 30 juillet 2000.

[35] Ce serait un exemple de la façon dont l’action au niveau régional peut exercer une influence positive au niveau universel.

[36] Directive 98/44/CE, Article 6, § 2.

[37] EV, 27.

[38] Protocole n. 6 cit. art. 2. Les États doivent communiquer au Secrétaire général du Conseil de l’Europe leur législation respective. Les pays ayant adhéré au Conseil par la suite doivent conformer leur législation en abolissant la peine de mort (en 1995, l’Ukraine a affirmé qu’elle respecterait un moratoire sur les exécutions en vue de l’abolition de la peine de mort dans un délai de trois mois).

[39] Cf. EV, 27.55-56.

[40] EV, 56.

[41] Vienne, 21-31 mai 1996.

[42] Doc. E/CN. 15/1996/19. n. 42 p. 11.

[43] Doc. E/CN. 15/1996/L.17.

[44] Session du 20-24 mai 1996.

[45] Il faut souligner, toutefois, qu’aucune référence n’est faite à la vie de l’enfant à naître.
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:31

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20081212_sintesi-dignitas-personae_fr.html

CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

SYNTHÈSE DE L’INSTRUCTION
"DIGNITAS PERSONAE:
SUR CERTAINES QUESTIONS DE BIOETHIQUE"

AU SUJET DE L'INSTRUCTION
DIGNITAS PERSONAE

But

Au cours de ces dernières années, les sciences biomédicales ont fait d’énormes progrès qui ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ces techniques ne manquent pas toutefois de susciter de sérieuses interrogations qui n’ont pas été explicitement abordées par l’Instruction Donum vitae (22 février 1987). Le nouveau document, datée du 8 septembre 2008, Fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, voudrait proposer des réponses à certaines questions nouvelles de bioéthique qui suscitent des attentes et des préoccupations dans une grande frange de l’opinion publique. Dans cette ligne, on cherche « à promouvoir la formation des consciences » (n. 10) et à encourager une recherche biomédicale respectueuse de la dignité de la personne de chaque être humain et de la procréation.

Titre

L’instruction commence avec les paroles Dignitas personae - la dignité de la personne-, qui doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Ce principe fondamental « exprime un grand ‘oui’ à la vie humaine » et « doit être mis au centre de la réflexion éthique sur la recherche biomédicale » (n. 1).

Valeur

Il s’agit d’une « Instruction de caractère doctrinal » (n. 1), publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et approuvée de manière expresse par le Pape Benoît XVI. Ce document appartient donc aux textes qui « participent au Magistère ordinaire du Successeur de Pierre » (Instruction Donum veritatis, n. 18) et les fidèles doivent l’accueillir en donnant aux contenus «un assentiment religieux » (n. 37).

Préparation

Depuis plusieurs années, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi étudie les nouvelles questions biomédicales pour procéder à une mise à jour de l’Instruction Donum vitae. L’examen de ces questions « a toujours pris en compte leurs aspects scientifiques, grâce au concours d’un grand nombre d’experts et aux analyses de l’Académie Pontificale pour la Vie. Tout cela été évalué à la lumière des principes de l’anthropologie chrétienne. Les encycliques Veritatis splendor et Evangelium vitae de Jean-Paul II et d’autres interventions du Magistère offrent des directives claires sur la méthode et sur le contenu tout au long de l’examen de ces problèmes » (n. 2).

Destinataires

L’instruction « s’adresse aux fidèles et à tous ceux qui cherchent la vérité » (n. 3). En effet, en proposant des principes et des jugements moraux sur la recherche biomédicale dans le domaine de la vie humaine, l’Eglise catholique « s’appuie tant sur la lumière de la raison que sur la foi, en contribuant à élaborer une vision intégrale de l’homme et de sa vocation. Ceci témoigne de sa capacité à accueillir tout ce qui émerge de bon dans les œuvres des hommes et dans les diverses traditions culturelles et religieuses, qui ont souvent un grand respect pour la vie » (n. 3).

Structure

L’instruction « comprend trois parties: la première rappelle certains aspects anthropologiques, théologiques et éthiques de grande importance ; la seconde affronte les nouveaux problèmes liés à la procréation ; la troisième se penche sur les nouvelles propositions thérapeutiques impliquant la manipulation de l’embryon ou du patrimoine génétique de l’homme » (n. 3).


PREMIERE PARTIE:

ASPECTS ANTHROPOLOGIQUES, THEOLOGIQUES ET
ETHIQUES DE LA VIE ET DE LA PROCREATION HUMAINE


Les deux principes fondamentaux

« L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment, on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent à la vie » (n. 4).

« Le mariage et la famille constituent le contexte authentique où la vie humaine trouve son origine. En son sein, la vie provient d’un acte qui exprime l’amour réciproque entre l’homme et la femme. Une procréation réellement responsable vis-à-vis de l’enfant qui va naître doit être le fruit du mariage » (n. 6).

Foi e dignité humaine

« L’Eglise est convaincue que ce qui est humain est non seulement accueilli et respecté par la foi, mais il est aussi purifié, élevé et porté à la perfection » (n. 7). Dieu a créé l’homme à son image. Dans le Fils incarné, il a révélé pleinement le mystère de l’homme. Le Fils fait de telle sorte que nous pouvons devenir fils de Dieu. « De ces deux dimensions, humaine et divine, on comprend mieux la raison d’être de la valeur inviolable de l’homme: il a une vocation éternelle et est appelé à communier à l’amour trinitaire du Dieu vivant » (n. Cool.

Foi et vie matrimoniale

« Ces deux dimensions de la vie humaine, naturelle et surnaturelle, permettent aussi de mieux comprendre en quel sens les actes qui permettent à l’être humain de naître et par lesquels l’homme et la femme se donnent mutuellement l’un à l’autre, sont un reflet de l’amour trinitaire. Dieu, qui est amour et vie, a inscrit dans l’homme et la femme la vocation à une participation spéciale à son mystère de communion personnelle et à son œuvre de Créateur et de Père […]. L’Esprit Saint répandu au cours de la célébration sacramentelle remet aux époux chrétiens le don d’une communion nouvelle, communion d’amour, image vivante et réelle de l’unité tout à fait singulière qui fait de l’Eglise l’indivisible Corps mystique du Christ » (n. 9).

Magistère ecclésiastique et autonomie de la science

« En jugeant de la portée éthique des résultats récents des recherches médicales concernant l’homme et ses origines, l’Eglise n’intervient pas dans le domaine propre de la science médicale en tant que telle, mais elle rappelle à toutes les parties prenantes, la responsabilité éthique et sociale de leurs actes. Elle montre que la valeur éthique de la science biomédicale se mesure par sa référence tant au respect inconditionnel dû à tout être humain, à chaque instant de son existence, qu’à la sauvegarde de la spécificité des actes personnels qui transmettent la vie » (n. 10).


DEUXIEME PARTIE:

LES NOUVEAUX PROBLEMES CONCERNANT LA PROCREATION

Les techniques d’aide à la fertilité

Parmi les techniques actuelles visant à surmonter l’infertilité, il y a :

« les techniques de fécondation artificielle hétérologue » (n. 12) : « destinées à obtenir artificiellement une conception humaine à partir de gamètes provenant d’au moins un donneur autre que les époux qui sont unis en mariage » (note 22) ;

« les techniques de fécondation artificielle homologue » (n. 12) : destinées « à obtenir une conception humaine à partir des gamètes de deux époux unis en mariage» (note 23) ;

« les techniques qui sont comme une aide à l’acte conjugal et à sa fécondité » (n. 12) ;

« les techniques visant à l’élimination des obstacles à la fécondité naturelle » (n. 13) ;

« la procédure d’adoption » (n. 13).

Ainsi sont licites les techniques qui respectent « le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain », « l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre » et « les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui exigent que la procréation d’une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux » (n. 12).

Sont donc « admissibles les techniques qui apparaissent comme une aide à la procréation et à la fécondité … Dans ce domaine, l’intervention médicale est respectueuse de la dignité des personnes quand elle vise à aider l’acte conjugal, pour en faciliter l’accomplissement, soit pour lui permettre d’atteindre sa fin une fois qu’il a été accompli normalement » (n. 12).

Sont « certainement licites les techniques visant à l’élimination des obstacles à la fécondité naturelle » (n. 13).

Il serait « souhaitable d’encourager, de promouvoir et de faciliter […] la procédure d’adoption des nombreux enfants orphelins ». « Les recherches et les investissements consacrés à la prévention de la stérilité, méritent d’être encouragés » (n. 13).

Fécondation in vitro et destruction délibérée des embryons

L’expérience de ces dernières années a montré, que dans le cas des techniques de fécondation in vitro, « le nombre d’embryons sacrifiés reste très élevé » (n. 14) : plus de 80% dans les centres de fécondation artificielle (cf. note 27). « Les embryons produits in vitro qui présentent des défauts sont systématiquement écartés ». De nombreux couples « recourent aux techniques de procréation artificielle dans le seul but d’opérer une sélection génétique de leurs enfants » ; un certain nombre parmi les embryons produits in vitro « sont transférés dans l’utérus, tandis que les autres sont congelés » ; la technique de transfert multiple, c’est à dire «d’un plus grand nombre d’embryons que le nombre d’enfants désiré, en prévoyant que certains seront perdus, comporte en réalité un traitement purement instrumental des embryons » (n. 15).

« L’acceptation tranquille du taux très élevé d’avortement que comportent les techniques de fécondation in vitro démontre de manière éloquente que la substitution de l’acte conjugal par une procédure technique […] contribue à affaiblir la conscience du respect dû à tout être humain. La reconnaissance de ce respect est au contraire favorisée par l’intimité des époux, animée par l’amour conjugal. […] Face à l’instrumentalisation de l’être humain au stade embryonnaire, il faut réaffirmer que l’amour de Dieu ne fait pas de différence entre celui qui vient d’être conçu et se trouve encore dans le sein de sa mère, et l’enfant, ou le jeune, ou bien encore l’homme mûr ou âgé. Il ne fait pas de différence, car en chacun d’eux il voit l’empreinte de sa propre image et ressemblance […] C’est pourquoi le Magistère de l’Eglise a constamment proclamé le caractère sacré et inviolable de chaque vie humaine, de sa conception jusqu’à son terme naturel » (n. 16)

Injection intracytoplasmique de spermatozoïdes ( ICSI)

L’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes est une variante de la fécondation in vitro. Dans cette technique, « la fécondation n’advient pas spontanément en éprouvette, mais plutôt à travers l’injection dans le cytoplasme de l’ovocyte d’un seul spermatozoïde précédemment sélectionné, ou parfois à travers l’injection d’éléments immatures de la lignée germinale masculine » (note 32).

Cette technique est moralement illicite : « elle réalise une totale dissociation entre la procréation et l’acte conjugal ». l’ICSI est « opérée en dehors du corps des conjoints, par des gestes de tierces personnes dont la compétence et l’activité technique déterminent le succès de l’intervention » ; « elle remet la vie et l’identité de l’embryon au pouvoir des médecins et des biologistes, et instaure une domination de la technique sur l’origine et la destinée de la personne humaine » (n. 17).

La congélation des embryons

« Pour ne pas répéter les prélèvements d’ovocytes chez la femme, on opère un prélèvement unique de nombreux ovocytes que l’on féconde in vitro, et l’on conserve congelés une partie importante des embryons ainsi obtenus, en prévision d’un deuxième cycle de traitement, en cas d’échec du premier essai, ou pour les cas où les parents désireraient une autre grossesse » (n. 18). La congélation ou la cryoconservation des embryons est «une technique de refroidisement à de très basses températures dans le but d’en obtenir une longue conservation » (note 35).

« La cryoconservation est incompatible avec le respect dû aux embryons humains: elle présuppose leur production in vitro et les expose à de graves dangers de mort ou à des altérations de leur intégrité physique, ainsi que le montre le pourcentage élevé qui ne survit pas à la technique de congélation et de décongélation. Elle les prive, au moins temporairement, de l’accueil maternel et du développement dans la gestation et les place dans une situation qui les expose à des atteintes et manipulations ultérieures » (n. 18).

En ce qui concerne le grand nombre d’embryons congelés déjà existants, on se demande ce qu’il faut en faire. A ce sujet, toutes les propositions faites (utiliser ces embryons pour la recherche ou les destiner à des fins thérapeutiques, décongeler ces embryons et, sans les réactiver, les utiliser pour la recherche comme si c’était de simples cadavres, mettre ces embryons à la disposition des couples infertiles, comme « thérapie de l’infertilité », procéder à une forme d’«adoption prénatale») posent des problèmes à divers niveaux. « En définitif, il faut constater que les milliers d’embryons en état d’abandon traduisent une situation d’injustice qui est, de fait, irréparable. C’est pourquoi Jean-Paul II a lancé un appel à la conscience des responsables du monde scientifique et de façon particulière aux médecins pour que soit arrêtée la production d’embryons humains, en tenant compte du fait que l’on n’aperçoit aucune issue moralement licite pour le destin humain des milliers et des milliers d’embryons ‘congelés’, qui sont et restent toujours les détenteurs des droits essentiels, et qu’il faut donc sauvegarder juridiquement comme des personnes humaines » (n. 19).

La congélation d’ovocytes

« Dans le but de résoudre les graves problèmes éthiques posés par la cryoconservation d’embryons, on a proposé, dans le cadre des techniques de fécondation in vitro, de congeler les ovocytes » (n. 20).

A ce sujet, la cryoconservation des ovocytes, non en soi immorale et envisagée dans d’autres contextes qui ne sont pas ici pris en considération, « doit être considérée comme moralement inacceptable lorsqu’elle est pratiquée dans le cadre d’une procréation artificielle» (n. 20).

La réduction embryonnaire

« Certaines techniques utilisées dans la procréation artificielle, en particulier le transfert de plusieurs embryons dans l’utérus maternel ont donné lieu à une augmentation significative du pourcentage de grossesses multiples. Dans cette ligne, on a envisagé la technique dite de réduction embryonnaire qui consiste à intervenir pour réduire le nombre d’embryons ou de foetus présents dans l’utérus, en procédant à leur élimination directe » (n. 21).

« Du point de vue éthique, la réduction embryonnaire est un avortement intentionnel sélectif. En effet, il s’agit de l’élimination délibérée et directe d’un ou de plusieurs êtres humains innocents dans la phase initiale de leur existence. En tant que telle, elle constitue toujours un grave désordre moral » (n. 21).

Le diagnostic préimplantatoire

« Le diagnostic préimplantatoire est une forme de diagnostic prénatal, lié aux techniques d’insémination artificielle. Il comporte le diagnostic génétique des embryons obtenus in vitro, avant leur transfert dans l’utérus. Cette technique est utilisée dans le but d’avoir la certitude de ne transférer à la mère que des embryons exempts de tout défaut ou bien des embryons d’un sexe déterminé ou encore dotés de certaines qualités » (n. 22).

« Différemment des autres formes de diagnostic prénatal, […] le diagnostic préimplantatoire précède ordinairement l’élimination de l’embryon ‘ suspect ’ d’avoir des défauts génétiques ou chromosomiques, ou de l’embryon porteur d’un sexe non désiré ou de qualités non voulues. Ce diagnostic […] vise en réalité une sélection qualitative avec pour conséquence la destruction des embryons, ce qui se traduit par une forme de pratique abortive précoce […]. En traitant l’embryon humain comme un simple ‘matériau de laboratoire’, on opère une altération et une discrimination en ce qui concerne la notion même de la dignité humaine […]. Une telle discrimination est immorale et doit donc être considérée comme juridiquement inacceptable » (n. 22).

Nouvelles formes d’interception et de contragestion

Il existe des moyens techniques qui agissent après la fécondation, quand l’embryon est déjà formé dans l’utérus.

« Ces techniques sont dénommées interceptives lorsqu’elles interviennent avant l’implantation de l’embryon dans l’utérus maternel » (n. 23) par exemple au moyen du « stérilet […] et de ladite ‘pilule du lendemain’ » (note 42).

Elles sont « contragestives si elles provoquent l’élimination de l’embryon à peine implanté » (n. 23) par exemple à travers « la pilule RU 486 » (note 43).

Même si ces moyens d’interception ne provoquent pas toujours un avortement lorsqu’on y a recours, car un rapport sexuel ne donne pas toujours lieu à une fécondation, il est à relever que « chez celui qui veut empêcher l’implantation d’un embryon éventuellement conçu et qui pour cela demande ou prescrit de tels agents, l’intentionnalité de l’avortement est généralement présente ». Dans le cas de la contragestion, « il s’agit de l’avortement d’un embryon qui a à peine effectué son implantation utérine. […]. L’utilisation des moyens d’interception et de contragestion entre dans la catégorie du péché d’avortement et demeure un acte gravement immoral » (n. 23).


TROISIEME PARTIE:

NOUVELLES PROPOSITIONS THERAPEUTIQUES QUI
COMPORTENT LA MANIPULATION DE L’EMBRYON
OU DU PATRIMOINE GENETIQUE HUMAIN

La thérapie génique

Par le terme de thérapie génique, on désigne « l’application à l’homme des techniques d’ingénierie génétique dans un but thérapeutique, c’est-à- dire en vue de guérir des maladies à base génétique » (n. 25).

La thérapie génique somatique « veut éliminer ou réduire les défauts génétiques présents au niveau des cellules somatiques » (n. 25).

La thérapie génique germinale vise « à corriger les défauts génétiques dans les cellules de la lignée germinale, afin que les effets thérapeutiques obtenus sur le sujet puissent se transmettre à son éventuelle descendance » (n. 25).

Il en découle du point de vue morale :

Les techniques de la thérapie génique somatique « sont, en principe, moralement licites. […] Étant donné que la thérapie génique peut comporter des risques importants pour le patient, il faut observer le principe général de déontologie selon lequel la mise en œuvre d’une intervention thérapeutique doit nécessairement garantir d’avance que le patient ne soit pas exposé à des risques pour sa santé ou pour son intégrité corporelle qui soient excessifs ou disproportionnés par rapport à la gravité de la maladie que l’on veut soigner. Le consentement éclairé du patient ou de son représentant légitime est également requis » (n. 26).

Quant à la thérapie génique germinale, « les risques liés à toute manipulation génétique sont importants et pour le moment peu contrôlables ». Pour cela, « il n’est pas moralement admissible, dans l’état actuel de la recherche, d’agir en courant le risque que les dommages potentiels liés à l’intervention génique puissent se transmettre à la progéniture » (n. 26).

Quant à l’hypothèse des finalités applicatives de l’ingénierie au domaine de la génétique, dans le but présumé d’améliorer ou de renforcer la dotation génétique, il est à relever que de telles manipulations favoriseraient « une mentalité eugénique » et introduiraient « une stigmatisation sociale indirecte envers ceux qui ne possèdent pas certaines qualités particulières. En outre, elles mettent l’accent sur des qualités appréciées par des cultures et des sociétés déterminées, qualités qui ne constituent pas par elles-mêmes ce qui est spécifique à l’homme. Cela contredit la vérité fondamentale de l’égalité entre tous les êtres humains, qui s’exprime par le principe de justice, dont la violation à la longue, finirait par mettre en péril la coexistence pacifique entre les individus. […] Enfin, il convient de relever que, dans la tentative de créer un nouveau type d’homme, se manifeste une dimension idéologique selon laquelle l’homme prétend se substituer au Créateur » (n. 27).

Le clonage humain

Par clonage humain, on désigne « la reproduction asexuée et agamique de la totalité d’un organisme humain afin de produire une ou plusieurs ‘copies’ substantiellement identiques à l’unique progéniteur du point de vue génétique » (n. 28). Les techniques mises en œuvre pour réaliser le clonage humain sont la fission gémellaire qui consiste « dans la séparation artificielle de cellules ou de groupes de cellules à partir d’un embryon, au cours des premières phases de son développement, et dans le transfert successif de ces cellules dans l’utérus dans le but d’obtenir, de manière artificielle, des embryons identiques » (note 47) et le transfert du noyau qui consiste « dans l’introduction d’un noyau prélevé d’une cellule embryonnaire ou somatique dans un ovocyte préalablement énucléé, suivie de l’activation de cet ovocyte qui, par conséquent, est amené à se développer comme un embryon » (note 47). Le clonage est proposé avec deux objectifs fondamentaux: l’un reproductif, c’est-à-dire visant à obtenir la naissance d’un enfant cloné, et l’autre thérapeutique ou de recherche.

Le clonage est « intrinsèquement illicite dans la mesure où […] il entend donner origine à un nouvel être humain sans aucun lien avec l’acte de don réciproque entre deux époux et, plus radicalement, sans aucun lien avec la sexualité. Cette situation suscite des abus et des manipulations qui portent gravement atteinte à la dignité humaine » (n. 28).

Avec le clonage reproductif, on « imposerait au sujet cloné un patrimoine génétique déjà fixé, en le soumettant de fait - comme cela a été dit - à une forme d’esclavage biologique de laquelle il pourrait difficilement s’affranchir. Le fait qu’une personne s’arroge le droit de déterminer arbitrairement les caractéristiques génétiques d’un autre, est une grave offense à sa dignité et à l’égalité fondamentale entre les hommes. […] Chacun d’entre nous rencontre dans l’autre un être humain qui doit son existence et ses caractéristiques propres à l’amour de Dieu, dont seul l’amour entre les époux constitue une médiation conforme au dessein du Créateur et Père céleste » (n. 29).

En ce qui concerne le clonage thérapeutique, il faut préciser que «créer des embryons dans le but de les supprimer, est totalement incompatible avec la dignité humaine, même si l’intention est d’aider les malades, car cela fait de l’existence d’un être humain, même à son stade embryonnaire, rien de plus qu’un moyen à utiliser et à détruire. Il est gravement immoral de sacrifier une vie humaine dans un but thérapeutique » (n. 30).

Comme alternative au clonage thérapeutique, certains scientifiques recherchent de nouvelles techniques capables de produire des cellules souches de type embryonnaire, sans que cela présuppose cependant la destruction de véritables embryons humains ; ce sont par exemple les techniques de transfert d’un noyau altéré (Altered Nuclear Transfer : ANT) ou de reprogrammation de l’ovocyte (l’OAR - Oocyte Assisted Reprogramming). A ce sujet, on doit encore clarifier les doutes regardant « notamment le statut ontologique du ‘produit’ ainsi obtenu » (n. 30).

L’utilisation thérapeutique des cellules souches

« Les cellules souches sont des cellules indifférenciées qui ont deux caractéristiques fondamentales: a) la capacité durable de se multiplier sans se différencier ; b) la capacité d’engendrer des cellules progénitrices transitoires, à partir desquelles proviennent les cellules souches plus différenciées, par exemple, nerveuses, musculaires, hématiques. Depuis qu’il a été expérimentalement vérifié que les cellules souches, quand elles sont transplantées dans un tissu endommagé, ont tendance à favoriser le repeuplement de cellules et la régénération de ce tissu, de nouvelles perspectives se sont ouvertes pour la médecine régénérative, suscitant un grand intérêt parmi les chercheurs du monde entier » (n. 31).

En ce qui concerne le jugement éthique, il faut considérer surtout les méthodes de prélèvement des cellules souches.

« Sont licites les méthodes qui ne procurent pas de grave dommage au sujet chez qui sont prélevées les cellules souches. Cette condition est habituellement vérifiée dans les cas suivants: le prélèvement a) de tissus d’un organisme adulte b) ; du sang du cordon ombilical au moment de la naissance ; c) des tissus de fœtus morts de mort naturelle » (n. 32).

«Le prélèvement de cellules souches d’un embryon humain vivant cause inévitablement sa destruction et il est de ce fait gravement illicite. Dans ce cas, la recherche […] ne se place pas véritablement au service de l’humanité. Elle passe en effet par la suppression de vies humaines qui ont une égale dignité par rapport aux autres personnes humaines et aux chercheurs eux-mêmes » (n. 32).

« L’utilisation des cellules souches embryonnaires ou des cellules différenciées qui en dérivent, éventuellement fournies par d’autres chercheurs, et provenant de la destruction d’embryons, ou disponibles dans le commerce, pose de sérieux problèmes du point de vue de la coopération au mal et du scandale » (n. 32).

Il est à relever toutefois que de nombreuses études tentent à accorder aux cellules souches adultes des résultats plus positifs par rapports à ceux embryonnaires.

Les tentatives d’hybridation

« Récemment, des ovocytes d’animaux ont été utilisés pour la reprogrammation des noyaux de cellules somatiques humaines […] dans le but de prélever des cellules souches embryonnaires sur les embryons produits, sans avoir à recourir à l’utilisation d’ovocytes humains (n. 33).

« De tels procédés sont, du point de vue éthique, une offense à la dignité de l’être humain, en raison du mélange des éléments génétiques humains et animaux susceptibles de nuire à l’identité spécifique de l’homme » (n. 33).

L’utilisation du « matériel biologique » humain d’origine illicite

Pour la recherche scientifique et pour la production de vaccins, on utilise parfois des embryons ou des lignées de cellules, qui sont le produit d’intervention illicite contre la vie et contre l’intégrité physique de l’être humain.

En ce qui concerne l’expérimentation sur les embryons, elle « constitue un crime contre leur dignité d’êtres humains, qui ont droit à un respect égal à celui dû à l’enfant déjà né et à toute personne. Ces formes d’expérimentation constituent toujours un grave désordre moral» (n. 34).

Dans le cas de l’utilisation par les chercheurs du « matériel biologique » d’origine illicite, produit en dehors de leur centre de recherche ou qui se trouve dans le commerce, reste valide « l’exigence morale excluant toute complicité avec l’avortement volontaire, de même que tout danger de scandale. A ce propos, demeure insuffisant le critère d’indépendance formulé par certains comités d’éthique, à savoir l’affirmation selon laquelle l’utilisation du ‘matériel biologique’ d’origine illicite est éthiquement licite à condition qu’il y ait une séparation claire d’une part entre ceux qui le produisent, font congeler et font mourir les embryons et d’autre part les chercheurs qui développent des expériences scientifiques ». Il faut préciser que « le devoir de refuser ce ‘matériel biologique’ […] découle du devoir de se dissocier, dans l’exercice de sa propre activité de recherche, d’un cadre législatif gravement injuste et d’affirmer avec clarté la valeur de la vie humaine. Par conséquent, le critère d’indépendance ci-dessus indiqué est nécessaire, mais il peut être, du point de vue éthique, insuffisant » (n. 35).

« Dans ce cadre général, il existe naturellement des responsabilités différenciées et des motifs graves qui peuvent être moralement proportionnés pour justifier l’utilisation de ce ‘matériel biologique’. Par exemple, face au danger pour la santé des enfants, les parents peuvent autoriser l’utilisation d’un vaccin pour la préparation duquel on s’est servi de lignées cellulaires d’origine illicite, restant sauf le devoir de tous d’exprimer leur propre désaccord à ce sujet et de demander que les systèmes de santé mettent à leur disposition d’autres types de vaccins. D’autre part, on doit tenir compte du fait que dans les entreprises qui utilisent des lignées de cellules d’origine illicite, la responsabilité de ceux qui décident de l’orientation de la production n’est pas la même que la responsabilité de ceux qui n’ont aucun pouvoir de décision » (n. 35).
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:37

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/speeches/2000/jul-sep/documents/hf_jp-ii_spe_20000829_transplants_fr.html

DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
AU 18ème CONGRÈS INTERNATIONAL
SUR LA TRANSPLANTATION D'ORGANES

Mardi 29 août 2000

Mesdames et Messieurs,

1. Je suis heureux de vous saluer tous à l'occasion de ce Congrès international, qui vous a réunis pour une réflexion sur le thème complexe et délicat des transplantations. Je remercie le Professeur Raffaello Cortesini et le Professeur Oscar Salvatierra pour leurs aimables paroles, et je transmets une salutation particulière aux Autorités italiennes ici présentes.

J'exprime à tous ma gratitude pour votre invitation cordiale à participer à cette rencontre, et j'apprécie vivement la considération que vous manifestez à l'égard de l'enseignement moral de l'Eglise. Dans le respect de la science et à l'écoute, en particulier, de la loi de Dieu, l'Eglise n'a d'autre objectif que le bien intégral de la personne humaine.

Les transplantations représentent une conquête importante de la science au service de l'homme et de nombreuses personnes doivent aujourd'hui leur vie à une greffe d'organe. La technique de la transplantation s'est révélée de plus en plus être un moyen adapté d'atteindre le but premier de toute médecine: le service à la vie humaine. C'est pourquoi, dans la Lettre Encyclique Evangelium vitae, j'ai suggéré qu'une façon de promouvoir une véritable culture de la vie "est le don d'organes, accompli sous une forme éthiquement acceptable, qui permet à des malades parfois privés d'espoir de nouvelles perspectives de santé et même de vie" (n. 86).


2. Comme pour tout progrès humain, ce domaine particulier de la science médicale, en dépit de tout l'espoir de santé et de vie qu'il offre à de nombreuses personnes, soulève également certains points critiques, qui doivent être examinés à la lumière d'une réflexion anthropologique et éthique attentive.

Dans ce domaine de la science médicale également, le critère fondamental doit être la défense et la promotion du bien intégral de la personne humaine, en harmonie avec la dignité unique qui est la nôtre en vertu de notre humanité. Par conséquent, il est évident que chaque intervention médicale accomplie sur la personne humaine fait l'objet de limites: non seulement les limites de ce qui est techniquement possible, mais également les limites déterminées par le respect pour la nature elle-même, entendue dans son intégralité: "Ce qui est techniquement possible n'est pas pour autant moralement acceptable" (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Donum vitae, n. 4).


3. Il faut d'abord souligner, comme je l'ai observé à une autre occasion, que toute transplantation d'organe tire son origine dans une décision d'une grande valeur éthique: "La décision d'offrir sans récompense, une partie de son corps pour la santé et le bien-être d'une autre personne" (Discours aux participants au Congrès sur la transplantation d'organes, 20 juin 1991, n. 3). C'est précisément ici que réside la noblesse de ce geste, un geste qui est un véritable acte d'amour. Il ne s'agit pas seulement de donner quelque chose qui nous appartient, mais de donner quelque chose de nous-mêmes, car "en raison de son union substantielle avec une âme spirituelle, le corps humain ne peut être considéré seulement comme un ensemble de tissus, d'organes et de fonctions [...] mais il est partie constitutive de la personne qui se manifeste et s'exprime à travers lui" (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Donum vitae, n. 3).

Par conséquent, toute pratique tendant à commercialiser les organes humains ou à les considérer comme des biens pouvant faire l'objet d'échanges ou de commerce doit être considérée comme moralement inacceptable, car utiliser le corps comme un "objet" signifie violer la dignité de la personne humaine.

Ce premier point engendre une con-séquence immédiate d'une importance éthique fondamentale: la nécessité d'un accord informé. L'"authenticité" humaine d'un tel geste décisif exige que les personnes soient correctement informées sur les processus concernés, afin d'être en mesure d'exprimer leur accord ou leur refus de façon libre et consciente. L'accord des parents possède une valeur éthique en l'absence d'une décision de la part du donneur. Naturellement, un accord analogue devra être donné par le receveur d'organe.


4. La reconnaissance de la dignité unique de la personne humaine engendre une conséquence inhérente supplémentaire: les organes vitaux individuels dans le corps ne peuvent être prélevés qu'ex cadavere, c'est-à-dire du corps d'une personne dont on a la certitude qu'elle est cliniquement morte. Cette exigence est évidente, car agir autrement signifierait provoquer de façon intentionnelle la mort du donneur en prélevant ses organes. Cela suscite l'une des questions qui revient le plus souvent dans les débats sur la bioéthique actuelle, ainsi que de sérieuses préoccupations dans l'esprit de l'opinion publique. Je me réfère au problème de la certitude de la mort. Quand une personne peut-elle être déclarée morte avec certitude?

A cet égard, il est utile de rappeler que la mort de la personne est un événement unique, qui consiste dans la désintégration totale de l'ensemble unitaire et intégré qui est la personne elle-même. Elle résulte dans la séparation du principe de vie (ou âme) de la réalité corporelle de la personne. La mort de la personne, comprise dans son sens premier, est un événement qu'aucune technique scientifique ni empirique ne peut identifier directement.

Pourtant, l'expérience humaine montre que lorsque la mort a lieu, certains signes biologiques suivent inévitablement, que la médecine a appris à reconnaître avec une précision croissante. Dans ce sens, le "critère" pour déclarer avec certitude la mort utilisé par la médecine aujourd'hui ne devrait pas être compris comme la détermination technique et scientifique du moment exact de la mort d'une personne, mais comme un moyen scientifiquement certain d'identifier les signes biologiques qui montrent qu'une personne est effectivement morte.


5. Chacun sait que, depuis un certain temps, les approches visant à déclarer avec certitude la mort ont déplacé l'accent des signes cardio-respiratoires traditionnels vers ce que l'on appelle le critère "neurologique". De façon spécifique, cela consiste à établir, selon des paramètres clairement déterminés, également partagés par la communauté scientifique internationale, la cessation totale et irréversible de toute activité cérébrale (dans le cerveau, le cervelet, et le tronc cérébral). Cela est considéré comme le signe que l'organisme individuel a perdu sa capacité d'intégration.

En ce qui concerne les paramètres utilisés aujourd'hui pour déclarer avec certitude la mort - que ce soit les "signes cérébraux" ou les signes cardio-respiratoires plus traditionnels - l'Eglise ne prend pas de décisions techniques. Elle se limite au devoir évangélique de comparer les données offertes par la science médicale avec une conception chrétienne de l'unité de la personne, en soulignant les similitudes et les conflits possibles capables de mettre en danger le respect pour la dignité humaine.

Ici, l'on peut dire que le critère adopté récemment pour déclarer avec certitude la mort, c'est-à-dire la cessation complète et irréversible de toute activité cérébrale, s'il est rigoureusement appliqué, ne semble pas en conflit avec les éléments essentiels d'une anthropologie sérieuse. C'est pourquoi, un agent de la santé ayant la responsabilité professionnelle d'établir le moment de la mort peut utiliser ces critères au cas par cas, comme base pour arriver à un degré d'assurance dans le jugement éthique que la doctrine morale qualifie de "certitude morale". Cette "certitude morale" est considérée comme la base nécessaire et suffisante pour agir de façon éthiquement correcte. Ce n'est qu'en présence d'une telle certitude et lorsque l'accord informé a été donné par le donneur ou par le représentant légitime, qu'il est moralement légitime de mettre en acte les procédures techniques nécessaires pour prélever les organes destinés à la transplantation.


6. Une autre question d'une grande importance éthique est celle de l'assignation des organes donnés, à travers les listes d'attente ou "triages". En dépit des efforts en vue de promouvoir la pratique des dons d'organes, les ressources disponibles dans de nombreux pays sont actuellement insuffisantes pour répondre aux besoins médicaux. D'où la nécessité d'établir des listes d'attente pour les transplantations sur la base de critères clairs et correctement fondés.

D'un point de vue moral, un principe évident de justice exige que le critère pour l'assignation des organes donnés ne devrait en aucun cas être "discriminatoire" (c'est-à-dire fondé sur l'âge, le sexe, la race, la religion, le statut social, etc) ou "utilitaire" (c'est-à-dire fondé sur la capacité professionnelle, l'utilité sociale, etc). Au contraire, dans la détermination des priorités d'accès aux transplantations d'organes, les décisions devraient être prises sur la base de facteurs immunologiques et cliniques. Tout autre critère se révélerait arbitraire et subjectif, et ne reconnaîtrait pas la valeur intrinsèque de chaque personne humaine en tant que telle, une valeur qui est indépendante de toute circonstance extérieure.


7. Une dernière question concerne la possibilité d'une solution alternative au problème de trouver des organes humains pour la transplantation, qui est encore au stade de l'expérimentation: je veux parler des xénotransplantations, c'est-à-dire les transplantations à partir d'autres espèces animales.

Je n'ai pas l'intention d'explorer en détail les problèmes liés à cette forme d'intervention. Je voudrais simplement rappeler que déjà, en 1956, le Pape Pie XII souleva la question de leur caractère licite. Il le fit en commentant l'éventualité scientifique alors envisagée, de transplanter des cornées d'animaux sur des êtres humains. Sa réponse demeure encore éclairante pour nous aujourd'hui: en principe, déclarait-il, pour qu'une xénotransplantation soit licite, l'organe transplanté ne doit pas porter atteinte à l'intégrité de l'identité psychologique ou génétique de la personne qui la reçoit: il faut également démontrer la possibilité biologique d'effectuer avec succès la transplantation, sans exposer le receveur à des risques excessifs (cf. Discours à l'Association italienne des donneurs de cornée, aux médecins oculistes et aux médecins légistes, 14 mai 1956).


8. En conclusion, j'exprime le souhait que, grâce au travail de tant de personnes généreuses et hautement qualifiées, la recherche scientifique et technologique dans le domaine de la transplantation continue de progresser et s'étende à l'expérimentation à travers de nouvelles thérapies qui puissent remplacer les transplantations d'organes, comme semblent le promettre les récents développements dans le domaine des prothèses. Dans tous les cas, les méthodes qui ne respectent pas la dignité et la valeur de la personne doivent toujours être évitées. Je pense en particulier aux tentatives de clonage humain dans le but d'obtenir des organes pour la transplantation: ces techniques, dans la mesure où elles comportent la manipulation et la destruction d'embryons humains, sont moralement inacceptables, même si leur but en soi est louable. La science elle-même laisse entrevoir d'autres formes d'interventions thérapeutiques qui ne comportent pas le clonage, ni l'utilisation de cellules embryonnaires, mais qui utilisent plutôt des cellules-souches prélevées sur des adultes. Telle est la direction que doit suivre la recherche si l'on veut respecter la dignité de chaque être humain, même au stade d'embryon.

La contribution des philosophes et des théologiens face à de telles questions est fondamentale. Leur réflexion attentive et compétente sur les problèmes éthiques liés à la thérapie des transplantations peut contribuer à éclaircir le critère pour définir quels types de transplantations sont moralement acceptables et sous quelles conditions, en particulier en ce qui concerne la protection de l'identité personnelle de chaque individu.

Je suis certain que les responsables sociaux, politiques et éducatifs renouvelleront leur engagement à promouvoir une véritable culture du don et de la solidarité. Il faut insuffler dans le coeur des personnes, et en particulier dans le coeur des jeunes, une reconnaissance authentique et profonde du besoin d'amour fraternel, un amour qui puisse trouver une expression dans la décision de devenir un donneur d'organes.

Puisse le Seigneur soutenir chacun de vous dans votre travail, et vous guider dans le service de l'authentique progrès humain. J'accompagne ce voeu de ma Bénédiction.
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:44

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_con_cfaith_doc_20090520_legge-naturale_fr.html

COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE

A LA RECHERCHE D’UNE ETHIQUE UNIVERSELLE :
NOUVEAU REGARD SUR LA LOI NATURELLE *

Plan général

Introduction

Chapitre 1 : Convergences

1.1. Les sagesses et religions du monde
1.2. Les sources gréco-romaines de la loi naturelle
1.3. L’enseignement de l’Ecriture sainte
1.4. Les développements de la tradition chrétienne
1.5. Evolutions ultérieures
1.6. Le magistère de l’Eglise et la loi naturelle

Chapitre 2 : La perception des valeurs morales communes

2.1. Le rôle de la société et de la culture
2.2. L’expérience morale ; « Il faut faire le bien »
2.3. La découverte des préceptes de la loi naturelle : universalité de la loi naturelle
2.4. Les préceptes de la loi naturelle
2.5. L’application des préceptes communs : historicité de la loi naturelle
2.6. Les dispositions morales de la personne et son agir concret.

Chapitre 3 : Les fondements théoriques de la loi naturelle

3.1. De l’expérience aux théories
3.2. Nature, personne et liberté
3.3. La nature, l’homme et Dieu : de l’harmonie au conflit
3.4. Chemins vers une réconciliation.

Chapitre 4 : La loi naturelle et la Cité

4.1. La personne et le bien commun
4.2. La loi naturelle, mesure de l’ordre politique
4.3. De la loi naturelle au droit naturel
4.4. Droit naturel et droit positif
4.5. L’ordre politique n’est pas l’ordre eschatologique
4.6. L’ordre politique est un ordre temporel et rationnel

Chapitre 5 : Jésus-Christ, accomplissement de la loi naturelle

5.1. Le Logos incarné, Loi vivante
5.2. L’Esprit saint et la Loi nouvelle de liberté

Conclusion

Introduction

[1] Y a-t-il des valeurs morales objectives capables d’unir les hommes et de leur procurer paix et bonheur ? Quelles sont-elles ? Comment les discerner ? Comment les mettre en œuvre dans la vie des personnes et des communautés ? Ces questions de toujours autour du bien et du mal sont aujourd’hui plus urgentes que jamais dans la mesure où les hommes ont davantage pris conscience de former une seule communauté mondiale. Les grands problèmes qui se posent aux hommes ont désormais une dimension internationale, planétaire, d’autant que le développement des techniques de communication favorise une interaction croissante entre les personnes, les sociétés et les cultures. Un évènement local peut avoir un retentissement planétaire presque immédiat. Emerge ainsi la conscience d’une solidarité globale qui trouve son fondement ultime dans l’unité du genre humain. Elle se traduit par le sens d’une responsabilité planétaire. Ainsi la question de l’équilibre écologique, de la protection de l’environnement, des ressources et du climat, est-elle devenue une préoccupation pressante qui interpelle toute l’humanité et dont la solution déborde largement les cadres nationaux. De même, les menaces que le terrorisme, le crime organisé et les nouvelles formes de violence et d’oppression font peser sur les sociétés ont une dimension planétaire. Les développements accélérés des biotechnologies, qui menacent parfois l’identité même de l’homme (manipulations génétiques, clonage…), appellent d’urgence une réflexion éthique et politique d’ampleur universelle… Dans ce contexte, la recherche de valeurs éthiques communes connaît un regain d’actualité.

[2] Par leur sagesse, leur générosité et parfois leur héroïsme, des hommes et des femmes témoignent en acte de ces valeurs éthiques communes. L’admiration qu’ils suscitent en nous est le signe d’une première saisie spontanée des valeurs morales. La réflexion des universitaires et des scientifiques sur les dimensions culturelles, politiques, économiques,

morales et religieuses de notre existence sociale nourrit cette délibération sur le bien commun de l’humanité. Il y a aussi les artistes qui, par la manifestation de la beauté, réagissent contre la perte du sens et renouvellent l’espérance des hommes. De même, des hommes politiques travaillent avec énergie et créativité pour mettre en œuvre des programmes d’éradication de la pauvreté et de protection des libertés fondamentales. Très important est aussi le témoignage persévérant des représentants des religions et des traditions spirituelles qui veulent vivre à la lumière de la vérité ultime et du bien absolu. Tous contribuent, chacun à sa manière et dans un échange réciproque, à promouvoir la paix, un ordre politique plus juste, le sens de la responsabilité commune, une répartition équitable des richesses, le respect de l’environnement, la dignité de la personne humaine et ses droits fondamentaux. Toutefois, ces efforts ne peuvent aboutir que si les bonnes intentions prennent appui sur un solide accord de base quant aux biens et aux valeurs qui représentent les aspirations les plus profondes de l’homme, à titre individuel et communautaire. Seules la reconnaissance et la promotion de ces valeurs éthiques peuvent contribuer à la construction d’un monde plus humain.

[3] La recherche de ce langage éthique commun concerne tous les hommes. Pour les chrétiens, elle s’accorde mystérieusement à l’œuvre du Verbe de Dieu, « lumière véritable, qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9), et à l’œuvre de l’Esprit saint qui sait faire germer dans les cœurs « charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). La communauté des chrétiens, qui partage « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » et « se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire[1] », ne peut d’aucune manière se dérober à cette responsabilité commune. Eclairés par l’Evangile, engagés dans un dialogue patient et respectueux avec tous les hommes de bonne volonté, les chrétiens participent à la recherche commune des valeurs humaines à promouvoir : « Tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable, tout ce qu’il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, voilà ce qui doit vous préoccuper » (Ph 4, Cool. Ils savent que Jésus-Christ, « notre Paix » (Ep 2, 14), lui qui a réconcilié tous les hommes avec Dieu par sa croix, est le principe d’unité le plus profond vers lequel le genre humain est appelé à converger.

[4] La recherche d’un langage éthique commun est inséparable d’une expérience de conversion, par laquelle personnes et communautés se détournent des forces qui cherchent à emprisonner l’homme dans l’indifférence ou le poussent à dresser des murs contre l’autre ou l’étranger. Le cœur de pierre – froid, inerte et indifférent au sort du prochain et de l’espèce humaine – doit se transformer, sous l’action de l’Esprit, en un cœur de chair[2], sensible aux appels de la sagesse, à la compassion, au désir de la paix et à l’espérance pour tous. Cette conversion est la condition d’un vrai dialogue.

[5] Les tentatives contemporaines pour définir une éthique universelle ne manquent pas. Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, la communauté des nations, tirant les conséquences des complicités étroites que le totalitarisme avait entretenues avec le pur positivisme juridique, a défini dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) des droits inaliénables de la personne humaine qui transcendent les lois positives des Etats et doivent leur servir de référence et de norme. Ces droits ne sont pas simplement concédés par le législateur : ils sont déclarés, c’est-à-dire que leur existence objective, antérieure à la décision du législateur, est rendue manifeste. Ils découlent en effet de la « reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine » (Préambule).

La Déclaration universelle des droits de l’homme constitue une des plus belles réussites de l’histoire moderne. Elle « demeure l’une des expressions les plus hautes de la conscience humaine en notre temps[3] » et offre une base solide pour la promotion d’un monde plus juste. Cependant, les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances. Certains pays ont contesté l’universalité de ces droits, jugés trop occidentaux, ce qui incite à en chercher une formulation plus compréhensive. En outre, une certaine propension à multiplier les droits de l’homme davantage en fonction des désirs désordonnés de l’individu consumériste ou de revendications sectorielles que des exigences objectives du bien commun de l’humanité, n’a pas peu contribué à les dévaluer. Déconnectée du sens moral des valeurs qui transcendent les intérêts particuliers, la multiplication des procédures et des réglementations juridiques n’aboutit qu’à un enlisement qui ne sert en définitive que les intérêts des plus puissants. Surtout, une tendance se manifeste à réinterpréter les droits de l’homme en les séparant de la dimension éthique et rationnelle qui constitue leur fondement et leur fin, au profit d’un pur légalisme utilitariste[4].

[6] Pour expliciter le fondement éthique des droits de l’homme, certains ont cherché à élaborer une « éthique mondiale » dans le cadre d’un dialogue entre les cultures et les religions. L’« éthique mondiale » désigne l’ensemble des valeurs obligatoires fondamentales qui forment depuis des siècles le trésor de l’expérience humaine. Elle se trouve dans toutes les grandes traditions religieuses et philosophiques[5]. Ce projet, digne d’intérêt, est significatif du besoin actuel d’une éthique ayant une validité universelle et globale. Mais la recherche purement inductive, sur le mode parlementaire, d’un consensus minimal déjà existant satisfait-elle aux exigences de fonder le droit dans l’absolu ? En outre, cette éthique minimale n’aboutit-elle pas à relativiser les exigences éthiques fortes de chacune des religions ou sagesses particulières ?

[7] Depuis plusieurs décennies, la question des fondements éthiques du droit et de la politique a été comme mise entre parenthèses dans certains secteurs de la culture contemporaine. Sous le prétexte que toute prétention à une vérité objective et universelle serait source d’intolérance et de violence et que seul le relativisme pourrait sauvegarder le pluralisme des valeurs et la démocratie, on fait l’apologie du positivisme juridique qui refuse de se référer à un critère objectif, ontologique, de ce qui est juste. Dans cette perspective, le dernier horizon du droit et de la norme morale est la loi en vigueur, qui est censée être juste par définition puisqu’elle est l’expression de la volonté du législateur. Mais c’est ouvrir la voie à l’arbitraire du pouvoir, à la dictature de la majorité arithmétique et à la manipulation idéologique, au détriment du bien commun. « Dans l’éthique et la philosophie actuelle du Droit, les postulats du positivisme juridique sont largement présents. La conséquence en est que la législation ne devient souvent qu’un compromis entre divers intérêts ; on tente de transformer en droits des intérêts ou des désirs privés qui s’opposent aux devoirs découlant de la responsabilité sociale[6]. » Mais le positivisme juridique est notoirement insuffisant, car le législateur ne peut agir légitimement qu’à l’intérieur de certaines limites qui découlent de la dignité de la personne humaine et au service du développement de ce qui est authentiquement humain. Or, le législateur ne peut abandonner la détermination de ce qui est humain à des critères extrinsèques et superficiels, comme il le ferait, par exemple, s’il légitimait de soi tout ce qui est réalisable dans le domaine des biotechniques. Bref, il doit agir d’une manière éthiquement responsable. La politique ne peut s’abstraire de l’éthique ni les lois civiles et l’ordre juridique d’une loi morale supérieure.

[8] Dans ce contexte où la référence à des valeurs objectives absolues reconnues universellement est devenue problématique, certains, désireux de donner tout de même une base rationnelle aux décisions éthiques communes, prônent une « éthique de la discussion » dans la ligne d’une compréhension « dialogique » de la morale. L’éthique de la discussion consiste à n’utiliser au cours d’un débat éthique que les normes auxquelles tous les participants concernés, renonçant aux comportements « stratégiques » pour imposer leurs vues, peuvent donner leur assentiment. Ainsi peut-on déterminer si une règle de conduite et d’action ou un comportement sont moraux parce que, en mettant entre parenthèses les conditionnements culturels et historiques, le principe de discussion offre une garantie d’universalité et de rationalité. L’éthique de la discussion s’intéresse surtout à la méthode par laquelle, grâce au débat, les principes et les normes éthiques peuvent être mis à l’épreuve et devenir obligatoires pour tous les participants. Elle est essentiellement un procédé pour tester la valeur des normes proposées mais ne peut produire de nouveaux contenus substantiels. L’éthique de la discussion est donc une éthique purement formelle qui ne concerne pas les orientations morales de fond. Elle court aussi le risque de se limiter à une recherche du compromis. Certes, le dialogue et le débat sont toujours nécessaires pour obtenir un accord réalisable sur l’application concrète des normes morales dans une situation donnée, mais ils ne sauraient reléguer à la marge la conscience morale. Un vrai débat ne remplace pas les convictions morales personnelles, mais il les suppose et les enrichit.

[9] Conscients des enjeux actuels de la question, nous voudrions dans ce document inviter tous ceux qui s’interrogent sur les fondements ultimes de l’éthique ainsi que de l’ordre juridique et politique à considérer les ressources que recèle une présentation renouvelée de la doctrine de la loi naturelle. Celle-ci affirme en substance que les personnes et les communautés humaines sont capables, à la lumière de la raison, de discerner les orientations fondamentales d’un agir moral conforme à la nature même du sujet humain et de les exprimer de façon normative sous forme de préceptes ou commandements. Ces préceptes fondamentaux, objectifs et universels, ont vocation à fonder et à inspirer l’ensemble des déterminations morales, juridiques et politiques qui régissent la vie des hommes et des sociétés. Ils en constituent une instance critique permanente et garantissent la dignité de la personne humaine face aux fluctuations des idéologies. Au cours de son histoire, dans l’élaboration de sa propre tradition éthique, la communauté chrétienne, conduite par l’Esprit de Jésus-Christ et en dialogue critique avec les traditions de sagesse qu’elle a rencontrées, a assumé, purifié et développé cet enseignement sur la loi naturelle comme norme éthique fondamentale. Mais le christianisme n’a pas le monopole de la loi naturelle. En effet, fondée sur la raison commune à tous les hommes, la loi naturelle est la base de la collaboration entre tous les hommes de bonne volonté quelles que soient leurs convictions religieuses.

[10] Il est vrai que l’expression de « loi naturelle » est source de nombreux malentendus dans le contexte actuel. Parfois, elle n’évoque qu’une soumission résignée et toute passive aux lois physiques de la nature, alors que l’homme cherche plutôt, à juste titre, à maîtriser et orienter ces déterminismes pour son bien. Parfois, présentée comme un donné objectif qui s’imposerait de l’extérieur à la conscience personnelle, indépendamment du travail de la raison et de la subjectivité, elle est soupçonnée d’introduire une forme d’hétéronomie insupportable à la dignité de la personne humaine libre. Parfois aussi, au cours de son histoire, la théologie chrétienne a justifié trop facilement par la loi naturelle des positions anthropologiques qui, par la suite, sont apparues conditionnées par le contexte historique et culturel. Mais une compréhension plus profonde des rapports entre le sujet moral, la nature et Dieu, ainsi qu’une meilleure prise en compte de l’historicité qui affecte les applications concrètes de la loi naturelle, permettent de dissiper ces malentendus. Il est aussi important aujourd’hui de proposer la doctrine traditionnelle de la loi naturelle dans des termes qui manifestent mieux la dimension personnelle et existentielle de la vie morale. Il faut aussi insister davantage sur le fait que l’expression des exigences de la loi naturelle est inséparable de l’effort de toute la communauté humaine pour dépasser les tendances égoïstes et partisanes et développer une approche globale de l’« écologie des valeurs » sans laquelle la vie humaine risque de perdre son intégrité et son sens de responsabilité pour le bien de tous.

[11] L’idée de la loi morale naturelle assume de nombreux éléments qui sont communs aux grandes sagesses religieuses et philosophiques de l’humanité. Au chapitre 1, notre document commence donc par évoquer ces « convergences ». Sans prétendre à l’exhaustivité, il indique que ces grandes sagesses religieuses et philosophiques témoignent de l’existence d’un patrimoine moral largement commun, qui forme la base de tout dialogue sur les questions morales. Bien plus, elles suggèrent, d’une manière ou d’une autre, que ce patrimoine explicite un message éthique universel immanent à la nature des choses et que les hommes sont capables de déchiffrer. Le document rappelle ensuite quelques jalons essentiels du développement historique de l’idée de loi naturelle et mentionne certaines interprétations modernes qui sont partiellement à l’origine des difficultés que nos contemporains ressentent face à cette notion. Au chapitre 2 (« La perception des valeurs morales communes »), notre document décrit comment, à partir des données les plus simples de l’expérience morale, la personne humaine saisit de façon immédiate certains biens moraux fondamentaux et formule en conséquence les préceptes de la loi naturelle. Ceux-ci ne constituent pas un code tout fait de prescriptions intangibles mais un principe permanent et normatif d’inspiration au service de la vie morale concrète de la personne. Le chapitre 3 (« Les fondements de la loi naturelle »), passant de l’expérience commune à la théorie, approfondit les fondements philosophiques, métaphysiques et religieux, de la loi naturelle. Pour répondre à quelques objections contemporaines, il précise le rôle de la nature dans l’agir personnel et s’interroge sur la possibilité pour la nature de constituer une norme morale. Le chapitre 4 (« La loi naturelle et la Cité ») explicite le rôle régulateur des préceptes de la loi naturelle dans la vie politique. La doctrine de la loi naturelle possède déjà cohérence et validité au plan philosophique de la raison commune à tous les hommes, mais le chapitre 5 (« Jésus-Christ, accomplissement de la loi naturelle ») montre qu’elle prend tout son sens à l’intérieur de l’histoire du salut : envoyé par le Père, Jésus-Christ est en effet, par son Esprit, la plénitude de toute loi.


Chapitre 1 : Convergences

1.1 Les sagesses et religions du monde

[12] Dans les diverses cultures, les hommes ont progressivement élaboré et développé des traditions de sagesse dans lesquelles ils expriment et transmettent leur vision du monde, ainsi que leur perception réfléchie de la place que l’homme tient dans la société et dans le cosmos. Avant toute théorisation conceptuelle, ces sagesses, qui sont souvent de nature religieuse, véhiculent une expérience qui identifie ce qui favorise ou ce qui empêche le plein épanouissement de la vie personnelle et la bonne marche de la vie sociale. Elles constituent une sorte de « capital culturel » disponible pour la recherche d’une sagesse commune nécessaire pour répondre aux défis éthiques contemporains. Selon la foi chrétienne, ces traditions de sagesse, malgré leurs limites et parfois même leurs erreurs, captent un reflet de la sagesse divine à l’œuvre dans le cœur des hommes. Elles appellent attention et respect et peuvent avoir valeur de praeparatio evangelica.

La forme et l’étendue de ces traditions peuvent considérablement varier. Elles n’en témoignent pas moins de l’existence d’un patrimoine de valeurs morales commun à tous les hommes, quelle que soit la manière dont ces valeurs sont justifiées à l’intérieur d’une vision du monde particulière. Par exemple, la « règle d’or » (« Ne fais à personne ce que tu n’aimerais pas subir » [Tb 4, 15]) se retrouve sous une forme ou sous une autre dans la plupart des traditions de sagesse[7]. En outre, elles s’accordent généralement à reconnaître que les grandes règles éthiques non seulement s’imposent à un groupe humain déterminé mais valent universellement pour chaque individu et pour tous les peuples. Enfin, plusieurs traditions reconnaissent que ces comportements moraux universels sont appelés par la nature même de l’homme : ils expriment la manière dont l’homme doit s’insérer de façon à la fois créative et harmonieuse dans un ordre cosmique ou métaphysique qui le dépasse et donne sens à sa vie. Cet ordre est en effet imprégné par une sagesse immanente. Il est porteur d’un message moral que les hommes sont capables de déchiffrer.

[13] Dans les traditions hindoues, le monde – le cosmos comme les sociétés humaines - est régi par un ordre ou une loi fondamentale (dharma) qu’il faut respecter sous peine d’entraîner de graves déséquilibres. Le dharma définit alors les obligations socio-religieuses de l’homme. Dans sa spécificité, l’enseignement moral de l’hindouisme se comprend à la lumière des doctrines fondamentales des Upanishads : la croyance en un cycle indéfini de transmigrations (samsāra), avec l’idée selon laquelle les actions bonnes ou mauvaises commises pendant la vie présente (karman) ont une influence sur les renaissances successives. Ces doctrines ont d’importantes conséquences sur le comportement vis-à-vis d’autrui : elles impliquent un haut degré de bonté et de tolérance, le sens de l’action désintéressée au bénéfice des autres, ainsi que la pratique de la non-violence (ahimsā). Le courant principal de l’hindouisme distingue deux corps de textes : śruti (‘ce qui est entendu’, c’est-à-dire la révélation) et smrti (‘ce dont on se souvient’, c’est-à-dire la tradition). Les prescriptions éthiques se trouvent surtout dans la smrti, plus particulièrement dans les dharmaśāstra (dont le plus important est les mānava dharmaśāstra ou lois de Manu, vers 200-100 avant J.-C.). Outre le principe de base selon lequel « la coutume immémoriale est la loi transcendante approuvée par l’écriture sainte et les codes des divins législateurs ; en conséquence, tout homme, des trois principales classes, qui respecte l’esprit suprême qui est en lui, doit se conformer toujours avec diligence à la coutume immémoriale[8] », on y trouve un équivalent pratique de la règle d’or : « Je te dirai ce qu’est l’essence du plus grand bien de l’être humain. L’homme qui pratique la religion (dharma) de la non-nuisance (ahimsā) universelle, acquiert le plus grand Bien. Cet homme qui se maîtrise dans les trois passions, la convoitise, la colère et l’avarice, y renonçant par rapport aux êtres, acquiert le succès. […] Cet homme qui considère toutes les créatures comme son ‘soi-même’ et les traite comme son propre ‘soi’, déposant la verge punitive et dominant complètement sa colère, celui-là s’assurera l’obtention du bonheur. […] On ne fera pas à autrui ce que l’on considère comme nuisible pour soi-même. C’est en bref, la règle de la vertu. […] Dans le fait de refuser et de donner, dans l’abondance et le malheur, dans l’agréable et le désagréable, on jugera de toutes les conséquences en considérant son propre ‘soi’[9] ». Plusieurs préceptes de la tradition hindoue peuvent être mis en parallèle avec les exigences du Décalogue[10].

[14] On définit généralement le bouddhisme par les quatre « nobles vérités » enseignées par le Bouddha après son illumination : 1/ la réalité est souffrance et insatisfaction ; 2/ l’origine de la souffrance est le désir ; 3/ la cessation de la souffrance est possible (par l’extinction du désir) ; 4/ il existe un chemin menant à la cessation de la souffrance. Ce chemin est le « noble sentier octuple » qui consiste dans la pratique de la discipline, de la concentration et de la sagesse. Au plan éthique, les actions favorables peuvent se résumer dans les cinq préceptes (śīla, sīla) : 1/ ne pas nuire aux êtres vivants ni retirer la vie ; 2/ ne pas prendre ce qui n’est pas donné ; 3/ ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ; 4/ ne pas user de paroles fausses ou mensongères ; 5/ ne pas ingérer de produit intoxicant diminuant la maîtrise de soi. L’altruisme profond de la tradition bouddhiste, qui se traduit par une attitude délibérée de non-violence, par la bienveillance amicale et la compassion, rejoint ainsi la règle d’or.

[15] La civilisation chinoise est marquée en profondeur par le taoïsme de Lăozĭ ou Lao-Tseu (VIe siècle av. J.C). Selon Lao-Tseu, la Voie ou Dào est le principe primordial, immanent à tout l’univers. C’est un principe insaisissable de changement permanent sous l’action de deux pôles contraires et complémentaires, le yīn et le yáng. Il revient à l’homme d’épouser ce processus naturel de transformation, de se laisser aller au flux du temps, grâce à l’attitude de non agir (wú-wéi). La recherche de l’harmonie avec la nature, indissociablement matérielle et spirituelle, est donc au cœur de l’éthique taoïste. Quant à Confucius (551-479 av. J.-C.), « Maître Kong », il tente, à l’occasion d’une période de crise profonde, de restaurer l’ordre par le respect des rites, fondé sur la piété filiale qui doit être au cœur de toute vie sociale. Les relations sociales prennent en effet modèle sur les relations familiales. L’harmonie est obtenue par une éthique de la juste mesure, où la relation ritualisée (le lĭ), qui insère l’homme dans l’ordre naturel, est la mesure de toutes choses. L’idéal à atteindre est le ren, vertu parfaite d’humanité, faite de maîtrise de soi et de bienveillance pour autrui. « ‘Mansuétude (shù)’, n’est-ce pas le maître mot ? Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse, ne l’inflige pas aux autres[11] ». La pratique de cette règle indique le chemin du Ciel (Tiān Dào).

[16] Dans les traditions africaines, la réalité fondamentale est la vie elle-même. Elle est le bien le plus précieux et l’idéal de l’homme consiste non seulement à vivre à l’abri des soucis jusqu’à la vieillesse, mais avant tout à rester, même après la mort, une force vitale continuellement renforcée et vivifiée dans et par sa progéniture. La vie est en effet une expérience dramatique. L’homme, microcosme au sein du macrocosme, vit intensément le drame de l’affrontement entre la vie et la mort. La mission qui lui revient d’assurer la victoire de la vie sur la mort oriente et détermine son agir éthique. C’est ainsi que l’homme doit identifier, dans un horizon éthique conséquent, les alliés de la vie, les gagner à sa cause, et assurer par là sa survie qui est en même temps la victoire de la vie. Telle est la signification profonde des religions traditionnelles africaines. L’éthique africaine se révèle ainsi comme une éthique anthropocentrique et vitale : les actes censés susceptibles de favoriser l’éclosion de la vie, de la conserver, de la protéger, de l’épanouir ou d’augmenter le potentiel vital de la communauté, sont, de ce fait, considérés comme bons ; tout acte présumé préjudiciable à la vie des individus ou de la communauté passe pour être mauvais. Les religions traditionnelles africaines apparaissent ainsi comme essentiellement anthropocentriques, mais une observation attentive jointe à la réflexion montre que ni la place reconnue à l’homme vivant ni le culte des ancêtres ne constituent quelque chose de clos. Les religions traditionnelles africaines atteignent leur sommet en Dieu, source de vie, créateur de tout ce qui existe.

[17] L’Islam se comprend lui-même comme la restauration de la religion naturelle originelle. Il voit en Mahomet le dernier prophète envoyé par Dieu pour remettre définitivement les hommes dans la voie droite. Mais Mahomet a été précédé par d’autres : « Il n’existe pas de communauté où ne soit passé un avertisseur[12] ». L’Islam s’attribue donc une vocation universelle et s’adresse à tous les hommes, qui sont considérés comme « naturellement » musulmans. La loi islamique, indissociablement communautaire, morale et religieuse, est comprise comme une loi donnée directement par Dieu. L’éthique musulmane est donc fondamentalement une morale de l’obéissance. Faire le bien, c’est obéir aux commandements ; faire le mal, c’est leur désobéir. La raison humaine intervient pour reconnaître le caractère révélé de la Loi et en tirer les implications juridiques concrètes. Certes, au IXe siècle, l’école mou’tazilite a proclamé l’idée selon laquelle « le bien et le mal sont dans les choses », c’est-à-dire que certains comportements sont bons ou mauvais en eux-mêmes, antérieurement à la loi divine qui les commande ou les défend. Les mou’tazilites estimaient donc que l’homme pouvait par sa raison connaître ce qui est bon et mauvais. Selon eux, l’homme sait spontanément que l’injustice ou le mensonge sont mauvais et qu’il est obligatoire de restituer un dépôt, d’éloigner de soi un dommage ou de se montrer reconnaissant envers ses bienfaiteurs, dont Dieu est le premier. Mais les ach’arites, qui dominent dans l’orthodoxie sunnite, ont soutenu une théorie adverse. Partisans d’un occasionalisme qui ne reconnaît aucune consistance à la nature, ils estiment que seule la révélation positive de Dieu définit le bien et le mal, le juste et l’injuste. Parmi les prescriptions de cette loi divine positive, beaucoup reprennent les grands éléments du patrimoine moral de l’humanité et peuvent être mises en relation avec le Décalogue[13].

1.2. Les sources greco-romaines de la loi naturelle

[18] L’idée qu’il existe un droit naturel antérieur aux déterminations juridiques positives se rencontre déjà dans la culture grecque classique avec la figure exemplaire d’Antigone, la fille d’Œdipe. Ses deux frères, Etéocle et Polynice, se sont affrontés pour le pouvoir et se sont entretués. Polynice, le rebelle, est condamné à rester sans sépulture et être brûlé sur le bûcher. Mais, pour satisfaire aux devoirs de la piété envers son frère mort, Antigone en appelle, contre l’interdiction de sépulture portée par le roi Créon, « aux lois non-écrites et immuables ».

« Créon : Et ainsi, tu as osé passer outre à mes lois ?
Antigone : Oui, car ce n’est pas Zeus qui les a proclamées
Ni la Justice qui habite avec les dieux d’en bas ;
Ni lui ni elle ne les ont établis chez les hommes.
Je ne pense pas que tes décrets soient assez forts
Pour que, toi, mortel, tu puisses passer outre
Aux lois non-écrites et immuables des dieux.
Elles n’existent d’aujourd’hui, ni d’hier mais de toujours ;
Personne ne sait quand elles sont apparues.
Je ne devais pas par crainte des volontés d’un homme
Risquer que les dieux me châtient[14]. »

[19] Platon et Aristote reprennent la distinction opérée par les sophistes entre les lois qui ont leur origine dans une convention, c’est-à-dire une pure décision positive (thesis), et celles qui sont valables « par nature ». Les premières ne sont ni éternelles ni valides d’une manière générale et elles n’obligent pas tout le monde. Les secondes obligent tout le monde, toujours et partout[15]. Certains sophistes, comme le Calliclès du Gorgias de Platon, recourraient à cette distinction pour contester la légitimité des lois instituées par les cités humaines. A ces lois, ils opposaient leur idée, étroite et erronée, de la nature, réduite à sa seule composante physique. Ainsi, contre l’égalité politique et juridique des citoyens dans la Cité, ils prônaient ce qui leur apparaissait comme la plus évidente des « lois naturelles » : le plus fort doit l’emporter sur le plus faible[16].

[20] Rien de tel chez Platon et Aristote. Ils n’opposent pas droit naturel et lois positives de la Cité. Ils sont convaincus que les lois de la Cité sont généralement bonnes et constituent la mise en œuvre, plus ou moins réussie, d’un droit naturel conforme à la nature des choses. Pour Platon, le droit naturel est un droit idéal, une norme pour les législateurs et les citoyens, une règle qui permet de fonder et d’évaluer les lois positives[17]. Pour Aristote, cette norme suprême de la moralité correspond à la réalisation de la forme essentielle de la nature. Est moral ce qui est naturel. Le droit naturel est invariable ; le droit positif change selon les peuples et les différentes époques. Mais le droit naturel ne se situe pas au-delà du droit positif. Il s’incarne dans le droit positif qui est l’application de l’idée générale de la justice à la vie sociale dans sa variété.

[21] Dans le stoïcisme, la loi naturelle devient le concept clef d’une éthique universaliste. Est bon et doit être accompli ce qui correspond à la nature, comprise en un sens à la fois physico-biologique et rationnel. Tout homme, quelle que soit la nation à laquelle il appartient, doit s’intégrer comme une partie dans le Tout de l’univers. Il doit vivre selon la nature[18]. Cet impératif présuppose qu’il existe une loi éternelle, un Logos divin, qui est présente aussi bien dans le cosmos, qu’elle imprègne de rationalité, que dans la raison humaine. Ainsi, pour Cicéron la loi est « la raison suprême insérée dans la nature qui nous commande ce qu’il faut faire et nous interdit le contraire[19] ». Nature et raison constituent les deux sources de notre connaissance de la loi éthique fondamentale, qui est d’origine divine.

1.3. L’enseignement de l’Ecriture sainte

[22] Le don de la Loi au Sinaï, dont les « Dix Paroles » constituent le centre, est un élément essentiel de l’expérience religieuse d’Israël. Cette Loi d’alliance comporte des préceptes éthiques fondamentaux. Ils définissent la manière dont le peuple élu doit répondre par la sainteté de sa vie au choix de Dieu : « Parle à toute la communauté des Israélites. Tu leur diras : ‘Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint’ » (Lv 19, 2). Mais ces comportements éthiques sont aussi valables pour les autres peuples, de sorte que Dieu demande des comptes aux nations étrangères qui violent la justice et le droit[20]. De fait, Dieu avait déjà conclu en la personne de Noé une alliance avec la totalité du genre humain qui impliquait en particulier le respect de la vie (Gn 9)[21]. Plus fondamentalement, la création elle-même apparaît comme l’acte par lequel Dieu structure l’ensemble de l’univers en lui donnant une loi. « Qu’ils [les astres] louent le nom du Seigneur : lui commanda, eux furent créés ; il les posa pour toujours sous une loi qui jamais ne passera » (Ps 148, 5-6). Cette obéissance des créatures à la loi de Dieu est un modèle pour les hommes.

[23] A côté des textes qui s’attachent à l’histoire du salut, avec les thèmes théologiques majeurs de l’élection, de la promesse, de la Loi et de l’alliance, la Bible contient aussi une littérature de sagesse qui ne traite pas directement de l’histoire nationale d’Israël mais qui s’intéresse à la place de l’homme dans le monde. Elle développe la conviction qu’il y a une manière correcte, « sage », de faire les choses et de conduire sa vie. L’homme doit s’appliquer à la rechercher et s’efforcer ensuite de la mettre en pratique. Cette sagesse ne se trouve pas tant dans l’histoire que dans la nature et la vie de tous les jours[22]. Dans cette littérature, la Sagesse est souvent présentée comme une perfection divine, parfois hypostasiée. Elle se manifeste de manière étonnante dans la création, dont elle est « l’ouvrière » (Sg 7, 21). L’harmonie qui règne entre les créatures lui rend témoignage. De cette sagesse qui vient de Dieu, l’homme est rendu participant de multiples manières. Cette participation est un don de Dieu qu’il faut demander dans la prière : « J’ai prié, et l’intelligence m’a été donnée, j’ai invoqué, et l’esprit de Sagesse m’est venu » (Sg 7, 7). Elle est encore le fruit de l’obéissance à la Loi révélée. En effet, la Torah est comme l’incarnation de la sagesse. « Convoites-tu la sagesse ? Garde les commandements, le Seigneur te la prodiguera. Car la crainte du Seigneur est sagesse et instruction » (Si 1, 26-27). Mais la sagesse est aussi le résultat d’une observation sagace de la nature et des mœurs humaines dans le but de découvrir leur intelligibilité immanente et leur valeur exemplaire[23].

[24] A la plénitude des temps, Jésus-Christ a prêché l’avènement du Royaume comme manifestation de l’amour miséricordieux de Dieu qui se rend présent au milieu des hommes à travers sa propre personne et appelle de leur part une conversion et une libre réponse d’amour. Cette prédication n’est pas sans conséquence sur l’éthique, sur la manière de construire le monde et les relations humaines. Dans son enseignement moral, dont le sermon sur la montagne est un admirable condensé, Jésus reprend à son compte la règle d’or : « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes » (Mt 7, 12[24]). Ce précepte positif complète la formulation négative de la même règle dans l’Ancien Testament : « Ne fais à personne ce que tu n’aimerais pas subir » (Tb 4, 15)[25].

[25] Au début de la Lettre aux Romains, l’Apôtre Paul, dans le dessein de manifester le besoin universel du salut apporté par le Christ, décrit la situation religieuse et morale commune à tous les hommes. Il affirme la possibilité d’une connaissance naturelle de Dieu : « Ce qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu en effet le leur a manifesté. Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Rm 1, 19-20)[26]. Mais cette connaissance s’est pervertie en idolâtrie. Plaçant juifs et païens sur le même plan, saint Paul affirme l’existence d’une loi morale non écrite inscrite dans les cœurs[27]. Elle permet de discerner par soi-même le bien et le mal. « Quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres « (Rm 2, 14-15). Pourtant la connaissance de la loi ne suffit pas par elle-même pour mener une vie juste[28]. Ces textes de saint Paul ont eu une influence déterminante sur la réflexion chrétienne relative à la loi naturelle.

1.4. Les développements de la tradition chrétienne

[26] Pour les Pères de l’Eglise le sequi naturam et la sequela Christi ne s’opposent pas. Au contraire, ils adoptent généralement l’idée stoïcienne selon laquelle la nature et la raison nous indiquent quels sont nos devoirs moraux. Les suivre, c’est suivre le Logos personnel, le Verbe de Dieu. La doctrine de la loi naturelle fournit en effet une base pour compléter la morale biblique. Elle permet en outre d’expliquer pourquoi les païens, indépendamment de la révélation biblique, possèdent une conception morale positive. Celle-ci leur est indiquée par la nature et correspond à l’enseignement de la Révélation : « De Dieu sont la loi de la nature et la loi de la révélation qui ne font qu’un[29] ». Cependant, les Pères de l’Eglise n’adoptent pas purement et simplement la doctrine stoïcienne. Ils la modifient et la développent. D’une part, l’anthropologie d’inspiration biblique qui voit l’homme comme l’imago Dei, dont la pleine vérité est manifestée dans le Christ, interdit de réduire la personne humaine à un simple élément du cosmos : appelée à la communion avec le Dieu vivant, elle transcende le cosmos tout en s’y intégrant. D’autre part, l’harmonie de la nature et de la raison ne repose plus sur la vision immanentiste d’un cosmos panthéiste mais sur la commune référence à la sagesse transcendante du Créateur. Se comporter de façon conforme à la raison revient à suivre les orientations que le Christ, comme Logos divin, a déposées grâce aux logoi spermatikoi dans la raison humaine. Agir contre la raison est une faute contre ces orientations. Fort significative est la définition de saint Augustin : « La loi éternelle est la raison divine ou la volonté de Dieu, ordonnant de conserver l’ordre naturel et interdisant de le troubler[30] ». Plus précisément, pour saint Augustin, les normes de la vie droite et de la justice sont exprimées dans le Verbe de Dieu, qui les imprime ensuite dans le cœur de l’homme « à la manière d’un sceau qui d’une bague passe à la cire, mais sans quitter la bague[31] ». En outre, chez les Pères, la loi naturelle est désormais comprise dans le cadre d’une histoire du salut qui amène à distinguer différents états de la nature (nature originelle, nature déchue, nature restaurée) dans lesquels la loi naturelle se réalise différemment. Cette doctrine patristique de la loi naturelle s’est transmise au Moyen Age, ainsi que la conception, assez proche, du « droit des gens (ius gentium) » selon laquelle il existe, en dehors du droit romain (ius civile), des principes universels de droit qui règlent les relations entre les peuples et sont obligatoires pour tous[32].

[27] Au Moyen Age, la doctrine de la loi naturelle atteint une certaine maturité et prend une forme « classique » qui constitue l’arrière-fond de toutes les discussions ultérieures. Elle se caractérise par quatre traits. En premier lieu, conformément à la nature de la pensée scolastique qui cherche à recueillir la vérité partout où elle se trouve, elle assume les réflexions antérieures sur la loi naturelle, païennes ou chrétiennes, et tente d’en proposer une synthèse. En deuxième lieu, conformément à la nature systématique de la pensée scolastique, elle situe la loi naturelle dans un cadre métaphysique et théologique général. La loi naturelle est comprise comme une participation de la créature raisonnable à la loi divine éternelle, grâce à laquelle elle entre de façon consciente et libre dans les desseins de la Providence. Elle n’est pas un ensemble clos et complet de normes morales mais une source d’inspiration constante, présente et agissante dans les différentes étapes de l’économie du salut. Troisièmement, avec la prise de conscience de la densité propre de la nature, qui est en partie liée à la redécouverte de la pensée d’Aristote, la doctrine scolastique de la loi naturelle considère l’ordre éthique et politique comme un ordre rationnel, œuvre de l’intelligence humaine. Elle définit pour lui un espace d’autonomie, une distinction sans séparation, par rapport à l’ordre de la révélation religieuse[33]. Enfin, aux yeux des théologiens et des juristes scolastiques, la loi naturelle constitue un point de référence et un critère à la lumière duquel ils évaluent la légitimité des lois positives et des coutumes particulières.

1.5. Evolutions ultérieures

[28] L’histoire moderne de l’idée de la loi naturelle se présente par certains aspects comme un développement légitime de l’enseignement de la scolastique médiévale dans un contexte culturel plus complexe, marqué en particulier par un sens plus vif de la subjectivité morale. Parmi ces développements, signalons l’œuvre des théologiens espagnols du XVIe siècle qui, à l’instar du dominicain François de Vitoria, ont eu recours à la loi naturelle pour contester l’idéologie impérialiste de certains Etats chrétiens d’Europe et défendre les droits des peuples non-chrétiens d’Amérique. Ces droits sont en effet inhérents à la nature humaine et ne dépendent pas de la situation concrète vis-à-vis de la foi chrétienne. L’idée de loi naturelle a aussi permis aux théologiens espagnols de poser les bases d’un droit international, c’est-à-dire d’une norme universelle régissant les relations des peuples et des États entre eux.

[29] Mais, par d’autres aspects, l’idée de la loi naturelle a pris à l’époque moderne des orientations et des formes qui contribuent à la rendre difficilement acceptable aujourd’hui. Pendant les derniers siècles du Moyen Age, s’est développé dans la scolastique un courant volontariste dont l’hégémonie culturelle a profondément modifié l’idée de loi naturelle. Le volontarisme se propose de mettre en valeur la transcendance du sujet libre par rapport à tous les conditionnements. Contre le naturalisme qui tendait à assujettir Dieu aux lois de la nature, il souligne de façon unilatérale l’absolue liberté de Dieu, au risque de compromettre sa sagesse et de rendre arbitraire ses décisions. De même, contre l’intellectualisme, soupçonné d’assujettir la personne humaine à l’ordre du monde, il exalte une liberté d’indifférence conçue comme pur pouvoir de choisir les contraires, au risque de déconnecter la personne de ses inclinations naturelles et du bien objectif[34].

[30] Les conséquences du volontarisme sur la doctrine de la loi naturelle sont nombreuses. Tout d’abord, alors que, chez saint Thomas d’Aquin, la loi était conçue comme œuvre de raison et expression d’une sagesse, le volontarisme conduit à rattacher la loi à la seule volonté, et à une volonté déliée de son ordination intrinsèque au bien. Dès lors, toute la force de la loi réside dans la seule volonté du législateur. La loi est ainsi dépossédée de son intelligibilité intrinsèque. Dans ces conditions, la morale se réduit à l’obéissance aux commandements qui manifestent la volonté du législateur. Thomas Hobbes en viendra ainsi à déclarer : « C’est l’autorité et non la vérité qui fait la loi (auctoritas, non veritas, facit legem)[35] ». L’homme moderne, épris d’autonomie, ne pouvait que s’insurger contre une telle vision de la loi. Ensuite, sous prétexte de préserver l’absolue souveraineté de Dieu sur la nature, le volontarisme prive celle-ci de toute intelligibilité interne. La thèse de la potentia Dei absoluta, selon laquelle Dieu pourrait agir indépendamment de sa sagesse et de sa bonté, relativise toutes les structures intelligibles existantes et fragilise la connaissance naturelle que l’homme peut en avoir. La nature cesse d’être un critère pour connaître la sage volonté de Dieu : l’homme ne peut attendre cette connaissance que d’une révélation.

[31] Par ailleurs, plusieurs facteurs ont conduit à la sécularisation de la notion de loi naturelle. Parmi eux, on peut mentionner le divorce croissant entre la foi et la raison qui caractérise la fin du Moyen Age, ou encore certains aspects de la Réforme[36], mais surtout la volonté de dépasser les violents conflits religieux qui ont ensanglanté l’Europe à l’aube des temps modernes. On en est venu à vouloir fonder l’unité politique des communautés humaines en mettant entre parenthèses la confession religieuse. Désormais, la doctrine de la loi naturelle fait abstraction de toute révélation religieuse particulière, et donc de toute théologie confessante. Elle prétend reposer sur les seules lumières de la raison commune à tous les hommes et se présente comme la norme ultime dans le champ séculier.

[32] En outre, le rationalisme moderne pose l’existence d’un ordre absolu et normatif des essences intelligibles accessible à la raison et relativise d’autant la référence à Dieu comme fondement ultime de la loi naturelle. L’ordre nécessaire, éternel et immuable des essences doit certes être actualisé par le Créateur, mais, croit-on, il possède déjà en lui-même sa cohérence et sa rationalité. La référence à Dieu devient donc optionnelle. La loi naturelle s’imposerait à tous « même si Dieu n’existait pas (etsi Deus non daretur) [37] ».

[33] Le modèle rationaliste moderne de la loi naturelle se caractérise : 1/ par la croyance essentialiste en une nature humaine immuable et an-historique, dont la raison peut parfaitement saisir la définition et les propriétés essentielles ; 2/ par la mise entre parenthèses de la situation concrète des personnes humaines dans l’histoire du salut, marquée par le péché et la grâce, dont l’influence sur la connaissance et la pratique de la loi naturelle sont pourtant décisives ; 3/ par l’idée qu’il est possible à la raison de déduire a priori les préceptes de la loi naturelle à partir de la définition de l’essence de l’homme ; 4/ par l’extension maximale donnée aux préceptes ainsi déduits, de sorte que la loi naturelle apparaît comme un code de lois toutes faites qui règle la quasi-totalité des comportements. Cette tendance à étendre le champ des déterminations de la loi naturelle a été à l’origine d’une crise grave lorsque, en particulier avec l’essor des sciences humaines, la pensée occidentale a pris davantage conscience de l’historicité des institutions humaines et de la relativité culturelle de nombreux comportements que l’on justifiait parfois en faisant appel à l’évidence de la loi naturelle. Ce décalage entre une théorie abstraite maximaliste et la complexité des données empiriques explique en partie la désaffection pour l’idée même de loi naturelle. Pour que la notion de loi naturelle puisse servir à l’élaboration d’une éthique universelle dans une société sécularisée et pluraliste comme la nôtre, il faut donc éviter de la présenter sous la forme rigide qu’elle a prise, en particulier dans le rationalisme moderne.

1.6. Le magistère de l’Eglise et la loi naturelle.

[34] Avant le XIIIe siècle, étant donné que la distinction entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel n’était pas clairement élaborée, la loi naturelle était généralement assimilée à la morale chrétienne. Ainsi le décret de Gratien, qui fournit la norme canonique de base au XIIe siècle, commence ainsi : « La loi naturelle est ce qui est contenu dans la Loi et l’Evangile ». Il identifie ensuite le contenu de la loi naturelle avec la règle d’or et précise que les lois divines correspondent à la nature[38]. Les Pères de l’Eglise ont donc eu recours à la loi naturelle ainsi qu’à l’Ecriture sainte pour fonder le comportement moral des chrétiens, mais le magistère de l’Eglise, dans un premier temps, eut peu à intervenir pour trancher des disputes sur le contenu de la loi morale.

Lorsque le magistère de l’Eglise fut amené non seulement à résoudre des discussions morales particulières mais aussi à justifier sa position face à un monde sécularisé, il fit plus explicitement appel à la notion de loi naturelle. C’est au XIXe siècle, spécialement sous le pontificat de Léon XIII, que le recours à la loi naturelle s’impose dans les actes du Magistère. La présentation la plus explicite se trouve dans l’encyclique Libertas praestantissimum (1888). Léon XIII se réfère à la loi naturelle pour identifier la source de l’autorité civile et en fixer les limites. Il rappelle avec force qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes quand les autorités civiles commandent ou reconnaissent quelque chose qui est contraire à la loi divine ou à la loi naturelle. Mais il recourt aussi à la loi naturelle pour protéger la propriété privée contre le socialisme ou encore pour défendre le droit des travailleurs à se procurer par leur travail ce qui est nécessaire à l’entretien de leur vie. Dans cette même ligne, Jean XXIII se réfère à la loi naturelle pour fonder les droits et devoirs de l’homme (encyclique Pacem in terris [1963]). Avec Pie XI (encyclique Casti Connubii [1930]) et Paul VI (encyclique Humanae vitae [1968]), la loi naturelle se révèle un critère décisif dans les questions relatives à la morale conjugale. Certes, la loi naturelle est de droit accessible à la raison humaine commune aux croyants et aux incroyants et l’Eglise n’en a pas l’exclusivité, mais, comme la Révélation assume les exigences de la loi naturelle, le magistère de l’Eglise en est constitué le garant et l’interprète[39]. Le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992) et l’encyclique Veritatis splendor (1993) accordent ainsi une place déterminante à la loi naturelle dans l’exposé de la morale chrétienne[40].

[35] Aujourd’hui, l’Eglise catholique invoque la loi naturelle dans quatre contextes principaux. En premier lieu, face à la montée d’une culture qui limite la rationalité aux sciences dures et abandonne au relativisme la vie morale, elle insiste sur la capacité naturelle qu’ont les hommes à saisir par leur raison « le message éthique contenu dans l’être[41] » et à connaître dans leurs grandes lignes les normes fondamentales d’un agir juste conforme à leur nature et à leur dignité. La loi naturelle répond ainsi à l’exigence de fonder en raison les droits de l’homme[42] et elle rend possible un dialogue interculturel et interreligieux capable de favoriser la paix universelle et d’éviter le « choc des civilisations ». En deuxième lieu, face à l’individualisme relativiste qui considère que chaque individu est source de ses propres valeurs et que la société résulte d’un pur contrat passé entre des individus qui choisissent d’en constituer par eux-mêmes toutes les normes, elle rappelle le caractère non-conventionnel mais naturel et objectif des normes fondamentales qui régissent la vie sociale et politique. En particulier, la forme démocratique de gouvernement est intrinsèquement liée à des valeurs éthiques stables qui ont leur source dans les exigences de la loi naturelle et qui ne dépendent donc pas des fluctuations du consensus d’une majorité arithmétique. En troisième lieu, face à un laïcisme agressif qui veut exclure les croyants du débat public, l’Eglise fait valoir que les interventions des chrétiens dans la vie publique, sur des sujets qui touchent la loi naturelle (défense des droits des opprimés, justice dans les relations internationales, défense de la vie et de la famille, liberté religieuse et liberté d’éducation…), ne sont pas de soi de nature confessionnelle mais relèvent du souci que chaque citoyen doit avoir pour le bien commun de la société. En quatrième lieu, face aux menaces d’abus de pouvoir, voire de totalitarisme, que recèle le positivisme juridique et que véhiculent certaines idéologies, l’Eglise rappelle que les lois civiles n’obligent pas en conscience lorsqu’elles sont en contradiction avec la loi naturelle et elle prône la reconnaissance du droit à l’objection de conscience ainsi que le devoir de désobéissance au nom de l’obéissance à une loi plus haute[43]. La référence à la loi naturelle, loin d’engendrer le conformisme, garantit la liberté personnelle et plaide en faveur des délaissés et de ceux qu’oppriment des structures sociales oublieuses du bien commun.
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:45

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_con_cfaith_doc_20090520_legge-naturale_fr.html

COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE

A LA RECHERCHE D’UNE ETHIQUE UNIVERSELLE :
NOUVEAU REGARD SUR LA LOI NATURELLE * (Suite 1)

Chapitre 2. La perception des valeurs morales communes

[36] L’examen des grandes traditions de sagesse morale entrepris dans le chapitre 1 atteste que certains types de comportements humains sont reconnus, dans la plupart des cultures, comme exprimant une certaine excellence dans la manière pour l’homme de vivre et de réaliser son humanité : actes de courage, patience devant les épreuves et les difficultés de la vie, compassion pour les faibles, modération dans l’usage des biens matériels, attitude responsable vis-à-vis de l’environnement, dévouement au bien commun... Ces comportements éthiques définissent les grandes lignes d’un idéal proprement moral d’une vie « selon la nature », c’est-à-dire conforme à l’être profond du sujet humain. Par ailleurs, certains comportements sont universellement perçus comme objets de réprobation : meurtre, vol, mensonge, colère, convoitise, avarice… Ils apparaissent comme des atteintes à la dignité de la personne humaine et aux justes exigences de la vie en société. On est justifié de voir à travers ces consensus une manifestation de ce qui, au-delà de la diversité des cultures, est l’humain dans l’être humain, c’est-à-dire la « nature humaine ». Mais, en même temps, force est de constater que cet accord sur la qualité morale de certains comportements coexiste avec une grande variété de théories explicatives. Que ce soient les doctrines fondamentales des Upanishads pour l’hindouisme ou les quatre « nobles vérités » pour le bouddhisme, que ce soient le Dào de Lao-Tseu ou la « nature » des stoïciens, chaque sagesse ou chaque système philosophique comprend l’agir moral à l’intérieur d’un cadre explicatif général qui vient légitimer la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal. Nous avons affaire à une diversité de justifications qui rend difficile le dialogue et la fondation des normes morales.

[37] Pourtant, quoi qu’il en soit des justifications théoriques du concept de loi naturelle, il est possible de mettre au jour les données immédiates de la conscience dont il veut rendre compte. L’objet du présent chapitre est précisément de montrer comment sont saisies les valeurs morales communes qui constituent la loi naturelle. C’est seulement ensuite que nous verrons comment le concept de loi naturelle prend appui sur un cadre explicatif qui fonde et légitime les valeurs morales d’une façon susceptible d’être partagée par plusieurs. Pour ce faire, la présentation de la loi naturelle par saint Thomas d’Aquin apparaît particulièrement pertinente, entre autres parce qu’elle situe la loi naturelle à l’intérieur d’une morale qui fait droit à la dignité de la personne humaine et reconnaît sa capacité de discernement[44].

2.1 Le rôle de la société et de la culture

[38] Ce n’est que progressivement que la personne humaine accède à l’expérience morale et devient capable de se dire à elle-même les préceptes qui doivent guider son agir. Elle y parvient dans la mesure où, dès sa naissance, elle a été insérée dans un réseau de relations humaines, à commencer par la famille, qui lui ont permis de prendre peu à peu conscience d’elle-même et du réel qui l’entoure. Cela s’est fait en particulier par l’apprentissage d’une langue – la langue maternelle – qui apprend à nommer les choses et permet d’advenir comme sujet conscient de soi. Orientée par les personnes qui l’entourent, imprégnée de la culture dans laquelle elle est immergée, la personne perçoit certaines façons de se comporter et de penser comme des valeurs à poursuivre, des lois à observer, des exemples à imiter, des visions du monde à accueillir. Le contexte social et culturel joue donc un rôle décisif dans l’éducation aux valeurs morales. On ne saurait cependant opposer ces conditionnements à la liberté humaine. Bien plutôt, ils la rendent possible puisque c’est à travers eux que la personne peut accéder à l’expérience morale qui lui permettra de réviser, éventuellement, certaines des « évidences » qu’elle avait intériorisées lors de son apprentissage moral. D’ailleurs, dans le contexte de globalisation qui est le nôtre, les sociétés et les cultures elles-mêmes doivent inévitablement pratiquer un dialogue et un échange sincères, fondés sur la co-responsabilité de tous vis-à-vis du bien commun de la planète : il leur faut laisser de côté les intérêts particuliers pour accéder aux valeurs morales que tous sont appelés à partager.

2.2 L’expérience morale : « Il faut faire le bien ».

[39] Tout être humain qui accède à la conscience et à la responsabilité fait l’expérience d’un appel intérieur à accomplir le bien. Il découvre qu’il est fondamentalement un être moral, capable de percevoir et d’exprimer l’interpellation qui, comme on l’a vu, se retrouve à l’intérieur de toutes les cultures : « Il faut faire le bien et éviter le mal ». C’est sur ce précepte que se fondent tous les autres préceptes de la loi naturelle[45]. Ce premier précepte est connu naturellement, immédiatement, par la raison pratique, tout comme le principe de non-contradiction (l’intelligence ne peut, simultanément et sous le même aspect, affirmer et nier une chose d’un sujet), qui est au fondement de tout raisonnement spéculatif, est saisi intuitivement, naturellement, par la raison théorique, dès lors que le sujet comprend le sens des termes utilisés. Traditionnellement, cette connaissance du premier principe de la vie morale est attribuée à une disposition intellectuelle innée qu’on appelle la syndérèse[46].

[40] Avec ce principe, nous nous situons d’emblée dans le domaine de la moralité. Le bien qui s’impose ainsi à la personne est en effet le bien moral, c’est-à-dire un comportement qui, dépassant les catégories de l’utile, va dans le sens de la réalisation authentique de cet être à la fois un et diversifié qu’est la personne humaine. L’activité humaine est irréductible à une simple question d’adaptation à l’« écosystème » : être humain, c’est exister et se situer à l’intérieur d’un cadre plus large qui définit un sens, des valeurs et des responsabilités. En recherchant le bien moral, la personne contribue à l’accomplissement de sa nature, au-delà des impulsions de l’instinct ou de la recherche d’un plaisir particulier. Ce bien porte témoignage à lui-même et il est compris à partir de lui-même[47].

[41] Le bien moral correspond au désir profond de la personne humaine qui – comme tout être – tend spontanément, naturellement, vers ce qui la réalise pleinement, vers ce qui lui permet d’atteindre la perfection qui lui est propre, le bonheur. Malheureusement, le sujet peut toujours se laisser entraîner par des désirs particuliers et choisir des biens ou poser des gestes qui vont à l’encontre du bien moral qu’il perçoit. Il peut refuser de se dépasser. C’est la rançon d’une liberté limitée en elle-même et affaiblie par le péché, une liberté qui ne rencontre que des biens particuliers, dont aucun ne peut satisfaire pleinement le cœur de l’homme. Il revient à la raison du sujet d’examiner si ces biens particuliers peuvent s’intégrer à la réalisation authentique de la personne : auquel cas, ils seront jugés moralement bons et, dans le cas contraire, moralement mauvais.

[42] Cette dernière affirmation est capitale. Elle fonde la possibilité d’un dialogue avec des personnes appartenant à d’autres horizons culturels ou religieux. Elle met en valeur l’éminente dignité de toute personne humaine en soulignant son aptitude naturelle à connaître le bien moral qu’elle doit accomplir. Comme toute créature, la personne humaine se définit par un faisceau de dynamismes et de finalités qui est antérieur aux choix libres de la volonté. Mais, à la différence des êtres qui ne sont pas dotés de raison, elle est capable de connaître et d’intérioriser ces finalités, et donc d’apprécier, en fonction d’elles, ce qui est bon ou mauvais pour elle. En cela, elle perçoit la loi éternelle, c’est-à-dire le plan de Dieu sur la création, et elle participe à la providence de Dieu d’une manière particulièrement excellente en se dirigeant soi-même et en dirigeant les autres[48]. Cette insistance sur la dignité du sujet moral et sur son autonomie relative s’enracine dans la reconnaissance de l’autonomie des réalités créées et rejoint une donnée fondamentale de la culture contemporaine[49].

[43] L’obligation morale que perçoit le sujet ne vient donc pas d’une loi qui lui serait extérieure (hétéronomie pure) mais elle s’affirme à partir de lui-même. En effet, comme l’indique l’axiome que nous avons évoqué : « Il faut faire le bien et éviter le mal », le bien moral que la raison détermine « s’impose » au sujet. Il « doit » être accompli. Il revêt un caractère d’obligation et de loi. Mais le terme de « loi » ne renvoie ici ni aux lois scientifiques qui se contentent de décrire les constantes factuelles du monde physique ou social, ni à un impératif imposé arbitrairement de l’extérieur au sujet moral. La loi désigne ici une orientation de la raison pratique qui indique au sujet moral quel type d’agir est conforme au dynamisme foncier et nécessaire de son être qui tend à sa pleine réalisation. Cette loi est normative en vertu d’une exigence interne à l’esprit. Elle jaillit du cœur même de notre être comme un appel à l’accomplissement et au dépassement de soi. Il ne s’agit donc pas tant de se soumettre à la loi d’un autre que d’accueillir la loi de son propre être.

2.3. La découverte des préceptes de la loi naturelle : universalité de la loi naturelle.

[44] Une fois posée l’affirmation de base qui introduit dans l’ordre moral - « il faut faire le bien et éviter le mal » -, voyons comment s’opère dans le sujet la reconnaissance des lois fondamentales qui doivent gouverner l’agir humain. Elle n’est pas le fait d’une considération abstraite de la nature humaine ni de l’effort de conceptualisation qui sera ensuite le propre de la théorisation philosophique et théologique. La perception des biens moraux fondamentaux est immédiate, vitale, fondée sur la connaturalité de l’esprit avec les valeurs et elle engage aussi bien l’affectivité que l’intelligence, le cœur que l’esprit. C’est une saisie souvent imparfaite, encore obscure et crépusculaire, mais qui a la profondeur de l’immédiateté. Il s’agit ici des données de l’expérience la plus simple et la plus commune qui sont implicites dans l’agir concret des personnes.

[45] Dans sa recherche du bien moral, la personne humaine se met à l’écoute de ce qu’elle est et elle prend conscience des inclinations fondamentales de sa nature, qui sont tout autre chose que de simples poussées aveugles du désir. Percevant que les biens vers lesquels elle tend par nature sont nécessaires à son accomplissement moral, elle se formule à elle-même sous forme d’injonctions pratiques le devoir moral de les mettre en œuvre dans sa vie. Elle s’exprime à elle-même un certain nombre de préceptes très généraux qu’elle partage avec tous les êtres humains et qui constituent le contenu de ce qu’on appelle la loi naturelle.

[46] On distingue traditionnellement trois grands ensembles de dynamismes naturels qui sont à l’œuvre dans la personne humaine[50]. Le premier, qui lui est commun avec tout être substantiel, comprend essentiellement l’inclination à conserver et à développer son existence. Le deuxième, qui lui est commun avec tous les vivants, comprend l’inclination à se reproduire pour perpétuer l’espèce. Le troisième, qui lui est propre comme être rationnel, comporte l’inclination à connaître la vérité sur Dieu ainsi que l’inclination à vivre en société. À partir de ces inclinations peuvent se formuler les préceptes premiers de la loi naturelle, connus naturellement. Ces préceptes demeurent très généraux mais forment comme un substrat premier qui est à la base de toute la réflexion ultérieure sur le bien à pratiquer et le mal à éviter.



[47] Pour sortir de cette généralité et éclairer les choix concrets à faire, il faut faire appel à la raison discursive, qui va déterminer quels sont les biens moraux susceptibles d’accomplir la personne – et l’humanité – et formuler des préceptes plus concrets capables de diriger son agir. Dans cette nouvelle étape, la connaissance du bien moral procède par raisonnement. Ce raisonnement demeure assez simple à l’origine : une expérience de vie limitée y suffit et il se maintient à l’intérieur des possibilités intellectuelles de chacun. On parle ici des « préceptes seconds » de la loi naturelle, découverts grâce à une plus ou moins longue considération de la raison pratique, par contraste avec les préceptes généraux fondamentaux que la raison saisit de façon spontanée et qui sont appelés « préceptes premiers »[51].

2.4. Les préceptes de la loi naturelle

[48] Nous avons identifié chez la personne humaine une première inclination, qu’elle partage avec tous les êtres : l’inclination à conserver et à développer son existence. Il y a habituellement, chez les vivants, une réaction spontanée face à la menace imminente de mort : on la fuit, on défend l’intégrité de son existence, on lutte pour survivre. La vie physique apparaît naturellement comme un bien fondamental, essentiel, primordial, d’où le précepte de protéger sa vie. Sous cet énoncé relatif à la conservation de la vie se profilent des inclinations vers tout ce qui contribue, d’une manière propre à l’homme, au maintien et à la qualité de la vie biologique : intégrité du corps ; usage des biens extérieurs qui garantissent la subsistance et l’intégrité de la vie tels que la nourriture, le vêtement, le logement, le travail ; la qualité de l’environnement biologique… À partir de ces inclinations, l’être humain se formule des fins à réaliser qui contribuent au développement harmonieux et responsable de son être propre et qui, à ce titre, lui apparaissent comme des biens moraux, des valeurs à poursuivre, des obligations à remplir, voire des droits à faire valoir. En effet, le devoir de préserver sa propre vie a comme corrélatif le droit de réclamer ce qui est nécessaire à sa conservation dans un environnement favorable[52].

[49] La deuxième inclination, qui est commune à tous les vivants, concerne la survie de l’espèce qui se réalise par la procréation. La génération s’inscrit dans le prolongement de la tendance à persévérer dans l’être. Si la perpétuité de l’existence biologique est impossible à l’individu lui-même, elle est possible pour l’espèce et ainsi, dans une certaine mesure, se trouve surmontée la limite inhérente à tout être physique. Le bien de l’espèce apparaît ainsi comme une des aspirations fondamentales qui habitent la personne. Nous en prenons particulièrement conscience de nos jours quand certaines perspectives comme le réchauffement climatique avivent notre sens des responsabilités vis-à-vis de la planète comme telle et de l’espèce humaine en particulier. Cette ouverture à un certain bien commun de l’espèce annonce déjà certaines aspirations propres à l’homme. Le dynamisme vers la procréation est intrinsèquement liée à l’inclination naturelle qui porte l’homme vers la femme et la femme vers l’homme, donnée universelle reconnue dans toutes les sociétés. Il en est de même pour l’inclination à prendre soin des enfants et à les éduquer. Ces inclinations impliquent que la permanence du couple de l’homme et de la femme, voire même leur fidélité mutuelle, sont déjà des valeurs à poursuivre, même si elles ne pourront s’épanouir pleinement que dans l’ordre spirituel de la communion interpersonnelle[53] .

[50] Le troisième ensemble d’inclinations est spécifique à l’être humain comme être spirituel, doté de raison, capable de connaître la vérité, d’entrer en dialogue avec les autres et de nouer des relations d’amitié. Aussi doit-on lui attacher une importance toute particulière. L’inclination à vivre en société vient d’abord de ce que l’être humain a besoin des autres pour surmonter ses limites individuelles intrinsèques et atteindre sa maturité dans différents domaines de son existence. Mais, pour épanouir pleinement sa nature spirituelle, il a besoin de nouer avec ses semblables des relations de généreuse amitié et de développer une coopération intense pour la recherche de la vérité. Son bien intégral est si intimement lié à la vie en communauté que c’est en vertu d’une inclination naturelle et non d’une simple convention qu’il s’organise en société politique[54]. Le caractère relationnel de la personne s’exprime aussi par la tendance à vivre en communion avec Dieu ou l’Absolu. Celle-ci se manifeste dans le sentiment religieux et le désir de connaître Dieu. Elle peut certes être niée par ceux qui refusent d’admettre l’existence d’un Dieu personnel, mais elle n’en demeure pas moins implicitement présente dans la recherche de la vérité et du sens qui habite tout être humain.

[51] À ces tendances spécifiques à l’homme correspond l’exigence perçue par la raison de réaliser concrètement cette vie de relations et de construire la vie en société sur des bases justes qui correspondent au droit naturel. Cela implique la reconnaissance de l’égale dignité de tout individu de l’espèce humaine, au-delà des différences de race et de culture, et un grand respect pour l’humanité où qu’elle se trouve, y compris dans le plus petit et le plus méprisé de ses membres. « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ». Nous retrouvons ici la règle d’or qui est mise aujourd’hui au principe même d’une morale de la réciprocité. Le chapitre 1 nous a permis de repérer la présence de cette règle dans la plupart des sagesses ainsi que dans l’Evangile lui-même. C’est en se référant à une formulation négative de la règle d’or que saint Jérôme manifestait l’universalité de plusieurs préceptes moraux. « C’est pourquoi juste est le jugement de Dieu qui écrit dans le cœur du genre humain : ‘Ce que tu ne veux pas que l’on te fasse, ne le fais pas à autrui’. Qui ne sait que l’homicide, l’adultère, les vols et toute espèce de convoitise sont le mal, de ce fait que nous ne voudrions pas que cela nous fût fait à nous-mêmes ? Si l’on ne savait pas que ces choses sont mauvaises, jamais on ne se plaindrait quand elles nous sont infligées[55]. » A la règle d’or se rattachent plusieurs commandements du Décalogue, ainsi que de nombreux préceptes bouddhistes, voire des règles confucéennes, ou encore la plupart des orientations des grandes Chartes qui énumèrent les droits de la personne.

[52] Au terme de cette rapide explicitation des principes moraux qui découlent de la prise en compte par la raison des inclinations fondamentales de la personne humaine, nous sommes en présence d’un ensemble de préceptes et de valeurs qui, au moins dans leur formulation générale, peuvent être considérés comme universels, car ils s’appliquent à toute l’humanité. Ils revêtent aussi un caractère d’immutabilité dans la mesure où ils découlent d’une nature humaine dont les composantes essentielles demeurent identiques tout au long de l’histoire. Il peut toutefois arriver qu’ils soient obscurcis ou même effacés du cœur humain en raison du péché et des conditionnements culturels et historiques qui peuvent influencer négativement la vie morale personnelle : idéologies et propagandes insidieuses, relativisme généralisé, structures de péché[56]… Il faut donc être modeste et prudent lorsqu’on invoque l’« évidence » des préceptes de la loi naturelle. Mais on n’en est pas moins justifié à reconnaître en ces préceptes le fond commun sur lequel peut s’appuyer un dialogue en vue d’une éthique universelle. Les protagonistes de ce dialogue doivent cependant apprendre à faire abstraction de leurs intérêts particuliers pour s’ouvrir aux besoins des autres et se laisser interpeller par les valeurs morales communes. Dans une société pluraliste, où il est difficile de s’entendre sur les fondements philosophiques, un tel dialogue est absolument nécessaire. La doctrine de la loi naturelle peut apporter sa contribution à un tel dialogue.

2.5. L’application des préceptes communs : historicité de la loi naturelle

[53] Il est impossible de demeurer au niveau de généralité qui est celui des principes premiers de la loi naturelle. La réflexion morale, en effet, a besoin de descendre dans le concret de l’action pour y jeter sa lumière. Mais plus elle affronte des situations concrètes et contingentes, plus ses conclusions sont affectées d’une note de variabilité et d’incertitude. Il n’est donc pas surprenant que la mise en œuvre concrète des préceptes de la loi naturelle puisse prendre des formes différentes dans les différentes cultures ou même à des époques différentes à l’intérieur d’une même culture. Il suffit d’évoquer l’évolution de la réflexion morale sur des questions comme l’esclavage, le prêt à intérêt, le duel ou la peine de mort. Parfois, cette évolution conduit à une meilleure compréhension de l’interpellation morale. Parfois aussi, l’évolution de la situation politique ou économique amène une réévaluation des normes particulières qui avaient été établies auparavant. La morale s’occupe en effet de réalités contingentes qui évoluent dans le temps. Bien qu’il vécût à une époque de chrétienté, un théologien comme saint Thomas d’Aquin en avait une perception très nette. « La raison pratique, écrivait-il dans la Somme de théologie, s’occupe de réalités contingentes, dans lesquelles s’exercent les actions humaines. C’est pourquoi, bien que dans les principes généraux il y ait quelque nécessité, plus on aborde les choses particulières, plus il y a d’indétermination [...]. Dans le domaine de l’action, la vérité ou la rectitude pratique n’est pas la même chez tous dans les applications particulières, mais uniquement dans les principes généraux ; et chez ceux pour lesquels la rectitude est identique dans leurs actions propres, elle n’est pas également connue de tous. […] Et ici, plus on descend dans le détail, plus l’indétermination augmente[57]. »

[54] Cette perspective rend compte de l’historicité de la loi naturelle, dont les applications concrètes peuvent varier dans le temps. En même temps, elle ouvre une porte à la réflexion des moralistes, en appelle au dialogue et à la discussion. Cela est d’autant plus nécessaire qu’en morale la pure déduction par syllogisme n’est pas adéquate. Plus le moraliste aborde des situations concrètes, plus il doit faire appel à la sagesse de l’expérience, une expérience qui intègre les apports des autres sciences et qui se nourrit au contact des femmes et des hommes engagés dans l’action. Seule cette sagesse de l’expérience permet de prendre en compte la multiplicité des circonstances et d’arriver à une orientation sur la manière d’accomplir ce qui est bon hic et nunc. Le moraliste doit aussi (et c’est là la difficulté de son travail) faire appel aux ressources combinées de la théologie, de la philosophie ainsi que des sciences humaines, économiques et biologiques pour bien cerner les données de la situation et identifier correctement les exigences concrètes de la dignité humaine. Il doit en même temps être particulièrement attentif à sauvegarder les données de base exprimées par les préceptes de la loi naturelle qui demeurent par-delà les variations culturelles.

2.6. Les dispositions morales de la personne et son agir concret

[55] Pour arriver à une juste évaluation des choses à faire, le sujet moral doit être doté d’un certain nombre de dispositions intérieures qui lui permettent tout à la fois d’être ouvert aux interpellations de la loi naturelle et bien informé des données de la situation concrète. Dans le contexte de pluralisme, qui est le nôtre, on est de plus en plus conscient qu’on ne peut élaborer une morale fondée sur la loi naturelle sans y joindre une réflexion sur les dispositions intérieures ou vertus qui rendent le moraliste apte à élaborer une norme d’action adéquate. Cela est encore plus vrai pour le sujet engagé lui-même dans l’action et qui doit poser un jugement de conscience. Il n’est donc pas surprenant que l’on assiste aujourd’hui à un nouvel essor d’une « morale des vertus » inspirée de la tradition aristotélicienne. En insistant ainsi sur les qualités morales requises pour une réflexion morale adéquate, on comprend la place importante que les diverses cultures réservent à la figure du sage. Celui-ci jouit d’une capacité particulière de discernement dans la mesure où il possède les dispositions morales intérieures qui lui permettent de poser un jugement éthique adéquat. C’est un discernement de ce type qui doit caractériser le moraliste quand il s’efforce de concrétiser les préceptes de la loi naturelle, ainsi que tout sujet autonome sommé de porter un jugement de conscience et de formuler la norme immédiate et concrète de son action.

[56] La morale ne peut donc se contenter de produire des normes. Elle doit aussi favoriser la formation du sujet pour qu’engagé dans l’action il soit capable d’adapter les préceptes universels de la loi naturelle aux conditions concrètes de l’existence dans des contextes culturels divers. Cette capacité est assurée par les vertus morales, particulièrement par la prudence qui intègre la singularité pour diriger l’action concrète. L’homme prudent doit posséder non seulement la connaissance de l’universel mais aussi la connaissance du particulier. Pour bien marquer le caractère propre de cette vertu, saint Thomas d’Aquin ne craint pas de dire : « S’il lui arrive de n’avoir qu’une des deux connaissances, il est préférable que ce soit la connaissance des réalités particulières qui touchent de plus près l’opération[58]. » Avec la prudence, il s’agit de pénétrer une contingence qui demeure toujours mystérieuse pour la raison, de se mouler sur la réalité de la façon la plus exacte possible, d’assimiler la multiplicité des circonstances, d’enregistrer le plus fidèlement possible une situation originale et ineffable. Un tel objectif nécessite de nombreuses opérations et habiletés que la prudence doit mettre en place.

[57] Toutefois le sujet ne doit pas se perdre dans le concret et l’individuel, comme on l’a reproché à « l’éthique de situation ». Il doit découvrir la « droite règle de l’agir » et établir une norme d’action adéquate. Cette règle droite découle de principes préalables. On pense ici aux premiers principes de la raison pratique, mais il revient aussi aux vertus morales d’ouvrir et de connaturaliser la volonté et l’affectivité sensible aux différents biens humains et d’indiquer ainsi à l’homme prudent quelles sont les fins qu’il doit poursuivre dans le flux du quotidien. Ce n’est qu’à ce moment qu’il sera à même de formuler la norme concrète qui s’impose et d’imprégner l’action circonstanciée d’un rayon de justice, de force ou de tempérance. Il ne serait pas faux de parler ici de l’exercice d’une « intelligence émotionnelle » : les puissances rationnelles, sans perdre leur spécificité, s’exercent à l’intérieur du champ affectif, de sorte que la totalité de la personne est engagée dans l’action morale.

[58] La prudence est indispensable au sujet moral à cause de la souplesse que requiert l’adaptation des principes moraux universels à la diversité des situations. Mais cette souplesse n’autorise pas à voir dans la prudence une sorte de sens du compromis facile eu égard aux valeurs morales. Bien au contraire, c’est à travers les décisions de la prudence que s’expriment pour un sujet les exigences concrètes de la vérité morale. La prudence est un passage nécessaire pour l’obligation morale authentique.

[59] Il y a là une perspective qui, à l’intérieur d’une société pluraliste comme la nôtre, revêt une importance qu’on ne saurait sous-estimer sans en subir des dommages considérables. En effet, elle prend acte du fait que la science morale ne peut fournir au sujet agissant une norme qui s’appliquerait de façon adéquate et comme automatique à la situation concrète : seule la conscience du sujet, le jugement de sa raison pratique, peut formuler la norme immédiate de l’action. Mais en même temps elle n’abandonne pas la conscience à la seule subjectivité : elle vise à faire acquérir au sujet les dispositions intellectuelles et affectives qui lui permettent de s’ouvrir à la vérité morale de telle sorte que son jugement soit adéquat. La loi naturelle ne saurait donc être présentée comme un ensemble déjà constitué de règles qui s’imposent a priori au sujet moral, mais elle est une source d’inspiration objective pour sa démarche, éminemment personnelle, de prise de décision.


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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 14:46

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_con_cfaith_doc_20090520_legge-naturale_fr.html

COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE

A LA RECHERCHE D’UNE ETHIQUE UNIVERSELLE :
NOUVEAU REGARD SUR LA LOI NATURELLE * (Suite 2 & Fin)

Chapitre 3. Les fondements théoriques de la loi naturelle

3.1. De l’expérience aux théories

[60] La saisie spontanée des valeurs éthiques fondamentales, qui s’expriment dans les préceptes de la loi naturelle, constitue le point de départ du processus qui conduit ensuite le sujet moral jusqu’au jugement de conscience dans lequel il énonce quelles sont les exigences morales qui s’imposent à lui dans sa situation concrète. Il appartient au philosophe et au théologien d’opérer un retour sur cette expérience de la saisie des premiers principes de l’éthique pour en éprouver la valeur et la fonder en raison. La reconnaissance de ces fondements philosophiques ou théologiques ne conditionne pas toutefois l’adhésion spontanée aux valeurs communes. En effet, le sujet moral peut mettre en œuvre pratiquement les orientations de la loi naturelle sans être capable, en raison de conditionnements intellectuels particuliers, d’en discerner explicitement les fondements théoriques ultimes.

[61] La justification philosophique de la loi naturelle présente deux niveaux de cohérence et de profondeur. L’idée d’une loi naturelle se justifie tout d’abord au plan de l’observation réfléchie des constantes anthropologiques qui caractérisent une humanisation réussie de la personne et une vie sociale harmonieuse. L’expérience réfléchie, véhiculée par les sagesses traditionnelles, les philosophies ou les sciences humaines, permet de déterminer quelques-unes des conditions requises pour que chacun déploie au mieux ses capacités humaines dans sa vie personnelle et communautaire[59]. C’est ainsi que certains comportements sont reconnus comme exprimant une excellence exemplaire dans la manière de vivre et de réaliser son humanité. Ils définissent les grandes lignes d’un idéal proprement moral d’une vie vertueuse « selon la nature », c’est-à-dire conforme à la nature profonde du sujet humain[60].

[62] Cependant, seule la prise en compte de la dimension métaphysique du réel peut donner à la loi naturelle sa pleine et entière justification philosophique. En effet, la métaphysique permet de comprendre que l’univers n’a pas en lui-même sa raison d’être ultime et elle met au jour la structure fondamentale du réel : la distinction entre Dieu, l’Etre même subsistant, et les autres êtres posés par Lui dans l’existence. Dieu est le Créateur, la source, libre et transcendante, de tous les autres êtres. Ceux-ci reçoivent de lui, « avec mesure, nombre et poids » (Sg 11, 20), l’existence selon une nature qui les définit. Les créatures sont donc l’épiphanie d’une sagesse créatrice personnelle, d’un Logos fondateur qui s’exprime et se manifeste en elles. « Toute créature est verbe divin, parce qu’elle parle de Dieu », écrit saint Bonaventure[61].

[63] Le Créateur est non seulement le principe des créatures mais aussi la fin transcendante vers laquelle elles tendent par nature. Aussi les créatures sont-elles animées par un dynamisme qui les porte à s’accomplir, chacune à sa manière, dans l’union à Dieu. Ce dynamisme est transcendant, dans la mesure où il procède de la loi éternelle, c’est-à-dire du plan de la providence divine qui existe dans l’esprit du Créateur[62]. Mais il est aussi immanent, parce qu’il n’est pas imposé du dehors aux créatures mais inscrit dans leur nature même. Les créatures purement matérielles réalisent spontanément la loi de leur être, tandis que les créatures spirituelles la réalisent de façon personnelle. En effet, elles intériorisent les dynamismes qui les définissent et elles les orientent librement vers leur plein accomplissement. Elles se les formulent à elles-mêmes comme normes fondamentales de leur agir moral – c’est la loi naturelle proprement dite – et elles s’efforcent de les accomplir librement. La loi naturelle se définit alors comme une participation à la loi éternelle[63]. Elle est médiatisée, d’une part, par les inclinations de la nature, expressions de la sagesse créatrice, et, d’autre part, par la lumière de la raison humaine qui les interprète et qui est elle-même une participation créée à la lumière de l’Intelligence divine. L’éthique se présente ainsi comme une « théonomie participée[64] ».

3.2. Nature, personne et liberté

[64] La notion de nature est particulièrement complexe et elle n’est d’aucune manière univoque. En philosophie, la pensée grecque de la physis joue un rôle matriciel. La nature y désigne le principe de l’identité ontologique spécifique d’un sujet, c’est-à-dire son essence qui se définit par un ensemble de caractéristiques intelligibles stables. Cette essence prend le nom de nature surtout quand elle est envisagée comme le principe interne du mouvement qui oriente le sujet vers son accomplissement. Loin de renvoyer à une donnée statique, la notion de nature signifie le principe dynamique réel du développement homogène du sujet et de ses activités spécifiques. La notion de nature a d’abord été formée pour penser les réalités matérielles et sensibles, mais elle ne se limite pas à ce domaine « physique » et s’applique analogiquement aux réalités spirituelles.

[65] L’idée selon laquelle les êtres possèdent une nature s’impose à l’esprit dès lors qu’il veut rendre raison de la finalité immanente aux êtres et de la régularité qu’il perçoit dans leurs façons d’agir et de réagir[65]. Considérer les êtres comme des natures revient donc à leur reconnaître une consistance propre et à affirmer qu’ils sont des centres relativement autonomes dans l’ordre de l’être et de l’agir et non pas de simples illusions ou des constructions temporaires de la conscience. Ces « natures » ne sont pas pour autant des unités ontologiques closes, refermées sur elles-mêmes et purement juxtaposés les unes aux autres. Elles agissent les unes sur les autres, entretiennent entre elles des rapports complexes de causalité. Dans l’ordre spirituel, les personnes tissent des relations intersubjectives. Les natures forment donc un réseau et, en dernière analyse, un ordre, c’est-à-dire une série unifiée par la référence à un principe[66].

[66] Avec le christianisme, la physis des Anciens est repensée et intégrée dans une vision plus large et plus profonde de la réalité. D’une part, le Dieu de la révélation chrétienne n’est pas une simple composante de l’univers, un élément du grand Tout de la nature. Au contraire, il est le créateur, transcendant et libre, de l’univers. En effet, l’univers fini ne peut se fonder lui-même mais il pointe vers le mystère d’un Dieu infini, qui, par pur amour, l’a créé ex nihilo et demeure libre d’intervenir dans le cours de la nature chaque fois qu’il le veut. D’autre part, le mystère transcendant de Dieu se reflète dans le mystère de la personne humaine comme image de Dieu. La personne humaine est capable de connaissance et d’amour ; elle est douée de liberté, capable d’entrer en communion avec d’autres et appelée par Dieu à une destinée qui transcende les finalités de la nature physique. Elle s’accomplit dans une libre et gratuite relation d’amour avec Dieu qui se réalise dans une histoire.

[67] Par son insistance sur la liberté comme condition de la réponse de l’homme à l’initiative de l’amour de Dieu, le christianisme a contribué de façon déterminante à donner toute sa place à la notion de personne dans le discours philosophique, d’une manière qui a eu une influence décisive sur les doctrines éthiques. En outre, l’exploration théologique du mystère chrétien a conduit à un approfondissement très significatif du thème philosophique de la personne. D’une part, la notion de personne sert à désigner dans leur distinction le Père, le Fils et l’Esprit saint dans le mystère infini de l’unique nature divine. D’autre part, la personne est le point où, dans le respect de la distinction et de la distance entre les deux natures, divine et humaine, se noue l’unité ontologique de l’Homme-Dieu, Jésus-Christ. Dans la tradition théologique chrétienne, la personne présente deux aspects complémentaires. D’une part, selon la définition de Boèce, reprise par la théologie scolastique, la personne est une « substance (subsistant) individuelle de nature rationnelle[67] ». Elle renvoie à l’unicité d’un sujet ontologique qui, étant de nature spirituelle, jouit d’une dignité et d’une autonomie qui se manifeste dans la conscience de soi et la libre maîtrise de son agir. D’autre part, la personne se manifeste dans sa capacité à entrer en relation : elle déploie son action dans l’ordre de l’intersubjectivité et de la communion dans l’amour.

[68] La personne ne s’oppose pas à la nature. Au contraire, nature et personne sont deux notions qui se complètent. D’une part, toute personne humaine est une réalisation unique de la nature humaine entendue au sens métaphysique. D’autre part, la personne humaine, dans les choix libres par lesquels elle répond dans le concret de son ici et maintenant à sa vocation unique et transcendante, assume les orientations données par sa nature. La nature pose en effet les conditions d’exercice de la liberté et indique une orientation pour les choix que doit effectuer la personne. En scrutant l’intelligibilité de sa nature, la personne découvre ainsi les chemins de sa réalisation.

3.3. La nature, l’homme et Dieu : de l’harmonie au conflit.

[69] Le concept de loi naturelle suppose l’idée que la nature est porteuse pour l’homme d’un message éthique et constitue une norme morale implicite qu’actualise la raison humaine. La vision du monde à l’intérieur de laquelle la doctrine de la loi naturelle s’est développée et trouve encore aujourd’hui tout son sens implique donc la conviction raisonnée qu’il existe une harmonie entre ces trois instances que sont Dieu, l’homme et la nature. Dans cette perspective, le monde est perçu comme un tout intelligible, unifié par la commune référence des êtres qui le composent à un principe divin fondateur, à un Logos. Au-delà du Logos impersonnel et immanent découvert par le stoïcisme et présupposé par les sciences modernes de la nature, le christianisme affirme qu’il y a le Logos personnel, transcendant et créateur. « Ce ne sont pas les éléments du cosmos, les lois de la matière qui, en définitive, gouvernent le monde et l’homme, mais c’est un Dieu personnel qui gouverne les étoiles, à savoir l’univers ; ce ne sont pas les lois de la matière et de l’évolution qui sont l’instance ultime, mais la raison, la volonté, l’amour – une Personne[68]. » Le Logos divin personnel – Sagesse et Parole de Dieu - est non seulement l’Origine et le Modèle intelligible transcendant de l’univers mais il est aussi celui qui le maintient dans une unité harmonieuse et le conduit vers sa fin[69]. Par les dynamismes que le Verbe créateur a inscrit à l’intime des êtres, il les oriente vers leur plein accomplissement. Cette orientation dynamique n’est autre que le gouvernement divin qui est la mise en œuvre dans le temps du plan de la providence, c’est-à-dire de la loi éternelle.

[70] Chaque créature participe à sa manière au Logos. L’homme, parce qu’il se définit lui-même par la raison ou logos, y participe d’une manière éminente. En effet, par sa raison, il est capable d’intérioriser librement les intentions divines manifestées dans la nature des choses. Il se les formule pour lui-même sous la forme d’une loi morale qui inspire et oriente sa propre action. Dans cette perspective, l’homme n’est pas l’autre de la nature. Au contraire, il entretient avec le cosmos un lien de familiarité fondé sur une commune participation au Logos divin.

[71] Pour diverses raisons historiques et culturelles, qui se rattachent en particulier à l’évolution des idées pendant le Moyen Age tardif, cette vision du monde a perdu sa prééminence culturelle. La nature des choses a cessé de faire loi pour l’homme moderne. Elle n’est plus une référence pour l’éthique. Au plan métaphysique, la substitution des pensées de l’univocité de l’être aux pensées de l’analogie de l’être puis le nominalisme ont sapé les fondements de la doctrine de la création comme participation au Logos qui rendait raison d’une certaine unité entre l’homme et la nature. L’univers nominaliste de Guillaume d’Ockham se réduit ainsi à une juxtaposition de réalités individuelles sans profondeur, puisque tout universel réel, c’est-à-dire tout principe de communion entre les êtres, est dénoncé comme une illusion langagière. Au plan anthropologique, les développements du volontarisme et l’exaltation corrélative de la subjectivité, définie par la liberté d’indifférence vis-à-vis de toute inclination naturelle, ont creusé un fossé entre le sujet humain et la nature. Désormais, certains estiment que la liberté humaine est essentiellement le pouvoir de tenir pour rien ce que l’homme est par nature. Le sujet devrait donc refuser toute signification à ce qu’il n’a pas choisi personnellement et décider pour lui-même ce que c’est que d’être homme. L’homme s’est donc de plus en plus compris comme un « animal dénaturé », un être anti-naturel qui s’affirme d’autant mieux qu’il s’oppose davantage à la nature. La culture, propre de l’homme, est alors définie non pas comme une humanisation ou une transfiguration de la nature par l’esprit mais comme une négation pure et simple de la nature. Le principal résultat de ces évolutions a été la scission du réel en trois sphères séparées, voire opposées : la nature, la subjectivité humaine et Dieu.

[72] Avec l’éclipse de la métaphysique de l’être, seule capable de fonder en raison l’unité différenciée de l’esprit et de la réalité matérielle, et avec la montée du volontarisme, le règne de l’esprit a été radicalement opposé au règne de la nature. La nature n’est plus considérée comme une épiphanie du Logos, mais comme « l’autre » de l’esprit. Elle est réduite au domaine de la corporéité et de la stricte nécessité, et d’une corporéité sans profondeur puisque le monde des corps est identifié à l’étendue, régie certes par des lois mathématiques intelligibles mais dénuée de toute téléologie ou finalité immanente. La physique cartésienne puis la physique newtonienne ont répandu cette image d’une matière inerte, qui obéit passivement aux lois du déterminisme universel que lui impose l’Esprit divin et que la raison humaine peut parfaitement connaître et maîtriser[70]. Seul l’homme peut injecter un sens et un projet dans cette masse amorphe et insignifiante qu’il manipule à ses propres fins par la technique. La nature cesse d’être maîtresse de vie et de sagesse pour devenir le lieu où s’affirme la puissance prométhéenne de l’homme. Cette vision semble mettre en valeur la liberté humaine mais, en fait, en opposant liberté et nature, elle prive la liberté humaine de toute norme objective pour sa conduite. Elle conduit à l’idée d’une création humaine toute arbitraire des valeurs, voire au nihilisme pur et simple.

[73] Dans ce contexte où la nature ne recèle plus aucune rationalité téléologique immanente et semble avoir perdu toute affinité ou parenté avec le monde de l’esprit, le passage de la connaissance des structures de l’être au devoir moral qui semble en dériver devient effectivement impossible et tombe sous la critique du « sophisme ou paralogisme naturaliste (naturalistic fallacy) », dénoncé par David Hume puis par George Edward Moore dans ses Principia Ethica (1903). Le bien est en effet déconnecté de l’être et du vrai. L’éthique est séparée de la métaphysique.

[74] L’évolution de la compréhension du rapport de l’homme à la nature se traduit aussi par la résurgence d’un dualisme anthropologique radical qui oppose l’esprit et le corps, puisque le corps est en quelque sorte la « nature » en chacun de nous[71]. Ce dualisme se manifeste dans le refus de reconnaître une quelconque signification humaine et éthique aux inclinations naturelles qui précèdent les choix de la raison individuelle. Le corps, réalité jugée étrangère à la subjectivité, devient un pur « avoir », un objet manipulé par la technique en fonction des intérêts de la subjectivité individuelle[72].

[75] En outre, en raison de l’émergence d’une conception métaphysique où l’action humaine et l’action divine entrent en concurrence parce qu’elles sont conçues de façon univoque et situées, à tort, sur le même plan, l’affirmation, légitime, de l’autonomie du sujet humain implique que Dieu soit expulsé de la sphère de la subjectivité humaine. Toute référence à une normativité provenant de Dieu ou de la nature comme expression de la sagesse de Dieu, c’est-à-dire toute « hétéronomie », est perçue comme une menace pour l’autonomie du sujet. La notion de loi naturelle apparaît alors incompatible avec l’authentique dignité du sujet.

3.4. Chemins vers une réconciliation.

[76] Pour rendre tout son sens et toute sa force à la notion de loi naturelle comme fondement d’une éthique universelle, il importe de promouvoir un regard de sagesse, d’ordre proprement métaphysique, capable d’embrasser simultanément Dieu, le cosmos et la personne humaine pour les réconcilier dans l’unité analogique de l’être, grâce à l’idée de création comme participation.

[77] Il est tout d’abord essentiel de développer une conception non concurrentielle de l’articulation entre la causalité divine et l’activité libre du sujet humain. Le sujet humain s’accomplit lui-même en s’insérant librement dans l’action providentielle de Dieu et non pas en s’y opposant. Il lui revient de découvrir par sa raison puis d’assumer et de conduire librement à leur accomplissement les dynamismes profonds qui définissent sa nature. En effet, la nature humaine se définit par tout un ensemble de dynamismes, de tendances, d’orientations à l’intérieur desquels surgit la liberté. La liberté suppose en effet que la volonté humaine soit « mise sous tension » par le désir naturel du bien et de la fin dernière. Le libre-arbitre s’exerce alors dans le choix des objets finis qui permettent d’atteindre cette fin. Par rapport à ces biens, qui exercent sur elle un attrait qui n’est pas déterminant, la personne garde la maîtrise de son choix en raison de son ouverture congénitale sur le Bien absolu. La liberté n’est donc pas un absolu auto-créateur de lui-même mais une propriété éminente de tout sujet humain.

[78] Une philosophie de la nature, qui prend acte de la profondeur intelligible du monde sensible, et surtout une métaphysique de la création permettent ensuite de surmonter la tentation dualiste et gnostique d’abandonner la nature à l’insignifiance morale. De ce point de vue, il importe de dépasser le regard réducteur que la culture technique dominante conduit à porter sur la nature, afin de redécouvrir le message moral dont elle est porteuse comme œuvre du Logos.

[79] Toutefois, la réhabilitation de la nature et de la corporéité en éthique ne saurait équivaloir à un quelconque « physicisme ». En effet, certaines présentations modernes de la loi naturelle ont gravement méconnu la nécessaire intégration des inclinations naturelles dans l’unité de la personne. Négligeant de considérer l’unité de la personne humaine, elles absolutisaient les inclinations naturelles des diverses « parties » de la nature humaine en les juxtaposant sans les hiérarchiser et en omettant de les intégrer dans l’unité du projet personnel global du sujet. Or, explique Jean-Paul II, « les inclinations naturelles ne prennent une qualité morale qu’en tant qu’elles se rapportent à la personne humaine et à sa réalisation authentique[73] ». Il importe donc aujourd’hui de tenir simultanément deux choses. D’une part, le sujet humain n’est pas un assemblage ou une juxtaposition d’inclinations naturelles diverses et autonomes mais un tout substantiel et personnel qui a vocation à répondre à l’amour de Dieu et à s’unifier par l’orientation consentie vers une fin dernière qui hiérarchise les biens partiels manifestés par les diverses tendances naturelles. Cette unification des inclinations naturelles en fonction des fins supérieures de l’esprit, c’est-à-dire cette humanisation des dynamismes inscrits dans la nature humaine, ne représente d’aucune manière une violence qui leur serait faite. Au contraire, elle est l’accomplissement d’une promesse déjà inscrite en eux[74]. Par exemple, la haute valeur spirituelle que représente le don de soi dans l’amour mutuel des époux est déjà inscrite dans la nature même du corps sexué, qui trouve dans cet accomplissement spirituel sa raison d’être ultime. D’autre part, dans ce tout organique, chaque partie garde une signification propre et irréductible qui doit être prise en compte par la raison dans l’élaboration du projet global de la personne. La doctrine de la loi morale naturelle doit donc tenir en même temps le rôle central de la raison dans la mise en place d’un projet de vie proprement humain et la consistance et la signification propres des dynamismes naturels pré-rationnels[75].

[80] La signification morale des dynamismes naturels pré-rationnels apparaît en pleine lumière dans l’enseignement sur les péchés contre nature. Certes, tout péché est contre nature pour autant qu’il s’oppose à la droite raison et entrave le développement authentique de la personne humaine. Toutefois, certains comportements sont qualifiés d’une manière spéciale de péchés contre nature dans la mesure où ils contredisent plus directement le sens objectif des dynamismes naturels que la personne doit assumer dans l’unité de sa vie morale[76]. Ainsi le suicide délibéré et choisi va-t-il contre l’inclination naturelle à conserver et à faire fructifier son existence. Ainsi certaines pratiques sexuelles s’opposent-elles directement aux finalités reproductrices inscrites dans le corps sexué de l’homme. Par le fait même, elles contredisent aussi les valeurs inter-personnelles que doit promouvoir une vie sexuelle responsable et pleinement humaine.

[81] Le risque d’absolutiser la nature, réduite à sa pure composante physique ou biologique, et de négliger sa vocation intrinsèque à être intégrée dans un projet spirituel menace aujourd’hui certaines tendances radicales du mouvement écologique. L’exploitation irresponsable de la nature par des agents humains qui ne cherchent que le profit économique et les dangers qu’elle fait peser sur la biosphère interpellent à juste titre les consciences. Toutefois, l’« écologie profonde (deep ecology) » représente une réaction excessive. Elle prône une égalité supposée des espèces vivantes au point de ne plus reconnaître aucun rôle particulier à l’homme, ce qui, paradoxalement, sape la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la biosphère dont il fait partie. De façon encore plus radicale, certains en sont venus à considérer l’homme comme un virus destructeur qui porterait atteinte à l’intégrité de la nature et ils lui refusent toute signification et toute valeur dans la biosphère. On en vient alors à une nouvelle sorte de totalitarisme qui exclut l’existence humaine dans sa spécificité et condamne le progrès humain légitime.

[82] Il ne peut y avoir de réponse adéquate aux questions complexes de l’écologie que dans le cadre d’une compréhension plus profonde de la loi naturelle qui mette en valeur le lien entre la personne humaine, la société, la culture et l’équilibre de la sphère bio-physique dans laquelle s’incarne la personne humaine. Une écologie intégrale doit promouvoir ce qui est spécifiquement humain tout en valorisant le monde de la nature dans son intégrité physique et biologique. En effet, même si, comme être moral qui cherche la vérité et le bien ultimes, l’homme transcende son environnement immédiat, il le fait en acceptant la mission spéciale de veiller sur le monde naturel et de vivre en harmonie avec lui, de défendre les valeurs vitales sans lesquelles ni la vie humaine ni la biosphère de cette planète ne peuvent se maintenir[77]. Cette écologie intégrale interpelle chaque être humain et chaque communauté en vue d’une nouvelle responsabilité. Elle est inséparable d’une orientation politique globale respectueuse des exigences de la loi naturelle.


Chapitre 4 : La loi naturelle et la Cité

4.1. La personne et le bien commun

[83] En abordant l’ordre politique de la société, nous entrons dans l’espace régi par le droit. En effet, le droit apparaît dès lors que des personnes entrent en relation. Le passage de la personne à la société éclaire la distinction essentielle entre loi naturelle et droit naturel.

[84] La personne est au centre de l’ordre politique et social parce qu’elle est une fin et non un moyen. La personne est un être social par nature, non par choix ou en vertu d’une pure convention contractuelle. Pour se réaliser en tant que personne, elle a besoin du tissu des relations qu’elle noue avec d’autres personnes. Elle se trouve ainsi au centre d’une toile formée de cercles concentriques : la famille, le milieu de vie et de travail, la communauté de voisinage, la nation et enfin l’humanité[78]. La personne puise dans chacun de ces cercles des éléments nécessaires à sa croissance, en même temps qu’elle contribue à leur perfectionnement.

[85] Par le fait que les hommes ont vocation à vivre en société avec d’autres, ils ont en commun un ensemble de biens à poursuivre et de valeurs à défendre. C’est ce que l’on appelle le « bien commun ». Si la personne est une fin en elle-même, la société a pour fin de promouvoir, consolider et développer son bien commun. La poursuite du bien commun permet à la Cité de mobiliser les énergies de tous ses membres. A un premier niveau, le bien commun peut se comprendre comme l’ensemble des conditions qui permettent à la personne d’être davantage personne humaine[79]. Tout en se déclinant dans ses aspects extérieurs : économie, sécurité, justice sociale, éducation, accès à l’emploi, recherche spirituelle, et autres, le bien commun est toujours un bien humain[80]. A un second niveau, le bien commun est ce qui finalise l’ordre politique et la Cité elle-même. Bien de tous et de chacun en particulier, il exprime la dimension communautaire du bien humain. Les sociétés peuvent se définir par le type de bien commun qu’elles entendent promouvoir. En effet, s’il est des exigences essentielles au bien commun de toute société, la vision du bien commun évolue avec les sociétés elles-mêmes, en fonction des conceptions de la personne, de la justice et du rôle de la puissance publique.

4.2. La loi naturelle, mesure de l’ordre politique

[86] La société organisée en vue du bien commun de ses membres répond à une exigence de la nature sociale de la personne. La loi naturelle apparaît alors comme l’horizon normatif dans lequel est appelé à se mouvoir l’ordre politique. Elle définit l’ensemble des valeurs qui apparaissent comme humanisantes pour une société. Dès que l’on se situe dans le champ social et politique, les valeurs ne peuvent plus être de nature privée, idéologique ou confessionnelle : elles concernent tous les citoyens. Elles expriment non un vague consensus entre eux, mais se fondent sur les exigences de leur commune humanité. Pour que la société remplisse correctement sa mission au service de la personne, elle doit promouvoir l’accomplissement de ses inclinations naturelles. La personne est donc antérieure à la société et la société n’est humanisante que si elle répond aux attentes inscrites dans la personne en tant qu’être social.

[87] Cet ordre naturel de la société au service de la personne est connoté, selon la doctrine sociale de l’Eglise, de quatre valeurs qui découlent des inclinations naturelles de l’homme, et qui dessinent les contours du bien commun que la société doit poursuivre, à savoir : la liberté, la vérité, la justice et la solidarité[81]. Ces quatre valeurs correspondent aux exigences d’un ordre éthique conforme à la loi naturelle. Si l’une d’elles vient à faire défaut, la Cité tend vers l’anarchie ou le règne du plus fort. La liberté est la première condition d’un ordre politique humainement acceptable. Sans la liberté de suivre sa conscience, d’exprimer ses opinions et de poursuivre ses projets, il n’y a pas de Cité humaine, même si la recherche des biens privés doit toujours s’articuler à la promotion du bien commun de la Cité. Sans la recherche et le respect de la vérité, il n’y a pas de société, mais la dictature du plus fort. La vérité, qui n’est la propriété de personne, est seule capable de faire converger les hommes vers des objectifs communs. Si ce n’est pas la vérité qui s’impose d’elle-même, c’est le plus habile qui impose « sa » vérité. Sans justice, il n’y a pas de société, mais le règne de la violence. La justice est le bien le plus haut que puisse procurer la Cité. Elle suppose que ce qui est juste soit toujours recherché, et que le droit soit appliqué avec le souci du cas particulier, car l’équité est le comble de la justice. Enfin, il faut que la société soit régie d’une manière solidaire, de telle sorte qu’on fasse droit à l’aide mutuelle et à la responsabilité pour le sort des autres, et que les biens dont la société dispose puissent répondre aux besoins de tous.

4.3. De la loi naturelle au droit naturel

[88] La loi naturelle (lex naturalis) s’énonce en droit naturel (jus naturale) dès lors que l’on considère les relations de justice entre les hommes : relations entre les personnes physiques et morales, entre les personnes et la puissance publique, relations de tous avec la loi positive. Nous passons de la catégorie anthropologique de la loi naturelle à la catégorie juridique et politique de l’organisation de la Cité. Le droit naturel est la mesure inhérente à l’ajustement entre les membres de la société. Il est la règle et la mesure immanente des rapports humains interpersonnels et sociaux.

[89] Le droit n’est pas arbitraire : l’exigence de justice, qui découle de la loi naturelle, est antérieure à la formulation et à l’édiction du droit. Ce n’est pas le droit qui décide de ce qui est juste. La politique non plus n’est pas arbitraire : les normes de la justice ne résultent pas seulement d’un contrat passé entre les hommes, mais elles proviennent d’abord de la nature même des êtres humains. Le droit naturel est l’ancrage des lois humaines dans la loi naturelle. Il est l’horizon en fonction duquel le législateur humain doit se déterminer lorsqu’il édicte des normes dans sa mission de servir le bien commun. En ce sens, il honore la loi naturelle, inhérente à l’humanité de l’homme. Au contraire, lorsque le droit naturel est nié, c’est la seule volonté du législateur qui fait la loi. Le législateur n’est plus alors l’interprète de ce qui est juste et bon mais s’arroge la prérogative d’être le critère ultime du juste.

[90] Le droit naturel n’est jamais une mesure fixée une fois pour toutes. Il est le résultat d’une appréciation des situations changeantes dans lesquelles vivent les hommes. Il énonce le jugement de la raison pratique qui estime ce qui est juste. Le droit naturel, expression juridique de la loi naturelle dans l’ordre politique, apparaît ainsi comme la mesure des relations justes entre les membres de la communauté.

4. 4. Droit naturel et droit positif

[91] Le droit positif doit s’efforcer de mettre en œuvre les exigences du droit naturel. Il le fait soit par manière de conclusion (le droit naturel interdit l’homicide, le droit positif prohibe l’avortement), soit par manière de détermination (le droit naturel prescrit de punir les coupables, le droit pénal positif détermine les peines à appliquer pour chaque catégorie de crimes)[82]. En tant qu’elles dérivent vraiment du droit naturel et donc de la loi éternelle, les lois humaines positives obligent en conscience. Dans le cas contraire, elles n’obligent pas. « Si la loi n’est pas juste, elle n’est pas même une loi[83]. » Les lois positives peuvent et même doivent varier pour rester fidèles à leur vocation propre. En effet, d’une part, il existe un progrès de la raison humaine qui, peu à peu, prend mieux conscience de ce qui est le plus adapté au bien de la communauté, et, d’autre part, les conditions historiques de la vie des sociétés se modifient (en bien ou en mal) et les lois doivent s’y adapter[84]. Ainsi le législateur doit-il déterminer ce qui est juste dans le concret des situations historiques[85].

[92] Les droits naturels sont des mesures des rapports humains antérieurs à la volonté du législateur. Ils sont donnés dès que les hommes vivent en société. Le droit naturel est ce qui est naturellement juste avant toute formulation légale. Il s’exprime en particulier dans les droits subjectifs de la personne, comme le droit au respect de sa propre vie, à l’intégrité de sa personne, à la liberté religieuse, à la liberté de pensée, le droit de fonder une famille et d’élever ses enfants selon ses convictions, le droit de s’associer avec d’autres, de participer à la vie de la collectivité… Ces droits, auxquels la pensée contemporaine accorde une très grande importance, ont leur source, non dans les désirs fluctuants des individus, mais dans la structure même des êtres humains et de leurs relations humanisantes. Les droits de la personne humaine émergent donc de l’ordre juste qui doit régner dans les relations entre les hommes. Reconnaître ces droits naturels de l’homme revient à reconnaître l’ordre objectif des relations humaines fondé sur la loi naturelle.

4.5. L’ordre politique n’est pas l’ordre eschatologique

[93] Dans l’histoire des sociétés humaines, l’ordre politique a souvent été conçu comme le reflet d’un ordre transcendant et divin. Ainsi les anciennes cosmologies fondaient et justifiaient des théologies politiques dans lesquelles le souverain assurait le lien entre le cosmos et l’univers humain. Il s’agissait de faire entrer l’univers des hommes dans l’harmonie préétablie du monde. Avec l’apparition du monothéisme biblique, l’univers est conçu comme obéissant aux lois que le Créateur lui a données. L’ordre de la Cité est atteint lorsque les lois de Dieu, par ailleurs inscrites dans les cœurs, sont respectées. Longtemps des formes de théocratie ont pu prévaloir dans des sociétés qui s’organisaient selon des principes et des valeurs tirées de leurs livres saints. Il n’y avait pas de distinction entre la sphère de la révélation religieuse et la sphère de l’organisation de la Cité. Mais la Bible a désacralisé le pouvoir humain, même si des siècles d’osmose théocratique, y compris en milieu chrétien, ont obscurci cette distinction essentielle entre ordre politique et ordre religieux. A cet égard, il convient de bien distinguer la situation de la première alliance, où la loi divine donnée par Dieu était aussi loi du peuple d’Israël, et celle de la nouvelle alliance, qui est porteuse de la distinction et de l’autonomie relative des ordres religieux et politique.

[94] La révélation biblique invite l’humanité à considérer que l’ordre de la création est un ordre universel auquel participe toute l’humanité, et que cet ordre est accessible à la raison. Lorsque nous parlons de loi naturelle, c’est de cet ordre voulu par Dieu et saisi par la raison humaine qu’il s’agit. La Bible pose la distinction entre cet ordre de la création et l’ordre de la grâce auquel donne accès la foi au Christ. Or, l’ordre de la Cité n’est pas cet ordre définitif ou eschatologique. Le domaine du politique n’est pas celui de la Cité céleste, don gratuit de Dieu. Il relève de l’ordre imparfait et transitoire dans lequel vivent les hommes, tout en marchant vers leur accomplissement dans l’au-delà de l’histoire. Le propre de la Cité terrestre, selon saint Augustin, est d’être mélangée : les justes et les injustes, les croyants et les incroyants s’y côtoient[86]. Ils doivent temporairement vivre ensemble, selon les exigences de leur nature et les capacités de leur raison.

[95] L’Etat ne peut donc s’ériger en porteur du sens ultime. Il ne peut imposer ni une idéologie globale, ni une religion (même séculière), ni une pensée unique. Le domaine du sens ultime est pris en charge, dans la société civile, par les organisations religieuses, les philosophies et les spiritualités, à charge pour elles de contribuer au bien commun, de renforcer le lien social et de promouvoir les valeurs universelles qui fondent l’ordre politique lui-même. L’ordre politique n’a pas vocation à transposer sur terre le royaume de Dieu à venir. Il peut l’anticiper par ses avancées dans le domaine de la justice, de la solidarité et de la paix. Il ne saurait vouloir l’instaurer par la contrainte.

4.6. L’ordre politique est un ordre temporel et rationnel

[96] Si l’ordre politique n’est pas le domaine de la vérité ultime, il doit cependant rester ouvert à la recherche perpétuelle de Dieu, de la vérité et de la justice. La « légitime et saine laïcité de l’Etat[87] » consiste dans la distinction de l’ordre surnaturel de la foi théologale et de l’ordre politique. Ce dernier ne peut jamais se confondre avec l’ordre de la grâce auquel les hommes sont appelés à adhérer librement. Il est plutôt lié à l’éthique humaine universelle inscrite dans la nature humaine. La Cité doit ainsi procurer aux personnes qui la composent ce qui est nécessaire à la pleine réalisation de leur vie humaine, ce qui inclut certaines valeurs spirituelles et religieuses, ainsi que la liberté pour les citoyens de se déterminer vis-à-vis de l’Absolu et des biens suprêmes. Mais la Cité, dont le bien commun est de nature temporelle, ne peut pas procurer les biens proprement surnaturels, qui sont d’un autre ordre.

[97] Si Dieu et toute transcendance devaient être bannis de l’horizon du politique, il ne resterait que le pouvoir de l’homme sur l’homme. De fait, l’ordre politique s’est parfois donné lui-même comme le dernier horizon du sens pour l’humanité. Les idéologies et les régimes totalitaires ont démontré qu’un tel ordre politique, sans un horizon de transcendance, n’est pas humainement acceptable. Cette transcendance est liée à ce que nous appelons la loi naturelle.

[98] Les osmoses politico-religieuses du passé comme les expériences totalitaires du XXe siècle ont conduit, en vertu d’une saine réaction, à remettre aujourd’hui en valeur le rôle de la raison en politique, conférant ainsi une nouvelle pertinence au discours aristotélico-thomiste sur la loi naturelle. La politique, c’est-à-dire l’organisation de la Cité et l’élaboration de ses projets collectifs, relève de l’ordre naturel et doit mettre en œuvre un débat rationnel ouvert sur la transcendance.

[99] La loi naturelle qui est la base de l’ordre social et politique ne réclame pas une adhésion de foi mais de raison. Certes, la raison elle-même est souvent obscurcie par les passions, les intérêts contradictoires, les préjugés. Mais la référence constante à la loi naturelle pousse à une continuelle purification de la raison. Ainsi seulement l’ordre politique évite le piège de l’arbitraire, des intérêts particuliers, du mensonge organisé, de la manipulation des esprits. La référence à la loi naturelle retient l’Etat de céder à la tentation d’absorber la société civile et de soumettre les hommes à une idéologie. Elle lui évite aussi de se développer en Etat providence qui prive les personnes et les communautés de toute initiative et les déresponsabilise. La loi naturelle contient l’idée de l’Etat de droit qui se structure selon le principe de subsidiarité, en respectant les personnes et les corps intermédiaires et en régulant leurs interactions[88].

[100] Les grands mythes politiques n’ont pu être démasqués qu’avec l’introduction de la règle de la rationalité et la prise en compte de la transcendance du Dieu d’amour qui interdit d’adorer l’ordre politique instauré sur la terre. Le Dieu de la Bible a voulu l’ordre de la création pour que tous les hommes, en se conformant à la loi qui lui est inhérente, puissent le chercher librement, et l’ayant trouvé, projettent sur le monde la lumière de la grâce qui est son accomplissement.
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 15:09

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/family/documents/rc_pc_family_doc_20030124_families-manila-conclusions_fr.html

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

CONCLUSIONS DU CONGRÈS THÉOLOGIQUE ET PASTORAL

IV Rencontre mondiale des Familles
Manille 24 janvier 2003

Réunis à Manille pour célébrer la IV Rencontre mondiale des Familles, nous, participants au Congrès théologique et pastoral précédant la Rencontre, saluons tout d'abord notre Saint-Père, le Pape Jean-Paul II, le Pape de la Famille, qui a présidé les Rencontres précédentes à Rome et à Rio de Janeiro. Il a envoyé un autre "leader" mondial de la lutte pour la famille, le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil pontifical pour la Famille, en tant que Légat personnel à cette Rencontre mondiale.

Nous célébrons la famille chrétienne comme une "Bonne Nouvelle pour le troisième millénaire", mais où pouvons-nous trouver une "bonne nouvelle" en ces premières années du nouveau millénaire? Confrontées aux menaces du terrorisme, de la guerre, de la famine et de l'incertitude économique, de nombreuses personnes vivent dans la peur. Cette peur est souvent ressentie dans les familles, mais c'est là, au sein de la famille elle-même, que nous pouvons trouver la "bonne nouvelle" d'un amour qui dépasse les peurs et qui apporte l'espérance au monde.

Nous affirmons que la famille chrétienne elle-même est un grand messager de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans ce millénaire. Elle est véritablement un agent d'évangélisation (cf. Jean-Paul II, Familiaris Consortio, n. 52). De plus, davantage qu'un simple objet de la préoccupation pastorale de l'Eglise, la famille chrétienne est également l'un des agents d'évangélisation les plus efficaces (cf. Pape Jean-Paul II, Ecclesia in Asia, n. 46).

L'espérance du Christ peut offrir une vision de l'avenir en rayonnant à travers la famille dans des domaines spécifiques.

1. Une bonne nouvelle pour la vie

En tant que sanctuaire de la vie, la famille dit "oui" à la vie. Chaque personne et chaque famille à travers laquelle passe la vie (cf. Ecclesia in Asia, n. 46), ne sont que les gardiens de la vie et ont la responsabilité de la protéger et de la promouvoir du début à la fin. Dans la famille, les personnes dont la vie est menacée trouvent réconfort, sécurité et une sollicitude affectueuse. C'est pourquoi les familles sont les témoins du Christ et les missionnaires de l'amour et de la vie (cf. Familiaris Consortio, n. 54).

Nous affirmons une fois de plus le droit inaliénable à la vie de tous les êtres humains. Nous appelons tous les hommes politiques à défendre la vie humaine de son début, lors de la conception, à sa mort naturelle. Nous appelons en particulier les législateurs à répondre de façon positive à la récente Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur leur responsabilité en tant que chrétiens et citoyens. Les pratiques contre la vie, telles que l'avortement, les expériences sur les embryons, le clonage et l'euthanasie ne peuvent être tolérées dans toute société libre en faveur de la famille.

2. Une bonne nouvelle pour la société

Une société juste repose sur le bien-être de sa communauté de base, sa cellule de vie vitale, la famille. Toutefois, de graves problèmes éthiques et sociaux frappent de nombreuses familles aujourd'hui. Nos préoccupations principales sont les suivantes:

- les familles divisées et affaiblies lorsque certains de leurs membres sont contraints d'émigrer pour travailler;
- la plaie du divorce;
- la promotion des "mariages" entre personnes du même sexe, qui nuit à la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme;
- le nombre croissant d'unions "de fait";
- l'idéologie féministe anti-famille;
- les effets négatifs de la mondialisation, en particulier dans les pays en voie de développement;
- l'abus de drogue et d'alcool;
- la propagation du SIDA et la réapparition d'autres maladies.
La vision d'une société en faveur de la famille pousse les familles elles-mêmes à prendre l'initiative, à lutter en faveur de politiques et de législations sociales qui promeuvent et protègent les droits de la famille, une juste distribution des ressources et le soutien des personnes les plus vulnérables et sans défense.

3. Une bonne nouvelle pour les pauvres

Nous affirmons notre solidarité envers les familles pauvres. Très souvent, ce sont les familles pauvres qui révèlent la résistance et les énergies incroyables de la famille confrontée à des défis (cf. Familiaris Consortio, n. 43).

L'éducation à la paternité et à la maternité responsables, avec le soutien de mesures économiques et législatives adéquates, apporte une contribution efficace à la lutte contre la pauvreté, qui est trop souvent avilissante. Nous rejetons fermement la pratique du contrôle de la population, qu'elle soit exercée par des organismes internationaux, des gouvernement ou à travers des organismes privés. Les familles pauvres supportent le poids des programmes et des politiques de contrôle de la population, qui engloutissent de vastes sommes d'argent pour promouvoir l'avortement, la stérilisation et la contraception.

Nous appelons les gouvernements à se concentrer sur des politiques concrètes, qui favorisent les familles pauvres dans le domaine de l'éducation, de la réforme agraire, de l'emploi et du logement.

Nous proposons comme alternative authentique à un contrôle des naissances qui ne correspond pas à la vérité sur l'homme et la femme, une régulation naturelle de la fertilité, qui aide non seulement les couples à espacer les naissances d'une façon moralement juste et saine, mais qui rapproche le mari et la femme dans un partage et une égalité réciproques.

4. Une bonne nouvelle pour les jeunes

Des enfants et des jeunes se sont rassemblés pour célébrer et renforcer leur foi au cours d'un "Congrès Filles et Garçons", parallèlement à ce Congrès théologique et pastoral. Nous reconnaissons avec joie leur rôle vital en tant que membres de plein droit de nos familles et membres actifs de l'Eglise vivante.

Nous réaffirmons les droits et la dignité de tous les enfants. Ils ne devraient jamais être laissés pour compte ou abandonnés dans les rues. Ils devraient être protégés, en particulier lorsqu'ils sont menacés par l'exploitation à travers la prostitution, la pornographie, le travail des enfants, le trafic de drogue, l'adoption homosexuelle et l'"éducation sexuelle" immorale. Une nouvelle menace aux enfants est représentée par la mauvaise utilisation d'internet, lorsqu'il empiète sur la vie familiale et nuit aux droits et aux devoirs des parents.

Les enfants sont le "couronnement du mariage", la véritable richesse de l'humanité. Le lieu naturel pour leur éducation est la famille. C'est là, dans la communauté de vie et d'amour, qu'ils sont formés en tant que membres de l'Eglise du Christ. C'est là que, en honorant et en aimant leurs parents, ils peuvent enrichir la vie de tous les membres de la société en général.

5. Une bonne nouvelle pour le monde

En apportant la bonne nouvelle de Jésus-Christ, la famille chrétienne atteint toutes les personnes. Elle est le lieu "où la vérité de l'Evangile est la règle de vie et le don que les membres de la famille offrent à la communauté plus large" (Ecclesia in Asia, n. 46).

La famille accomplit sa mission dans de nombreuses cultures différentes dans le monde, mais l'avenir de l'humanité passe toujours par la famille. C'est pourquoi nous appelons à des stratégies plus créatives pour l'évangélisation, en particulier au vue des rapides changements culturels. Nous soulignons la nécessité de respecter les cultures des peuples autochtones, dont les valeurs familiales préparent souvent la voie à la Parole de Dieu.

Chaque Eglise domestique est une citadelle de la foi, non seulement dans les sociétés sécularisées, mais également dans les pays où les chrétiens souffrent encore pour leur foi. Nous exprimons notre solidarité à l'égard des familles chrétiennes persécutées, dans lesquelles, la liberté religieuse est ignorée ou violée par la violence et la discrimination.

La famille est appelée à être une communauté de paix. Nous exprimons notre solidarité à l'égard des familles dans les nations et régions qui sont menacés par la guerre, où les familles sont confrontées à la perspective de devenir des victimes innocentes du conflit.

6. Une bonne nouvelle pour l'Eglise

En tant que plus petite communauté chrétienne, l'"Eglise domestique" est la cellule vivante de toute l'Eglise, et offre une vision de l'évangélisation et de la croissance spirituelle dans l'Eglise.

Nous appelons toutes les personnes responsables des programmes pastoraux à faire de la famille leur priorité, à établir l'objectif et les programmes pastoraux de chaque diocèse et paroisse autour de la famille. La famille n'apparaît pas simplement comme un sujet passif d'évangélisation et de préoccupation, mais comme un sujet actif, et même comme un agent, dans la mission du Christ dans son Eglise.

La famille a besoin de redécouvrir le sens de sa nature de "mystère". Une spiritualité plus profonde de la famille découle de la Parole de Dieu et de la Sainte Eucharistie. Nourries de la Parole, les familles sont attirées dans le Mystère pascal du sacrifice et du banquet du Christ. Là, l'amour généreux de Jésus, l'Epoux de l'Eglise, incite à l'amour nuptial et familial.

Nous reconnaissons et saluons le rôle joué par les nouveaux mouvements religieux, caractérisés par leur engagement à l'égard de la famille. Resplendissant du pouvoir de l'Esprit Saint, avec leurs spiritualités caractéristiques, les mouvements peuvent nous montrer la façon d'évangéliser dans et à travers la famille.

La famille catholique s'étend aux autres chrétiens et aux membres d'autres religions. L'unité de la famille peut inspirer l'itinéraire oecuménique de l'unité chrétienne et du dialogue interreligieux. Nous réaffirmons la nécessité d'une coopération plus concrète entre les chrétiens et les personnes de bonne volonté pour répondre aux défis auxquels doivent faire face toutes les familles. Nous avons été honorés par la présence de représentants d'autres Eglises et communautés ecclésiales qui ont pris part à cette Rencontre mondiale, partageant avec nous la même vision de la famille chrétienne en tant que messagère de la Bonne Nouvelle.

Enfin, nous remercions le Saint-Père, le Pape Jean-Paul II, pour sa direction et son encouragement. Nous remercions l'Archevêque de Manille, le Cardinal Jaime Sin, qui a accueilli chacun, ainsi que le Conseil pontifical pour la Famille et la Conférence épiscopale des Philippines, d'avoir organisé cette Rencontre.

En vivant dans l'unité et à travers un amour généreux, les familles chrétiennes reflètent Dieu, la Très Sainte Trinité. C'est dans une famille que le Fils s'est incarné dans notre monde, à travers le pouvoir de l'Esprit Saint. En contemplant ce mystère, nous confions toutes nos familles à la douce protection de Marie, Reine de la Famille, ainsi que de saint Joseph, son Epoux. Nous prions afin que la bonne nouvelle de Jésus-Christ, que transmettent les familles chrétiennes à travers leur témoignage et leur parole, puisse effacer la peur et apporter l'espérance dans ce monde.
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Message par Her Mar 17 Mai - 15:10

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DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
POUR LES VŒUX AU CORPS DIPLOMATIQUE

Lundi, 13 janvier 2003

Excellences,
Mesdames, Messieurs,

1. Heureuse tradition que cette rencontre du début d’année qui me donne la joie de vous recevoir et d’embrasser en quelque sorte tous les peuples que vous représentez ! En effet, à travers vous et grâce à vous, me parviennent leurs espérances et leurs aspirations, leurs réussites et leurs échecs. Aujourd’hui, je désire former pour vos pays des vœux fervents de bonheur, de paix et de prospérité.

Au seuil de l’an nouveau, il m’est agréable aussi de vous présenter à tous mes meilleurs souhaits, alors que j’invoque sur vos personnes, sur vos familles et sur vos compatriotes l’abondance des Bénédictions divines.

Avant de partager avec vous quelques réflexions inspirées par l’actualité du monde et de l’Église, je me dois de remercier votre Doyen, l’Ambassadeur Giovanni Galassi, pour le discours qu’il vient de m’adresser, ainsi que pour les vœux qu’il a délicatement exprimés, en votre nom à tous, pour ma personne et pour mon ministère. Veuillez tous accepter ma vive gratitude !

Monsieur l’Ambassadeur, vous avez également évoqué avec sobriété les légitimes attentes de nos contemporains, hélas trop souvent contrariées par des crises politiques, par la violence armée, par des conflits sociaux, par la pauvreté ou par des catastrophes naturelles. Jamais comme en ce début de millénaire l’homme n’a senti combien le monde qu’il a façonné est précaire.

2. Je suis personnellement impressionné par le sentiment de peur qui habite souvent le cœur de nos contemporains. Le terrorisme sournois qui peut frapper à tout instant et partout; le problème non résolu du Moyen-Orient, avec la Terre Sainte et l’Irak; les soubresauts qui perturbent l’Amérique du Sud, particulièrement l’Argentine, la Colombie et le Venezuela; les conflits qui empêchent de nombreux pays africains de se consacrer à leur développement; les maladies qui propagent la contagion et la mort; le grave problème de la faim, tout spécialement en Afrique; les conduites irresponsables qui contribuent à l’appauvrissement des ressources de la planète: ce sont autant de fléaux qui menacent la survie de l’humanité, la sérénité des personnes et la sécurité des sociétés.

3. Mais tout peut changer. Cela dépend de chacun de nous. Chacun peut développer en lui son potentiel de foi, de probité, de respect d’autrui, de dévouement au service des autres.

Cela dépend aussi, bien évidemment, des responsables politiques, appelés à servir le bien commun. Vous ne serez pas surpris que devant un parterre de diplomates j’énonce à ce sujet quelques impératifs qu’il me semble nécessaire de satisfaire si l’on veut éviter que des peuples entiers, peut-être même l’humanité, ne sombrent dans l’abîme.

D’abord, un «OUI À LA VIE» ! Respecter la vie et les vies: tout commence là puisque le plus fondamental des droits humains est bien le droit à la vie. L’avortement, l’euthanasie ou le clonage humain, par exemple, risquent de réduire la personne humaine à un simple objet: la vie et la mort sur commande en quelque sorte ! Lorsqu’elles sont dépourvues de tout critère moral, les recherches scientifiques touchant aux sources de la vie sont une négation de l’être et de la dignité de la personne. La guerre elle-même attente à la vie humaine car elle porte avec elle la souffrance et la mort. Le combat pour la paix est toujours un combat pour la vie !

Ensuite le RESPECT DU DROIT. La vie en société – en particulier la vie internationale – suppose des principes communs intangibles dont le but est de garantir la sécurité et la liberté des citoyens et des nations. Ces règles de conduite sont la base de la stabilité nationale et internationale.

Aujourd’hui, les responsables politiques ont à leur disposition des textes et des institutions d’une grande pertinence. Il suffit de les mettre en pratique. Le monde serait totalement différent si l’on commençait par appliquer sincèrement les accords signés !

Enfin le DEVOIR DE SOLIDARITÉ. Dans un monde surabondamment informé mais qui paradoxalement communique si difficilement et où les conditions d’existence sont scandaleusement inégales, il est important de ne rien négliger afin que tous se sentent responsables de la croissance et du bonheur de tous. Il en va de notre avenir. Un jeune sans travail, une personne handicapée marginalisée, des personnes âgées abandonnées, des pays prisonniers de la faim et de la misère, font trop souvent que l’homme désespère et succombe à la tentation de la fermeture sur soi ou à la violence.

4. Voilà pourquoi des choix s’imposent pour que l’homme ait encore un avenir. Pour cela, les peuples de la terre et leurs dirigeants doivent avoir parfois le courage de dire «non».

«NON À LA MORT» ! C’est-à-dire non à tout ce qui attente à l’incomparable dignité de tous les êtres humains, à commencer par celle des enfants à naître. Si la vie est vraiment un trésor, il faut savoir le conserver et le faire fructifier sans le dénaturer. Non à tout ce qui affaiblit la famille, cellule fondamentale de la société. Non à tout ce qui détruit chez l’enfant le sens de l’effort, le respect de soi et de l’autre, le sens du service.

«NON À L’ÉGOÏSME» ! C’est-à-dire à tout ce qui pousse l’homme à se protéger dans le cocon d’une classe sociale privilégiée ou d’un confort culturel qui exclut autrui. La façon de vivre de ceux qui jouissent du bien-être, leur manière de consommer, doivent être revues à la lumière des répercussions sur les autres pays. Que l’on songe, par exemple, au problème de l’eau que l’Organisation des Nations unies propose à la réflexion de tous durant cette année 2003.

L’égoïsme, c’est aussi l’indifférence des nations nanties par rapport aux pays laissés-pour-compte. Tous les peuples ont le droit de recevoir une part équitable des biens de ce monde et du savoir-faire des pays les plus capables. Comment ne pas penser ici, par exemple, à l’accès de tous aux médicaments génériques, nécessaire pour soutenir la lutte contre les pandémies actuelles ? Cet accès est souvent entravé hélas par des considérations économiques à court terme.

«NON À LA GUERRE» ! Elle n’est jamais une fatalité. Elle est toujours une défaite de l’humanité. Le droit international, le dialogue loyal, la solidarité entre États, l’exercice si noble de la diplomatie, sont les moyens dignes de l’homme et des nations pour résoudre leurs différends. Je dis cela en pensant à ceux qui mettent encore leur confiance dans l’arme nucléaire et aux trop nombreux conflits qui tiennent encore en otage des frères en humanité. À Noël, Bethléem nous a rappelé la crise non résolue du Moyen-Orient où deux peuples, l’israélien et le palestinien, sont appelés à vivre côte à côte, également libres et souverains, respectueux l’un de l’autre. Sans avoir à répéter ce que je vous disais l’an passé en pareille circonstance, je me contenterai d’ajouter aujourd’hui, devant l’aggravation constante de la crise moyen-orientale, que sa solution ne pourra jamais être imposée en recourant au terrorisme ou aux conflits armés, pensant que des victoires militaires peuvent être la solution. Et que dire des menaces d’une guerre qui pourrait s’abattre sur les populations d’Irak, terre des prophètes, populations déjà exténuées par plus de douze années d’embargo ? La guerre n’est jamais un moyen comme un autre que l’on peut choisir d’utiliser pour régler des différends entre nations. Comme le rappellent la Charte de l’Organisation des Nations unies et le Droit international, on ne peut s’y résoudre, même s’il s’agit d’assurer le bien commun, qu’à la dernière extrémité et selon des conditions très strictes, sans négliger les conséquences pour les populations civiles durant et après les opérations.

5. Il est donc possible de changer le cours des événements dès lors que prévalent la bonne volonté, la confiance en l’autre, la mise en œuvre des engagements pris et la coopération entre partenaires responsables. J’en donnerai deux exemples.

L’Europe d’aujourd’hui, à la fois unie et élargie. Elle a su abattre les murs qui la défiguraient. Elle s’est engagée dans l’élaboration et la construction d’une réalité capable de conjuguer unité et diversité, souveraineté nationale et action commune, progrès économique et justice sociale. Cette Europe nouvelle porte en elle les valeurs qui ont fécondé, deux millénaires durant, un art de penser et de vivre dont le monde entier a bénéficié. Parmi ces valeurs, le christianisme occupe une place de choix dans la mesure où il a donné naissance à un humanisme qui a imprégné son histoire et ses institutions. Se souvenant de ce patrimoine, le Saint-Siège et l’ensemble des Églises chrétiennes ont insisté auprès des rédacteurs du futur Traité constitutionnel de l’Union européenne afin qu’y figure une référence aux Églises et institutions religieuses. Il nous paraît en effet souhaitable que, dans le plein respect de la laïcité, trois éléments complémentaires soient reconnus: la liberté religieuse dans sa dimension non seulement individuelle et cultuelle mais également sociale et corporative; l’opportunité d’un dialogue et d’une consultation structurés entre les Gouvernants et les communautés de croyants; le respect du statut juridique dont les Églises et les institutions religieuses jouissent déjà dans les États membres de l’Union. Une Europe qui désavouerait son passé, qui nierait le fait religieux et qui n’aurait aucune dimension spirituelle serait bien démunie face à l’ambitieux projet qui mobilise ses énergies : construire l’Europe de tous !

L’Afrique, elle aussi, nous donne aujourd’hui l’occasion de nous réjouir : l’Angola a commencé sa reconstruction; le Burundi a pris le chemin qui pourrait conduire à la paix et attend de la communauté internationale compréhension et aide financière; la République démocratique du Congo s’est engagée sérieusement dans un dialogue national qui devrait conduire à la démocratie. Le Soudan a également fait preuve de bonne volonté, même si le chemin vers la paix est long et ardu. On doit se féliciter sans aucun doute de tels progrès et encourager les responsables politiques à n’épargner aucun effort pour que, petit à petit, les peuples d’Afrique connaissent un début de pacification et donc de prospérité, à l’abri des luttes ethniques, de l’arbitraire et de la corruption. C’est pourquoi nous ne pouvons que déplorer les graves événements qui secouent la Côte-d’Ivoire et la République Centrafricaine, tout en invitant leurs habitants à déposer les armes, à respecter leur Constitution respective et à jeter les bases d’un dialogue national. Il sera alors aisé d’impliquer toutes les composantes de la communauté nationale dans l’élaboration d’un projet de société où tous se retrouvent. En outre, il est bon de constater que, de plus en plus, les Africains tentent de trouver les solutions les plus adaptées à leurs problèmes, grâce à l’action de l’Union africaine et à des médiations régionales efficaces.

6. Excellences, Mesdames et Messieurs, une constatation s’impose: l’indépendance des États ne peut se concevoir désormais que dans l’interdépendance. Tous sont liés dans le bien comme dans le mal. Pour cela, justement, il convient de savoir distinguer le bien du mal et de les appeler par leur nom. À leur sujet, quand le doute ou la confusion s’installent, les plus grands maux sont à redouter, comme l’histoire nous l’a maintes fois enseigné.

Pour éviter de tomber dans le chaos deux exigences me semblent s’imposer. D’abord retrouver au sein des États et entre les États la valeur primordiale de la loi naturelle, qui a inspiré jadis le droit des gens et les premiers penseurs du droit international. Même si certains remettent aujourd’hui en question sa validité, je suis convaincu que ses principes généraux et universels sont toujours capables de faire mieux percevoir l’unité du genre humain et de favoriser le perfectionnement de la conscience des gouvernants comme des gouvernés. Ensuite l’action persévérante d’hommes d’États probes et désintéressés. En effet, l’indispensable compétence professionnelle des responsables politiques ne peut être légitimée que par l’attachement à de fortes convictions éthiques. Comment pourrait-on prétendre traiter des affaires du monde sans référence à cet ensemble de principes qui sont à la base de ce «bien commun universel» dont l’encyclique Pacem in terris du pape Jean XXIII a si bien parlé ? Il sera toujours possible à un dirigeant logique avec ses convictions de se refuser à des situations d’injustice ou à des déviances institutionnelles, ou d’y mettre fin. Nous retrouvons là, je crois, ce que l’on appelle couramment aujourd’hui la «bonne gouvernance». Le bien-être matériel et spirituel de l’humanité, la tutelle des libertés et des droits de la personne humaine, le service public désintéressé, la proximité avec les situations concrètes, passent avant tout programme politique et constituent une exigence éthique qui est le mieux à même d’assurer la paix intérieure des nations et la paix entre les États.

7. Il est évident que, pour un croyant, s’ajoutent à ces motivations celles que lui donne la foi en un Dieu créateur et père de tous les hommes, qui lui confie la gestion de la terre et le devoir de l’amour fraternel. C’est dire combien l’État a tout intérêt à veiller à ce que la liberté religieuse, droit naturel – c’est-à-dire à la fois individuel et social –, soit effectivement garantie à tous. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, des croyants qui se sentent respectés dans leur foi, qui voient leurs communautés juridiquement reconnues, collaboreront avec d’autant plus de conviction au projet commun de la société civile dont ils sont membres. Vous comprendrez alors que je me fasse le porte-parole de tous les chrétiens qui, de l’Asie à l’Europe, sont encore victimes de violence et d’intolérance, comme cela s’est produit tout récemment à l’occasion de la célébration de Noël. Le dialogue œcuménique entre chrétiens et les contacts respectueux avec les autres religions, en particulier avec l’Islam, sont le meilleur antidote aux dérives sectaires, au fanatisme ou au terrorisme religieux. En ce qui concerne l’Église catholique, je ne mentionnerai qu’une situation, qui est pour moi cause de grande souffrance : le sort réservé à des communautés catholiques dans la Fédération de Russie qui, depuis des mois, voient certains de leurs pasteurs empêchés de les rejoindre pour des raisons administratives. Le Saint-Siège attend des autorités gouvernementales des décisions concrètes qui mettent un terme à cette crise et qui soient conformes aux engagements internationaux souscrits par la Russie moderne et démocratique. Les catholiques russes veulent vivre comme leurs frères du reste du monde, avec la même liberté et la même dignité.

8. Excellences, Mesdames et Messieurs, nous qui sommes réunis en ce lieu, symbole de spiritualité, de dialogue et de paix, puissions-nous contribuer par notre action quotidienne à ce que tous les peuples de la terre avancent, dans la justice et la concorde, vers des situations plus heureuses et plus justes, loin de la pauvreté, de la violence et des menaces de guerre ! Veuille Dieu combler vos personnes ainsi que tous ceux que vous représentez d’abondantes bénédictions ! Bonne et heureuse Année pour tous !

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Message par Her Mar 17 Mai - 15:11

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LETTRE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AU 25ème MEETING POUR L’AMITIÉ ENTRE LES PEUPLES
(RIMINI, 22-28 AOÛT 2004)

A mon Vénéré Frère
Mgr Mariano
DE NICOLO
Evêque de Rimini

1. Je suis heureux de vous envoyer, ainsi qu'aux promoteurs et à ceux qui participent au Meeting pour l'Amitié entre les peuples, mes meilleurs voeux.

Ce rendez-vous traditionnel, qui anime et enrichit de contenus l'été italien, arrive cette année à sa vingt-cinquième édition. Il s'agit d'un objectif significatif qui se situe dans le contexte des célébrations pour le cinquantième anniversaire de la naissance de Communion et Libération, un mouvement ecclésial né du zèle sacerdotal de Mgr Luigi Giussani. Deux événements importants, qui s'illuminent réciproquement.

Le thème choisi pour le Meeting offre des motifs de réflexion stimulants sur les questions les plus épineuses posées de manière dramatique à l'homme d'aujourd'hui. En effet, la conscience que "notre progrès ne consiste pas à penser être arrivés, mais à tendre continuellement vers notre objectif" peut apporter une vive lumière sur celles-ci.

2. En réalité, on connaît bien ce "sentiment de puissance que le progrès technique actuel inspire à l'homme" (Gaudium et spes, n. 20). La tentation est donc particulièrement forte de penser que l'oeuvre de l'homme trouve en elle-même la justification de ses propres objectifs. Les résultats obtenus dans les différents domaines de la science et de la technique sont considérés et défendus par un grand nombre de personnes comme étant a priori acceptables. On finit ainsi par prétendre que ce qui est techniquement possible est en soi également bon au niveau éthique.

Selon cette opinion, précisément parce que le progrès des connaissances scientifiques et des moyens techniques à la disposition de l'homme repousse effectivement toujours plus loin la frontière entre ce qu'il est possible de "faire" et ce qui ne l'est pas encore, ce progrès finirait également par repousser toujours plus loin la frontière entre ce qui est juste et injuste. Dans cette optique, le progrès deviendrait alors une valeur absolue, ou plutôt la source même de toute valeur. La vérité et la justice ne seraient plus des instances supérieures, des critères de jugement que l'homme doit respecter en orientant les actions qui sont à la base du progrès lui-même, mais deviendraient un produit de son activité de recherche et de manipulation de la réalité.

Tout le monde se rend compte des conséquences dramatiques et désolantes de ce pragmatisme, qui conçoit la vérité et la justice comme quelque chose qui peut être modelé par l'homme lui-même. Il suffit de penser, en prenant un exemple parmi d'autres, à la tentative de l'homme de s'approprier les sources de la vie à travers les expériences de clonage humain. Nous touchons ici du doigt la présomption dont parle précisément le titre du Meeting: la violence avec laquelle l'homme tente de s'approprier ce qui est vrai et juste, en réduisant ces concepts à des valeurs dont il peut disposer librement, c'est-à-dire sans reconnaître aucune limite, si ce n'est celles fixées et sans cesse dépassées de ce qui est techniquement possible.

3. Le chemin enseigné par le Christ est tout autre: c'est celui du respect pour l'être humain, que chaque type de recherche doit tout d'abord aspirer à connaître dans sa vérité, pour ensuite le servir et non le manipuler selon un projet parfois considéré avec arrogance meilleur que celui du Créateur lui-même.

Pour le chrétien, le mystère de l'être est tellement profond que jamais la recherche humaine ne pourra l'épuiser. En revanche, l'homme qui, avec la même présomption que Prométhée, se considère comme l'arbitre du bien et du mal, fait du progrès son idéal absolu et se retrouve ensuite écrasé par celui-ci. Le siècle qui vient de s'écouler, à travers les idéologies qui en ont tristement marqué son histoire tragique et les guerres qui l'ont profondément frappé, apparaît aux yeux de tous en révélant le résultat de cette présomption.

Le thème du Meeting de Rimini invite à tourner vers le Créateur un regard émerveillé par la beauté et la rationalité de ce qu'Il a établi et qu'Il conserve. Seule cette humilité face à la grandeur et au mystère de la création peut sauver l'homme des conséquences néfastes de sa propre arrogance.

Je souhaite de tout coeur que le Meeting contribue à renforcer cette attitude d'humilité face aux trésors que le Créateur a disséminés dans l'univers comme des reflets de sa sagesse, de façon à ce que le croyant puisse tirer de leur contemplation des motifs toujours nouveaux de lumière et de réconfort dans la confrontation quotidienne avec les interrogations qui apparaissent au cours de la vie.

Dans ce but, je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous envoie à tous une Bénédiction spéciale.

De Castel Gandolfo, le 6 août 2004

IOANNES PAULUS II
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Message par Her Mar 17 Mai - 15:12

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2007/october/documents/hf_ben-xvi_spe_20071011_ambassador-korea_fr.html

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À S.E. M. JI-YOUNG FRANCESCO KIM,
NOUVEL AMBASSADEUR DE CORÉE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 11 octobre 2007

Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres par lesquelles le Président de la République de Corée vous accrédite comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire près le Saint-Siège. Je profite de cette occasion pour renouveler l'expression de mon respect et de mon affection cordiale pour le peuple coréen, et je vous prie de transmettre au Président Roh Moo-hyun, ainsi qu'à tous vos concitoyens, mes meilleurs vœux dans la prière pour la paix et la prospérité de votre nation.

Excellence, vous avez souligné la croissance remarquable de l'Eglise catholique dans votre pays, due dans une large mesure à l'exemple héroïque d'hommes et de femmes que leur foi a conduits à donner leur vie pour le Christ et pour leurs frères et sœurs. Leur sacrifice nous rappelle qu'aucun prix n'est trop élevé pour persévérer dans la fidélité à la vérité. Malheureusement, dans notre monde pluraliste actuel, certaines personnes mettent en cause ou nient même l'importance de la vérité. Pourtant, la vérité objective demeure l'unique base certaine pour la cohésion sociale. La vérité ne dépend pas du consensus, mais le précède et le rend possible, en engendrant une authentique solidarité humaine. L'Eglise, qui tient toujours compte du pouvoir de la vérité d'unir les personnes, et toujours attentive au désir irrépressible de coexistence pacifique de l'humanité, s'efforce avec passion de renforcer la concorde et l'harmonie sociale dans la vie ecclésiale et dans la vie civile, en proclamant la vérité sur la personne humaine telle que la connaît la raison naturelle et que la manifeste pleinement la révélation divine.

Excellence, la Communauté internationale s'unit aux citoyens de votre pays dans leurs aspirations renouvelées de paix retrouvée sur la péninsule coréenne et dans toute la région. Je profite de cette occasion pour réitérer le soutien du Saint-Siège à l'égard de toute initiative visant à une réconciliation sincère et durable, mettant un terme à l'inimitié et aux conflits irrésolus. Le véritable progrès se construit sur des attitudes d'honnêteté et de confiance. Je loue les efforts de votre pays en vue de promouvoir un dialogue fécond et ouvert, tout en œuvrant dans le même temps à soulager la douleur de ceux qui souffrent des blessures de la division et de la méfiance. En effet, chaque nation partage la responsabilité d'assurer un monde plus stable et sûr. Je souhaite ardemment que la participation en cours de divers pays participant au processus de négociation conduira à mettre fin aux programmes visant à développer et fabriquer des armes ayant un potentiel effrayant d'indicible destruction.

Votre pays a obtenu de grands succès dans la recherche scientifique et le développement. Parmi ceux-ci, il faut noter en particulier les progrès de la biotechnologie et le potentiel de soigner et de guérir les maladies afin d'améliorer la qualité de la vie dans votre pays et à l'étranger. Les découvertes dans ce domaine invitent l'homme à une conscience renouvelée des graves responsabilités contenues dans leurs applications. L'utilisation que la société fait de la science biomédicale doit être constamment mesurée selon des normes éthiques solides et fermes (cf. Discours à l'Académie pontificale des Sciences, 6 novembre 2006). Parmi celles-ci, l'une des principales est la dignité de la vie humaine, car sous aucune condition l'être humain ne doit être manipulé ou traité comme un simple instrument d'expérimentation. La destruction des embryons humains, que ce soit pour obtenir des cellules souches ou pour tout autre objectif, contredit l'objectif prétendu des chercheurs, des législateurs et des agents de la santé publique de promouvoir le bien-être humain. L'Eglise n'hésite pas à approuver et à encourager la recherche sur les cellules souches somatiques, non seulement en raison des résultats favorables obtenus à travers ces méthodes alternatives, mais de façon plus importante, car elles sont en harmonie avec l'objectif susmentionné parce qu'elles respectent la vie de l'être humain à tous les stades de son existence (cf. Discours aux participants au Congrès promu par l'Académie pontificale pour la Vie, 16 septembre 2006). Monsieur l'Ambassadeur, je prie pour que la sensibilité morale innée du peuple coréen, comme l'a souligné son rejet du clonage humain et des procédures qui y sont liées, contribue à sensibiliser la Communauté internationale sur les profondes implications éthiques et sociales de la recherche scientifique et de son utilisation.

La promotion de la dignité humaine exhorte également les Autorités publiques à garantir que les jeunes reçoivent une solide éducation. Les écoles religieuses ont une grande contribution à apporter à cet égard. Les gouvernements ont le devoir de permettre aux parents d'envoyer leurs enfant dans des écoles religieuses en facilitant l'établissement et le financement de ces Institutions. Dans la mesure du possible, les subventions publiques devraient libérer les parents des fardeaux financiers excessifs qui limitent leur possibilité de choisir les méthodes d'éducation les plus adaptées à leurs enfants. Les écoles catholiques et autres écoles religieuses devraient bénéficier de la liberté appropriée pour concevoir et mettre en place des programmes scolaires qui alimentent la vie de l'esprit sans laquelle la vie de la raison est gravement déformée. J'exhorte l'Eglise et les responsables religieux à aller de l'avant dans un esprit de collaboration afin de garantir un avenir pour l'éducation catholique dans votre pays qui contribuera à la maturation morale et intellectuelle de la génération la plus jeune, au bénéfice de toute la société.

Excellence, en cette heureuse occasion, tandis que vous commencez votre mission, je vous assure que le Saint-Siège et ses divers bureaux seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. J'invoque des bénédictions divines sur vous, sur votre famille et sur le peuple de votre pays, qui occupe une place spéciale dans mes pensées et dans mes prières en ce moment.

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Message par Her Mar 17 Mai - 15:14

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2007/january/documents/hf_ben-xvi_spe_20070108_diplomatic-corps_fr.html

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
POUR LES VŒUX AU CORPS DIPLOMATIQUE
ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Lundi 8 janvier 2007

Monsieur le Doyen,
Excellences, Mesdames et Messieurs,

C’est avec plaisir que je vous accueille aujourd’hui, pour cette traditionnelle cérémonie d’échange de vœux. Bien qu'elle se renouvelle chaque année, il ne s’agit pas cependant d’une simple formalité, mais d’une occasion pour affermir notre espérance et pour nous engager toujours davantage au service de la paix et du développement des personnes et des peuples.

En premier lieu, je désire remercier votre Doyen, Monsieur l’Ambassadeur Giovanni Galassi, pour les aimables paroles par lesquelles il a exprimé vos vœux. J’adresse aussi un salut particulier aux Ambassadeurs qui participent pour la première fois à cette rencontre. Je vous offre à tous mes vœux les plus cordiaux et je vous assure de mes prières, afin que 2007 vous apporte, à vous-mêmes, à vos familles, à vos collaborateurs, à tous les peuples et à leurs dirigeants, le bonheur et la paix.

En début d'année, nous sommes invités à porter un regard sur la situation internationale, pour envisager les défis que nous sommes appelés à affronter ensemble. Parmi les questions essentielles, comment ne pas penser aux millions de personnes, spécialement aux femmes et aux enfants, qui manquent d’eau, de nourriture, de toit ? Le scandale de la faim, qui tend à s’aggraver, est inacceptable dans un monde qui dispose des biens, des connaissances et des moyens d’y mettre un terme. Il nous pousse à changer nos modes de vie; il nous rappelle l’urgence d’éliminer les causes structurelles des dysfonctionnements de l’économie mondiale et de corriger les modèles de croissance qui semblent incapables de garantir le respect de l’environnement et un développement humain intégral pour aujourd’hui et surtout pour demain. J'invite à nouveau les Responsables des Nations les plus riches à prendre les dispositions nécessaires pour que les pays pauvres, souvent pleins de richesses naturelles, puissent bénéficier des fruits des biens qui leur appartiennent en propre. De ce point de vue, le retard dans la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale au cours des toutes dernières années est aussi source de préoccupation. Il faut donc souhaiter la reprise des négociations commerciales du «Doha Development Round» de l’Organisation mondiale du Commerce, ainsi que la poursuite et l’accélération du processus d’annulation et de réduction de la dette des pays les plus pauvres, sans que cela soit conditionné à des mesures d’ajustement structurel, néfastes pour les populations les plus vulnérables.

Dans le domaine du désarmement également, se multiplient les symptômes d’une crise progressive, liée aux difficultés dans les négociations sur les armes conventionnelles aussi bien que sur les armes de destruction massive, et, d’autre part, à l’augmentation des dépenses militaires à l’échelle mondiale. Les questions de sécurité, aggravées par le terrorisme, qu’il faut condamner fermement, doivent être traitées dans une approche globale et clairvoyante.

En ce qui concerne les crises humanitaires, il convient de noter que les Organisations qui les affrontent ont besoin d’un soutien plus fort, afin qu’elles soient en mesure de fournir aux victimes protection et assistance. Une autre question qui prend toujours davantage de relief est celle des mouvements de personnes: des millions d’hommes et de femmes sont contraints à laisser leurs foyers ou leur patrie à cause de violences ou bien pour rechercher des conditions de vie plus dignes. Il est illusoire de penser que les phénomènes migratoires pourront être bloqués ou contrôlés simplement par la force. Les migrations et les problèmes qu’elles créent doivent être affrontés avec humanité, justice et compassion.

Comment ne pas se préoccuper non plus des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu’à la mort naturelle ? De telles atteintes n’épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique, où l’on tente de banaliser subrepticement l’avortement, par le Protocole de Maputo, ainsi que par le Plan d’action adopté par les Ministres de la santé de l’Union Africaine, qui sera d’ici peu soumis au Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement. Se développent également des menaces contre la structure naturelle de la famille, fondée sur le mariage d’un homme et d'une femme, et des tentatives de la relativiser en lui donnant le même statut que d’autres formes d’union radicalement différentes. Tout cela offense la famille et contribue à la déstabiliser, en en voilant la spécificité et le rôle social unique. D’autres formes d’agression à la vie sont commises parfois sous couvert de recherche scientifique. La conviction se répand que la recherche n’est soumise qu’aux lois qu’elle veut bien se donner et qu’elle n’a d’autre limite que ses propres possibilités. C'est le cas par exemple dans les tentatives de légitimer le clonage humain pour d’hypothétiques fins thérapeutiques.

Ce cadre préoccupant n'empêche pas de percevoir des éléments positifs qui caractérisent notre époque. Je voudrais mentionner en premier lieu la prise de conscience croissante de l’importance du dialogue entre les cultures et entre les religions. Il s'agit d'une nécessité vitale, en particulier en raison des défis communs concernant la famille et la société. Je relève d’ailleurs les nombreuses initiatives en ce sens, qui visent à bâtir les bases communes pour vivre dans la concorde.

Il convient aussi de noter le développement de la prise de conscience de la communauté internationale face aux énormes défis de notre temps, ainsi que les efforts pour qu'elle se traduise en actes concrets. Au sein de l’Organisation des Nations unies, a été créé l’année dernière le Conseil des Droits de l’Homme, dont il faut espérer qu’il centrera son activité sur la défense et la promotion des droits fondamentaux de la personne, en particulier le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse. Évoquant les Nations unies, je me sens le devoir de saluer avec gratitude Son Excellence Monsieur Kofi Annan pour l’œuvre accomplie au cours de ses mandats de Secrétaire général. Je formule les vœux les meilleurs pour son successeur Monsieur Ban Ki-moon, au moment où il vient de prendre ses fonctions.

Dans le cadre du développement, diverses initiatives ont été également lancées, auxquelles le Saint-Siège n’a pas manqué d’apporter son soutien, rappelant en même temps que ces projets ne doivent pas supprimer l’engagement des pays développés à destiner 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide internationale. Un autre élément important dans l'effort commun pour l’éradication de la misère requiert non seulement une assistance, dont on ne peut que souhaiter l'expansion, mais aussi la prise de conscience de l’importance de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance. Il faut aussi encourager et poursuivre les efforts accomplis afin d'assurer l’application du droit humanitaire aux personnes et aux peuples, pour une protection plus efficace des populations civiles.

En considérant la situation politique dans les différents continents, nous trouvons encore des motifs de préoccupation et d’espérance. Nous constatons en premier lieu que la paix est bien souvent fragile et même bafouée. Nous ne pouvons pas oublier le Continent africain. Le drame du Darfour se poursuit et s'étend aux régions frontalières du Tchad et de la République centrafricaine. La communauté internationale semble impuissante depuis bientôt quatre ans, malgré les initiatives destinées à soulager les populations en détresse et à apporter une solution politique. C’est seulement par une collaboration active entre les Nations unies, l’Union Africaine, les gouvernements en cause et d'autres protagonistes que ces moyens pourront devenir efficaces. Je les invite tous à agir avec détermination : nous ne pouvons pas accepter que tant d’innocents continuent à souffrir et à mourir ainsi.

La situation dans la Corne de l’Afrique s’est récemment aggravée, avec la reprise des hostilités et l’internationalisation du conflit. En appelant toutes les parties à l’abandon des armes et à la négociation, qu’il me soit permis d’évoquer la mémoire de Sœur Leonella Sgorbati qui a donné sa vie au service des plus défavorisés, invoquant le pardon pour ses meurtriers. Que son exemple et son témoignage inspirent tous ceux qui cherchent réellement le bien de la Somalie.

En Ouganda, il faut souhaiter les progrès des négociations entre les parties, en vue de la fin d’un conflit cruel qui voit même l'enrôlement de nombreux enfants contraints de se faire soldats. Cela permettra aux nombreux déplacés de revenir chez eux et de retrouver une vie digne. La contribution des chefs religieux et la récente désignation d’un Représentant du Secrétaire général des Nations unies sont de bonne augure. Je le redis: n’oublions pas l’Afrique et ses nombreuses situations de guerre et de tension. Il faut se rappeler que seules les négociations entre les différents protagonistes peuvent ouvrir la voie à un règlement juste des conflits et faire entrevoir des progrès vers la consolidation de la paix.

La Région des Grands Lacs a été ensanglantée depuis des années par des guerres sans merci. C’est avec intérêt et espérance qu’il convient d’accueillir les développements positifs récents, en particulier la conclusion de la phase de transition politique au Burundi et plus récemment en République démocratique du Congo. Il est cependant urgent que les pays s'attachent à un retour au fonctionnement des institutions de l'état de droit, pour endiguer tous les arbitraires et pour permettre le développement social. Au Rwanda, je souhaite que le long processus de réconciliation nationale après le génocide trouve son aboutissement dans la justice, mais aussi dans la vérité et le pardon. La Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, avec la participation d'une délégation du Saint-Siège et des représentants de nombreuses conférences épiscopales nationales et régionales de l'Afrique centrale et orientale, laisse entrevoir de nouvelles espérances. Enfin, je voudrais mentionner la Côte d’Ivoire, exhortant les parties en présence à créer un climat de confiance réciproque qui puisse conduire au désarmement et à la pacification, et d’autre part l’Afrique Australe: dans ces pays, des millions de personnes sont réduites à une situation de grande vulnérabilité, qui exige l’attention et l’appui de la communauté internationale.

Des signes positifs pour l’Afrique viennent également de la volonté exprimée par la communauté internationale de maintenir ce continent au centre de son attention, et aussi du renforcement des institutions continentales et régionales, qui témoignent de l’intention des pays concernés de devenir toujours davantage responsables de leur propre destin. De même, il faut louer l'attitude digne des personnes, qui chaque jour, sur le terrain, s'engagent avec détermination pour promouvoir des projets qui contribuent au développement et à l'organisation de la vie économique et sociale.

Le voyage apostolique que j’accomplirai au mois de mai prochain au Brésil me donne l’occasion de tourner mon regard vers ce grand pays, qui m’attend avec joie, et vers toute l’Amérique Latine et les Caraïbes. L’amélioration de certains indices économiques, l’engagement dans la lutte contre le trafic de drogue et contre la corruption, les divers processus d’intégration, les efforts pour améliorer l'accès à l'éducation, pour combattre le chômage et pour réduire les inégalités dans la distribution des revenus, constituent des indices à relever avec satisfaction. Si ces évolutions se consolident, elles pourront contribuer de façon déterminante à vaincre la pauvreté qui afflige de vastes secteurs de la population et à accroître la stabilité institutionnelle. S’agissant des élections qui se sont déroulées l’année dernière dans plusieurs pays, il convient de souligner que la démocratie est appelée à prendre en compte les aspirations de l'ensemble des citoyens, à promouvoir le développement dans le respect de toutes les composantes de la société, selon les principes de la solidarité, de la subsidiarité et de la justice. Il faut cependant mettre en garde contre le risque que l’exercice de la démocratie se transforme en dictature du relativisme, proposant des modèles anthropologiques incompatibles avec la nature et la dignité de l’homme.

Mon attention se tourne tout particulièrement vers certains pays, notamment la Colombie, où le long conflit interne a provoqué une crise humanitaire, surtout en ce qui concerne les personnes déplacées. Tous les efforts doivent être faits pour pacifier le pays, pour restituer aux familles leurs proches qui ont été enlevés, pour redonner sécurité et vie normale à des millions de personnes. De tels signes donneront confiance à tous, y compris à ceux qui ont été impliqués dans la lutte armée. Nos regards se tournent vers Cuba. En souhaitant que chacun de ses habitants puisse réaliser ses aspirations légitimes dans le souci du bien commun, permettez-moi de reprendre l’appel de mon vénéré Prédécesseur: «Que Cuba s’ouvre au monde et le monde à Cuba». L’ouverture réciproque avec les autres pays ne pourra qu’être au bénéfice de tous. Non loin de là, le peuple haïtien vit toujours dans une grande pauvreté et dans la violence. Je forme des vœux pour que l’intérêt de la communauté internationale, manifesté entre autres par les conférences des donateurs qui ont eu lieu en 2006, conduise à la consolidation des institutions et permette au peuple de devenir artisan de son propre développement, dans un climat de réconciliation et de concorde.

L'Asie montre avant tout des pays qui sont caractérisés par une population très nombreuse et un grand développement économique. Je pense à la Chine et à l’Inde, pays en pleine expansion, souhaitant que leur présence croissante sur la scène internationale entraîne des bénéfices pour les populations elles-mêmes et pour les autres nations. De même, je forme des vœux pour le Viet-Nâm, rappelant sa récente adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce. Ma pensée rejoint les communautés chrétiennes. Dans la plupart des pays d’Asie, il s’agit souvent de communautés petites mais vivantes, qui désirent légitimement pouvoir vivre et agir dans un climat de liberté religieuse. C'est à la fois un droit primordial et une condition qui leur permettra de contribuer au progrès matériel et spirituel de la société, et d’être des éléments de cohésion et de concorde.

Au Timor oriental, l’Église catholique entend continuer à offrir sa contribution notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la réconciliation nationale. La crise politique traversée par ce jeune État, comme d’ailleurs par d’autres pays de la région, met en évidence une certaine fragilité des processus de démocratisation. De dangereux foyers de tension couvent dans la Péninsule de Corée. L’objectif de la réconciliation du peuple coréen et la dénucléarisation de la Péninsule, qui auront des effets bénéfiques dans toute la région, doivent être poursuivis dans le cadre de négociations. Il convient d'éviter les gestes qui puissent compromettre les pourparlers, sans toutefois conditionner aux résultats les aides humanitaires destinées aux couches de la population nord-coréenne les plus vulnérables.

Je voudrais attirer votre attention sur deux autres pays asiatiques, qui sont des motifs de préoccupation. En Afghanistan, au cours des derniers mois, il faut hélas déplorer une augmentation notable de la violence et des attaques terroristes, qui rendent difficile le chemin vers la sortie de crise et qui pèsent lourdement sur les populations locales. Au Sri Lanka, l’échec des négociations de Genève entre le Gouvernement et le Mouvement Tamoul a entraîné une intensification du conflit, qui provoque d’immenses souffrances parmi les populations civiles. Seule la voie du dialogue pourra assurer un avenir meilleur et plus sûr pour tous.

Le Moyen-Orient est aussi source de grandes inquiétudes. Aussi ai-je voulu adresser une lettre aux catholiques de la région à l’occasion de Noël, pour exprimer ma solidarité et ma proximité spirituelle avec tous, et pour les encourager à poursuivre leur présence dans la région, sûr que leur témoignage sera une aide et un soutien en vue d’un avenir de paix et de fraternité. Je renouvelle mon appel pressant à toutes les parties en cause sur l'échiquier politique complexe de la région, avec l’espoir que se consolideront les signes positifs entre Israéliens et Palestiniens, enregistrés au cours des dernières semaines. Le Saint-Siège ne se lassera jamais de répéter que les solutions armées n’aboutissent à rien, comme on l’a vu au Liban l’été dernier. L’avenir de ce pays passe nécessairement par l’unité de toutes ses composantes et par des relations fraternelles entre les différents groupes religieux et sociaux. Cela constitue un message d’espérance pour tous. Il n’est pas possible de se satisfaire non plus de solutions partielles ou unilatérales. Pour mettre un terme à la crise et aux souffrances qu'elle occasionne dans les populations, il importe de procéder par une approche globale, qui n’exclue personne de la recherche d’une solution négociée et qui tienne compte des aspirations et des intérêts légitimes des différents peuples concernés; notamment, les Libanais ont droit à voir respectées l’intégrité et la souveraineté de leur pays; les Israéliens ont le droit de vivre en paix dans leur État ; les Palestiniens ont droit à une patrie libre et souveraine. Si chacun des peuples de la région voit ses attentes prises en considération et se sent moins menacé, la confiance mutuelle se renforcera. Cette même confiance se développera si un pays comme l’Iran, tout spécialement en ce qui concerne son programme nucléaire, accepte de donner une réponse satisfaisante aux préoccupations légitimes de la communauté internationale. Des pas accomplis dans ce sens auront sans aucun doute un effet positif pour la stabilisation de toute la région, et de l’Iraq en particulier, mettant fin à l’épouvantable violence qui ensanglante ce pays et offrant la possibilité de relancer sa reconstruction et la réconciliation entre tous ses habitants.

Plus près de nous, en Europe, de nouveaux pays, la Bulgarie et la Roumanie, nations de longue tradition chrétienne, ont fait leur entrée dans l’Union européenne. Alors que l’on s’apprête à célébrer le cinquantième anniversaire des Traités de Rome, une réflexion s’impose sur le Traité constitutionnel. Je souhaite que les valeurs fondamentales qui sont à la base de la dignité humaine soient pleinement protégées, en particulier la liberté religieuse dans toutes ses dimensions et les droits institutionnels des Églises. De même, on ne peut faire abstraction de l’indéniable patrimoine chrétien de ce continent, qui a largement contribué à modeler l’Europe des Nations et l’Europe des peuples. Le cinquantième anniversaire de l’insurrection de Budapest, fêté au mois d’octobre dernier, nous a rappelé les événements dramatiques du vingtième siècle qui incitent tous les Européens à construire un avenir libre de toute oppression et de tout conditionnement idéologique, à tisser des liens d’amitié et de fraternité, et à manifester sollicitude et solidarité envers les plus pauvres et les plus petits; de même, il importe de purifier les tensions du passé, en promouvant la réconciliation à tous les niveaux, car c’est elle seule qui permet de construire l’avenir et de consentir à l’espérance. J’appelle aussi tous ceux qui, dans le continent européen, sont tentés par le terrorisme, à cesser toute activité de ce genre, car de tels comportements, qui font prévaloir la violence et qui engendrent la peur chez les populations, constituent une voie sans issue. Je pense aussi aux divers «conflits gelés», souhaitant qu’ils trouvent rapidement une solution définitive, et aux tensions récurrentes liées aujourd’hui surtout aux ressources énergétiques.

Je souhaite que la région des Balkans parvienne à la stabilisation que tous espèrent, en particulier grâce à l’intégration des nations qui la composent dans les structures continentales et au soutien de la communauté internationale. L’établissement de relations diplomatiques avec la République du Monténégro, qui vient d’entrer pacifiquement dans le concert des nations, et l’Accord de Base signé avec la Bosnie Herzégovine sont des marques de l’attention constante du Saint-Siège pour la région des Balkans. Alors qu’approche le moment où sera défini le statut du Kosovo, le Saint-Siège demande à tous ceux qui sont concernés un effort de sagesse clairvoyante, de flexibilité et de modération, afin que soit trouvée une solution qui respecte les droits et les attentes légitimes de tous.

Les situations que j’ai évoquées constituent un défi, qui nous implique tous; il s’agit d’un défi qui consiste à promouvoir et à consolider tout ce qu’il y a de positif dans le monde et à surmonter, avec bonne volonté, sagesse et ténacité tout ce qui blesse, dégrade et tue l’homme. C’est en respectant la personne humaine qu’il est possible de promouvoir la paix et c’est en bâtissant la paix que sont jetées les bases d’un authentique humanisme intégral. C’est ici que trouve réponse la préoccupation de tant de nos contemporains face à l’avenir. Oui, l’avenir pourra être serein si nous travaillons ensemble pour l’homme. L’homme, créé à l’image de Dieu, a une dignité incomparable; l’homme, qui est si digne d’amour aux yeux de son Créateur, que Dieu n’a pas hésité à donner pour lui son propre Fils. C’est cela le grand mystère de Noël, que nous venons de célébrer et dont l’atmosphère joyeuse se poursuit jusqu’à notre rencontre d’aujourd’hui. Dans son engagement au service de l’homme et de la construction de la paix, l’Église est aux côtés de toutes les personnes de bonne volonté et elle offre une collaboration désintéressée. Qu’ensemble, chacun à sa place et avec ses propres talents, nous sachions travailler à la construction d’un humanisme intégral qui peut seul assurer un monde pacifique, juste et solidaire. Ce souhait s’accompagne de la prière que je fais monter vers le Seigneur pour vous-mêmes, pour vos familles, pour vos collaborateurs et pour les peuples que vous représentez.

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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 15:18

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_16121999_doc_i-1998-not_en.html

NOTITIAE

ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET
LA COOPÉRATION EN EUROPE (OSCE)
Séminaire sur la promotion du rôle de la femme dans la société

Du 14 au 17 octobre 1997, à Varsovie, le Bureau pour les Institutions démocratiques et pour les droits de l'homme de l'OSCE a organisé un séminaire auquel a pris part une Délégation du Saint-Siège conduite par Madame Huberte Hanquet.

La Déléguée a montré combien, loin d'avoir favorisé de façon univoque l'entrée des femmes dans le circuit économique de la production, l'industrialisation a engendré ou aggravé de profondes ruptures culturelles. Loin de se limiter à ses aspects économiques, l'activité des femmes dans les différentes sphères de la société a des implications notables dans de nombreux autres domaines, notamment dans les comportements et ce qu'il est convenu d'appeler la dimension culturelle de la société.

"L'élément essentiel de discrimination a d'ailleurs souvent été l'appartenance sociale bien plus que la dichotomie sexuelle. Depuis le XIXe siècle, l'activité économique a été transférée de l'unité familiale à l'usine ou à l'entreprise. C'est cette transformation qui a marqué profondément la rupture entre la femme qui n'exerce aucune activité professionnelle et le reste de la vie économique, sociale, culturelle et politique...

Sans doute pour beaucoup de femmes, travailler professionnellement c'est avant tout satisfaire aux besoins élémentaires, vitaux personnels et familiaux, mais aussi à des besoins de plus en plus nombreux, variés et élaborés, ressortissant à des sphères différentes. Pour la majorité des femmes, le travail professionnel est source de contacts et d'insertion sociale, diversifiant les appartenances, multipliant les chances de réussite, même si la réussite totale reste difficile...

Que la reconnaissance... de notre identité légitime ne serve pas de prétexte à gommer celle de l'universalité des droits de la personne humaine, surtout lorsque ceux-ci concernent les femmes. N'oublions pas qu'à cette universalité sont liées leur interdépendance et leur indivisibilité."

Source: Bollettino della Sala Stampa della Santa Sede, n. 396/97, 21-10-1997, p. 5-7.


La culture de l'Europe, fondement de la dimension humaine de l'OSCE

Le 18 décembre, S. Ex. Mgr Jean-Louis Tauran, Secrétaire pour les Rapports avec les États, a participé à Copenhague à la réunion des Ministres des Affaires Étrangères des États membres de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). En font partie 54 États, dont le Saint-Siège. Dans sa brève intervention, Mgr Tauran a montré combien un concept actualisé de sécurité européenne, respectueuse de la dignité et de la souveraineté de chaque peuple s'appuie nécessairement sur la culture européenne et ses valeurs.

"Solidarité et paix demeureraient toutefois des idéaux désincarnés si elles ne reposaient pas sur une culture de la confiance, seule capable de tuer les germes de la haine, du crime organisé, de l'ethnocentrisme et des préjugés de toutes sortes. Qui de nous ici présents pourrait nier que des efforts restent encore à faire pour atteindre une situation qui soit à la hauteur des engagements pris par l'OSCE?

À cet égard, je voudrais insister sur une situation préoccupante dans l'application des principes qui nous sont chers. La liberté de religion est loin d'être assurée dans la zone d'influence de l'OSCE. Dans certains pays, des lois récentes ont instauré des discriminations entre communautés de croyants, créant pour ainsi dire des classes entre elles. D'autres n'assurent aucun statut juridique à certaines Églises minoritaires. Il est des cas où la légitime autonomie des communautés reconnues est gravement limitée.

Il est donc important d'être vigilant afin que les engagements pris à Helsinki et à Vienne ne restent pas lettre morte. Nous ne saurions accepter que la dimension humaine de l'OSCE s'atrophie alors que d'autres dimensions se renforcent. Au fond, il y va de la crédibilité de l'Europe dont la culture repose sur les libertés fondamentales de la personne, sur la solidarité, la cohésion sociale et le rejet de l'exclusion".

Source: VIS 971219 (510).


CONSEIL DE L'EUROPE
IIe Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement du Conseil de l'Europe

Réunis à Strasbourg, les 10 et 11 octobre 1997, à l'initiative du Président de la République Française, les Chefs d'État et de Gouvernement des Pays membres du Conseil de l'Europe, plus le Représentant du Saint-Siège, S. Ex. Monseigneur Jean-Louis Tauran, ont participé au IIe Sommet de l'Organisation, destiné à intensifier la coopération entre toutes les démocraties européennes, pour répondre aux profondes mutations de l'Europe et aux grands défis du IIIe millénaire. Rappelons que le Saint-Siège participe formellement aux activités du Conseil de l'Europe depuis trente-cinq ans. En 1962, il adhéra à la Convention de Coopération Culturelle, et en 1973 au Fonds de Développement Social.

Intervention du Représentant du Saint-Siège

Dans son intervention, S. Ex. Monseigneur Tauran a rappelé la coopération déjà ancienne entre le Saint-Siège et le Conseil de l'Europe, fondée sur des valeurs communes à l'Europe. Cette déclaration constitue un remarquable condensé du patrimoine culturel de l'Europe, fait de valeurs spirituelles et éthiques.

"Ces valeurs trouvent leur source, sans aucun doute, dans une conviction primordiale et commune à toutes nos familles de pensée: la dignité de la personne humaine, que doit servir tout l'ordre politique et social.

C'est pourquoi le Saint-Siège ne peut que s'associer aux efforts des États membres en vue de toujours mieux garantir le droit à la vie et à l'intégrité de la personne, soit par l'abrogation généralisée de la peine de mort, soit par la protection intensifiée de l'enfance, soit encore par l'interdiction du clonage humain. A cet égard, la Convention sur les droits de l'homme et de la biomédecine ainsi que les Protocoles annexes retiennent évidemment toute l'attention de l'Église catholique qui professe le droit à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle, et nie l'existence d'un "matériel génétique humain" à livrer au bon vouloir des expériences de toutes sortes.

Au chapitre des droits civils et politiques, l'Europe s'est engagée depuis le récent Sommet de Vienne de 1993 à redoubler d'attention envers les minorités et, dans le domaine des droits économiques et sociaux, elle a révisé en 1996 la Charte sociale européenne. Ce sont là des initiatives qui montrent que les responsables des sociétés reconnaissent que le respect des droits de l'individu est appelé à se prolonger dans une éthique communautaire de la solidarité.

On peut donc dire que le Conseil de l'Europe est devenu sous bien des aspects la "conscience de l'Europe". Il a joué bien souvent le rôle de pionnier non seulement dans la protection des droits humains dans le monde, mais aussi vis-à-vis d'autres institutions européennes. Il a considérablement aidé plus d'un pays à progresser vers une démocratie pluraliste où chaque citoyen participe au projet de société; vers un renforcement des droits de l'homme respecté dans toutes ses légitimes aspirations; vers l'État de droit qui évite que la collectivité ne domine l'individu. Ainsi, un véritable "bien commun européen" a progressivement vu le jour.

De ces efforts, Monsieur le Président, les familles religieuses enracinées sur ce continent —et en tout cas l'Église catholique— sont profondément solidaires. Les religions, en effet, sont convaincues que l'unité de l'Europe n'a pas seulement une base géographique, historique, économique ou politique: elle repose sur un patrimoine culturel formé de "ressources naturelles et des créations humaines, de richesse physique, mais aussi de valeurs spirituelles et religieuses, de croyances et de savoirs", comme l'affirmaient si opportunément les Ministres européens de la culture, à Berlin, en 1984.

Parce que la politique ne pourra jamais remplacer l'éthique, les croyants continueront à rappeler inlassablement la transcendance de la personne humaine et sa vraie liberté, en promouvant le respect inconditionnel de la vie, en défendant la famille, école de fidélité, de sécurité et d'amour, et en combattant l'exclusion des plus faibles, encore trop souvent laissés sur le bord du chemin.

Nous devons nous aider les uns les autres à progresser dans une réflexion toujours plus vigilante et ordonnée sur tous ces sujets qui engagent notre avenir qui, comme le disait un esprit illustre de ce pays, Saint-Exupéry, "n'est jamais que du présent mis en ordre". Il s'agit moins de le prévoir que de le permettre!"

Source: L'Osservatore Romano, 12 octobre 1997.
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 15:21

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_20033011_doc_iv-2003-stu_en.html

STUDIA

Cardinal Paul Poupard, Les idées dépressives du monde contemporain
Cardinal Ivan Dias, The Missions in the Pontificate of Pope John Paul II
Francisco Javier Lozano, Promouvoir le dialogue des cultures

Summarium

LES IDÉES DÉPRESSIVES DU MONDE CONTEMPORAIN

XVIIIème Conférence internationale
du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé
Cité du Vatican – Salle du Synode, 13 novembre 2003

Paul Card. POUPARD
Président du Conseil Pontifical de la Culture

1. C’est pour moi une joie de venir partager avec vous quelques convictions du Conseil Pontifical de la Culture sur « Les idées dépressives du monde contemporain ». Mon point de vue bien sûr ne sera pas celui du médecin, du psychanalyste, ni du sociologue, mais celui de l’humaniste chrétien qui discerne, dans la culture dominante, de nombreux points de rupture où l’homme se retrouve en situation-limite et devient particulièrement vulnérable jusqu’à sombrer dans les symptômes divers de la dépression, où, de Prométhée en Sisyphe, la postmodernité semble s’engloutir en Narcisse.
Je vous salue très cordialement, Éminence, avec vos collaborateurs du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé. Le thème de « La dépression » mérite tristement la plus grande attention de la part de l’Église, et je souhaite que les travaux de cette XVIIIème Conférence internationale y contribuent.

2. Les médecins définissent la dépression comme « un trouble pathologique de l’humeur » qui se manifeste, entre autres, par une tristesse envahissante, des idées noires, le repli sur soi et l’obsession de la mort. La dépression est vécue comme une chute, l’expérience du vide qui ravage une vie et entraîne la glissade dans un gouffre. Le dépressif a le sentiment de ne plus pouvoir se battre, de se retrouver devant un abîme, d’être emporté par une lame de fond qui déstructure, broie et noie. Puis vient la peur, jusqu’à devenir terreur. Dans ses yeux, la lueur hagarde de celui qui a cru voir le néant. L’ennui le prend. La volonté l’abandonne. L’indifférence le fige. Plus rien n’a de sens, une nausée tenace l’envahit, jusqu’au désespoir et l’envie de mourir.
Ce drame intérieur qui atteint de trop nombreuses personnes, hommes et femmes, jeunes et adultes, riches et pauvres, artistes et grands de ce monde, tout autant que sportifs et humbles artisans, trouve sans nul doute dans la culture contemporaine des facteurs aggravants qui se traduisent dans les chiffres et les statistiques que vous savez et qui ne manquent pas de nous inquiéter. Tout se passe comme si la culture dominante provoquait chez nos contemporains – pour emprunter une image à la géologie – des failles au plus intime de leur être, puis une fêlure, enfin une crevasse entre des plaques d’identité qu’elle devrait conjoindre pour l’épanouissement des multiples potentialités qui nous habitent. Disjointes, ces « plaques » laissent se faufiler la dépression, porteuse de régression vers soi et d’agression vers l’autre, dans la dépréciation d’un idéal de vie et de ses valeurs qui structurent la personnalité.
Voici déjà dix ans notre ami Tony Anatrella, dans un essai roboratif, disait Non à la société dépressive, « menacée d’implosion, où l’individu, en l’absence de tout projet et de toute dimension extérieure à lui-même, se trouve ramené à sa seule subjectivité… Tête à tête destructeur entre une intériorité en crise et une vie pulsionnelle qui s’installe dans ses états premiers ; régression qui a aussi pour effet de dissoudre le lien social dans le mépris des racines de notre civilisation »[1].

3. La personne humaine, en effet, est riche d’une grande variété de dimensions, et c’est de leur épanouissement que naît la culture, source de la civilisation dans ses multiples éléments : « Au sens large – souligne le Concile Vatican II dans la Constitution pastorale sur L’Église dans le monde de ce temps – le mot "culture" désigne tout ce par quoi l’homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s’efforce de soumettre l’univers par la connaissance et le travail ; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l’ensemble de la vie civile, grâce au progrès des mœurs et des institutions ; traduit, communique et conserve enfin dans ses oeuvres, au cours des temps, les grandes expériences spirituelles et les aspirations majeures de l’homme, afin qu’elles servent au progrès d’un grand nombre et même de tout le genre humain. » (Gaudium et spes, 53).
Il n’est de culture que de l’homme, par l’homme et pour l’homme. Le Document du Conseil Pontifical de la Culture, Pour une pastorale de la culture, le rappelle : « La culture est si naturelle à l’homme, que sa nature n’a de visage qu’accomplie dans sa culture »[2]. Il importe donc de discerner ce qui, dans la culture dominante, dénature l’homme et nuit à son épanouissement, « dans son intelligence et son affectivité, sa quête de sens et sa recherche du beau, ses repères éthiques et son ouverture à la transcendance ». Les contre-valeurs qui brisent l’harmonie d’une culture, foyer dans lequel les hommes et les peuples cultivent leur relation avec la nature et avec leurs frères, avec eux-mêmes et avec Dieu, sont les produits d’idées dépressives qui portent en germe la destruction de l’humanité de l’homme et la défigurent, au point de le rendre incapable de se reconnaître dans ce qu’il vit.

4. La vie humaine se réalise dans les différentes modalités de l’activité de l’homme. Exister, pour l’homme, n’est pas exister « simpliciter » : il est partout et tout ensemble homo faber et homo amicus, homo politicus et homo sapiens, et – nous en sommes tous convaincus – homo religiosus. Selon les philosophes, l’unité se prend, soit selon la forme, soit selon la fin. Nous le constatons, une personne humaine est parfaitement « unifiée » selon qu’elle est pleinement liée à sa fin, et non pas seulement du fait du sujet même qui agit. L’unité personnelle d’un être, ce par quoi il se reconnaît lui-même, conforme à ce qu’il tente de construire et qui fait de lui un être unique, original, différent des autres, se construit dans sa capacité à rejoindre la fin pour laquelle il s’est engagé dans un projet de vie. Ce seront donc les exigences du travail, de l’amitié, de la vie sociale et de l’intelligence, jointes à celles de l’aspiration vers la transcendance qui vont permettre à l’homme, inséré dans une culture – à condition, bien sûr, d’être réunies – d’unifier sa vie dans un épanouissement harmonieux des potentialités qui l’habitent. Si l’unité de la personne est celle de l’esprit, il va de soi que cet esprit en l’homme est incarné et ne se réalise que dans une dimension existentielle et non abstraite.
Inversement, la racine de la perte de l’unité personnelle se situe dans les idées dominantes de la culture actuelle qui tendent à déprécier le travail, à dénaturer les liens entre les hommes, tant dans l’amitié que dans la vie sociale, à enfermer le développement de l’intelligence dans une impasse, et à dérouter l’homme dans son cheminement vers Dieu. Ces idées, je les appellerai volontiers dépressives, car elles sont causes d’un éclatement dans les cultures, qui risque de placer les femmes et les hommes de notre temps dans ce que le philosophe Jaspers appelle « les situations-limites », profondément déstabilisantes et facteurs d’éclatement de la personnalité. Ce sont comme des murs qui se dressent devant nous sous l’influence des idées dépressives. Il faut, pour les abattre, force, persévérance et lucidité, avec l’aide de la grâce de Dieu. Mais il appartient aussi à l’Église de proposer une alternative à ces idées, dans une véritable pastorale de la culture inspirée de l’humanisme chrétien, lui-même nourri de l’Évangile.

5. L’homme est « primitivement » homo faber. La dimension du travail, la production d’œuvres belles et bonnes – kala kagata, disaient les anciens grecs –, de tout ce qui est utile à la vie quotidienne des individus et des peuples, est fondamentale pour la vie de l’homme et constitutive de sa nature. Nous le savons, c’est par le travail que l’homme entre en contact avec l’univers, qu’il « dialogue » avec la matière pour la connaître et la transformer, dans le respect de son ordre profond. Si l’œuvre produite dans le travail ne finalise pas l’homme au sens strict, nous voyons cependant que toutes les situations-limites vécues dans l’ordre du faire, ont les répercussions les plus grandes au niveau psychologique. C’est que le travail est l’activité la plus consciente de l’homme, qui constitue un conditionnement extrêmement fort, voire envahissant, du quotidien de nos vies. Comme le souligne le Pape Paul VI dans l’Encyclique Populorum progressio : « Dieu qui a doté l’homme d’intelligence, d’imagination et de sensibilité, lui a donné ainsi le moyen de parachever en quelque sorte son œuvre : qu’il soit artiste ou artisan, entrepreneur, ouvrier ou paysan, tout travailleur est un créateur… Bien plus, vécu en communion, dans l’espoir, la souffrance, l’ambition et la joie partagés, le travail unit les volontés, rapproche les esprits et soude les cœurs : en l’accomplissant les hommes se découvrent frères »[3]. Les échecs dans ce domaine auront, par conséquent, des répercussions importantes sur l’équilibre psychologique. Il s’agit donc de démasquer les idées dépressives de la culture dominante en ce domaine, qui conduisent à l’impasse et dénaturent la dimension humaine de l’activité artistique et du travail de l’homme.
Dans le domaine des arts proprement dits, il va de soi qu’une certaine conception d’un art sans valeur idéale, la promotion d’œuvres qui n’ont de sens que pour un public dont elles nourrissent l’imagination morbide en proposant à son regard l’exposition des zones les plus troubles de la psychologie d’hommes et de femmes désorbités, offrent un terrain favorable à la dépression. Dans sa Lettre aux artistes de Pâques 1999 que j’avais le joie de présenter à la presse internationale, le Pape Jean-Paul II, citant son compatriote Cyprian Norwid, affirme à sa suite : « La beauté est pour susciter l’enthousiasme dans le travail, le travail est pour renaître ». Il ne fait aucun doute qu’une symphonie de Beethoven, la Pietà de Michel-Ange et les Madones de Botticelli introduisent par la beauté dans un monde de sens. Mais à l’inverse, les œuvres contemporaines expressives d’une laideur qui salit, donnent à penser dans leur provocation qu’il n’y aurait de sens à rien et que l’abîme serait le principe et la fin de toutes choses. Ces déviances de l’art contemporain trouvent en partie leur origine dans la conception nietzschéenne du Sur-homme, idée dépressive s’il en est, car elle introduit dans le sentiment d’une identité créatrice absolue totalement illusoire. Il n’est, en effet, rien de plus déstabilisant que l’illusion insurmontable, source d’enfermement, et la tentation du sur-moi ouvre un abîme qui, tôt ou tard, provoque le vertige de qui a la naïveté de se croire dieu dans l’exaltation de se découvrir créateur.

6. L’activité du facere a aussi pour finalité l’amélioration des conditions de vie de l’homme. Le développement de l’industrie, conséquence des progrès de la technique, la mondialisation du commerce et de la finance internationale, la standardisation des produits portée par la capacité singulière des médias à répandre partout dans le vaste monde des modèles uniques qui n’ont souvent d’autre valeur que celle d’être rentables, sont autant de conséquences d’une conception dépressive de la société. Ce monde industrialisé promu par les ambitions économiques de quelques « puissants » au mépris des idées plus nobles du développement – « le nouveau nom de la paix », pour le dire avec Paul VI dans l’Encyclique Populorum progressio citée plus haut – et de la justice distributive – qui demande la répartition des richesses –, est la conséquence d’idées dépressives largement répandues dans la société moderne. Le Pape Jean-Paul II ne dit pas autre chose lorsqu’il dénonce les « structures de péché » : il s’agit bien du développement, voulu par certains, de structures gigantesques génératrices de « profits » gigantesques, au mépris total de la dignité humaine, qui n’ont d’autres conséquences que la déstructuration de la personne humaine, et ouvrent de véritables foyers de dépression. C’est tout le thème de l’Encyclique Laborem exercens déjà citée, où le Pape traite du « travail, clé de la question sociale » et offre une puissante analyse des idées dépressives du monde contemporain dans le domaine du travail humain, dénaturé dans son essence profonde par les « divers courants de la pensée matérialiste et économiste » (n. 7).
Un nouveau défi est apparu ces dernières années, que je me dois de relever. L’artisan, lorsqu’il produit son œuvre, travaille une matière dont il apprend un certain réalisme : il découvre le devenir inhérent aux « choses », l’ordre de la nature dont il n’est ni l’auteur ni le maître, et ce contact l’ennoblit tout en l’engageant dans la voie de l’humilité. Or nous le constatons avec une profonde tristesse, aujourd’hui un nombre non négligeable de scientifiques entend intervenir sur la vie, au mépris de l’ordre fondamental inscrit dans la nature, à tous les niveaux de ses différentes manifestations. Le but avoué est de « produire » des êtres humains par la technique du clonage. N’y a-t-il pas là l’une des idées dépressives les plus effrayantes que l’humanité ait jamais pu imaginer ? La tentation d’un surmoi absolu qui s’exprimerait pour le scientifique dans sa capacité à « fabriquer » l’être le plus parfait de l’univers, relève sans nul doute de l’ordre de la méta-tentation et ne peut, à long terme, que plonger l’humanité elle-même dans une dépression terrifiante : la vie ne serait plus le fruit d’un amour partagé et d’une liberté responsable. Que deviendrait la liberté de concevoir – qui est souvent la seule véritable richesse des plus pauvres – devant le « travail » de scientifiques préoccupés de « fabriquer » une race supérieure ? Il faudrait alors légiférer, limiter, et par conséquence attenter à cette liberté ? Plus que vers une impasse, c’est au bord d’un gouffre effrayant qu’une science dévoyée risque d’entraîner l’humanité.

7. L’homme est homo amicus. Capable d’entrer en relation avec son semblable, il découvre en lui une personne capable de partager avec lui « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses » de sa vie quotidienne. L’amitié se réalise dans un don personnel réciproque, basé sur le respect, la confiance et la fidélité. Elle permet l’échange de « secrets » dont le partage manifeste la communion entre deux êtres et scelle l’harmonie de leurs volontés. La mort de l’amitié – et la trahison du secret en est une –, l’incapacité de se faire des amis, qui enferme dans la solitude, les déviances des regards qui ne considèrent plus l’autre que comme objet de désir, toutes les maladies du non-amour qui se développent dans la culture dominante ne peuvent pas ne pas entraîner des conséquences dramatiques sur l’équilibre des personnes dont elles favorisent la dépression, les privant de cette amitié qui les finalise au sens propre. Là encore, nous pourrions nous référer aux Encycliques du Saint-Père : je pense plus particulièrement à Veritatis splendor, mais aussi à Evangelium vitae et à Fides et ratio, qui offrent des analyses approfondies des idées dépressives dans les différents domaines de la morale, de la conception de l’être humain et de la vie, de l’orientation de l’intelligence vers le vrai et de la volonté vers le bien.
La culture, ce milieu dans lequel nous nous développons comme personne humaine, conditionne inévitablement notre manière de percevoir l’autre. Le raffinement d’une éducation qui s’est développée au cours des siècles dans toute une société irriguée par les humanités gréco-latines et inspirée par l’Évangile, a produit des fruits remarquables dans la régulation des modes de vivre en société. L’éducation à la vertu, la présentation de modèles de courage et de fidélité – je pense à l’idéal grec d’Homère proposé aux jeunes générations à travers les personnages mythiques d’Ulysse et Antigone – et la conscience du bien à poursuivre et du mal à repousser sans faiblesse, donnent aux hommes et aux femmes de vivre dans une juste harmonie et d’entretenir des liens d’amour et d’amitié durables.
Au rebours, la philosophie sartrienne de « l’enfer, c’est l’autre », la vision psychanalytique freudienne qui réduit l’homme à ses pulsions, l’orchestration de campagnes de publicité qui exaltent le corps féminin dans un esthétisme trompeur artificiellement retouché, l’invitation pesante à la sexualité – souvent inavouée – dès un âge très précoce, alors que la personnalité du jeune n’est pas encore construite, sont autant d’idées dépressives de la culture du monde contemporain. Les ravages de feuilletons populaires qui se déversent à bas prix sur les chaînes de télévision, jusque dans les régions les plus reculées du vaste monde, sont bien le produit d’idées dépressives où le but recherché est de faire de l’argent au mépris total des valeurs qui donnent à l’homme de s’épanouir comme image et ressemblance de son Créateur et Père. L’audimat obstinément poursuivi se traduit par une exaltation exacerbée des sens. Le but avoué est d’exciter les concupiscences en poussant à l’extrême les limites que la société tolère, mais ne cesse de reculer sans cesse, l’intolérable de naguère devenant le banal aujourd’hui. Les effets sont dramatiques, vous les connaissez, je ne m’attarde pas à les décrire.
Je veux toutefois mettre en évidence les effets destructeurs de cette culture médiatique envahissante sur la famille, noyau fondamental de la société. Nous le constatons : la culture du monde contemporain est porteuse d’idées sur la famille qui conduisent à son éclatement, voire à sa destruction, ce qui n’est pas sans incidences sur la société. La double finalité du mariage, l’amour réciproque des époux et la procréation qui en est le fruit, est gravement remise en question par le développement de l’idéologie du « tout est permis » et d’une recherche « à tout prix » de l’épanouissement personnel. Selon les idées répandues, une femme ne trouvera son épanouissement que dans l’autonomie – en réalité illusoire – que lui donnera un métier poursuivi hors du foyer, et non dans l’émerveillement d’une maternité épanouie en famille et la passionnante éducation de « la chair de sa chair ». Nous le constatons : l’idée que seul le préservatif préserve efficacement du sida, non seulement est un raccourci honteux qui trompe sur la nature même de la sexualité humaine, mais empêche de poser la question fondamentale pour le plein épanouissement de l’homme : quel genre de relation introduit-il entre les personnes ? Une réflexion approfondie sur ce sujet ne manquerait pas d’y trouver une des idées dépressives les plus déstabilisantes de la culture dominante. Pour ce qui concerne les idées dépressives du monde contemporain qui mettent en péril le mariage et la famille, je me permets de vous renvoyer à un autre important document du Saint-Père, l’Exhortation apostolique Familiaris consortio, fruit du Synode des Évêques de 1980.

8. L’homo politicus est, lui aussi, sujet à des conceptions dépressives véhiculées par la culture moderne. Ce n’est pas le lieu d’aborder ici le vaste sujet de l’homme et la politique, mais chacun sait, de par le vaste monde, quelles situations d’injustice et de non-droit engendrent les idées machiavéliques qui règlent les systèmes politiques de nombreuses nations. Parmi les idées dépressives qui sont véhiculées dans le monde contemporain, certaines trouvent leur origine dans la manière dont sont traitées les personnes dans la société moderne. Il n’est pas sans signification que le Pape Jean-Paul II ait éprouvé le besoin d’écrire différentes Lettres adressées à des groupes de personnes qui sont sujettes, en raison des idées dépressives largement répandues, à des situations d’injustice et de non-respect de leur dignité. Ainsi, la Lettre aux familles du 2 février 1994, la Lettre aux enfants du 13 décembre 1994, la Lettre aux femmes du 29 juin 1995, la Lettre aux artistes du 4 avril 1999, et la Lettre aux personnes âgées du 1er octobre 1999. Je n’oublie pas non plus la Lettre aux prêtres du Jeudi Saint de cette année : les prêtres, comme l’ensemble des personnes consacrées, sont continuellement confrontés aux défis des idées dépressives, et les communautés chrétiennes doivent porter le souci de les aider à s’en protéger, au sein de nos sociétés individualisées.

9. L’homme est aussi homo scientificus. L’éclatement du savoir scientifique, la perte d’une Sagesse qui unifie les savoirs et les ordonne à l’homme, centre et sommet de la création, les tentations que j’ai relevées du sur-homme nietzschéen qui, à travers les progrès de la technique dans le domaine des sciences de la vie, ouvre des horizons lourds d’incertitude pour l’humanité, sont autant de situations génératrices d’idées dépressives. Dans le même temps, le drame de la séparation entre la foi et la raison engendre, dans ses conséquences néfastes, nombre d’idées dépressives particulièrement tenaces. « Le nihilisme a pris corps comme une conséquence de la crise du rationalisme. Philosophie du néant, il réussit à exercer sa fascination sur nos contemporains… Dans l’interprétation nihiliste, l’existence n’est qu’une occasion pour éprouver des sensations et faire des expériences dans lesquelles le primat revient à l’éphémère » (Fides et ratio, 46).
Le Concile Vatican II a réaffirmé la légitime autonomie des sciences dans le champ de la recherche qui leur est propre, et il a refusé à quiconque le droit de dicter de l’extérieur comment mener la recherche. L’unique limite est celle de la dignité de l’homme. En effet, les progrès des sciences contribuent à un progrès spectaculaire des techniques et donnent à l’homme un pouvoir dont l’usage ne va pas sans poser de graves questions. Comment en effet ne pas constater que le progrès dans nombre de nos connaissances est loin de s’accompagner toujours d’un égal progrès des valeurs morales. La science a une limite, mais elle ne lui est pas extérieure, bien au contraire, car il y va de la dignité de l’homme, l’homme qui est le sujet et la fin de toutes ses connaissan­ces. La science perd sa dignité de savoir humain lorsque ses progrès sont payés au prix du viol de la dignité humaine. Inverser la relation du savoir à l’homme, du savoir pour l’homme, signifierait retourner à la sombre et inhumaine expérience d’Auschwitz, où les médecins menaient des expérimentations sur des déportés, considérés dans la logique nazie comme des êtres inférieurs, et non plus comme des personnes. Devant la tentation des récents développements de la recherche biogénétique et les expérimentations de clonage d’embryons humains considérés comme de simples objets, il faut le redire : jamais ne pourra être reconnu véritable progrès ce qui réduit l’homme à un objet.
La culture de la vérité est sans nul doute l’anti-dépresseur de l’intelligence qui, pour être elle-même, se doit de retrouver son orientation fondamentale vers la vérité. C’est ce que développe le Saint-Père dans son Encyclique magistrale, Fides et ratio, tout en offrant une réflexion sur les racines mêmes des idées dépressives qui dénaturent et obscurcissent la raison. « Il ne faut pas oublier que dans la culture moderne, constate Jean-Paul II, le rôle même de la philosophie a fini par changer. De sagesse et de savoir universel qu’elle était, elle a été progressivement réduite à n’être qu’un des nombreux domaines du savoir humain, bien plus, par certains aspects, elle a été cantonnée dans un rôle totalement marginal. Entre temps, d’autres formes de rationalité se sont affirmées avec toujours plus de vigueur, mettant en évidence la marginalité du savoir philosophique. Au lieu d’être tournées vers la contemplation de la vérité et la recherche de la fin dernière et du sens de la vie, ces formes de rationalité tendent – ou au moins peuvent tendre – à être "une raison fonctionnelle" au service de fins utilitaristes, de possession ou de pouvoir. » Et se référant à sa première encyclique, Redemptor hominis du 4 mars 1979, le pape-philosophe fait remarquer les conséquences d’une telle déviance de la raison dans le domaine du travail : « L’homme d’aujourd’hui semble toujours menacé par ce qu’il fabrique, c’est-à-dire par le résultat du travail de ses mains, et plus encore du travail de son intelligence, des tendances de sa volonté. D’une manière trop rapide et souvent imprévisible, les fruits de cette activité multiforme de l’homme ne sont pas seulement et pas tant objet d’"aliénation", c’est-à-dire purement et simplement enlevés à celui qui les a produits ; mais, partiellement au moins, dans la ligne, même indirecte, de leurs effets, ces fruits se retournent contre l’homme lui-même ; ils sont dirigés ou peuvent être dirigés contre lui. C’est en cela que semble consister le chapitre principal du drame de l’existence humaine aujourd’hui, dans sa dimension la plus large et la plus universelle. L’homme, par conséquent, vit toujours davantage dans la peur. Il craint que ses productions, pas toutes naturellement ni dans leur majeure partie, mais quelques-unes et précisément celles qui contiennent une part spéciale de son génie et de sa créativité, puissent être retournées radicalement contre lui-même » (Fides et ratio, 47). Nous sommes bien là au fondement des idées dépressives du monde contemporain, où le cri nietzschéen de « la mort de Dieu » pose la question tragique de « la mort de l’homme ».
L’anthropologie postmoderne creuse un abîme dépressif sans précédent, de Michel Foucault à Claude Lévi-Strauss. Le premier propose d’acheminer l’homme vers un « sommeil anthropologique », qui, grâce à l’euthanasie structuraliste, pourrait devenir véritable « mort de l’homme »[4]. Et le second conclut sa tétralogie mythologique, non point, dit-il, comme Wagner, par le crépuscule des dieux, mais par le « crépuscule des hommes », avec le mot « rien »[5].

10. Vous le savez, l’étude de la non-croyance et de l’indifférence religieuse est une des tâches principales confiées par le Saint-Père au Conseil Pontifical de la Culture. C’est précisément sur ce thème que porteront les travaux de la prochaine Plenaria de ce Dicastère, en mars prochain. Nous le constatons, il n’est plus aujourd’hui de géographie précise de la non-croyance, comme le Mur de Berlin, de triste mémoire. Mais si les 300 réponses reçues à notre enquête préparatoire nous montrent l’athéisme militant en perte de vitesse et sans grande influence, elles soulignent aussi que se développe, surtout dans les cultures de tradition chrétienne, une attitude de mépris, d’hostilité et de dérision vis-à-vis de la religion – et surtout de la religion chrétienne – que véhiculent sans vergogne les puissants médias modernes.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une dilution du sentiment religieux dans une culture faussement aseptisée. Le Saint-Père, dans son Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, met en garde le continent européen contre la tentation de « l’obscurcissement de l’espérance » en ces temps qui lui apparaissent comme « une époque d’égarement » (n. 7). Parmi les idées dépressives qui se présentent comme un défi à l’espérance chrétienne, comment ne pas s’interroger sur cette étrange faculté qui apparaît aujourd’hui en plein jour d’une totale amnésie des racines chrétiennes qui n’ont cessé et continuent de donner vie à une culture d’une prodigieuse fécondité, et l’aphasie dramatique d’intellectuels et de décideurs qui se réclament de l’humanisme, mais mutilent l’homme gravement, dans l’oubli de son origine et de son terme. Une addition de scepticismes ne peut structurer une existence. Et la culture qui rejette l’absolu en vient à absolutiser le relatif, tant il est vrai qu’une société d’incroyants ne peut se passer de croire. Le siècle passé a ainsi tragiquement idolâtré avec des conséquences mortifères la race, la classe, l’ethnie, la science. La culture dominante exacerbe la pulsion des désirs, la recherche des plaisirs, la poursuite de l’avoir, du savoir et du pouvoir. Mais privé de son ancrage en Dieu, l’homme créé à son image et ressemblance ne sait plus retrouver son visage en un miroir brisé. Chacun de ses éclats ne renvoie plus qu’une parcelle d’image. Les fragments sont pris pour le tout, dont la cohérence a volé en éclats. Qu’il s’agisse de l’économie, de la politique, de la famille et de la vie sociale, des médias, l’image incomplète que reflète chacun des fragments est réduite et comme blessée, ce qui entraîne un manque croissant de confiance de l’être humain à l’égard de sa propre humanité. La personne se fragilise, le tissu social se démaille, la nation se défait. Nous voyons dépérir des peuples qui regorgent de bien-être, mais qui n’ont plus d’être. La surévaluation du plaisir du sexe les prive de la joie irremplaçable de la paternité et de la maternité. Cette dissociation mortelle sur laquelle le Pape Paul VI a vainement essayé d’attirer l’attention distraite de la culture dominante, voici plus de 35 ans déjà, dans son Encyclique Humanae vitae, est sans doute la menace dépressive la plus dramatique de la culture hégémonique des pays nantis : « l’amour » sans enfants et des enfants sans amour. Nombre d’enfants aujourd’hui se meurent d’être orphelins. Ils ont désespérément besoin d’être aimés. Et ils s’immergent dans un océan d’images dont l’abondance dévastatrice les déstructure, en cette autre dissociation mortellement dépressive entre l’hypertrophie des moyens dont nous disposons et l’atrophie des fins que nous poursuivons.

11. L’homo religiosus. Chers Amis, les idées dépressives de la culture dans le monde contemporain sont légion, et elles se présentent à nous sous des aspects multiformes qui mettent en défi l’humanité de l’homme. Face au vide existentiel dans lequel ces idées introduisent, et pour affronter tous les conditionnements sans en être la victime, Viktor Frankl, le neurologue de Vienne, professeur à Harvard, Stanford, Pittsburgh et Dallas, mort à 92 ans en 1997, revendique, dans son livre trop oublié Le dieu inconscient, « le pouvoir de contestation de l’esprit ». Il part du principe que « l’exigence fondamentale de l’homme n’est ni l’épanouissement sexuel ni la valorisation de soi, mais la plénitude de sens »[6]. En cette affirmation lapidaire qui met à mal la philosophie dépressive de l’école freudienne, apparaît le problème de « la volonté de sens ». Les névroses qui hantent les recherches de certains psychologues et psychiatres et qui ouvrent si facilement le chemin de la dépression, sont avant tout l’expression d’un être frustré de sens et donc enclin au vertige du vide existentiel. L’homme moderne, en proie aux idées dépressives du monde contemporain, est touché au plus profond de lui-même en ses raisons de vivre. C’est là, au cœur de ses désirs, et jusqu’en ses détresses et ses frustrations existentielles, qu’il nous faut le rejoindre. Pour ce faire, le chemin de l’Évangile nous est offert, créateur de culture parce que porteur de la Vérité de l’homme, et de la Vérité sur l’homme, révélée par ce Dieu qui a pris visage d’homme en Jésus-Christ, fils de la Vierge Marie, pour nous partager l’amour du Père.
L’antidote aux idées dépressives de notre temps est la foi en Celui qui nous a dit : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». L’Évangile nous partage le secret de la joie que nous a apportée le Christ et qui nous donne de vivre les jours de la semaine avec un cœur endimanché.
La joie est le don de Dieu dont l’Église est porteuse pour nos cultures dépressives. « J’aime les prêtres, confie Julien Green dans son Journal, qui me viennent du Nouveau Testament avec la Bonne Nouvelle dans les yeux ». « La joie, écrivait Paul Claudel, c’est le premier et le dernier mot de l’Évangile »[7].
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Message par Her Mar 17 Mai - 15:22

http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/card-bertone/2007/documents/rc_seg-st_20070615_gniezno_fr.html

VII ASSEMBLÉE DES CHRÉTIENS EUROPÉENS
INTERVENTION DU CARDINAL TARCISIO BERTONE

Gniezno, Pologne
Vendredi 15 juin 2007

Excellences,
Illustres Autorités,
Mesdames et Messieurs!

1. L'homme, voie de l'Europe

Je remercie cordialement l'Archevêque de ce diocèse: S.Exc. Mgr Henryk Muszynski, de l'invitation qu'il m'a adressée à prendre part à la VII rencontre de Gniezno, qui a pour thème: "Man - The road for Europe" (L'homme - voie de l'Europe). J'adresse mon salut cordial aux éminentes Autorités, aux organisateurs et aux illustres rapporteurs, ainsi qu'à tous les participants. J'interviens au cours de cette solennelle session d'inauguration, intimement convaincu de l'importance de réaffirmer, en ce moment historique si délicat pour notre continent, les principes et les valeurs humaines et religieuses, éthiques et morales, sans lesquelles il est difficile de construire un avenir de réel progrès et de paix en Europe et dans le monde. L'Eglise, de diverses manières et en diverses circonstances, continue comme par le passé à rappeler que l'homme doit se trouver au centre de chaque projet social et politique.

2. Qui est l'homme?

Il existe un "fil" conducteur qui relie les diverses interventions de cette VII Conférence de Gniezno. Que ce soit au cours de l'actuelle séance d'inauguration, dans laquelle retentit la question éternelle "qui est l'homme?", ou dans les phases successives du Congrès, lorsque seront abordées des problématiques concernant la personne humaine en référence à l'histoire, à la bioéthique, à la sociologie, à la psychologie et aux religions, pour élargir ensuite le panorama aux défis politiques et religieux de l'Europe d'aujourd'hui, le "fil" conducteur - disais-je - reste toujours l'homme: l'homme qui doit être considéré dans sa totalité, l'homme qui doit être valorisé dans son génie et qui doit être respecté dans sa dignité innée selon l'exaltant projet divin. Et c'est donc sur l'homme - l'homme créé par Dieu pour être son ami - que je chercherai à fixer l'attention, pour mettre en évidence sa vocation et sa mission au sein de l'Eglise et au service de l'Europe du troisième millénaire. En 1997, lors de son voyage apostolique en Pologne, le grand Pape fils de votre terre, Jean-Paul II, eut l'occasion de dire que: "Il n'y aura pas d'unité de l'Europe tant que celle-ci ne sera pas fondée dans l'union de l'Esprit" (1). Il voulait ainsi souligner qu'il aurait été réducteur de penser à une Europe politiquement unie seulement en raison d'intérêts économiques et de marché. Cela aurait été une grave erreur de croire pouvoir édifier son avenir sans tenir compte de son passé, sans se référer à sa riche tradition humaniste et chrétienne; cela aurait véritablement constitué une perte de ne pas continuer à se servir de la contribution que l'Eglise a apportée et qu'elle est disposée à apporter à sa constitution. Et l'une des contributions les plus significatives du christianisme au processus constitutif de l'Europe a précisément été jusqu'à aujourd'hui l'engagement inlassable pour défendre et promouvoir la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables.

3. L'homme, voie de l'Eglise

A cet égard, l'enseignement des Souverains Pontifes est très riche, en particulier au siècle dernier - le siècle de l'humanisme - et encore davantage au cours des récentes décennies. En le reprenant abondamment dans Centesimus annus, Jean-Paul II, grand défenseur des droits de l'homme, a souligné que l'homme, auquel l'Eglise prête son attention, n'est pas l'homme "abstrait", mais réel, "concret" et "historique": c'est chaque homme, car chaque homme est concerné par le mystère de la rédemption et le Christ s'est uni à lui pour toujours, à travers ce mystère. Dans le même document, se référant à la première Encyclique-programme de son Pontificat, Redemptor hominis, il affirmait que: "Jésus Christ est la route principale de l'Eglise... il est aussi la route pour tout homme. Sur cette route qui conduit du Christ à l'homme, sur cette route où le Christ s'unit à chaque homme, l'Eglise ne peut être arrêtée par personne" (2). Et il ajoutait: "Le bien temporel et le bien éternel de l'homme l'exigent. L'Eglise, par respect du Christ et en raison de ce mystère qui constitue la vie de l'Eglise elle-même, ne peut demeurer insensible à tout ce qui sert au vrai bien de l'homme, comme elle ne peut demeurer indifférente à ce qui le menace" (3). L'homme est alors la première voie que l'Eglise doit parcourir dans l'accomplissement de sa mission, la voie tracée par le Christ lui-même, une voie qui passe immuablement à travers le mystère de l'incarnation et de la rédemption. Conscient de ce grand mystère, Jean-Paul II a réaffirmé à plusieurs reprises la place centrale de l'homme au sein de la société.

4. La pleine vérité de l'homme

L'homme doit être considéré dans la pleine vérité de son existence, de son être personnel et, en même temps, de son être communautaire et social - dans le cadre de sa famille, de la société et de ses contextes si différents, dans le cadre de son propre pays, ou peuple (voire peut-être encore seulement de son clan ou de sa tribu), et de toute l'humanité. Tel est l'homme dans toute la vérité de sa vie, dans sa conscience, dans son inclination permanente au péché et, en même temps, dans son aspiration permanente à la vérité, au bien, à la beauté, à la justice, à l'amour. En son sein, de nombreux éléments sont en opposition réciproque. En effet, en tant que créature, d'une part, il fait l'expérience de conditionnements et de limites en tous genres. De l'autre, il ressent que les aspirations de son cœur sont infinies et qu'il est presque insatiable dans ses attentes. Attiré par de nombreuses sollicitations, l'homme se voit cependant obligé de n'en choisir que quelques unes et de renoncer aux autres. Fragile et pécheur, il se retrouve souvent en train de faire ce qu'il ne voudrait pas et à ne pas faire ce qu'il désirerait. Cet homme est la voie de l'Eglise: l'homme, chaque homme sans aucune exception, racheté par le Christ. L'Eglise porte toute son attention à cet homme, à l'homme d'aujourd'hui, qui apparaît menacé par ce qu'il produit, qui est souvent victime du progrès qu'il a lui-même construit de ses mains et qui est le fruit de son génie.

5. Les menaces contre la dignité de l'homme

Aujourd'hui, en Europe, comme du reste dans le monde entier, l'homme est menacé de manière insidieuse dans son être moral, car il est sujet à des courants hédonistes qui accentuent ses instincts et le fascinent avec les illusions d'une consommation sans discrimination. L'opinion publique est manipulée par les suggestions trompeuses d'une forte publicité dont les valeurs unidimensionnelles devraient nous rendre critiques et vigilants. En outre, l'homme est humilié par des systèmes économiques qui exploitent des communautés entières. L'homme est également victime de régimes politiques et idéologiques déterminés qui emprisonnent l'âme des peuples. En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas nous taire et nous devons dénoncer cette oppression culturelle qui empêche les personnes et les groupes ethniques d'être eux-mêmes, selon leur vocation spécifique. C'est à travers ces valeurs culturelles que l'homme, de manière individuelle ou collective, vit une vie véritablement humaine et nous ne pouvons pas tolérer que ses raisons de vie soient détruites. L'histoire sera sévère avec notre époque, car celle-ci étouffe, corrompt et asservit brutalement les cultures de tant de pays du monde.

6. Le dernier continent de la nature

Cet état de menace pour l'homme, dans le contexte actuel où vit l'Europe, possède ainsi diverses directions et degrés d'intensité. Mais il existe une menace encore plus délicate qui touche le mystère même de la vie humaine, le génome de l'homme. Sur les antiques cartes géographiques, exposées aux Musées du Vatican, se trouvait une inscription aux confins du monde alors connu: terra incognita. Et, à peine de nouveaux continents étaient-ils découverts, l'incognita diminuait toujours davantage et la carte du monde comprenait de nouvelles terres et de nouvelles populations. Le génome de l'homme est le dernier continent de la nature exploré au seuil du troisième millénaire, en sillonnant la mer de la vie humaine avec les moyens puissants de la génétique et de la biologie moléculaire. La recherche avancée et les conquêtes de la science, loin de nier l'œuvre de Dieu, révèlent toujours plus les grandeurs du Créateur et la stature éminente de l'homme. Sa grandeur, comme écrivait Dostoïevski, consiste précisément à s'incliner face à l'infiniment plus grand que lui, mais que lui seul parmi les créatures est en mesure de reconnaître.

7. Dénoncer les risques de la recherche scientifique

La recherche scientifique est bien sûr émerveillement, beauté, une aventure humaine créative vers les insondables profondeurs des choses; elle est également, tout au moins depuis Bacon, un pouvoir reconnu de l'homme sur la nature et de l'homme sur l'homme. "Savoir et pouvoir se mêlent toujours davantage dans une logique qui peut emprisonner l'homme lui-même" (4), aimait rappeler Jean-Paul II. Certaines tendances des applications de la génétique à la médecine sont l'expression de ce pouvoir de l'homme sur l'homme, là où celles-ci ne sont pas finalisées à la thérapie et au meilleur accueil de la vie de l'enfant à naître, mais plutôt à la discrimination et à la suppression de ceux qui sont affectés par des malformations congénitales ou par des maladies d'origine génétique. Je fais ici allusion au diagnostic préimplantatoire, qui est l'étape la plus avancée de la sélection eugénique. La dérive eugénique possède un héritage ancien, elle se trouve de nouveau "aux portes" de l'Europe avec des techniques plus raffinées et puissantes. Les tendances actuelles conduisent à justifier les tests génétiques et l'élimination successive de l'enfant conçu ne correspondant pas aux caractéristiques désirées "en raison d'anomalies dentaires, de sexe, de taille, de l'absence d'une prédisposition à la musique". On est même arrivé à soutenir que la sélection de l'enfant est légitime non seulement dans un sens positif, mais également négatif: "Certains ont même voulu imposer à tout prix la caractéristique de la surdité". Le diagnostic génétique préimplantatoire (dgp) "n'a pas pour but de soigner - a affirmé le célèbre pédiatre italien spécialiste en néonatologie, Carlo Valerio Bellieni - mais d'éliminer les enfants conçus qui ne sont pas désirés". Je voudrais en outre signaler la fausseté de la terminologie: ce qui est appelé "pré-embryon humain" est une dénomination artificielle, subtilement stratégique pour pouvoir faire ce que l'on veut sur cet "objet mystérieux" et ne pas le reconnaître comme être humain.

8. Les conséquences à long terme du diagnostic génétique préimplantatoire

Il existe ensuite des inquiétudes sur les conséquences à long terme du diagnostic génétique préimplantatoire. Le Ministère de la Santé du Royaume-Uni a récemment recommandé de suivre attentivement les enfants nés après cette procédure. Des craintes sont également suscitées par les kit "à faire soi-même" du diagnostic pré-natal afin de déterminer le sexe de l'enfant conçu, praticables au cours de périodes où de nombreuses législations permettent l'avortement.

Selon le jugement du professeur Kevin T. Fitz-Gerald, le diagnostic génétique préimplantatoire est sorti du domaine de la médecine pour entrer dans celui de l'eugénisme, avec des retombées psychologiques négatives sur l'enfant "commandé", comme l'a montré Marie-Odile Rethoré, membre de l'Académie de médecine française. Cette experte a démontré que les diagnostics préimplantatoire et prénatal conduisent à l'élimination des porteurs de handicaps.

Pour défendre la subjectivité juridique de l'embryon, les hommes politiques chrétiens, selon Jean-Marie Le Mené, Président de la Fondation Jérôme Lejeune "ne devraient pas se contenter de ne rien faire" mais, au contraire, "ils ont l'obligation de faire des propositions positives et innovantes". A cet égard, Jean-Marie Le Mené suggère de créer dans chaque diocèse une structure pour le "respect de la vie", de manière à propager "une résistance active au génocide programmé de l'embryon dans la phase de la préimplantation, antichambre du clonage humain".

A la lumière de certaines définitions philosophiques, il est peut-être possible d'hésiter à conférer la caractéristique de personne à l'embryon, mais une chose est certaine, comme l'a souligné le philosophe Robert Spaeman, il a des relations familiales, pas seulement biologiques, mais toujours personnelles. "Un embryon est toujours un enfant dès le premier moment de son existence" (5).

9. Un nouvel eugénisme sélectif

Sur notre continent également se profile à l'horizon - où est déjà à l'œuvre en raison des agissements de certains - un nouvel eugénisme sélectif que l'on définit de procréation qualitativement contrôlée, de droit à un enfant sain, de limitation des dépenses sociales pour les porteurs de handicaps, et de tant d'autres choses encore. Le diagnostic prénatal et préimplantatoire, fortement développé par les techniques de la génétique moléculaire, ne peut se transformer en une condamnation à mort pour aucun embryon ni pour aucun fœtus, qui représentent le début de la vie humaine individuelle que chacun de nous a vécu. La raison ne peut pas nier ce que la science de l'embryon elle-même souligne avec clarté.

Les résultats d'une profonde connaissance du génome humain sont dignes d'une meilleure cause: celle d'interventions thérapeutiques visant à soulager les souffrances de la maladie, à améliorer les thérapies (comme dans le cas de la thérapie génétique somatique), à développer le diagnostic en fonction d'une intervention préventive ou curative plus précoce.

10. Une législation sur une base éthique

La science est pour l'homme, pour tout l'homme et pour chaque homme, et elle ne peut jamais être contre l'homme et contre l'humanité. C'est pourquoi l'Eglise a demandé et demande que les conventions internationales et les lois des Etats qui aspirent à être l'instrument du bien commun, aient comme titulaire du droit à l'intégrité génétique et organique "chaque être humain dès le moment de la fécondation, sans discriminations, que ces discriminations soient liées aux imperfections génétiques ou à des défauts physiques, ou bien qu'elles concernent les diverses périodes de développement de l'être humain" (6), comme l'a rappelé le Pape Jean-Paul II. Demander de solides "remparts juridiques" est un droit de chaque citoyen qui veut contribuer au progrès de la civilisation de son pays, selon la raison et selon l'expérience. La raison et l'expérience auxquelles nous a éduqués notre foi et que nous offrons comme patrimoine commun, partagé et partageable par quiconque recherche avec intelligence et passion le bien de chaque être humain appelé à la vie. Le savoir de la science et le savoir de la foi se rencontrent sur la Voie de l'homme, et ils ne s'opposent pas, car ils ont tous les deux une seule origine et une seule fin, que la raison et l'expérience nous rendent évidentes, et que le Pape Benoît XVI ne se lasse pas de rappeler.

La perspective de l'homme amélioré par l'homme et celle qui se trouve sur le revers de la médaille - de l'homme manipulé par l'homme -, nous assurent que l'ingénierie génétique a, au fond, des implications nécessairement métaphysiques, c'est-à-dire qui touchent des aspects qui concernent le sens radical de l'homme, de sa vie, de son destin. Et l'ingénierie génétique étant l'une des sciences les plus importantes de l'avenir, c'est-à-dire de l'univers qui s'ouvre à nous comme société déjà appelée "biogénétique", l'avenir sera métaphysique ou bien il ne sera pas humain.

11. La possibilité technique ne coïncide pas avec la possibilité éthique

Il faut clairement dire que ce qui est faisable n'est pas toujours réalisable. Voilà pourquoi la bioéthique constitue le défi numéro un également pour l'Europe du troisième millénaire. Il ne fait aucun doute que le point crucial de chaque réflexion ou décision sur la sauvegarde ou la destruction de la vie est le concept de vie et l'attitude face à l'homme et à son existence. Depuis le jour où ont été présentées et approuvées les lois sur la légalisation de l'avortement, beaucoup de chemin a été parcouru dans le sens d'un non-retour à la protection et à la promotion de la vie, et de chaque vie. Il suffit de penser à la loi légalisant l'euthanasie active, alors que l'on demande à présent la légalisation de véritables manipulations génétiques (prédétermination du sexe, transplantations d'embryons et de fœtus, commerce d'embryons et de fœtus, procréation assistée non seulement par la fécondation artificielle homologue, mais également par la fécondation hétérologue, etc.).

12. Le savoir de la science et le savoir de la foi

Face à l'émancipation scientifique de l'homme, de sa nature, de son identité de créature naturelle, l'Académie pontificale pour la Vie a affirmé à juste titre: "L'âme spirituelle, aspect constitutif essentiel de chaque sujet appartenant à l'espèce humaine, qui est créée directement par Dieu, ne peut ni être engendrée par les parents, ni être produite par la fécondation artificielle, ni être clonée". Contre ce Far West biologique, il y a besoin de restituer à la foi, intrinsèquement liée à la révélation, la dignité du savoir: le savoir de la vérité ne peut pas être dissocié du savoir de la foi. En d'autres termes, il n'est permis - encore moins imposé - à personne de perdre la raison pour acquérir la foi, mais pas plus de perdre la foi pour acquérir la raison. Foi et science, foi et raison, sont un binôme trop important pour être dissocié avec légèreté. L'être humain, à commencer par le génome humain, possède une telle densité d'être et de morale, qu'il ne peut pas être détaché de Dieu, qui est la plénitude de l'Etre! "Esse subsistens": Dieu est l'Etre dans sa totalité et son absolu; l'homme ne l'est que de manière limitée.

Exercer la science avec une responsabilité de foi, signifie donc avoir confiance dans l'histoire de l'homme, dans sa mémoire également génétique; cela représente le courage pour l'avenir, une capacité de créativité permanente et renouvelée sans trahir la fidélité aux valeurs qui demeurent, qui ne peuvent pas changer; c'est la certitude de rencontrer Dieu et ses projets dans cet aujourd'hui, blessé et bouleversé, dont nous sommes responsables.

Même devant des existences marquées par la pauvreté, les injustices ou les dépravations, nous ne pouvons pas oublier la beauté originelle de l'enfant, que Jésus indique comme "icône inspiratrice" pour les Apôtres et pour tous ses disciples. Il nous est demandé de restituer à Dieu, toujours et partout, ce qui est à Dieu et l'homme à l'homme, pour qu'il reste à l'image et à la ressemblance de son Créateur, tabernacle du Dieu vivant.

13. La dignité de la personne

Les fidèles catholiques, mais aussi les scientifiques et les législateurs, devraient s'engager à faire en sorte que les décisions fondamentales sur l'homme et sur l'avenir ne soient pas prises en laboratoire, selon un processus mécanique qui isole le phénomène biologique élémentaire et le reproduit d'une manière artificielle aussi banale que mythique, dans l'illusion d'appeler "progrès" ce qui est une recherche difficile d'antiques lois divines inscrites dans la nature de l'homme.

La "nature", que la foi de l'Eglise demande rigoureusement de respecter dans la procréation d'un être humain, est la dignité même de la personne, reflet de l'amour de Dieu.

Cette dignité se révèle précisément aussi dans l'aspect corporel: à celle-ci doit correspondre la logique du "don de soi", qui est inscrite dans la création et dans le cœur de l'homme, selon la merveilleuse expression de saint Thomas d'Aquin: "L'amour est par nature le don originel dont proviennent gratuitement tous les autres dons" (7). Ces réflexions soulignent le rapport de l'acte créatif de Dieu avec un phénomène apparemment seulement physiologique et gouverné par les lois de la nature: le processus gouverné par les lois naturelles est fondé et rendu possible à travers l'événement personnel de l'amour, dans lequel les êtres humains vont jusqu'à se donner l'un à l'autre.
Comme l'écrivit celui qui était alors le Cardinal Joseph Ratzinger, "ce don est le lieu intérieur dans lequel le don de Dieu et son amour créateur peut devenir efficace comme nouveau début" (Cool. Nous pourrions dire, dans un axiome qui devrait devenir l'idée passionnée de la vie de chacun de nous, "tout est pour la personne, car c'est de la personne que tout recommence".

14. L'engagement des chrétiens

Chaque fois que l'on s'arrête pour contempler le mystère de l'homme, la pensée et le cœur des croyants se tournent vers Jésus Christ et le mystère de la Rédemption, où le mystère de l'homme est inscrit avec une force spéciale de vérité et d'amour. Si le Christ "s'est uni d'une certaine manière à chaque homme" (9), l'Eglise, en pénétrant au plus profond de ce mystère, dans son langage riche et universel, vit également plus profondément la propre nature et participation de chacun de nous à cette mission et service.

L'Eglise répète également aujourd'hui avec vigueur ce message qui n'a pas changé: "L'homme est et devient toujours "la "voie" de la vie quotidienne de l'Eglise"" (10). Car sans ce respect pour l'homme et pour sa dignité, comment pourrait-on lui annoncer les paroles de vie et de vérité? C'est là que se trouve l'engagement des chrétiens, appelés à défendre vaillamment chaque vie au nom de Dieu, et dans l'ordre imprimé par Dieu, également contre les expérimentations dévastatrices de la science séparée de l'éthique.

"Restituer l'homme à Dieu, restituer l'homme à l'homme a été l'engagement moral et je dirais scientifique des savants et des chercheurs chrétiens, en dénonçant certaines prétentions de leurs collègues comme des "hypothèses inspirées par le désir de toute-puissance". Les nouveaux détenteurs du pouvoir, qui ont trouvé les clefs du langage de la création et qui peuvent à présent démonter les éléments de base qui le composent, devraient savoir que "leur agir" n'est possible que parce qu'existent déjà les chiffres et les lettres, dont ils sont à présent devenus capables de recueillir les informations" (11).

Dans un ouvrage célèbre, le Cardinal Daniélou a écrit: "Lorsque nous disons NON à certaines choses, nous sommes essentiellement inspirés par la charité: dans la mesure où l'on aime, dans le sens le plus profond du terme, on ne supporte pas de voir abimer et détruire des êtres humains... Il n'y a désormais plus de doute que le monde dans lequel nous vivons, et en particulier celui de la culture, prêche la recherche d'une liberté qui n'ose plus rien limiter. Il suffit qu'une autorité quelconque, qu'il s'agisse d'un ministre ou d'un évêque, mette un frein à la liberté de quiconque, et voilà que tous les intellectuels se dressent comme un seul homme pour protester au nom de la défense de la liberté, sans se rendre compte que la liberté doit toujours engendrer une responsabilité, et que l'on ne peut pas soutenir que la liberté de dire ou de faire n'importe quoi soit l'un des droits essentiels de l'homme" (12).

15. Quelques indications conclusives

Notre engagement pour la sauvegarde de l'homme, "voie" de l'Eglise, et considéré dans ce Congrès comme "voie" de l'Europe, comporte tout d'abord une conviction qu'il faut réaffirmer avec vigueur, à propos de la valeur de l'homme, quel que soit son développement et malgré sa fragilité. Il faut que cette conviction s'accompagne d'une cohérence extrême dans le soutien concret du droit à la vie dans toutes ses expressions et en assurant à chaque être humain la plus grande protection possible. Il faut en outre promouvoir une vaste et robuste action éducative, en portant une attention spéciale aux nouvelles générations. Il est ensuite nécessaire de se libérer de ce sentiment qui pousse souvent à vivre insatisfaits, toujours à la poursuite de sensations différentes, dans une recherche frénétique de tout ce qui est nouveau et différent. L'éducation du désir pourrait être la véritable frontière d'une œuvre renouvelée de formation morale, particulièrement adressée aux jeunes d'aujourd'hui, prisonniers des mailles d'une mentalité néo-narcissique récurrente.

Si l'on veut établir une relation valable avec l'humanité future, il est indispensable de choisir l'éthique de la responsabilité, en nous préoccupant de tous ceux qui viendront après nous et que nous ne connaîtrons peut-être jamais, mais qui recevront l'héritage de nos choix et en porteront le poids.

16. Une grande famille aimée de Dieu

La Pologne est une nation aux traditions chrétiennes nobles et solides, qui a connu des générations d'authentiques croyants, de courageux témoins de l'Evangile et également de nombreux martyrs de la foi. Les défis d'aujourd'hui, après l'effondrement du totalitarisme communiste, ont peut-être en partie changé par rapport au passé, mais ils n'ont certainement pas diminué. Parmi ceux-ci, avec la sauvegarde de la liberté religieuse, il faut considérer comme prioritaire la défense de la dignité de chaque être humain, un défi qui demande du courage et de la persévérance: en effet, c'est l'avenir même de l'Europe et du monde qui est en jeu. De ce point de vue, notre engagement ne manquera jamais, l'engagement de l'Eglise et de toute autre institution qui a à cœur le destin des peuples. Nous demandons à Dieu, par l'intercession de Marie, vénérée et aimée par la Pologne et par les populations des autres nations européennes, que notre cœur et notre intelligence s'ouvrent toujours davantage à ces grands défis qui nous attendent: le défi du caractère sacré de la vie humaine dans toutes les situations, en particulier face aux manipulations génétiques; la promotion de la famille, cellule fondamentale de la société; le respect des droits de l'homme en chaque circonstance; la sauvegarde de l'environnement.

Je reprends, pour finir, ce que Jean-Paul II disait aux diplomates accrédités près le Saint-Siège le 13 janvier 2001, en réaffirmant la détermination de l'Eglise catholique à défendre l'homme, sa dignité, ses droits et sa dimension transcendante. "Les croyants - affirma-t-il - auront toujours le devoir impérieux de rappeler à tous et en toutes circonstances le mystère personnel inaliénable de tout être humain créé à l'image de Dieu, capable d'aimer à la manière de Jésus" (13).

Que mon engagement quotidien, le vôtre et celui de tous les hommes, soit donc de nous aider les uns les autres à être dignes de la vocation à laquelle nous avons été appelés: former ensemble une grande famille, heureuse de se savoir aimée d'un Dieu qui veut que nous soyons frères.

Notes

1) Insegnamenti de Jean-Paul II, 1997/I, p. 1370.

2) Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptor hominis, III, 13.

3) Ibid., 3, 13.

4) Insegnamenti de Jean-Paul II, 1998/I, p. 419.

5) Pier Luigi Fornari in Avvenire, 1 mars 2006.

6) Insegnamenti Jean-Paul II, 1998/I, p. 421.

7) Summa theologiae, I, q. 38, a 2 resp.

Cool Uno sguardo teologico sulla procreazione umana, in La via della fede, Milan 1996, p. 138-139.

9) Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptor hominis, II, 8.

10) Ibid., IV, 21.

11). J. Ratzinger, op. cit. p. 148-149.

12) La cultura tradita dagli intellettuali, éd. Rusconi, Milan, 1974.

13) Insegnamenti Jean-Paul II, 2001/I, p. 165; cf. ORLF n. 3 du 16 janvier 2001.
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Message par Her Mar 17 Mai - 15:23

http://www.vatican.va/roman_curia/pont_committees/eucharist-congr/documents/rc_committ_euchar_doc_20041011_some-africa_fr.html

XLVIII CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL

LA SITUATION DE LA FOI DANS L’EUCHARISTIE:
LUMIÈRES ET OMBRES EN AFRIQUE

Intervention de son Excellence
Mgr Jean Baptiste Kpiele Somé, Évêque de Diébougou

Lundi 11 octobre 2004

INTRODUCTION

Il est de bonne coutume en Afrique de saluer d’abord les gens avant de leur adresser la parole, surtout quand on vient de loin.

Venant du Burkina Faso, au cœur de l’Afrique Occidentale, où je suis, depuis 36 ans, Évêque de Diébougou, un diocèse rural dans un pays économiquement pauvre, je voudrais saluer tour à tour :

Nos Éminences, Messieurs les Cardinaux,

Nos Excellences les Archevêques et Évêques,

Nos chers prêtres, religieux et religieuses,

Sans oublier nos chers fidèles laïcs, surtout ceux de la grande cité de Guadalajara, devenue pour quelques jours la capitale spirituelle de l’Église universelle en raison du Congrès Eucharistique International qui se tient en son sein à la demande de sa Sainteté le pape Jean Paul II.

I – « IL EST GRAND LE MYSTÈRE DE LA FOI »!

Cette affirmation doctrinale, qui se situe au cœur de la Prière Eucharistique consécratoire, est l’acte de foi solennel partagé par toute l’Église répandue à travers le monde dans les cinq continents. En Afrique, c’est cette même affirmation qui est proclamée, comme partout ailleurs, à chaque célébration eucharistique. Nous n’avons pas d’autre foi dans le mystère de l’Eucharistie que celle de l’Église catholique universelle. C’est cette unique et même foi que nous sommes venus du monde entier proclamer dans le grand rendez-vous eucharistique international de Guadalajara. J’exprime ici ma joie, avec les Archevêques, les Évêques et tout le peuple chrétien du Burkina Faso, pour ce 48ème Congrès Eucharistique International qui représente d’abondantes grâces de bénédictions divines sur le monde de ce temps.

La petite délégation de mon pays, le Burkina Faso, qui a réussi un exploit en venant participer à ce Congrès, se joint à votre serviteur pour remercier de tout cœur notre Saint Père le pape Jean Paul II pour la poursuite courageuse des Congrès Eucharistiques Internationaux qui font le tour du monde et font partie désormais de la Tradition et des trésors spirituels de l’Église catholique.

Grand merci aux organisateurs de ce 48ème Congrès Eucharistique International. J’ai nommé son Éminence le Cardinal Joseph Tomko et tous ses collaborateurs. J’ai nommé également son Éminence le Cardinal Juan Sandoval Íñiguez, Archevêque de Guadalajara qui m’a invité à prendre la parole en cette circonstance solennelle en l’honneur du sacrement de l’Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne »[1].

II – « PAR LUI, AVEC LUI ET EN LUI »
(Per ipsum, et cum ipso et in ipso)

Au début de mon épiscopat, j’ai choisi comme devise épiscopale les premières paroles de la doxologie qui vient en conclusion de la Prière Eucharistique de la messe. C’était là, pour moi et pour mon diocèse, tout un programme spirituel de ma charge pastorale qui se voulait enracinée dans le culte eucharistique. Avec le recul du temps, je me rends compte aujourd’hui que c’est cette devise épiscopale eucharistique qui a conduit tout mon diocèse à l’orientation pastorale de base intitulée: «Parole et pain pour tous et par tous »[2] dans une Église perçue et vécue comme « Famille de Dieu ». Cet enracinement eucharistique de ma charge pastorale a permis à mon diocèse d’organiser, du 22 au 29 avril 2001 son premier Congrès eucharistique diocésain pour nous permettre de « repartir du Christ », c’est-à-dire de Jésus-Eucharistie pour la nouvelle évangélisation dont le pape Jean Paul II a donné le ton dans sa Lettre apostolique « Novo millennio ineunte »[3]. C’est là pour moi une source de joie et d’action de grâce à Dieu Père, Fils et Esprit Saint, à qui je rends avec l’Église entière, tout honneur et toute gloire dans la foi au mystère de l’Eucharistie.

III – QUELQUES PRÉSUPPOSÉS FONDAMENTAUX COMMUNS

En réfléchissant sur la situation de la foi dans l’Eucharistie : lumières et ombres en Afrique, nous constatons qu’il existe des convergences doctrinales et anthropologiques au niveau des réalités fondamentales et constitutives de l’Eucharistie d’un côté, et de l’autre au niveau de celles de la culture africaine. Ces réalités qui sont comme des présupposés fondamentaux communs s’articulent autour de la famille, de la vie, du corps, de la parole et des relations avec le monde invisible par le biais des sacrifices religieux. Chacune de ces réalités semble véhiculer des lumières et des ombres, ou en d’autres termes, des aspects positifs et négatifs en faveur ou en défaveur du mystère de l’Eucharistie.

1 – La réalité de la FAMILLE

La famille qui est une réalité universelle, «cellule première et vitale de la société »[4], a une importance particulière en Afrique. «Dans la culture et la tradition africaines, déclare Jean Paul II dans Ecclesia in Africa, le rôle de la famille est universellement considéré comme fondamental.»[5] C’est pourquoi au Synode spécial pour l’Afrique, en 1994, les Pères synodaux, après mûre réflexion et concertation, ont proposé au pape que le concept de la famille soit retenue comme l’image préférée de l’Église pour l’Afrique, sans exclusion des autres images. Le pape a accepté cette proposition en demandant d’édifier en Afrique, l’Église « Famille de Dieu » (« Familia Dei » selon l’expression des Pères de l’Église, reprise par le Concile Vatican II), en l’enracinant à sa source première qu’est la Famille Trinitaire, et en excluant ses aspects négatifs.[6]

Du point de vue anthropologique et culturel, la famille africaine est le lieu d’éclosion de la vie humaine et sociale, le lieu primordial des relations diverses (conjugales, parentales, claniques etc.), le lieu des aspects positifs des relations humaines (solidarité, fraternité, accueil mutuel, partage, etc.), et aussi le lieu des aspects négatifs (tensions, esprit d’inimitié et de vengeance, conflits pouvant aller jusqu’aux guerres tribales et ethniques).

Du point de vue ecclésiologique et doctrinal, nous savons que l’Eucharistie fait l’Église et que l’Église fait l’Eucharistie. En Afrique, cette Église qui se veut « Famille de Dieu », lieu de célébration de l’Eucharistie, a ses forces et ses faiblesses, ses lumières et ses ombres. L’image de la « Famille de Dieu » permet de vivre dans l’Église une réelle fraternité chrétienne, une vraie solidarité, un esprit d’accueil mutuel et de partage. Et l’Eucharistie qui rassemble les fidèles d’horizons divers devient véritablement un lieu de joie profonde, d’union et de communion. On peut observer ces lumières dans la vie des communautés chrétiennes de base (CCB) en Afrique, à l’exemple des communautés chrétiennes de l’Église primitive. Quantité de célébrations eucharistiques sont de véritables lieux de joie, de paix, de fraternité humano-divine et finalement de sanctification personnelle et communautaire. Mais cette image de l’Église « Famille de Dieu », quand elle est mal comprise et mal vécue, peut devenir un ghetto. Voici la remarque pertinente d’un auteur africain dans son livre sur l’Eucharistie dans le contexte africain : « L’Église Famille de Dieu dont rêvent les Évêques d’Afrique, comme figure ecclésiologique, ne peut s’accommoder d’une idolâtrie de son clan ou de son pays, ni d’une loi induite du rejet de l’autre, à cause d’un espace-terre qui serait notre patrie. Il s’agit avant tout de cultiver l’attention à l’autre et une solidarité protectrice, d’entretenir la chaleur des relations, de promouvoir un accueil rassurant et un dialogue qui engendre confiance et compréhension.»[7] La formation catéchétique et spirituelle des chrétiens est une dimension capitale à ne pas rater.

2 – La réalité de la VIE. «Je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance.»[8]

La vie qui est primordiale partout dans le monde prend un relief particulier en Afrique. Pourquoi ? C’est parce que, pour l’Africain, la vie est le premier don de Dieu fait aux êtres humains. D’où le respect religieux dont on l’entoure. Le pape Jean Paul II le confirme dans son Exhortation apostolique post-synodale : «Ouvert à ce sens de la famille, de l’amour et du respect de la vie, l’Africain aime les enfants, qui sont accueillis joyeusement comme un don de Dieu. Les fils et les filles de l’Afrique aiment la vie… Ils apprécient la vie et rejettent l’idée qu’elle puisse être supprimée.»[9] Voilà donc une réalité primordiale de la culture et de la mentalité africaines traditionnelles. Malheureusement cette lumière ne brille pas toujours du même éclat dans l’Afrique moderne d’aujourd’hui. On observe de nos jours des foyers de guerres et de tensions familiales et tribales qui s’attaquent à la vie et tuent la vie. Les avortements dictés par le libertinage sexuel se multiplient. « Mon ventre m’appartient », dit-on sans honte. Donc on peut avorter en supprimant la vie. Les génocides sont là aussi, sous nos yeux, en Afrique, dans des communautés chrétiennes. Le tableau est parfois sombre dans certains pays.

On le voit bien, les lumières et les ombres ne manquent pas à propos de la vie en Afrique. Cela influence positivement ou négativement l’image de l’Église et la foi dans l’Eucharistie en Afrique. En effet, toute la grande tradition chrétienne nous apprend que c’est Dieu seul qui est la vie et la source primordiale de la vie. La Bible, depuis le livre de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, est traversée par la vie de Dieu créateur. La vie vient de Dieu et retourne à Dieu. Dieu est le maître suprême de la vie. A la plénitude des temps, le Christ, Verbe de Dieu et Dieu lui-même, s’incarne. L’apôtre saint Jean nous dit : «En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes.»[10] Mais aux jours de sa passion, le Christ qui est la vie de Dieu révélé aux hommes, fut mis à rude épreuve par la mort. « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le maître de la vie mourut ; vivant il règne.» (Mors et vita duello conflixere mirando : dux vitae mortuus, regnat vivus) C’est ce que l’Église chante le jour saint de Pâques dans la Séquence « Victimae pascali laudes ». Et l’Eucharistie est elle même source de vie, puisqu’elle contient substantiellement le Christ, pain de vie : « C’est moi qui suis le pain de vie, dit Jésus. Celui qui vient à moi n’aura pas faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif.»[11] Or en Afrique, cette lumière de Dieu créateur de la vie et source de vie, cette lumière du Christ, pain de vie célébré dans l’Eucharistie, est parfois ternie, voire cachée par les ombres d’une foi mal vécue en l’Eucharistie. Bon nombre de chrétiens vont à la messe, non pas tellement pour chercher la vie de Dieu dans le sacrement de l’Eucharistie, mais pour d’autres intentions toutes humaines, pour des raisons purement sociales. Et aux heures sombres de leur vie, ils vont ailleurs vers les sacrifices païens ou vers les magies noires rechercher la vie et la paix. Ceux-là tombent alors dans le syncrétisme religieux en recherchant la vie du côté de la mort. Ce qui signifie que leur foi dans l’Eucharistie, source de vie, s’est arrêtée à mi-chemin. Si la formation catéchétique, doctrinale et spirituelle, la formation continue, ne sont pas bien assurées, c’est une catastrophe au niveau de l’évangélisation de l’Afrique.

3 - La réalité du CORPS. « Ma chair est vraie nourriture et mon sang vraie boisson » - « Prenez, mangez, ceci est mon corps »[12]

En Afrique nous avons un sens aigu et un grand respect du corps humain. Le corps de l’enfant qui est blotti contre sa mère est précieux. Le corps de celui qui est mort est entouré de profond respect : toilette et habillement soignés, attitude de respect devant la dépouille mortelle, enterrement avec beaucoup d’égards. Bref, vivant ou mort, le corps humain est respecté en Afrique. Et cela représente une lumière, un aspect anthropologique positif qui permet de mettre en relief de beaux gestes et attitudes corporels durant les messes solennelles. Dans la tradition chrétienne, le corps humain a une grande importance en tant que créature de Dieu, douée d’intelligence et ayant une âme. Cette lumière sera portée à son sommet par le Christ, Verbe de Dieu incarné. Non seulement il a pris notre corps mortel[13], mais il nous a surtout donné son corps en nourriture en l’offrant en sacrifice sur la croix pour notre salut. «Prenez et mangez, ceci est mon corps.»[14] Et depuis lors, le corps du Christ, c’est-à-dire, sa chair et son sang, est au centre du mystère eucharistique comme une grande lumière dans l’Église des cinq continents. C’est ainsi que le corps physique de Jésus est devenu son corps sacré et eucharistique reçu en communion, pour être enfin son corps glorieux et mystique qui est l’Église. C’est pourquoi saint Augustin aimait dire à ses fidèles qui venaient communier : «Recevez ce que vous êtes : le corps du Christ, pour devenir ce que vous avez reçu : le corps du Christ.» Mais à côté de ces lumières à propos du corps, il y a des ombres qui empêchent de parvenir à une foi profonde dans l’Eucharistie. Par exemple, avec le phénomène de la mondialisation, de la modernité ainsi que la facilité des mass-média, le corps humain – surtout féminin – est de plus en plus perçu comme un objet de plaisir et non plus comme une réalité sacrée et respectable. De plus le clonage humain qui est d’actualité un peu partout dans le monde, et par lequel on peut manipuler le corps dès l’origine, est un problème inacceptable et pastoralement préoccupant en Afrique. Ensuite le corps est bien souvent voué à la misère et exposé à toutes sortes de maladies, tel que le sida devant lequel on reste impuissant ainsi qu’au manque de soin dû à la pauvreté économique du continent africain. Durant les célébrations eucharistiques dans les grosses communautés chrétiennes africaines, la communion au corps du Christ peut parfois apparaître plus comme une démarche sociale que spirituelle. Certains gestes et attitudes peu respectueux envers l’Eucharistie remarqués ça et là en sont la preuve. Ne pourrait-on pas alors appliquer à ces chrétiens d’Afrique ces paroles que St Paul a adressées aux chrétiens de Corinthe ? Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun s’éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire à cette coupe ; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit sa propre condamnation. »[15] Il reste cependant qu’une éducation au sens du sacré et des gestes liturgiques s’avèrent nécessaire.

4 – La réalité de la PAROLE.

«Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi »[16].

La 4ème réalité importante en Afrique et dans l’Eucharistie est celle de la Parole. Qu’elle soit humaine ou divine, la parole apparaît comme sacrée, un trésor, un objet d’attention et d’écoute. En tout cas, en Afrique, continent dominé par la tradition orale, la parole proférée a de l’importance surtout quand elle vient des gens importants et respectés. Les dernières paroles d’un père ou d’une mère sont gardées précieusement par la famille comme un testament, et sont ensuite communiquées aux membres de la famille absents. Cet aspect positif de la parole humaine en Afrique constitue une lumière qui prépare et favorise l’écoute de la parole de Dieu à la messe.

Dans la religion chrétienne en général, et au niveau de l’Eucharistie en particulier, la parole de Dieu est plus que sacrée, elle est divine, créatrice et éternelle. Dieu a tout créé par sa seule Parole. Et cette Parole est une Personne divine, le Verbe de Dieu fait chair[17]. Elle est pure vérité : «Je suis le chemin, la vérité et la vie » nous dit Jésus le Verbe de Dieu[18]. Elle est efficace et opérationnelle. Cette efficacité de la Parole divine ne dépend pas d’abord des dispositions intérieures du sujet, de son intelligence, de sa volonté ou de son cœur, mais avant tout de la toute puissance de Dieu. Et c’est bien cette Parole de Dieu qui est proclamée à la messe, qui opère dans les sacrements, notamment dans l’Eucharistie, et qui est une présence actuelle et vivante dans l’Église au milieu du peuple chrétien. Voilà une lumière, un aspect positif doctrinal qui permet en Afrique et ailleurs aussi, de proclamer solennellement cette Parole de Dieu à la messe, de l’accueillir parfois par des processions gestuées, rythmées, et même dansées, par des acclamations et des cris de joie dans le respect et la prière. Elle est alors, au témoignage des fidèles, source de joie spirituelle et de sanctification. Elle ne doit pas être gardée pour soi, elle doit être communiquée à ceux qui ne la connaissent pas. Mais, cette parole humaine peut être entachée d’erreur ou de mensonge (omnis homo mendax), et peut même entraîner sur le chemin de la magie dont l’Afrique détient le triste record de la spécialité. Une telle parole ainsi troublée et même erronée devient une ombre dans les célébrations eucharistiques. On célèbre la Parole de Dieu dans une foi superficielle et même avec une erreur de jugement due à la perception erronée de la parole humaine et divine, et de plus, on n’a souvent pas le souci de la transmettre aux autres, ce qui indique un manque d’esprit missionnaire fort regrettable. Ces lumières et ces ombres sont là qui font de nos liturgies de la Parole de Dieu, des célébrations en clair-obscur et des actes de foi faibles dans l’Eucharistie. Notre sollicitude pastorale propre doit y porter remède.

5 – La réalité du MONDE INVISIBLE par le biais des sacrifices religieux . « N’ayez pas peur, c’est moi »[19]

Cette dernière réalité touche de plus près, me semble-t-il, la foi dans l’Eucharistie. Dans la Religion Traditionnelle Africaine (R.T.A.), les adeptes qui sont de loin les plus nombreux en Afrique sub-saharienne, ont une forte croyance en Dieu créateur et providence qui habite dans un univers inaccessible, l’univers invisible du Dieu créateur et maître de tout. Ils ont ensuite une forte croyance en divers « esprits » ou forces occultes dans l’univers visible environnant. Ils ont enfin une forte croyance au monde invisible des ancêtres dans lequel baignent les familles et les êtres humains. Dieu étant directement inaccessible parce que infiniment respectable, les êtres humains, par le système de la médiation, passent par les mânes des ancêtres et par les différents « esprits » pour offrir des sacrifices de paix et de réconciliation. Ils se réconcilient ainsi avec le monde des ancêtres et des « esprits », captent leurs faveurs avec ces sacrifices et pensent atteindre en définitive Dieu tout puissant. La notion de sacrifices est donc très forte et très ancrée dans la mentalité religieuse africaine. Elle se présente déjà comme une lumière qui annonce de loin, d’une manière voilée, le sacrifice eucharistique de la croix.

C’est pourquoi les Africains n’ont pas beaucoup de mal à entrer dans la célébration eucharistique de la messe comprise comme sacrifice offert à Dieu par son Fils Jésus. Ils comprennent facilement aussi que le sacrifice eucharistique est un repas de communion parce qu’ils savent qu’il n’y a pas de sacrifice religieux sans repas sacré de communion. Ils célèbrent donc l’Eucharistie avec cette toile de fond lumineux.

Par ailleurs, parler de repas sacré, de nourriture spirituelle ou matérielle, c’est toucher aux cordes sensibles des Africains. Dans un climat de faim chronique, la nourriture revêt une grande importance. En positif, le repas a un caractère familial et manifeste la solidarité, le partage et la fraternité. D’où l’influence positive qu’il joue dans l’Eucharistie, lieu de communion ecclésiale et de fraternité chrétienne.

Quant à l’Eucharistie elle-même, nous savons qu’elle est à la fois mémorial du sacrifice du Christ sur la croix et repas sacré de communion au corps et au sang du Christ. Elle a aussi une dimension familiale si l’on comprend que l’Église où elle se célèbre est la Famille des enfants de Dieu, comme l’affirme cette phrase tirée de la Prière Eucharistie III : «Écoute les prières de ta famille assemblée devant toi.»[20] Dans l’Église vécue comme Famille de Dieu en Afrique, l’Eucharistie est le lieu spirituel de l’unité et de la fraternité universelle. Elle rappelle chaque jour aux chrétiens des cinq continents qu’en dehors de la mort et de résurrection du Christ, il n’y a pas de fraternité universelle possible. L’Eucharistie est donc un appel à devenir frère universel, chacun à partir de son pays et de sa culture.

Mais tous ces points lumineux peuvent être assombris par un certain nombre de points négatifs émanant de la culture africaine. Par exemple, de même que le repas familial peut verser dans l’individualisme et l’égoïsme, de même la participation à l’Eucharistie ainsi que la communion au corps du Christ peuvent entraîner les chrétiens d’Afrique dans l’esprit du « chacun pour soi et Dieu pour tous.» On constate alors que la nourriture matérielle ou eucharistique crée des différences et des clivages notoires. Telle personne, telle famille, telle région, tel pays ou telle communauté chrétienne a de quoi manger et se trouve dans l’abondance, tandis que l’autre est dans la disette et même la misère. Cela entraîne, non pas un mouvement de solidarité, mais des sentiments de jalousie et de haine pouvant conduire à la guerre. Ensuite, la notion de sacrifice de paix, de communion et de réconciliation, quand elle n’est pas purifiée par la lumière de l’Évangile et transfigurée par le sacrifice de la croix, maintient bon nombre de chrétiens d’Afrique dans le syncrétisme religieux. Ils viennent à la messe célébrer le sacrifice du Christ et retournent sacrifier aux « esprits » et aux « mânes » des ancêtres. On retrouve là aussi une foi dans l’Eucharistie restée à mi-parcours. Or Jésus a dit dans l’évangile de St Matthieu : «N’allez pas croire que je sois venu abroger la loi et les prophètes. Je ne suis pas venu abroger mais accomplir.»[21] En élargissant les perspectives évangéliques, on peut dire que Jésus est venu opérer une vaste purification-transfiguration des cultures et des coutumes religieuses de tous les pays. En particulier, il est venu purifier et transfigurer tous les sacrifices par son sacrifice de la croix.

C’est pourquoi l’Église proclame dans la préface pascale n° 5: «Quand il livre son corps sur la croix, tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance parviennent à leur achèvement.» C’est dire que le sacrifice eucharistique est plus grand que tous les sacrifices. Une foi solide dans l’Eucharistie devrait faire abandonner définitivement tous les sacrifices de la Religion Traditionnelle Africaine. Ce qui n’est pas encore le cas sur le continent. De même la foi en l’Esprit Saint, 3ème Personne de la Sainte Trinité, qui a présidé à la formation du corps de Christ dans le sein de la Vierge Marie, et dont la puissance transforme chaque jour le pain et le vin en corps et sang du Christ, devrait faire abandonner les sacrifices aux « esprits » et aux mânes des ancêtres, et conduire les chrétiens d’Afrique au culte et à la communion des saints.

Soulignons enfin le phénomène de la peur en Afrique. Beaucoup d’Africains ont peur du monde invisible : les « esprits », les ancêtres, les génies et autres forces occultes. Ils sont souvent paralysés par la peur à leur égard dans beaucoup de circonstances de leur vie. C’est ce qui explique le nombre incalculable de sacrifices qu’ils leur offrent pour entrer dans leur bonne grâce. On peut dire alors que la Religion Traditionnelle Africaine est une religion dominée par la peur. Or, nous chrétiens, nous croyons que le Christ est venu exorciser la grande peur des hommes. «N’ayez pas peur, c’est moi », nous dit-il sur le rivage de nos vies. C’est lui encore qui est présent dans l’Eucharistie et qui nous dit : «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps.»[22] Ces paroles du Christ constituent pour nous une grande assurance si nous les accueillons dans la foi.

CONCLUSION

Que dire en synthèse finale sur la foi dans l’Eucharistie en Afrique ? Tout en sachant que l’Afrique est un immense continent où il ne faut rien généraliser, je voudrais témoigner de quelques pratiques connues concernant le culte et la dévotion eucharistiques.

On observe dans plusieurs diocèses d’Afrique une grande participation, libre et consciente des chrétiens aux messes dominicales, aux fêtes et solennités liturgiques, surtout dans les pays aux fortes communautés chrétiennes. Pour la plupart des chrétiens d’Afrique, être chrétien, c’est aller à la messe et pouvoir communier. Ceux qui sont privés de communion pour quelque raison que ce soit en souffrent terriblement.

Ensuite on observe que beaucoup de chrétiens demandent des messes à diverses intentions (pour les vivants et pour les morts, pour la paix, la guérison, la réconciliation ou en action de grâce à Dieu ; pour demander la pluie, de bonnes récoltes etc.) De plus ils tiennent à être présents à ces messes demandées.

Notons aussi la participation massive des chrétiens aux messes des pèlerinages et aux processions de la Fête-Dieu durant lesquelles les rues des villes sont noires de monde. C’est la religion populaire qui s’exprime ainsi, et qui leur tient à cœur.

Les adorations et les saluts du St Sacrement sont organisés dans les diocèses et les paroisses à la demande des Évêques et connaissent une bonne participation des fidèles. Ces adorations s’intensifient à certains temps forts de l’année liturgique (au mois du rosaire, au mois missionnaire, au temps de carême, le Jeudi Saint, durant les pèlerinages) Elles sont organisées aussi par des groupes constitués (mouvement d’action catholique, renouveau charismatique, légionnaires)

Sans oublier, bien sûr la dévotion eucharistique habituelle des personnes consacrées, notamment les congrégations religieuses contemplatives ou semi-contemplatives qui placent l’Eucharistie célébrée et adorée au centre de leur vie.

Il ressort de tout ce qui a été dit que la foi dans l’Eucharistie n’est pas un vain mot ni une illusion dans l’Église en Afrique, mais plutôt une réalité spirituelle de vie chrétienne. Les lumières que nous avons relevées le montrent suffisamment. Tandis que les ombres indiquent qu’il y a encore du chemin à faire dans l’approfondissement de la foi en l’Eucharistie. C’est là un travail pastoral de premier ordre, auquel doivent s’atteler les Évêques et leurs collaborateurs dans un continent assoiffé de Dieu-Trinité et de Jésus-Eucharistie, Lui qui est « le même hier, aujourd’hui et pour l’éternité.»[23]

Je vous remercie.

Monseigneur Jean Baptiste KPIELE SOME
Evêque de Diébougou. Burkina Faso




[1] Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique LUMEN GENTIUM 11.

[2] Dans cette formulation, le mot « Parole » représente toutes les réalités spirituelles de la pastorale diocésaine, à savoir : la catéchèse, la liturgie avec ses sacrements, la morale chrétienne et toutes les autres formes de prières et de dévotions. Le mot « Pain » représente toutes les réalités matérielles et temporelles de la pastorale diocésaine, à savoir : tous les efforts de développement et d’amélioration des conditions de vie des populations ainsi que l’effort d’auto-promotion individuelle et collective, basé sur la participation de tous sans distinction de religion.

[3] Jean Paul II, Lettre apostolique NOVO MILLENNIO INEUNTE 29. Rome 6 janvier 2001

[4] Concile Œcuménique Vatican II, Décret APOSTOLICAM ACTUOSITATEM 11

[5] Jean Paul II, Exhortation apostolique post-synodale ECCLESIA IN AFRICA 43

[6] Jean Paul II, Exhortation apostolique post-synodale ECCLESIA IN AFRICA 63

[7] Alphonse QUENUM, EUCHARISTIE. RENDEZ-VOUS D’AMOUR, DE VERITE ET DE PAIX. UCAO-UUA Abidjan 2002, p.90

[8] Jn 10,10

[9] Jean Paul II, Exhortation apostolique ECCLESIA IN AFRICA 43

[10] Jn 1,4

[11] Jn 6, 35

[12] Jn 6,55 ; Mt 26,26

[13] Jn 1,14 ; Ph 2,7

[14] Mt 26,26

[15] 1Co 11, 27-29

[16] 14, 1

[17] Jn 1,14

[18] Jn 14, 6

[19] Jn 6, 20

[20] MISSEL ROMAIN DE PAUL VI. Prière Eucharistique III

[21] Mt 5, 17

[22] Mt 28, 20

[23] He 13, 8
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Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ? Empty Re: Défense de la Vie - L'Abomination du Clonage Humain : Le Vatican s'est Déjà Exprimé à de Nombreuses Reprises. Question : Pourquoi les Evêques de France ne se sont-ils pas Clairement Positionnés en s'Inspirant des Positions de Rome ?

Message par Her Mar 17 Mai - 15:26

http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/laity/documents/rc_pc_laity_doc_20051114_associazioni_fr.html

CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS

ASSOCIATIONS INTERNATIONALES
DE FIDÈLES

RÉPERTOIRE

SOMMAIRE

Préface

RÉPERTOIRE

1. Alliance Internationale des "Catholic Knights" (IACK)
2. Apostolat Militaire International (AMI)
3. Association Catholique Internationale de Services pour la Jeunesse Féminine (ACISJF)
4. Association Catholique Mondiale pour la Communication (SIGNIS)
5. Association Cœur Immaculé de Marie Mère de la Miséricorde, ou Tuus Totus (CIM)
6. Association "Communauté Pape Jean XXIII "
7. Association "Comunità Domenico Tardini "
8. Association Coopérateurs Salésiens (ACS)
9. Association de la Sainte Famille
10. Association Internationale des Charités (AIC)
11. Association Internationale Foi et Lumière
12. Association Internationale Missionnaires de la Charité Politique
13. Association Laïque Memores Domini
14. Association "Pro Deo et Fratribus — Famille de Marie" (PDF-FM)
15. Association Rurale Catholique Internationale (ICRA)
16. Association Saint Benoît Patron de l’Europe (ASBPE)
17. Association Saint François de Sales
18. Association Silencieux Ouvriers de la Croix (SODC)
19. Ateliers de Prière et de Vie (TOV)
20. Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE)
21. Carmel Missionnaire Séculier (CMS)
22. Centre Catholique International de Genève (CCIG)
23. Centre Catholique International pour l’Unesco (CCIC)
24. Claire Amitié
25. Comité Catholique International pour les Tsiganes (CCIT)
26. Comité International Catholique des Infirmières et des Assistantes Médico-Sociales (CICIAMS)
27. Commission Internationale Catholique pour les Migrations (CICM)
28. Communauté Catholique d’Intégration (KIG)
29. Communauté Catholique Shalom
30. Communauté "Chemin Neuf " (CCN)
31. Communauté de l’Emmanuel
32. Communauté de Sant’Egidio
33. Communauté de Vie Chrétienne (CVX)
34. Communauté des Béatitudes
35. Communauté du Pain de Vie
36. Communauté Missionnaire de Villaregia (CMV)
37. Communautés Adsis (ADSIS)
38. Communautés Laïques Marianistes (CLM)
39. Confédération Internationale des Centres Volontaires de la Souffrance (CVS Internazionale)
40. Confédération Mondiale Anciennes et Anciens Élèves des Filles de Marie Auxiliatrice
41. Conférence des Organisations Internationales Catholiques (COIC)
42. Conférence Internationale Catholique du Guidisme (CICG)
43. Conférence Internationale Catholique du Scoutisme (CICS)
44. Coopérateurs Amigoniens (CC.AA.)
45. Coopérateurs de l’Opus Dei
46. Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes (CIJOC)
47. Couples pour le Christ (CFC)
48. École de la Croix
49. Équipes Notre-Dame (END)
50. Fédération Internationale des Associations Catholiques d’Aveugles (FIDACA)
51. Fédération Internationale des Associations Médicales Catholiques (FIAMC)
52. Fédération Internationale des Communautés de l’Arche
53. Fédération Internationale des Hommes Catholiques (FIHC — Unum Omnes)
54. Fédération Internationale des Mouvements Catholiques d’Action Paroissiale (FIMCAP)
55. Fédération Internationale des Mouvements d’Adultes Ruraux Catholiques (FIMARC)
56. Fédération Internationale des Petits Chanteurs (FIPC)
57. Fédération Internationale des Pharmaciens Catholiques (FIPC)
58. Fédération Internationale des Universités Catholiques (FIUC)
59. Fédération Mondiale de l’Adoration Nocturne au Très Saint Sacrement et Autres Œuvres Eucharistiques
60. Fondacio. Chrétiens pour le Monde
61. Forum International d’Action Catholique (FIAC)
62. Foyers de Charité
63. Fraternité Catholique des Communautés et Associations Charismatiques d’Alliance
64. Fraternité Charles de Foucauld (FCF)
65. Fraternité Chrétienne Intercontinentale des Personnes Malades Chroniques et Handicapées Physiques (FCIPMH)
66. Fraternité de Communion et Libération (CL)
67. Fraternité des Groupes Saint Thomas d’Aquin (FASTA)
68. Groupe Promoteur du Mouvement pour un Monde Meilleur (GP du MMM)
69. Hérauts de L’Évangile (EP)
70. Institut Catholique pour l’Évangélisation (ICPE Mission)
71. Institution Thérésienne (I.T.)
72. Jeunes en Mouvance Salésienne (MGS)
73. Jeunesse Étudiante Catholique Internationale (JECI)
74. Jeunesse Indépendante Chrétienne Internationale (JICI)
75. L’Œuvre Internationale de Kolping (IKW)
76. Légion de Marie
77. Milice de Jésus-Christ (MJC)
78. Mission de l’Immaculée (M.I.)
79. Mouvement Apostolique de Schoenstatt
80. Mouvement Apostolique Regnum Christi
81. Mouvement Contemplatif Missionnaire "P. de Foucauld "
82. Mouvement de Spiritualité "Vivre En "
83. Mouvement de Vie Chrétienne (MVC)
84. Mouvement des Laïcs Clarétains (MSC)
86. Mouvement International d’Apostolat des Enfants (MIDADE)
87. Mouvement International d’Apostolat des Milieux Sociaux Indépendants (MIAMSI)
88. Mouvement International de la Jeunesse Agricole et Rurale Catholique (MIJARC)
89. Mouvement International des Étudiants Catholiques (MIEC-Pax Romana)
90. Mouvement International des Intellectuels Catholiques (MIIC-Pax Romana)
91. Mouvement Lumière-Vie
92. Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens (MMTC)
93. Mouvement Oasis
94. Mouvement Thérésien d’Apostolat (MTA)
95. Œuvre de Marie (Mouvement des Focolari)
96. Œuvre de Nazareth (ODN)
97. Œuvre de Saint Jean d’Avila
98. Œuvre de Sainte Thérèse
99. Office International de l’Enseignement Catholique (OIEC)
100. Organisation Internationale des Associations Professionnelles des Employées Ménagères Chrétiennes (IAG)
101. Organisation Mondiale des Anciens et Anciennes Élèves de l’Enseignement Catholique (OMAEC)
102. Organisme Mondial des Cursillos
103. Points-Cœur
104. Rencontres de Promotion de la Jeunesse (EPJ)
105. Rencontres pour Couples Mariés
106. Sermig
107. Services du Renouveau Charismatique Catholique International (ICCRS)
108. Société de Saint-Vincent de Paul (SSVP)
109. Société Internationale des Caterinati
110. "Suis-Moi " Groupe Laïc de Promotion Humaine et Chrétienne
111. Union Apostolique Féminine de Schoenstatt
112. Union Catholique Internationale de la Presse (UCIP)
113. Union de l’Apostolat Catholique (UAC)
114. Union Internationale Catholique Espérantiste (IKUE)
115. Union Internationale Chrétienne des Dirigeants d’Entreprise (UNIAPAC)
116. Union Internationale des Guides et Scouts d’Europe - Fédération du Scoutisme Européen (UIGSE-FSE)
117. Union Internationale des Juristes Catholiques (UIJC)
118. Union Mondiale des Enseignants Catholiques (UMEC)
119. Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC)
120. Union Sanguis Christi (USC)
121. Vie Montante Internationale (VMI)
122. Vivre et Aimer (WWME)

PRÉFACE

Une ligne constante dans la vie de l’Église

La floraison d’associations laïques, caractéristique de notre époque, n’est pas un fait inédit dans la vie de l’Église. Comme l’a affirmé Jean- Paul II, au long des siècles " nous assistons continuellement au phénomène de groupes plus ou moins vastes de fidèles qui, par un mystérieux élan de l’Esprit, furent poussés spontanément à s’associer afin de poursuivre des objectifs déterminés de charité ou de sainteté, pour répondre aux besoins particuliers de l’Église de leur époque ou aussi pour collaborer à sa mission essentielle et permanente ".(1) Un bref regard sur l’histoire de l’Église suffit pour saisir la portée de l’œuvre de ces associations aux moments cruciaux de son existence et pour se rendre compte de la richesse des charismes qui, en tout temps, ont engendré des mouvements laïcs de renouveau de la vie chrétienne. Le développement du monachisme, au premier millénaire, et la naissance des ordres mendiants au bas Moyen Age, attestent déjà l’action des laïcs. Au XVIème siècle, avant et après le Concile de Trente, dans le contexte de la réforme de l’Église, un vaste réseau de mouvements laïcs s’affirme; parmi eux les confraternités, les oratoires et les congrégations mariales jouent un rôle de premier plan. La seconde moitié du XIXème siècle voit naître les conférences de Saint-Vincent, du bienheureux Frédéric Ozanam, l’apôtre catholique de saint Vincent Pallotti, l’œuvre éducative de saint Jean Bosco et l’œuvre sociale du bienheureux Adolph Kolping, pour ne citer que quelques-unes des nombreuses expériences associatives nées en cette période et qui confluèrent dans le mouvement catholique avec des finalités sociales, fortement encouragé par Léon XIII. La naissance de l’Action Catholique remonte à cette même période; elle se développera surtout sous le pontificat de Pie XI, avec des associations spécialisées selon les âges et les milieux sociaux. Au cours des premières décennies du XXème siècle, on assiste à la diffusion progressive de nombreuses organisations internationales catholiques, qui couvrent un vaste champ d’action, allant de la famille aux activités professionnelles et touchant les secteurs de l’éducation, de la culture, de la politique, des communications sociales, de la charité et de la promotion humaine.

A une époque plus récente, reconnaissant avec une vigueur nouvelle la dignité et la responsabilité qui reviennent au chrétien en vertu de leur Baptême, le Concile Vatican II a donné un vigoureux élan à tout l’associationnisme laïc et fait émerger de nouveaux charismes et de nouvelles formes d’associations se rangeant sous le nom de mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles.(2) Dans Christifideles laici, vingt ans après le Concile, c’est précisément à celui-ci que Jean-Paul II se réfère quand il écrit que dernièrement: " le phénomène d’association entre laïcs a pris des formes particulièrement variées et une grande vitalité [faisant naître] une nouvelle saison d’association des fidèles laïcs [qui] à côté des groupements traditionnels, et parfois à leurs racines mêmes, ont germé des mouvements et groupements nouveaux, dotés d’une physionomie et d’une finalité spécifiques: tant sont grandes la richesse et la variété des ressources de l’Esprit Saint, dans le tissu ecclésial, tant sont grandes également la capacité d’initiative et la générosité [du] laïcat ".(3) Le Pape voit dans les mouvements un des fruits les plus significatifs du printemps de l’Église qui a éclos avec le Concile Vatican II, un " motif d’espérance pour l’Église et pour les hommes " de notre temps,(4) une œuvre de l’Esprit qui constitue l’Église comme flux de vie nouvelle, qui coule dans l’histoire des hommes. Dans un monde toujours plus sécularisé, où la foi est mise à dure épreuve et souvent étouffée et éteinte, les mouvements et les communautés nouvelles, porteurs d’une nouveauté inattendue et bouleversante, sont la " réponse, suscitée par l’Esprit Saint, à ce dramatique défi de fin millénaire, [une] réponse providentielle ".(5) Dans la pensée de Jean-Paul II, une étape riche d’attentes et d’espérances s’ouvre devant les associations laïques dans l’Église.

Importance des associations laïques dans la mission de l’Église

A la lumière de la conscience renouvelée que l’Église a d’elle-même comme mystère de communion missionnaire, le Concile Vatican II, après avoir rappelé les fidèles laïcs au devoir et au caractère irremplaçable de l’apostolat individuel qui " est le principe et la condition de tout apostolat des laïcs ",(6) souligne l’importance des formes organisées de l’apostolat des laïcs,(7) qui correspondent non seulement à la nature sociale de la personne humaine, mais qui sont " le signe de la communion et de l’unité de l’Église dans le Christ ".(Cool En relevant la plus grande efficacité opérationnelle de l’action commune garantie par l’apostolat associé, aussi bien dans le soutien et la formation des membres que pour l’obtention de fruits plus abondants, le Concile affirme ensuite que " la mission universelle de l’Église, étant donnée la mise en place progressive des structures et l’évolution de la société actuelle, requiert de plus en plus le développement des associations apostoliques des catholiques au plan international ",(9) qui doivent être renforcées en raison de la contribution qu’elles apportent non seulement pour l’édification de la communauté des peuples dans la paix et la fraternité, mais également à la formation de la conscience d’une responsabilité et solidarité universelles.(10)

Traitant des associations des fidèles, qui établit aussi la distinction entre associations publiques et associations privées et les conditions de leur reconnaissance ou de leur érection,(11) le Code de Droit Canonique confirme que " les fidèles ont la liberté de fonder et de diriger librement des associations ayant pour but la charité ou la piété, ou encore destinées à promouvoir la vocation chrétienne dans le monde ".(12) Ce faisant, le Code réaffirme l’enseignement du Concile Vatican II, qui affirme explicitement que " le lien nécessaire avec l’autorité ecclésiastique étant assuré, les laïcs ont le droit de fonder des associations, de les diriger " et de s’inscrire à celles qui sont déjà fondées.(13) Ce droit et la liberté d’association qui en découle ne dépendant pas d’une concession bienveillante des pasteurs, mais ils sont enracinés dans la nature de la personne humaine et découlent de la réalité ontologique du sacrement du Baptême, qui constitue l’égalité fondamentale de tous les membres du peuple de Dieu, " créatures nouvelles " (cf. 2 Co 5, 17) greffées dans le Christ et animées par l’Esprit Saint. C’est précisément en tant que droit des baptisés que cette liberté doit toujours être exercée en harmonie avec l’ecclésiologie de communion rappelée par Christifideles laici, qui présente l’Église comme communion organique de vocations, ministères, services, charismes et responsabilité dans toute leur diversité et complémentarité.(14) Par ailleurs, elle doit être exercée sous la vigilance paternelle des pasteurs, députés au discernement des charismes et à la reconnaissance ou à l’érection des associations de fidèles.

Du reste, Jean-Paul II a souligné à plusieurs reprises que " dans l’Église il n’existe pas de contraste ou d’opposition entre la dimension institutionnelle et la dimension charismatique, dont les Mouvements sont une expression significative. Toutes deux sont co-essentielles à la constitution divine de l’Église fondée par Jésus, car elles concourent ensemble à rendre présent le mystère du Christ et son œuvre salvifique dans le monde ".(15) Les charismes, en tant que don de l’Esprit Saint à l’Église pour la rendre toujours plus apte à accomplir sa mission dans le monde, doivent donc être accueillis avec gratitude, accompagnés et encouragés dans leur développement.(16) La reconnaissance canonique qu’ils reçoivent de l’autorité ecclésiastique compétente vient confirmer la validité de leur proposition comme chemin authentique vers la sainteté de la vie personnelle et communautaire. C’est pour cette raison que discernement et reconnaissance doivent advenir à la lumière de " critères d’ecclésialité " clairs, tels qu’ils sont décrits dans Christifideles laici et qu’il vaut la peine de rappeler brièvement: la primauté donnée à la vocation de tout chrétien à la sainteté, la responsabilité de confesser la foi catholique, le témoignage d’une communion solide et convaincue avec le Successeur de Pierre et avec son évêque, l’accord et la coopération avec le but apostolique de l’Église, l’engagement à être présents dans la société humaine. (17) Ces critères, qui " trouvent une vérification dans les fruits concrets qui accompagnent la vie et les oeuvres des diverses formes associatives ",(18) sont des orientations fondamentales pour l’œuvre de discernement des pasteurs et de précieux indicateurs pour montrer la route aux associations et mouvements, envoyés de façon significative par le Pape pour entreprendre et parcourir la voie de la " maturité ecclésiale ".(19)

Nature et finalité de ce Répertoire

La genèse de ce Répertoire réside dans l’invitation que Jean-Paul II adresse, dans Christifideles laici, au Conseil Pontifical pour les Laïcs, de préparer une liste des associations qui reçoivent l’approbation officielle du Saint-Siège.(20) En considération de la richesse de charismes et de formes qui caractérise la vie associative des laïcs dans l’Église d’aujourd’hui, le Dicastère, en répondant à la requête du Pape, a mûri l’idée de publier un Répertoire des associations internationales de fidèles présentant un cadre — aussi complet et actuel que possible — du phénomène associatif au sein du monde vaste et varié du laïcat catholique.

Le projet fut lancé en avril 2000 avec l’envoi aux associations internationales de fidèles en contact avec le Dicastère d’un exemplaire qui devait leur servir de modèle pour remplir une fiche d’information sur ce qu’elles sont. Ensuite, la phase de recueil des fiches transmises au Conseil, avec des modalités et des temps variables, par les associations ayant adhéré à cette initiative, a été suivie par une œuvre de rédaction laborieuse, nécessaire non seulement pour composer de façon homogène les informations reçues, mais aussi, dans de nombreux cas, pour clarifier, préciser et compléter les données fournies. Un soin particulier a été mis pour expliciter les charismes qui sont à l’origine des réalités ecclésiales présentes dans le Répertoire et pour sauvegarder toujours les concepts et les mots clés qui caractérisent leur expérience.

Ce Répertoire, dans lequel figurent 122 associations de fidèles, est la première publication du Conseil Pontifical pour les Laïcs présentant d’une façon aussi vaste et systématique les associations du laïcat catholique contemporain.(21) Etant donné la diversité des formes associatives et des catégories juridico-statutaires, il est opportun de clarifier que dans ce volume figurent des associations à diffusion internationale — distinctes des instituts de vie consacrée et des sociétés de vie apostolique — dans lesquelles " des fidèles, clercs ou laïcs, ou encore clercs et laïcs ensemble, tendent par un agir commun à favoriser une vie plus parfaite, à promouvoir le culte public ou la doctrine chrétienne, ou à exercer d’autres activités d’apostolat, à savoir des activités d’évangélisation, des œuvres de piété ou de charité, et l’animation de l’ordre temporel par l’esprit chrétien ".(22) Y sont également insérées des associations internationales ayant une vocation particulièrment œcumenique ou/et interreligeuse au sein desquelles prédomine la composante catholique. Dans ce volume ne figurent pas, en revanche, les associations qui, bien qu’en contact avec le Conseil Pontifical pour les Laïcs, dépendent juridiquement d’autres dicastères de la Curie romaine (comme la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, la Congrégation pour le Clergé, la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples) et les associations qui œuvrent exclusivement dans le domaine diocésain ou national.

A chaque association présente dans ce volume correspond une fiche sur laquelle sont reportés la dénomination officielle, l’éventuelle dénomination courante et le sigle (à côté duquel, quand c’est le cas, figure la dénomination officielle dans la langue originale), l’année de fondation, l’histoire, l’identité, la structure, la diffusion, les œuvres, les publications, les sites internet, les coordonnées des sièges centraux, les logo. Les entrées pour lesquelles aucune donnée ne nous est parvenue sont omises sur les fiches. En ce qui concerne les adresses des sièges centraux, nous signalons que, par statut, plusieurs associations adoptent les coordonnées des membres des équipes de responsables renouvelés périodiquement et, par conséquent, certaines auraient pu ne plus être valables au moment de la publication du Répertoire. Dans ces cas-là, il peut être utile de se reporter aux sites internet des associations en question. Les fiches sont présentées par ordre alphabétique, selon la version française des dénominations officielles, sauf de rares cas où la traduction aurait paru forcée. Tenant compte du caractère dynamique du phénomène associatif, cette édition du Répertoire sera mise à jour périodiquement.

Ce Répertoire des associations internationales de fidèles est destiné: 1) aux pasteurs de l’Église, pour lesquels il se veut être un instrument permettant de puiser des informations utiles pour une première connaissance des diverses associations laïques et comme aide pratique pour l’exercice de leur ministère; 2) aux associations de fidèles, comme stimulant pour une connaissance réciproque approfondie dans un esprit de communion ecclésiale; 3) à ceux qui veulent d’une manière ou d’une autre s’approcher du monde de l’associationnisme catholique ou en approfondir la connaissance.

En rappelant l’urgence d’une nouvelle évangélisation, Jean-Paul II renvoie constamment au rôle que doivent jouer dans cette œuvre les " divers types d’association […], que ce soient les formes plus traditionnelles ou celles plus nouvelles des mouvements ecclésiaux [qui] continuent à donner à l’Église une vivacité qui est un don de Dieu ".(23) Le Conseil Pontifical pour les Laïcs est confiant que ce Répertoire contribuera à en rendre témoignage.

Stanisław Ryłko
Archevêque tit. de Novica
Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs



1 JEAN-PAUL II Aux mouvements ecclésiaux réunis pour le IIème Colloque international, in " Insegnamenti di Giovanni Paolo II " X, 1 (1987), 477.

2 Cf. H. JEDIN (a cura di), Storia della Chiesa, Jaca Book, Milano 1992-1995; A. FLICHE-V. MARTIN (a cura di), Storia della Chiesa, Edizioni paoline, Torino 1957-1991; F. GONZÀLEZ-FERNÀNDEZ, I movimenti. Dalla Chiesa degli apostoli a oggi, BUR, Milano 2000; J. RATZINGER, Les mouvements ecclésiaux et leur lieu théologique, in: Don de l’Esprit, Espérance pour les hommes, Editions des Béatitudes, Nouan-le-Fuzelier 1999, 25-50.

3 JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs Christifideles laici, n. 29.

4 JEAN-PAUL II, Homélie de la Veillée de Pentecôte, " Insegnamenti di Giovanni Paolo II " XIX, 1 (1996), 1373.

5 JEAN-PAUL II, Aux membres des mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés pour la veillée de Pentecôte, " Insegnamenti di Giovanni Paolo II " XXI, 1 (1998), 1123.

6 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l’apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem, n. 16.

7 Cf. Idem, nn. 18-21.

8 Idem, n. 18.

9 Idem, n. 19.

10 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de notre temps Gaudium et spes, n. 90.

11 Cf. Code de Droit Canonique, cann. 298-329.

12 Idem, can. 215; cf. Code des Canons des Églises Orientales, can. 18.

13 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l’apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem, n. 19.

14 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde Christifideles laici, n. 20.

15 JEAN-PAUL II, Message aux participants au Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles, in Don de l’Esprit, Espérance pour les hommes, Editions des Béatitudes, Nouan-le-Fuzelier 1999, 20.

16 Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique sur la valeur permanente du précepte missionnaire Redemptoris missio, n. 72.

17 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde Christifideles laici, n. 30.

18 Idem.

19 JEAN-PAUL II, Discours aux membres des mouvements ecclésiaux et aux communautés nouvelles pour la veillée de Pentecôte, " Insegnamenti di Giovanni Paolo II " XXI, 1 (1998), 1123.

20 Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde Christifideles laici, n. 31.

21 La publication du fascicule intitulé " Les organisations internationales catholiques (OIC) ", œuvre de ce qu’était alors le Consilium pro Laicis (cf. Bulletin " Laïcs aujourd’hui ", nos 13-14, date de 1973, et c’est en 1983 que parut le fascicule intitulé " Associazioni di laici. Dati Sommari " qui, en plus des OIC, présentait plusieurs mouvements et associations laïcs avec lesquels le Conseil Pontifical pour les Laïcs est en contact.

22 Code de Droit Canonique, can. 298, 1.

23 JEAN-PAUL II, Lettre apostolique Novo millennio ineunte, n. 46.



DÉNOMINATION OFFICIELLE ALLIANCE INTERNATIONALE DES "CATHOLIC KNIGHTS"
SIGLE IACK (International Alliance of Catholic Knights)
FONDATION

1979
HISTOIRE

La IACK naît en Grande-Bretagne à l’initiative des Présidents des Ordres chevaleresques catholiques d’Angleterre, des Etats-Unis, d’Irlande, d’Australie, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande. Approuvée par le Saint-Siège en 1981 comme organisation internationale catholique, elle est membre associé de la Conférence des OIC. En tant qu’ONG, elle est représentée auprès des Nations Unies. Le 14 avril 1992, le Conseil Pontifical pour les Laïcs décrète la reconnaissance de l’International Alliance of Catholic Knights comme association internationale de fidèles de droit pontifical.

IDENTITÉ La IACK se fixe pour objectifs de porter le message du Christ à tous les hommes; de soutenir le Pape et les évêques, les prêtres et les religieux partout dans le monde; d’alimenter la foi de ses membres et des catholiques en général, en les encourageant à participer généreusement à la vie et à la mission de l’Église; de favoriser l’unité de ses membres dans la prière; de promouvoir la naissance d’ordres chevaleresques catholiques là où ils n’existent pas encore. Fortement engagée dans la défense de la dignité de la vie à toutes ses phases, dans la promotion de la justice sociale, dans le rappel à l’attention vigilante à l’égard du génie génétique, du clonage et de leurs conséquences imprévisibles, dans son action évangélisatrice la IACK accorde une large place à la collaboration avec les autres organisations internationales catholiques.
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